Verdi et vous (on se dit tout)
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Verdi est l'un de mes compositeurs préférés et j'aime tous les opéras qu'il a composés de Luisa Miller à Falstaff avec, peut-être, une préférence pour Boccanegra, un bal masqué, Don Carlo et Aïda mais cela dépend vraiment de mon humeur du jour. Dans les années de galère, je place très haut Ernani et Macbeth.
Ce qui me séduit chez le compositeur italien? Son inspiration mélodique constante qui donne le sentiment qu'il "jette la musique par la fenêtre" (expression utilisée par Debussy pour décrire Iberia d'Albéniz), une volonté d'approfondir la psychologie de ses personnages (chez lui, ce qui compte, ce n'est pas toujours le scénario d'ensemble parfois rocambolesque -Le trouvère par exemple- mais l'humanité de ses personnages qui pris un à un est parfaitement crédible) et une tendresse pour les exclus qu'ils soit prostitués (Violetta), gay (Rodrigue : difficile d'être aussi explicite au regard de la censure) ou difformes (Rigoletto) assez inédite pour son époque.
Ce qui me séduit chez le compositeur italien? Son inspiration mélodique constante qui donne le sentiment qu'il "jette la musique par la fenêtre" (expression utilisée par Debussy pour décrire Iberia d'Albéniz), une volonté d'approfondir la psychologie de ses personnages (chez lui, ce qui compte, ce n'est pas toujours le scénario d'ensemble parfois rocambolesque -Le trouvère par exemple- mais l'humanité de ses personnages qui pris un à un est parfaitement crédible) et une tendresse pour les exclus qu'ils soit prostitués (Violetta), gay (Rodrigue : difficile d'être aussi explicite au regard de la censure) ou difformes (Rigoletto) assez inédite pour son époque.
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Ernani, je veux bien que tu développes parce que je reste généralement extérieur à cette œuvre (j'ai écouté pas mal de versions). Lors de ma dernière écoute, j'ai été saisi par l'air de Don Carlo, mais je crois que l'extraordinaire legato de Cappuccilli y était pour beaucoup. En général, je m'arrête au ravissant mouvement de l'air d'Elvira.
l'enlevement de Clarissa a été un des évènements de ma jeunesse.
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Ernani annonce Le Trouvère avec une richesse mélodique assez formidable (des airs, duos et ensembles tous plus beaux les uns que les autres). Mais pour le découvrir dans de bonnes conditions, l'extraordinaire version Schippers l'emporte de la tête et des épaules. Pour moi, c'est elle et rien d'autre :aroldo a écrit : ↑06 août 2017, 22:25Ernani, je veux bien que tu développes parce que je reste généralement extérieur à cette œuvre (j'ai écouté pas mal de versions). Lors de ma dernière écoute, j'ai été saisi par l'air de Don Carlo, mais je crois que l'extraordinaire legato de Cappuccilli y était pour beaucoup. En général, je m'arrête au ravissant mouvement de l'air d'Elvira.
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Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Rodrigue gay ?Lucas a écrit : ↑06 août 2017, 09:06Ce qui me séduit chez le compositeur italien? Son inspiration mélodique constante qui donne le sentiment qu'il "jette la musique par la fenêtre" (expression utilisée par Debussy pour décrire Iberia d'Albéniz), une volonté d'approfondir la psychologie de ses personnages (chez lui, ce qui compte, ce n'est pas toujours le scénario d'ensemble parfois rocambolesque -Le trouvère par exemple- mais l'humanité de ses personnages qui pris un à un est parfaitement crédible) et une tendresse pour les exclus qu'ils soit prostitués (Violetta), gay (Rodrigue : difficile d'être aussi explicite au regard de la censure) ou difformes (Rigoletto) assez inédite pour son époque.
Je ne l'avais jamais vu sous cette forme.
Sur quoi te bases-tu ? Avec Don Carlos ?
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Je ne dirais pas gay, parce que le terme est connoté et anachronique, mais qu'il y est un amour fort entre Rodrigue et Carlos, ça ne fait pas de doute. Rodrigue n'a pas d'autre amour que celui qu'il porte à Carlos, et c'est comme s'il le sublimait en se tournant vers un idéal politique.MezzoPower a écrit : ↑07 août 2017, 10:46Rodrigue gay ?Lucas a écrit : ↑06 août 2017, 09:06Ce qui me séduit chez le compositeur italien? Son inspiration mélodique constante qui donne le sentiment qu'il "jette la musique par la fenêtre" (expression utilisée par Debussy pour décrire Iberia d'Albéniz), une volonté d'approfondir la psychologie de ses personnages (chez lui, ce qui compte, ce n'est pas toujours le scénario d'ensemble parfois rocambolesque -Le trouvère par exemple- mais l'humanité de ses personnages qui pris un à un est parfaitement crédible) et une tendresse pour les exclus qu'ils soit prostitués (Violetta), gay (Rodrigue : difficile d'être aussi explicite au regard de la censure) ou difformes (Rigoletto) assez inédite pour son époque.
Je ne l'avais jamais vu sous cette forme.
Sur quoi te bases-tu ? Avec Don Carlos ?
