Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05-06-07-10/2018

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Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05-06-07-10/2018

Message par HELENE ADAM » 27 mai 2018, 09:24

Z mrtvého domu (De la maison des morts)

Leoš Janáček
Création posthume en 1930 à Brno.
Livret écrit par le compositeur à partir de "Souvenirs de la maison des morts" de Fiodor Dostoïevski, récit en partie autobiographique tiré de son expérience personnelle dans les bagnes sibériens du temps du tsar


Direction musicale :Simone Young
Mise en scène : Frank Castorf
Décors : Aleksandar Denić
Costumes : Adriana Braga Peretzki

Aleksandr Petrovič Gorjančikov : Peter Rose
Aljeja, un jeune Tartar : Evgeniya Sotnikova
Luka (Filka Morozov, en prison sous le nom de Luka Kuzmič) : Aleš Briscein
Skuratov : Charles Workman
Šiškov : Bo Skovhus
Forçat de grande taille et forçat avec l'aigle : Manuel Günther
Forçat de petite taille : Tim Kuypers
Commandant : Christian Rieger
Vieux forçat : Ulrich Reß
Čekunov : Johannes Kammler
Forçat ivre : Galeano Salas
Forçat cuisinier :Boris Prýgl
Forçat forgeron : Alexander Milev
Pope : Peter Lobert
La Prostituée : Niamh O’Sullivan
Don Juan (Brahmane) : Callum Thorpe
Kedril / un acteur / le jeune forçat : Matthew Grills
Šapkin / Forçat joyeux : Kevin Conners
Čerevin / la voix venue des steppes : Dean Power
Gardien : Long Long

Bayerisches Staatsorchester
Choeur du Bayerischen Staatsoper

Opéra de Bavière : mai et juin 2018, reprise 30 juillet 2018 pour le festival, puis reprise en octobre 2018 (19-21 et 26)
Retransmission en direct de la séance du 26 mai.
(j'ouvre le fil car il est probable que des Odbiens iront voir cette oeuvre directement en salle).

"De la Maison des morts" est un opéra-puzzle, sur le plan du récit comme sur le plan musical. Dernier opéra de Janáček, que l'auteur-compositeur n'a jamais vu sur scène, c'est un concentré des thèmes et des formes musicales qu'il aime et qui se succèdent dans un désordre apparent qui reflète parfaitement le désordre de ce bagne perdu dans l'immensité glacée des steppes de Sibérie. Formé d'un patchwork musical fascinant et fort difficile à diriger, cet opéra déconcertant à la première écoute puis peu à peu fascinant, parle de la vie, de la souffrance, de la mort, des crimes et des châtiments des hommes, dans une Russie totalitaire où l'on peut se retrouver au bagne, dans cette prison qui n'a nul besoin de hautes murailles pour décourager les fuites. Les hommes y "vivent" ou plutôt y survivent tant bien que mal, se battant, discutant, racontant leurs crimes, nouant de bien vaines amitiés, et, parfois, les hommes s'amusent, montant avec les moyens du bord un petit "opéra" avant de retourner dans la grisaille de la violence quotidienne.

Le livret écrit par Janáček colle de très près à l'ouvrage maitre de Dostoievski, tout en redécoupant l'ordre des petits récits qui ponctuent cette histoire sans histoires. C'est sans doute l'un des opéras les plus fidèles à l'oeuvre littéraire dont il s'inspire.Tous les personnages sont des hommes (excepté la courte apparition de la prostituée) et le choix des interprètes est l'une des clés de réussite de la représentation, car il faut, pour rendre justice à cette partition, avoir autant de timbres différents et de styles appropriés à chaque rôle.
Les chefs d'orchestre qui se sont confrontés à l'oeuvre ont fait part de la difficulté à diriger une partition musicale dont le style et surtout le rythme change parfois d'une mesure à l'autre.

Après Pierre Boulez et Esa-Peka Salonen pour en citer deux parmi ceux qui se sont attachés à rendre justice à cette musique vite obsessionnelle si elle est bien interprété, Simone Young se tire avec les honneurs du challenge. Son ouverture est sans doute insuffisamment riche en contrastes harmoniques, un peu "scolaire" encore, mais dès l'acte 1, l'orchestre sous sa baguette déploie ses couleurs et rend compte de la violence de ce qui se passe sur scène dans un ensemble très heurté et musicalement très riche.

