Airs de cour / pièces pr clavecin - J-F Novelli / E. Joyé - Galerie Prodromus (Paris)- 14/01/2018

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EdeB
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Airs de cour / pièces pr clavecin - J-F Novelli / E. Joyé - Galerie Prodromus (Paris)- 14/01/2018

Message par EdeB » 16 janv. 2018, 23:24

Airs de cour d’Antoine Boësset, Nicolas de la Grotte, Jean Boyer, Sébasitn Le Camus, Michel Lambert, Girolamo Frescobaldi & Jean-Baptiste Lully
Poèmes d’Isaac de Benserade
Pièces pour clavecin de Jacques Champion de Chambonnières & Etienne Richard

Antoine Boësset (1587-1643), Mortels, mettez fin à vos larmes (Récit d’Iris, extrait du du Soleil pour la Reine (1621))
Nicolas de la Grotte (1530-1600), Quand ce beau printemps je vois (Poème de Pierre de Ronsard, air publié en 1669)*
Isaac de Benserade, Sonnet (« Bouche vermeille au doux sourire »)
Jean Boyer (1600-1648), Je suis devenu amoureux
Isaac de Benserade, Sonnet (« Bouche à qui convient laide offrande »)
Sébastien Le Camus (1610-1677), Qui craint dans les nœuds*

Pièces pour clavecin seul :
Jacques Champion de Chambonnières (1601-1672), La drollerie
Etienne Richard (1624-1669), Allemande
Jacques Champion de Chambonnières, Courante de Madame

Isaac de Benserade, Epigramme (« Ne croyez pas que la vengeance… »)
Antoine Boësset, Me veux-tu voir mourir (Poème de Germain Habert, air publié en 1642)
Isaac de Benserade, Sonnet A Iris
Michel Lambert (1610-1696), Iris n’est plus (Poème d’Antoine de Rambouillet, air publié en 1688)*
Non, n’appréhendez plus
Vos mépris

Girolamo Frescobaldi (1583-1643), Se l’aura spira (1630)

Jacques Champion de Chambonnières, L’entretien des dieux, pavane pour clavecin seul

Monsieur de Montreuil, C’est un amant
Jean-Baptiste Lully (1632-687), Récit de la beauté (extrait du Mariage forcé, I, 2, sur un livret de Molière)

Jean-François Novelli – chant et flûte à bec*
Elisabeth Joyé – clavecin

Galerie Prodromus (Paris), le 14 janvier 2018


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Blasons et contre-blasons

Après le concert de Julie Hassler et Elena Bayeul-Gertsman, c’est une autre rencontre autour de l’air de cour qui clôturait la superbe exposition de peintures d’Olivier Charpentier à la Galerie Prodromus , en un finale magistral. On ne pouvait que savourer l’intelligence de ce programme, qui nous présentait, en un raccourci infiniment captivant, par une succession de blasons amoureux (et de contre-blasons malicieux, avec ces « bouches » qui se répondent en un miroir déformant), les éternels tourments des amoureux transis, dédaignés et même –parfois–, heureux.

Par la grâce d’un art étincelant de retenue, dont la puissance ne s’amoindrit pas du déploiement de cette pudeur, Jean-François Novelli se glissait dans ces drames sensuels et secrets. Se plaçant dans un équilibre idéal qui ne freinait aucunement l’émotion ; entre sincérité et ironie, pleine étreinte de cette rhétorique chantournée et emportement plus rétif devant des codes poétiques dont l’artifice-même est une force. Il en extrayait pleinement ce suc si prégnant, qu’il soit plaintif ou d’une plus robuste ironie. Fluidité du discours, subtilité des affects et des enchaînements, élégance des ornements—soulignant d’un trait les méandres du discours—, le charme de cette éloquence est autant dans la tendresse de ses amants que dans la gouaille de leurs contraires railleurs. Et dans la perfection d’une diction qui brille autant dans des poèmes enlevés avec panache, et soulignés d’un geste. L’art du chanteur se redouble du souffle du flûtiste renforçant d’une ample arche certaines ritournelles. Que ce soit Boësset, La Grotte ou Lambert, le sublime côtoie le plus trivial, en un raccourci savoureux.

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Tout aussi ensorcelant, Chambonnières retrouve sous le toucher délicat d’Elisabeth Joyé toute sa finesse et ses couleurs. Grâce et assurance, pimentées d’un esprit léger et profond donnent tout autant de séduction au bien plus rare Etienne Richard. La complicité manifeste entre les deux musiciens s’illustre également par cette fusion des pièces retenues, qui voit glisser les affects en leurs myriades colorées.

Et, comme penchée par-dessus du clavecin, la figure fragile et mélancolique de Déjanire, telle que les doigts d’Olivier Charpentier l’ont fait naître, semblait s’interroger sur ces douleurs passées et ces éclats échappés à la nuit, en leur résurrection éphémère.

Redonné deux fois de plus que sa date initiale de décembre, ce programme merveilleux mériterait un bien plus large écho. Souhaitons qu’il puisse être présenté à un public bien plus nombreux que celui, enthousiaste, de cette soirée d’exception.

Emmanuelle Pesqué

Rappelons la parution du livre d’Isaac de Benserade, Le Ballet royal de la Nuit, avec les dessins d’Olivier Charpentier, une introduction sur Benserade de Clotilde Thouret (Université de Nancy) et des textes de Sébastien Daucé, Francesca Lattuada et Olivier Charpentier, Paris, Prodromus, 2017. (144 pages, 41 dessins reproduits, prix : 50 €)

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Par ailleurs, un concert de musique de chambre aura lieu à la galerie Prodromus, le 21 janvier à 19h (sur réservation, libre participation) : Clara Védèche, Bilal Alnemr & Jorge Gonzales Buajasan interpréteront des œuvres de Gabriel Fauré, Zoltàn Kodàly et Dmitri Chostakovitch.
Réservation OBLIGATOIRE.

Galerie Prodromus
46, rue Saint-Sébastien 75011 Paris
(01 43 14 48 25 / prodromus@wanadoo.fr)

Photographies © Olivier Charpentier / Galerie Prodromus, 2017. (La Nuit, Eurydice)
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
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