Puccini - La Bohème - Rizzi Brignoli/Fourny - Metz - 10/2017

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sopranolove
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Puccini - La Bohème - Rizzi Brignoli/Fourny - Metz - 10/2017

Message par sopranolove » 06 oct. 2017, 10:14

La Bohême (Puccini)

Opéra-Théâtre de Metz-Métropole

Direction musicale : Roberto Bizzi Brignoli
Mise en scène : Paul-Emile Fourny
Chef des Chœurs : Nathalie Marmeuse
Décors : Valentina Bressan
Costumes : Dominique Louis
Lumières : Patrick Méeüs

Yana Kleyn : Mimi
Diego Silva : Rodolfo
Gabrielle Philiponet : Musetta
Régis Mengus : Marcello
Mikhael Piccone : Schaunard
Tapani Plathan : Colline
Jean-Fernand Setti : Benoît/Alcindoro
Daegweon Choi : Parpignol

La Bohême a donc ouvert la saison 2017/2018 de l'Opéra de Metz. Et cela a été une superbe représentation, où toute la vérité et l'émotion de l'œuvre étaient au rendez-vous.

Belle direction de Roberto Bizzi Brignoli, grand habitué de l'opéra italien. Il avait d'ailleurs dirigé Un Ballo in Machera toujours à Metz il y deux ou trois saisons. Refusant tout excès, tant de la part du plateau que de l'orchestre, il parvient à rendre à la fois la jeunesse et la poésie de l'œuvre et le désespoir, parfois caché par une joie factice, mais qui éclate au début du IIIe acte, avec ces accords glaçants qui retentissaient tels des témoins de toute la misère qui succédait à la joie du IIe acte. Les pauvres face à un quotidien morne et sans avenir après la foule bigarrée du Café Momus.

Une mise en scène vivante, colorée, tel ce moulin géant avec ses ailes illuminées qui tournaient au fond de la scène, tel le Moulin Rouge (et ses girls et danseuses qui ont esquissé un french cancan) que l'on voyait pendant tout l'opéra, y compris depuis la mansarde de Rodolphe et Marcel (plutôt une sorte de loft avant la lettre !). Fourny avait refusé de créer une atmosphère grise, sinistre, pesante dès le premier acte. Préférant, et aidé par cela par la jeunesse de ses bohêmes, montrer des jeunes qui refusent toute fatalité et affichent une réelle gaîté, qui est leur manière à eux de mettre à distance la tragédie... Cette dernière les rattrapera, hélas, et cela dans un dernier acte poignant de vérité !

Mimi : Yana Kleyn, une jeune russe qui a tous les dons, et qui se donne au rôle de manière poignante. Une voix vraiment superbe, grand lyrique qui peut aussi affronter des rôles plus dramatiques mais qui a l'intelligence de le faire que très rarement et qui se contente pour le moment de rôles comme Liu, Micaela et Desdemone. Cela lui arrive parfois d'être Donna Anna et Rachel, mais ce n'est pas son quotidien vocal. Si elle continue comme cela, dans 5 ans elle sera une Comtesse ou une Butterfly (mais elle n'envisage ce rôle que dans 5 ou 6 ans et préfère ne pas chanter Tosca, comme elle me l'a dit).
En tout cas sûrement l'une des vraies et grandes pucciniennes d'un avenir proche, et j'aimerais bien la revoir un jour ! Elle a aussi un beau talent scénique et une jeunesse d'allure qui lui donne bien moins que ses 35 ans. Elle en paraissait 18 ! Retenez bien son nom !

Très bien entourée aussi, par un merveilleux ténor mexicain, Diego Silva, ténor lyrique au beau timbre, et très musical ; les contre ut de son air étaient délivrés comme une confession et non comme parfois par l'ostentation que leur donne certains ténors qui veulent montrer à tout prix la puissance de leur voix. Leurs deux duos étaient à l'unisson, deux héros tendres et aimants brisés par la vie Plus une Musette de choix, Gabrielle Philiponet qui fait de ce personnage un tout premier rôle. Une voix bien jolie à l'image de cette cantatrice, qui a aussi une voix de lyrique léger mais qui peut passer dans un fach supérieur. Cette Musette pourra chanter bientôt Lucia : son timbre est coloré, souple, et l'insouciance de Musette se teinte vite au dernier acte d'émotion et de compassion ; la manière dont elle priait la vierge (je suis indigne de pardon mais Mimi est un ange du ciel...) comment le décrire avec des mots ?
Très beau trio aussi de clé de fa ! Mikhael Piccone, charmant Schaunard et Tapani Plathan , jeune basse finlandaise, nous donnait un air du manteau toute en retenue et en émotion (déjà que cet air est un de ceux qui me font pleurer dès que je l'entends !) encadraient le Marcello de Régis Mengus. Encore un baryton français qui est digne de toute la lignée des grands barytons français et francophones. Une voix, une allure digne des plus grands, et quelle prestence. Pour un peu je dirais que Mengus a à la fois une voix ample et bellement timbrée et le physique d'un beau ténébreux.

Et ajoutons à cela un Benoit et Alcindor bien chantant, Jean Fernand Setti, qui débutait sur cette scène et un Parpignol tenu par un des choristes (à Metz, les petits rôles sont distribués à des artistes du chœur, ce qui est une belle idée...

Et pour finir, j'ajoute que pour une fois (d'habitude cela m'agace un peu !) les scènes avec Parpignol étaient très réussies...

Belle représentation donc, où l'émotion a règné en maitre. Depuis l'arrivée de Musette au dernier acte jusqu'à la fin, je n'ai pas arrêté de pleurer vraiment et je n'étais pas la seule. Même les chanteurs avaient du mal à retenir leurs larmes !

Une bien belle représentation, ce premier octobre et qui présage de belles choses. J'attends surtout Oneguine avec David Bizic (y en a t'il qui l'ont entendu) et Isabelle Cals, ainsi que Don Pasquale et le Barbier avec Armando Noguera. Que du bonheur en vue !

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Re: Puccini - La Bohème - Rizzi Brignoli/Fourny - Metz - 10/2017

Message par Bernard C » 08 oct. 2017, 15:39

Merci pour ce compte rendu vivant et souligner le talent de Yana Kleyn

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