Frank Castorf, incroyable mais vrai, faisait quant à lui ses débuts à Munich comme metteur en scène d'opéra, auréolé du parfum de scandale ou de génie, selon les critiques, de son fameux Ring à Bayreuth.
On peut aimer ou ne pas aimer, mais Castorf a une lecture, des idées et un sens aigu de la mise en scène. C'est d'abord un metteur en scène de théâtre qui s'est très souvent confronté à Dostoievski (le Joueur, la Logeuse, Crime et Châtiment, les frères Karamazov) dont il connait parfaitement l'atmosphère et le style, les fantasmes et les obsessions.
Il a les siennes comme tout metteur en scène du Regietheater qui se respecte.

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Sans surprise mais de manière sidérante de vérité cruelle et humaine tout à la fois, il a transposé ce De la Maison des Morts, à l'époque soviétique, faisant du bagne tsariste, un goulag du temps de Staline sans forcer le trait d'ailleurs, en gardant ses multiples références habituelles évoquant de diverses manières "l'enfermement". Mais il choisit délibérément l'univers russe de Dostoievski (profondément respecté dans l'opéra lui-même) qui malgré les incursions dans d'autres domaines du bagne et à d'autres époques, est celui qui domine.
On ne peut pas dire que ce soit vraiment choquant, bien au contraire : on reste dans un système totalitaire, qui a ses prisonniers de droit commun et ses prisonniers politiques, en Sibérie (à Katorga), bref, les similitudes de situation sont évidentes.
Tout en restant dans le monde "russe" de Dostoievski (que Janacek avait respecté scrupuleusement), symbolisé notamment par les paroles russes du film muet de l'ouverture, les banderoles en russe des prisonniers manifestant, la bouteille de vodka qu'on trimballe et boit fréquemment etc...), Castorf multiplie les autres évocations : la pub Pepsi, l’affiche du film Amityville et les costumes des spectacles, tout comme la longue diatribe en espagnol ou les mots écrits dans la salle à manger, renvoient à d'autres symboliques de l'enfermement, de l'horreur et/ou de la révolte. On pense aux dictatures d’Amérique Latine, mais aussi aux emprisonnements de la société de consommation.
D''une manière générale, le choix fait par Castorf, malgré quelques outrances purement visuelles qui apparentent sa mise en scène à un film expressionniste allemand, s'il est moins efficace que l'épure parfaite proposée par Chéreau, n'en est pas moins passionnante dans sa recherche et dans les suggestions faites à partir de l'oeuvre. Et souvent fascinantes.

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Le décor (superbe) est unique est très "ramassé", sorte d'empilage de "pièces", qui évoquent grâce au décor et aux accessoires, à peu près tout ce qui peut constituer un bagne : petit bout de palissade, mirador au sommet, grand panneau de fil de fer barbelé, intérieur d'un baraquement, cuisines, bois et hache pour le couper etc. On y voit aussi les symboles du pouvoir (petit coupole d'église orthodoxe, aigle tsariste). Le décor tourne façon "Py" et dévoile ses différentes faces selon les situations. Une caméra (comme dans la mise en scène de Hove pour les Damnés) filme les scènes qui se déroulent en coulisse (le passage à tabac de Gorjantchikov par exemple au début de l'acte 1) et les projette sur un écran situé soit au sommet de la pyramide des décors, soit descendu des cintres (puis remonté...). Procédé très bien maitrisé par Castorf puisqu'il donne à ces petites projections du "réel caché" une allure de film muet expressionniste des années 20/30 assez saisissante.
Cet écran sert aussi à projeter des images des forçats du Goulag cassant des cailloux.
Les forçats ont leurs cruautés et leur tendresse (pour des petits lapins élevés dans un clapier).

