Représentation du 15 février
Une soirée globalement plutôt ennuyeuse pour ma part, malgré de belles qualités ici et là, sans doute parce que je n'étais pas suffisamment disponible pour apprécier Wagner, écoutant presque exclusivement du Verdi, du Rossini et du Mozart depuis le début du mois de janvier où j'avais réécouté
Lohengrin (version Abaddo). Seuls le début du IIe acte et le IIIe acte m'ont vraiment captivé (au premier, excusez ma trivialité, je ne pensais qu'au sandwich que j'allais manger à l'entracte). J'aime l'extension autant que la concentration dramatique (la dernière minute d'
Il Trovatore !), mais ça me semble moins bien fonctionner dans
Lohengrin que dans
Tristan und Isolde par exemple (qui est pour moi un sommet, où musique et texte parviennent à me maintenir constamment attentif). Je ne m'étais pas ennuyé un instant pour
Die Meistersinger l'an dernier. Mais peut-être cet ennui a-t-il pour responsables les exécutants de la partition. Ou bien, peut-être, Wagner, ce n'est pas encore pour moi.
Jolie mise en scène de
Claus Guth, qui a l'avantage de présenter l'oeuvre avec un regard plein de fraicheur. Mais rien de très excitant finalement : c'est fin, c'est beau, mais souvent peu émouvant.
J'ai beaucoup aimé
Stuart Skelton, qui possède une voix vraiment très belle, alliant douceur et rondeur du timbre et force de la projection. Son entrée, murmurée, allongé de dos, était un moment de grâce, tout comme son récit du Graal. Hélas, — je n'aime pas évoquer cela en général — son physique le rend peu convaincant dans cette mise en scène (canons et codes stéréotypique obligent...)
[une dame a ri aux éclats quand il a frappé Telramund avec son bâton à l'acte III...] ; surtout, c'est assez étrange, il semble à certains moments être à la peine vocalement, puis retrouve tout son éclat, puis de nouveau apparaît fatigué. Quoi qu'il en soit, c'est un très beau Lohengrin, et il est pour moi celui qui tire le plus son épingle du jeu dans cette distribution.
Edith Haller est une Elsa plutôt moyenne, aux aigus criés et dont le timbre semble complètement fabriqué pour faire "jeune fille". Mais elle assure finalement tout de même le rôle convenablement.
Belle prestation de
Tomasz Konieczny : joli timbre et bel engagement, mais j'avoue ne pas avoir été particulièrement emballé.
J'ai aimé l'Ortrud de
Michaela Schuster, qui était la plus convaincante théâtralement, ce qui sauve ce qu'elle fait vocalement, qui est loin d'être impeccable : les aigus sont riches et bien projetés (ça fait son effet), mais tous l'ambitus de la voix souffre cependant de "trous" et le médium est souvent détimbré (on entend surtout les consonnes). Mais ça ne m'a pas dérangé plus que ça à vrai dire, puisqu'elle s'en servait pour composer théâtralement son personnage (c'est son image que je conserve le plus distinctement deux jours plus tard).
Bon
Rafal Siwek — pouvant cependant manquer par moments de panache, tant sur le plan théâtral que vocal.
Enfin, superbe Héraut d'
Egils Silins, noble et majestueux, bien meilleur qu'en Grand Prêtre !
Extraordinaire prestation de l'
Orchestre de l'Opéra de Paris ! Des sonorités vraiment superbes... Le prélude était sans doute le plus beau moment de la soirée ! (
) J'ai beaucoup aimé la direction de
Philippe Jordan : quand je m'ennuyais, j'écoutais l'orchestre et c'était assez délicieux. J'imagine cependant qu'il est en partie responsable également de cet ennui, puisque ça manquait tout de même constamment de tension dramatique...