Après un rêve.K.Deshayes/J.Farjot/Ens.Contraste-Rouen- 10/1 /2018

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pingpangpong
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Après un rêve.K.Deshayes/J.Farjot/Ens.Contraste-Rouen- 10/1 /2018

Message par pingpangpong » 11 janv. 2018, 20:51

Après un rêve, récital de mélodies françaises

Gabriel Fauré Pavane pour violon, violoncelle et piano
Jules Massenet Élégie Ô doux printemps d’autrefois pour mezzo, violoncelle et piano
Charles Gounod L’Absent pour mezzo, violon, violoncelle et piano
Camille Saint-Saëns Le Cygne extrait du Carnaval des animaux pour violoncelle et piano
Charles Gounod Le Soir pour mezzo, violon et piano
Camille Saint-Saëns Violons dans le soir pour mezzo, violon et piano
Jules Massenet Méditation de Thaïs pour violon et piano
Reynaldo Hahn A Chloris pour mezzo et piano
Benjamin Godard Berceuse de Jocelyn pour mezzo, violoncelle et piano
Gabriel Fauré Berceuse pour violon et piano
La bonne chanson (extraits) pour mezzo, violon, violoncelle et piano :Puisque l'aube grandit; La lune blanche luit dans les bois; N'est-ce pas?; L'hiver a cessé
Après un rêve pour mezzo, violon, violoncelle et piano

Mezzo-soprano Karine Deshayes
Ensemble Contraste 
Violon, direction artistique Arnaud Thorette
Violoncelle Antoine Pierlot
Piano, arrangements, direction musicale Johan Farjot


Par rapport à l'enregistrement de 2014, également intitulé Après un rêve, et regroupant les mêmes artistes, sont absentes de ce récital quatre pièces de Chausson, Fauré, Saint-Saëns et Berlioz.
Nous “gagnons“ cependant quatre mélodies extraites de la Bonne chanson de Gabriel Fauré et A Chloris de Reynaldo Hahn.
Des pièces techniquement exigeantes, tels l'étonnant Violons dans le soir, de Saint-Saëns, avec ses graves blanchis à aller chercher bien bas sur les derniers mots, ou ces Fauré qui demandent longueur de souffle et souplesse ; mais aussi exigeantes du point de vue expressif, où comptent style et atmosphère propices à la rêverie, à la mélancolie, qui prolongent, accompagnent, ou précèdent le rêve proprement dit, qui en disent l'extase, la douceur, l'espérance ou la tristesse.
Ainsi, la Berceuse de Jocelyn de Benjamin Godard, qui n'est pas sans rappeler certains passages de Lakmé de Delibes, et qui retrouve ici de sa simplicité touchante, après avoir été popularisée par des chanteurs aussi divers que Tino Rossi (timbre de miel), André Dassary (sobre et juste), Jussi Björling (en anglais) ou Alain Vanzo (à l'accompagnement impossible).
Outre un timbre opulent et généreux, la simplicité est peut-être effectivement ce qui caractérise le mieux notre mezzo nationale, qui parvient à nous envoûter sans esbroufe, et malgré un accompagnement trop salonnard (revendiqué) de l'Ensemble Contraste, qui est d'autant plus regrettable que l'acoustique du lieu noie les tutti, dilue les timbres du trio, le piano sonnant de surcroît comme ceux de certaines gares parisiennes.
Dieu merci, Karine Deshayes sert la mélodie française avec un art consommé du phrasé, de l'éloquence, auquel s'ajoutent une ligne parfaitement conduite dotée de radieux aigus.
Excepté des “ r “ bien souvent glissés, particulièrement flagrants dans Le Soir de Charles Gounod, tout est pesé, pensé, équilibré, sans appui excessif.
Cela nous vaut un A Chloris de Reynaldo Hahn si classieux qu'il nous laisse béats, espérant qu'un jour prochain Karine Deshayes ait l'idée d'inscrire à son répertoire d'autres mélodies de ce compositeur béni des dieux. Quant à Gounod, qui sait si la France saura s'en montrer digne en cette année de bicentenaire. Son interprète est toute trouvée, en ce qui nous concerne.
Deux bis achèvent de nous bouleverser : Laschia ch'io pianga du Rinaldo de Haendel, et, dans un registre totalement inattendu, mais ô combien judicieux, K.Deshayes rend hommage à France Gall avec Si, maman, si. Là encore, le texte prend un poids, que le très nombreux public ému de la Chapelle Corneille n'est pas près d'oublier.

E.Gibert
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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