Le personnage d'Aleja, le jeune Tatar pour lequel Gorjantchikov se prend d'amitié, est chanté par une soprano (Chéreau avait choisi l'option "ténor") qui porte également lors de l'ouverture les plumes de "l'aigle" ou plutôt celle d'un oiseau merveilleux symbolisant l'aigles que les prisonniers vont soigner avant de lui rendre sa liberté.
"Liberté" et "Du pain" sont les slogans écrits (en russe) sur les banderolles de fortune portées par les bagnards au début de l'acte 3.
La scène du théâtre-opéra donné par des prisonniers pour leurs camarades, est l'occasion de représenter un véritable carnaval de déguisements façons carnaval de Venise (ou de Rio) avec morts-vivants, masques grotesques et scènes érotico-pornoghraphiques.
Je n'ai évidemment pas saisi toutes les allusions de Castorf (il faut toujours plusieurs visions...et quelques explications) mais dans l'ensemble ce côté "déjanté" tout en étant soigneusement travaillé, correspond presque au millimètre aux caractéristiques de la musique et de l'histoire.

Et surtout le tout est magnifiquement servi par une distribution de premier ordre où dominent les personnage hauts en couleur de Gorjantchikov (Peter Rose magistral), de Luka (Aleš Briscein émouvant), de Skuratov (Charles Workman à fleur de peau) et de...Šiškov (Bo Skovhus, absolument génial de A à Z, look compris).

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J'ai été un peu gênée au début par le choix d'Aljeja (Evgeniya Sotnikova) en soprano aux yeux de biche effrayée à chaque instant, mais elle finit assez rapidement par emporter l'adhésion à son personnage très féminisé et surtout à la note poétique et romantique omniprésente de son fait, dans ce tableau des horreurs quotidiennes.

Mais l'ensemble de la troupe joue et chante très bien, les choeurs sont splendides et la langue tchèque est maniée avec beaucoup de respect pour sa prosodie rendue encore plus complexe par la partition. La qualité Munichoise est au rendez-vous... :wink:

Bref, déconcertant au début, très différent du choix de Chéreau, cette nouvelle mise en scène de De La Maison des Morts vaut franchement le détour et sans doute, gagnera à être revue, tant le foisonnement "castorfien" est parfois difficile à saisir dans toutes ses subtilités.
Un charme venimeux, dramatique et nostalgique emprunt de romantisme, qui ne manque pas d'atout.

PS : un mystère pour moi (parmi d'autres) : (l'affiche du film d'horreur "Amityville", si elle se prête de par son sous-titre -la Maison du diable- à l'histoire racontée, parait cependant hors de propos sur le plan de la chronologie?)
PS2 : belles prises de vue pour cette retransmission et puis petit plaisir de voir Bachler en personne, parler intelligemment de l'oeuvre et de la production proposée en introduction à cette diffusion.

Photos du Bayerische Staatsoper.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05/2018

Message par jeantoulouse » 27 mai 2018, 09:44

Je l'ai vu par hasard hier en fin d'après midi, diffusé en direct sur Mezzo. Je suis resté scotché sur mon canapé. Le décor de stalag ou de goulag concentré en quelques plans, la mise en scène rude et tranchante de Castorf, le personnage effrayant que compose Bo Skovus, cet hymne déchirant et grotesque à la liberté qui conclut l’œuvre, l'envol de l'aigle ainsi représenté, le flux orchestral maitrisé par Simone Young, les sonorités inquiétantes et pathétiques d'un orchestre survolté, tout a provoqué une émotion et un malaise. Au sens premier, un spectacle apparemment formidable.
Merci Hélène pour ton compte rendu précis et nuancé.

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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05/2018

