"Ni cet excès d'honneur, ni cette indignité"!
Il est temps que ce fil s'achève car les avis les plus tranchés se succèdent de façon presque grotesque.
Depuis sa mise en scène de
Lohengrin à Munich j'avais mis Richard Jones sur ma liste des metteurs en scène à éviter mais la distribution et l'oeuvre ne pouvaient que m'attirer.
Je ne regrette pas ce que j'ai entendu. J'y allais pour Groissböck . J'ai cru le voir arriver dans le bleu de chauffe qu'il avait dans
l'Or du Rhin version Castorf à Bayreuth. Ce n'était qu'un "jogging" qu'il porte bien également. Il a vaillamment soutenu le rôle écrasant de Gurnemanz . Je ne craindrais pas de le mettre au niveau de Zeppenfeld.
Andreas Schager a été un peu malmené sur ce fil. On lui reproche son manque de nuances. C'est exagéré même si après son "Amfortas , die Wunde", il ne baisse pas d'un ton , ce qui crée une sorte de déséquilibre avec Anja Kampe qui tient bien sa partie mais dont la voix n'est peut-être pas assez ample. Schager m'a paru meilleur acteur qu'à Bayreuth (mieux dirigé?) en particulier à la fin du premier acte où son visage est très expressif: de la surprise à l'insouciance en passant par l'ennui et la compassion.
Quant à Peter Mattei c'est de loin le meilleur Amfortas que j'aie entendu et vu. Je ne repéterai pas ce qui a été dit dans les premiers comptes rendus.
Philippe Jordan fait souvent partie des mal aimés de ce forum. Je n'entrerai pas dans le débat mais je me permets de rappeler une évidence: l'importance de la place où se trouve le spectateur. Entre ce que j'ai vu et surtout entendu dimanche du premier rang de le 2e galerie et hier du milieu du 2e balcon, il y a de grandes différences, qu'il s'agisse du jeu ou de la voix des chanteurs ou, à propos du chef, de la question de savoir si l'orchestre "couvre" les voix.
Quant à la mise en scène... Je sauverai le premier acte malgré l'excès d'hémoglobine (je préfère le rituel sanglant christique de Bayreuth) et la ridicule dissociation de Titurel entre le petit vieillard du plateau et le chanteur qui apparaît à peine dans l'embrasure de la porte côté jardin de la fosse d'orchestre.
Le deuxième acte est raté malgré une idée originale, celle des filles-fleurs ici épis de maïs" , mais d'une obscénité inutile (que l'on ne demande qu'aux figurantes; les chanteuses sont épargnées) Ensuite le plateau sombre et vide ne peut qu'entourer d'ennui la grande scène entre Kundry et Parsifal.
Au 3e acte tout va mal , c'est dans le livret mais c'est aussi l'impression finale. Pourquoi un Parsifal devenu aveugle? Où est l'enchantement du Vendredi Saint? Que se passe-t-il dans le dernier tableau? Cf. ce qu'en a écrit Bernard:
Alors après qu'Amfortas traîné par les quatre fers a guéri de sa blessure que les transfusions du sang siphonné aux écuyers n'avaient pas réussi à juguler , Kundry pour finir lui donne le baiser de la mort, il s'écroule et elle s'en va bras dessus, bras dessous avec Parsifal mener sa vie pépère.
Qu'on me redonne la même distribution (j'y inclus ceux que je n'ai pas cités ici), je reviendrai malgré mes réserves.