MariaStuarda a écrit : ↑08 mai 2018, 13:17
Si on était capable d'avoir sur ce site un débat apaisé, ça serait tout de même intéressant d'essayer de se poser les questions suivantes (pour notre culture collective personnelle) :
Que cela soit le cas (ou pas) pour Anna Netrebko ou Roberto Alagna, une star du lyrique a t'elle les moyens d'imposer sa moitié à un théâtre ? Et selon quelles modalités ?
Quels sont les maisons qui ont vis à vis des exigences des chanteurs les rapports de force les plus forts. On indique souvent que le MET a toujours été intraitable sur ce point. Force est de constater, par exemple, que à NY (sais accident imprévisible de ténor) les prestations de Netrebko se font pas avec Eyvazov ...
Si c'est pour remettre un jeton dans le bastringue sur le thème "campagne anti Netrebko", pas la peine de répondre à ce post. Si c'est pour essayer de comprendre collectivement, bienvenu dans un monde ou les ODBiens savent discuter (qu'il soit ou non membre de la mafia médiatico-snobisante adepte de la pensée occidentale unique)
Sauf que déjà poser la question en ces termes de chanteurs qui "imposeraient" et en particulier sur le fil dédié à Netrebko est partir avec un présupposé orienté, qui ne repose que sur des préjugés délibérément négatifs. On parle de pensée unique ? On est pile en plein dedans en ne cherchant aucune autre explication à l'engagement d'un couple ensemble.
Je ne sais pas pour Alagna et Kurzak, mais la vérité est que Netrebko n'impose pas son mari.
On peut d'abord tenter de faire mentir les chiffres que j'ai présentés et de prétendre qu'ils chantent la moitié du temps ensemble à l'opéra, mais c'est entièrement faux. En 2017, C'est 1/4 de ses engagements (en comptant les remplacements de dernière minute assurés par Eyvazov).
Ensuite en réalité, quand ils travaillent ensemble, c'est que ce sont les maisons qui leur proposent des projets à 2, soit pour la tenter (c'est comme ça que le Bolchoi a réussi à la convaincre de venir y faire ses débuts) soit par sympathie des directeurs artistiques ou des directeurs de théâtre pour elle/eux : Mariinsky, Baden-Baden), soit encore parce que c'est tout simplement plus facile maintenant de prendre Eyvazov qui paraît évident que de s'embêter à chercher un autre ténor (ex. Macduff)... et le couple accepte le cas échéant (et c'est très évidemment le cas pour les concerts).
Autre possibilité qui va sembler complètement, mais alors complètement, hallucinante : les directeurs de théâtre connaissent la voix d'Eyvazov et ce dont il est capable et lui font confiance (comme l'a fait Muti à Rome) dans un répertoire où la concurrence ne court pas les rues. Exemple Pereira à La Scala pour Chénier (d'où l'engagement aussi à Vienne).
C'est peut-être vaguement ce qui expliquerait aussi que Eyvazov soit engagé pour chanter des rôles sans son épouse (le Bolchoi lui fait maintenant confiance et l'engage seul pour Don Carlo, La dame de Pique etc., l'ONP le fait revenir en Manrico, le MET l'engage en doublure de Kaufmann dans la Fanciulla et lui offre quelques soirées, Berlin et Philadelphie lui font chanter Cavaradossi...).
Dernière précision, il se peut aussi qu'un couple préfère parfois ne pas chanter ensemble : par exemple Netrebko adore chanter avec Beczala, qui est son ami, et on peut imaginer que quand ils se produisent ensemble à Vienne ou au MET, ce n'est pas parce qu'elle n'a pas "réussi" à imposer son mari.
Autre exemple : Eyvazov se paye les plus gros succès à l'applaudimètre quand il ne chante pas avec sa femme et qu'il est donc comparé avec des sopranos de classe inférieure, où le fait qu'il ne vole pas sa place sur scène apparaît on ne peut plus clairement. C'est ce qui est arrivé à Vienne quand il a chanté le Trouvère avec Siri ou au MET très récemment quand il a chanté avec Rowley.
C'est en cela qu'il déclarent en interview eux-mêmes qu'ils sont contents de ne pas toujours chanter ensemble.