Message par micaela » 27 mai 2018, 10:39

Mise en scène pouvant provoquer le malaise, oui , et c'est un élément dont je me serais bien passée : l'œuvre est certes dure, voire déprimante, mais (AMHA) pas destinée à provoquer le malaise chez le spectateur.
Je n'ai pas vraiment perçu l'évocation du système soviétique du goulag et des camps de travail (NB un stalag n'était qu'un camp allemand de prisonniers de guerre, c'est tout à fait autre chose), il y avait trop de trucs disparates dans les décors (un affiche de SF occidentale, une enseigne Pepsi, de plus ça ne fait pas très camp stalinien). Je n'ai pas ressenti trop non plus l'influence de l'expressionnisme (années 20 et pas 30).
De toute façon, je ne pense pas que le bagne tel que décrit par Dostoïevski et les camps staliniens, ça soit tout à fait la même chose. En lisant le livre, j'ai d'ailleurs surtout pensé à ce qui avait pu exister en France (Toulon, Cayenne...) malgré les différences.
Pour en revenir à cette mise en scène, je pense que Castorf n'a pas voulu évoquer un système en particulier, mais un lieu d'enfermement en puisant dans différentes références (les camps soviétiques, les camps de concentration peut-être, etc...), d'où ces éléments disparates que j'ai cités.
En même temps, il n'y a pas eu non plus de trahison ou de surinterprétation. C'est juste que j'ai préféré l'épure de héreau, qui me semble beaucoup plus proche de l'œuvre de Dostoïevski sur le fond (et effectivement, Janacek en était resté très proche).
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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05/2018

Message par HELENE ADAM » 27 mai 2018, 10:56

micaela a écrit :
27 mai 2018, 10:39
Je n'ai pas vraiment perçu l'évocation du système soviétique du goulag et des camps de travail (NB un stalag n'était qu'un camp allemand de prisonniers de guerre, c'est tout à fait autre chose), il y avait trop de trucs disparates dans les décors (un affiche de SF occidentale, une enseigne Pepsi, de plus ça ne fait pas très camp stalinien). Je n'ai pas ressenti trop non plus l'influence de l'expressionnisme (années 20 et pas 30).
De toute façon, je ne pense pas que le bagne tel que décrit par Dostoïevski et les camps staliniens, ça soit tout à fait la même chose. En lisant le livre, j'ai d'ailleurs surtout pensé à ce qui avait pu exister en France (Toulon, Cayenne...) malgré les différences.
Comme toujours chez Castorf il y a plusieurs références et jamais une transposition unique. Mais la référence dominante est à mon avis celle du goulag car, pour l'essentiel, Castorf reste dans le monde "russe" de Dostoievski que Janacek a respecté scrupuleusement (paroles russes du film muet de l'ouverture, banderoles en russe des prisonniers manifestant etc...). Pepsi(*), Amityville et les costumes des spectacles, tout comme la longue diatribe sur Jésus Christ en espagnol ou les mots écrits dans la salle à manger, renvoient à d'autres symboliques de l'enfermement, de l'horreur et/ou de la révolte.
(j'ai complété mon CR pour préciser ces diverses évocations...)
Castorf ne se décrypte pas en une seule séance ( :wink: ).

(*) : rappelons juste que Pepsi Cola (écrit en lettres russes sur l'enseigne) est le premier produit occidental de consommation courante à faire son entrée sur le marché soviétique ; c'était en 1974 sous Brejnev.

Une autre vue du décor :
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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05/2018

Message par micaela » 27 mai 2018, 11:31

Une référence que j'ai cru percevoir aussi, c'est celle aux camps de concentration : les barbelés et les poteaux d'Auschwitz (ou autres), et des uniformes un peu sous influence allemande (à noter qu'aucun emblème ne renvoyait à un pays ou un régime politique précis).
Sa vision, très complexe (effectivement ça ne se décrypte pas en un clin d'œil) est bien loin de l'épure de Chéreau . Mais il n'y a pas de trahison/surinterprétation excessive de l'œuvre (même si faire de Chiskov un personnage effrayant, sorti d'un film d'horreur, est un peu "too much").
Je me demande ce que ça pouvait donner en salle (l'abus de gros plans empêchait d'avoir une vision globale du spectacle).
Côté interprétation, j'ai trouvé ça très bon . Peter Rose (qui si j'ai bien compris abordait le rôle pour la première fois) est très impressionnant physiquement...
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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05/2018

Message par Wim » 27 mai 2018, 12:29

Merci Hélène pour ton CR qui reflète bien ce que j'ai ressenti aussi. En effet, comme pour son Ring, on sait qu'on doit revoir la mes de Castorf pour comprendre plus ( je n'ose pas dire tout parce que c'est tellement riche). Quelle belle musique que j'avoue ne pas connaître très bien mais Young et l'orchestre de Munich m'en ont donné grande envie.