Une des plus belles choses jamais écrites à l'opéra en terme de densité et de force pathétique (au sens premier d'efficacité émotive — livret et musique de concert), je crois bien que c'est toute la fin de l'acte IV — la mort de Posa et la déploration (enfin, l'acte IV de Don Carlos, c'est de toute manière le sommet de toute la production de Verdi pour moi, parmi ce que je connais...). Et alors ce passage... :
« DON CARLOS (l’arrêtant avec violence)
Connaisseur profond du coeur humain,
Vous saurez quel sang pur a versé votre main!
Il m'aimait et nous étions frères ...
Nos coeurs étaient liés par d'éternels serments ; Méprisant vos bienfaits, méprisant vos colères, C'est pour moi qu'il est mort !
PHILIPPE
Dieu! Mes pressentiments!
DON CARLOS
O Roi de meurtre et d'épouvante!
Cherche qui portera ta couronne sanglante Quand ta dernière heure aura lui !
(montrant le cadavre de Rodrigue)
Mes royaumes sont près de lui !
(Il se jette sur le corps de Rodrigue) »
Dans l'ASO consacré à Don Carlos je crois qu'on peut lire une interprétation pseudo-freudienne mal digérée, lourde comme une porte de vieux château fort : l'Infant n'est pas assez mûr pour porter son amour vers la femme, donc il le tourne vers un homme.............. — en plus, Elisabeth c'est « ma mère », la femme du père, je vous explique pas le bazar...
Moi j'y vois simplement l'expression de toute la complexité d'un personnage écartelée, je le pense même tout simplement attiré par les hommes mais ne pouvant pas se l'avouer et l'avouer aux autres, et j'imagine Elisabeth l'ayant parfaitement deviné. Mais je veux bien croire qu'on pense que ce ne sont là que mes fantasmes, seulement le texte soutient parfaitement cette lecture sans être altéré le moins du monde (et ça ne reste pour moi qu'une lecture parmi d'autres possibles que je peux faire).
Warli si tu me lis...
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth
— Shakespeare, Macbeth
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
J'avais lu cet article il y a une trentaine d'années et je l'avais trouvé tellement idiot, mal écrit et stupidement pensé, où on tourne et contourne tous les éléments pour faire valider cette thèse que je n'ai jamais voulu en réentendre parler. Après biens sur que l'on peut l'accepter mais je crois néanmoins en l'amitié passionnée mais asexuée comme souvent entre adolescents exaltés.Adalbéron a écrit : ↑07 août 2017, 12:09Dans l'ASO consacré à Don Carlos je crois qu'on peut lire une interprétation pseudo-freudienne mal digérée, lourde comme une porte de vieux château fort : l'Infant n'est pas assez mûr pour porter son amour vers la femme, donc il le tourne vers un homme.............. — en plus, Elisabeth c'est « ma mère », la femme du père, je vous explique pas le bazar...
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Exact, cela reste la version de référence mais je l'étofferai de deux Live (un officiel et un pirate).
Je remercie celui qui m'a conseillé cette version ici même il y a qqs mois, la distribution est irréprochable et de la plus grande eau, Cerquetti est superlative et del Monaco un trésor de jeunesse et de nuances (si si Mitropoulos a réussi à dompter le pur sang). la prise de son des voix est très bonne mais malheureusement l'orchestre se devine ce qui est un drame avec un tel chef.
Pour moi aussi les passages préférés sont ceux de Carlo ("di verdi anni miei" et surtout le final du III, un des plus belles pages de Verdi) et Bruson est de très loin le meilleur (Domingo & Mutti à saluer très bas aussi):
la meilleure prise de son aussi (meilleure que le studio de Schippers)
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Je ne défends absolument pas la thèse du Carlos attiré par un homme parce qu'il est trop faible ou infantile. Ça c'est ridicule et homophobe.Loïs a écrit : ↑07 août 2017, 12:39J'avais lu cet article il y a une trentaine d'années et je l'avais trouvé tellement idiot, mal écrit et stupidement pensé, où on tourne et contourne tous les éléments pour faire valider cette thèse que je n'ai jamais voulu en réentendre parler. Après biens sur que l'on peut l'accepter mais je crois néanmoins en l'amitié passionnée mais asexuée comme souvent entre adolescents exaltés.Adalbéron a écrit : ↑07 août 2017, 12:09Dans l'ASO consacré à Don Carlos je crois qu'on peut lire une interprétation pseudo-freudienne mal digérée, lourde comme une porte de vieux château fort : l'Infant n'est pas assez mûr pour porter son amour vers la femme, donc il le tourne vers un homme.............. — en plus, Elisabeth c'est « ma mère », la femme du père, je vous explique pas le bazar...
Je défends la thèse d'un Carlos et d'un Rodrigue passionnément amoureux l'un de l'autre, sans dire que la « faiblesse » de Carlos est la raison mais le résultat de cet amour.
« L'amitié passionné », tant qu'il y a de la passion pour moi c'est de l'amour, et point n'est besoin d'imaginer qu'ils se soient pénétrés (et c'est ça qui fait peur non ? Ça peut très bien être une passion non orientée vers les titillements génitaux...).
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth
— Shakespeare, Macbeth
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
l'amitié peut se suffire et c'est un sentiment d'une force inouïe (et qui ne se transmute pas forcément en amour): "parce que c'était lui; parce que c'était moi"
Re: Verdi et vous (on se dit tout)
Pour ceux qui veulent débattre des différentes versions d'Ernani je rappelle qu'il y a ce fil de discussion:
viewtopic.php?f=4&t=6330&p=200180#p200180
viewtopic.php?f=4&t=6330&p=200180#p200180