Le suicide à l'opéra

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Re: Le suicide à l'opéra

Message par PlacidoCarrerotti » 31 oct. 2017, 08:35

Et Aida ?
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Le suicide à l'opéra

Message par HELENE ADAM » 31 oct. 2017, 09:09

PlacidoCarrerotti a écrit :
31 oct. 2017, 08:35
Et Aida ?
Oui c'est peut-être le plus fascinant d'ailleurs dans l'histoire de l'opéra que cet enfermement volontaire pour mourir avec Radamès...
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Le suicide à l'opéra

Message par micaela » 31 oct. 2017, 09:48

PDdLB a écrit :
31 oct. 2017, 08:08
D'ailleurs ça me semble un peu malsain cette obsession de l'opéra romantique pour le suicide, surtout lorsque celui-ci est sublimé comme la grande libération finale qui donne lieu à des prodiges vocaux. Certes il s'agit là davantage de considérations morales qu'esthétiques, mais présenter le suicide comme le remède à tous les malheurs me semble être un propos bien fâcheux, quand bien même cela permet de jolis moments dramatiques!
Il semble que ce soit un "héritage" d'une certaine forme de romantisme poussée à l'extrême (CF Kleist et son suicide). C'est effectivement un peu morbide, mais aussi ça permet de beaux moments scéniques et musicaux -une raison probable, en effet.
Pour Aïda, ça relève d'une autre tendance : aller délibérément à la mort . Une sorte de sacrifice , soit pour suivre l'être aimé dans la mort (id pour Maddalena de Coigny, voire Pollione), soit pour le sauver ou du moins le protéger (Liu) ou pour se conformer à une loi, une tradition (Norma), ou par fatalisme , parce qu'on sait/pense que c'est son destin (dans Carmen de Mérimée, c'est un peu le cas, car elle pense mériter la mort de la main de José, elle le provoque donc. Chez Bizet, elle a lu la mort dans les cartes, donc elle accepte son destin).
Le sacrifice peut aussi être par amitié, patriotisme, ou pour permettre le déroulement d'un plan (ou par idéalisme si on veut). La mort de Posa relève ainsi du sacrifice . Dans tous les cas, c'est un comportement quelque peu suicidaire...
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Re: Le suicide à l'opéra

Message par David-Opera » 31 oct. 2017, 10:03

HELENE ADAM a écrit :
30 oct. 2017, 22:59
Tout le problème est là en effet : le metteur en scène de ce DC prend le parti de tout prendre au pied de la lettre en quelque sorte et incontestablement dans les paroles d'Elisabeth, il y a la possibilité d'un suicide. Ce qui est plus discutable c'est qu'elle est bonne catholique
Sauf si, après avoir jeté un dernier regard à la Croix et au buste de Charles Quint déposés sur la table en avant-scène, elle décide de se libérer des deux poids qui l'ont oppressée tout sa vie, la religion et la tradition ancestrale, car elle n'y croit plus.
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Re: Le suicide à l'opéra

Message par PlacidoCarrerotti » 31 oct. 2017, 10:37

David-Opera a écrit :
31 oct. 2017, 10:03
HELENE ADAM a écrit :
30 oct. 2017, 22:59
Tout le problème est là en effet : le metteur en scène de ce DC prend le parti de tout prendre au pied de la lettre en quelque sorte et incontestablement dans les paroles d'Elisabeth, il y a la possibilité d'un suicide. Ce qui est plus discutable c'est qu'elle est bonne catholique
Sauf si, après avoir jeté un dernier regard à la Croix et au buste de Charles Quint déposés sur la table en avant-scène, elle décide de se libérer des deux poids qui l'ont oppressée tout sa vie, la religion et la tradition ancestrale, car elle n'y croit plus.
Totalement anachronique ...
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Re: Le suicide à l'opéra

Message par micaela » 31 oct. 2017, 10:38

Un suicide dans un opéra du XXème siècle : Lucrèce dans The rape of Lucretia (Britten).
Une autre Lucrèce qui se suicide : Lucrèce Borgia à la fin de Lucrezia Borgia.
Autre suicide dans l'opéra baroque (à côté de celui de Didon chez Purcell) : celui de Sénèque dans Le couronnement de Poppée (imposé par Néron, mais accepté par Sénèque d'une façon qui laisse penser qu'il aurait sans doute fini par le faire).
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Re: Le suicide à l'opéra

Message par David-Opera » 31 oct. 2017, 10:43

PlacidoCarrerotti a écrit :
31 oct. 2017, 10:37
Totalement anachronique ...
Oui, mais on n'est plus au XVI siècle dans la mise en scène.
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Re: Le suicide à l'opéra

Message par micaela » 31 oct. 2017, 11:47

A défaut d'être anachronique dans le cadre choisi par Warlikowski, ça reste peu cohérent tout de même. Un femme très pieuse comme l'est Elisabeth ne choisirait pas ainsi le suicide (le geste n'est pas impulsif, comme pour Tosca, mais réfléchi -sinon, pourquoi trimballerait-elle une fiole de poison ?).
D'une manière plus générale, on remarquera que tous ces suicides opératiques (ceux prévus dans les livrets, pas les rajouts des metteurs en scène) tiennent plus de la conclusion que du point de départ d'une intrigue (ça, c'est plutôt une idée moderne). Il me semble que le thème du suicide parce qu'on se sait condamné par la maladie (à plus ou moins brève échéance) n'est guère abordé à l'opéra (peut-être une idée trop moderne ?).
Et ça devait être très prisé au XIXème siècle, parce que, au delà des opéras, on le retrouve dans la littérature (Madame Bovary, par exemple).
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Re: Le suicide à l'opéra

Message par PlacidoCarrerotti » 31 oct. 2017, 12:24

David-Opera a écrit :
31 oct. 2017, 10:43
PlacidoCarrerotti a écrit :
31 oct. 2017, 10:37
Totalement anachronique ...
Oui, mais on n'est plus au XVI siècle dans la mise en scène.
Il n'a pourtant pas coupé l'autodafé ..
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Re: Le suicide à l'opéra

Message par micaela » 31 oct. 2017, 12:27

Non, mais il l'a réduit à l'exécution d'un prisonnier (un instant, j'ai cru qu'on allait le garroter , sauf que non) qui pourrait ne pas avoir des motifs religieux, en insistant sur le couronnement (il me semble d'ailleurs que ce dernier tient moins de place dans la version en italien).
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