Don Juan et Carmen

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cerclefeu
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Re: Escamillo et Don Giovanni. réponse à cercle de feu.

Message par cerclefeu » 08 sept. 2008, 07:46

RuggeroBastianini a écrit :cerclefeu a écrit :
"...si pour toi le fait qu'il soit torturé par la culpabilité envers sa mère fait de lui un malade, alors une personne sur deux est malade, la culpabilité est l'essence même la pensée judeo-chrétienne..." Et oui, tu as touché ou il fallait. En raison de la pensée judéo-chrétienne, c'est 99 personnes sur 100 qui sont malades et qui font que la société est ce qu'elle est : un aglutissement de gens pourris qui n'en ont pas conscience. J'admet tout à fait que tous ces gens soient blessés, donc malades, mais ce que je n'admet pas, c'est qu'il ne veulent pas (où ne peuvent pas) se faire aider, pour découvrir le chemin de la liberté.



Aujourd'hui oui, c'est frappant que certaines personnes refusent de se faire aider, en réalité tout le monde le devrait. Mais au début du 19 ème siècle, tu excuseras si Don José au fin fond de l'Espagne ne connaissait ni freud, ni la neurologie etc...
Je fréquente ce site depuis peu et je suis frappé (je j'ai déjà écrit par ailleurs) par la qualité des connaissances des obdiens. Mais je suis aussi de plus en plus frappé par leur enfermement dans un sytème rigoureux et technique, qui ici, est l'opéra. Je ne comprend l'opéra qu'en lien avec le monde des vivants, car c'est bien le but de l'art : relier. Ici l'opéra est isolé et décortiqué dans la stérilité d'un bloc opératoire.
Quand à moi je ne pense pas t'avoir montré que j'isolais l'opéra de tout ce qui le rattache à la vie. C'est le sentiment que je t'ai donné ?
OK, on se rejoint sur pas mal de point. Isoler l'opéra de la vie, s'adressait à la majorité (immense) des obdiens. Pour mieux comprendre ma pensée, voici 2 extraits d'une conférence que j'ai faite dans le passé :

Quelques soient les modifications apportées au personnage de « Carmen » par Bizet pour respecter au mieux la morale et surtout éviter la censure, le caractère profond de son héroïne reste identique à celui que voulait Mérimé...

... Sa « Carmen » EST, la femme dans sa totalité, la femme libre sans concession qui fait corps avec son destin, destin implacable, dont elle se servira pour garder jusqu'à la mort, le respect d'elle-même.

Et pour se mouvoir en toute liberté dans cette société de mensonges et de concessions, Mérimé en fera l'incarnation de la tentation : tour à tour, vierge et prostituée, tantôt fidèle à en mourir, tantôt volage à l'excès, parce qu'elle s'offre le seul luxe des pauvres, la débauche et le plaisir.

Elle vit selon la seule loi de son caprice, elle est vulgaire dans ses attitudes. Sa démarche et ses gestes sont calculés pour attirer les hommes. Vis à vis d'eux, elle est cruelle, et tourmentée par des impulsions féroces. Une fois qu'elle a dompté sa proie, elle est indomptable et rejette celui dont elle a su se faire aimer. Elle est inflexible et soumise volontaire pour mieux soumettre et détruire.

Elle a choisi la liberté et rien ne la fera reculer pour la garder. Elle porte en elle la fatalité, l'immortalité et accepte par avance, toutes les conséquences de ses actes…

… Pour adapter la nouvelle de Mérimée, Bizet a fait appel aux deux librettistes, Meilhac et Halévy, avec lesquels il a étroitement collaboré. Leur souci principal a été la censure, qui à cette époque - événement de la IIIème République - était toute puissante.

Pour l'éviter, ils vont gommer tout ce qui pouvait choquer le pouvoir politique, c'est-à-dire de côté immoral de Carmen. Et, pour faire pardonner une héroïne non conforme à la tradition, les librettistes ont ajouté deux personnages totalement inconnus chez Mérimée.

D'abord, Micaela, jeune fille vertueuse, amoureuse de Don José. Elle est le contraire de Carmen. Elle est le modèle même de ce que la société attend d'une femme : mère et soumise. Ensuite, Escamillo, toréador, homme libre, représentant à lui seul, les innombrables amants de Carmen.

Grâce à ces transformations, l'opéra devenait sinon « présentable », au moins « représentable » sur une scène.

En utilisant très habilement ce texte arrangé, et, grâce à la force expressive de sa musique, Bizet a réussi à rétablir l'équilibre et à redonner à Carmen, toute la puissance du caractère voulu par Mérimée.

Carmen est un opéra qui tanche carrément avec la tradition. La convention des sentiments et les airs accompagnés sagement par l'orchestre ont disparu. Ici, les sentiments sont réalistes, l'ambiance est tragique, les rythmes (espagnols) sont descriptifs, l'action progresse vers un dénouement brutal. Enfin, l'orchestre prédominant, joue en permanence un rôle porteur, en assurant la continuité de l'action.

Carmen est un opéra « miroir » à quatre personnages dont le seul réel est l'héroïne, les trois autres n'étant que les reflets de son âme :

1 - son contraire : Micaela qui représente la vertu.
2 - son amour : Escamillo qui représente ses amants mais qui sera le seul homme qu'elle puisse aimer puisqu'il est libre.
3 - sa mort : Don José par lequel elle mourra…

Intégrale de la conférence :
http://www.chambe-aix.com/musique/dossi ... /index.htm
culture EST liberté

RuggeroBastianini
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Message par RuggeroBastianini » 09 sept. 2008, 14:11

Batone a écrit :Don José et Micaela
Ah ok !

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