Dommage que cela ne dure que 1h30.

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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05-06-07-10/2018

Message par Efemere » 30 mai 2018, 03:42

Certains tweets du BSO donnent quelques indices sur la m.e.s. – voir ici :

• Le personnage d'Alieïa a été fusionné avec celui de l'aigle.
• Large influence des Démons de Dostoïevski sur la production.
• Est affiché sur l'écran installé sur un pilier, avec un film datant de 1928, каторга, i.e. katorga, bagne tsariste (Dostoïevski avait été incarcéré dans la katorga d'Omsk).
• Plusieurs références à Trotsky – mêmes lapins (géants des Flandres) que ceux élevés par Trotsky et mêmes cages ; un des personnages de la pièce de théâtre des prisonniers représente Frida Kahlo, dont Trotsky avait été l'amant ; Luka (interprété par Aleš Briscein) ressemble à Trotsky ; poster du film L'assassinat de Trotsky de Joseph Losey (1972).
• Parmi les éléments scéniques représentant le pouvoir, aigle tsariste, croix orthodoxe et Pepsi comme symbole du capitalisme.
• Le texte dit par le prisonnier ivre (Galeano Salas) est extrait du chapitre 8 de l'Évangile selon Luc en espagnol (langue du chanteur).

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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05-06-07-10/2018

Message par HELENE ADAM » 30 mai 2018, 07:09

Efemere a écrit :
30 mai 2018, 03:42
• Plusieurs références à Trotsky – mêmes lapins (géants des Flandres) que ceux élevés par Trotsky et mêmes cages ; un des personnages de la pièce de théâtre des prisonniers représente Frida Kahlo, dont Trotsky avait été l'amant ; Luka (interprété par Aleš Briscein) ressemble à Trotsky ; poster du film L'assassinat de Trotsky de Joseph Losey (1972).
Je m'disais aussi.... :roll:
(mais je n'ai pas vu l'affiche du film de Losey...)
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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05-06-07-10/2018

Message par micaela » 30 mai 2018, 07:22

Moi non plus.
En tout cas, merci à efemere pour ces explications.
Personnellement, fusionner Aleljia et l'aigle, je trouve que ça a tout de la fausse bonne idée. C'est quand même vraiment plaqué sur l'histoire.
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Re: Janáček - De la Maison des Morts - Young/Castorf - Munich - 05-06-07-10/2018

Message par HELENE ADAM » 30 mai 2018, 07:32

micaela a écrit :
30 mai 2018, 07:22
Moi non plus.
En tout cas, merci à efemere pour ces explications.
Personnellement, fusionner Aleljia et l'aigle, je trouve que ça a tout de la fausse bonne idée. C'est quand même vraiment plaqué sur l'histoire.
En fait (voir mon CR), c'est à la fois une fusion et une adaptation puisque Aleljia est plutôt un oiseau exotique (une sorte de Quetzal mexicain ?) qu'un aigle. Autant le choix d'une soprano très féminisée, m'a gênée au début (mais pas très longtemps), autant cette fusion m'a paru au contraire une bonne idée assez forte sur le plan du symbole.
Mais l'omniprésence des références à Trotsky (qui confirme la vision à la fois de l'enfermement stalinien et du choix "russe" de Castorf) m'ayant échappé, il faut que je revoie tout ça... :mrgreen:
Ce qui m'intrigue (voir les représentations des décors dans mon CR), c'est que l'affiche que l'on voit en permanence est celle d'Amityville... pas celle de l'Assassinat de Trotsky.
La ressemblance de Luca avec Trotsky est vraie mais pas flagrante sauf si on a déjà la clef....
Et, du coup, les déguisements de carnaval ne sont ni de Venise ni de Rio, mais bien ceux du carnaval de Mexico. C'est au Mexique que Trotski s'est finalement exilé pour échapper à la Guepeou et c'est là qu'il a été assassiné.

L'affiche du film de Losey (presque sûre qu'on ne la voit pas pendant la retransmission, n'aurait pas pu m'échapper :wink: )
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Ci-dessous : Trotsky accueilli par Frida Kahlo à Tampico (Mexique)
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(sacré Castorf :mrgreen: )
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