Bizet-Carmen-Guingal/Berloffa-Saint Etienne-06/2019

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Iphigenie42
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Bizet-Carmen-Guingal/Berloffa-Saint Etienne-06/2019

Message par Iphigenie42 » 17 juin 2019, 20:08

Version avec les récitatifs de Guiraud

Mise en scène : Nicolas Berloffa
Décors : Rifail Ajdarpasic
Costumes : Ariane Isabell Unfried
Lumières : Andreas Enzler
Chorégraphie : Marta Negrini

Direction musicale : Alain Guigal

Carmen : Isabelle Druet
Don José : Florian Laconi
Micaëla : Ludivine Gombert
Escamillo : Jean-Kristof Bouton
Frasquita : Julie Mossay
Mercédès : Anna Destraël
Le Dancaïre : Yann Toussaint
Le Remendado :Marc Larcher
Zuniga : Jean-Vincent Blot
Moralès : Frédéric Cornille

Choeur lyrique Saint-Etienne Loire
Direction :Laurent Touche
Maîtrise de la Loire
Direction : Jean-Baptiste Bertrand
Orchestre Symphonique Saint-Etienne Loire

Coproduction Theater St. Gallen, Auditorio de Tenerife
Saint-Etienne, Opéra de Saint-Etienne

Dans cette production, il ne faut pas chercher le soleil, le rouge, l'Espagne. Tout est terne, gris, marron, noir. Seule la jupe rouge de Micaëla et les robes des danseuses offrent un peu de couleur.
Le décor unique formé d'une immense charpente s'adapte aux différents actes.
Dans la montagne, les contrebandiers deviennent des passeurs de migrants. Dans l'acte IV, le choeur assiste à la projection d'un film muet de Carmen, pendant le dernier affrontement entre Don José et Carmen. Cela surprend d'abord mais fonctionne vraiment.
La mise en scène laisse hélas les solistes sans vraie direction d'acteurs surtout au 1er voire au 2eme acte. Cela paraît mou, figé. Même l'orchestre paraît terne. Les deux derniers actes sont dramatiquement plus convaincants et le final magnifique.

Le héros de la soirée est Florian Laconi, magnifique de bout en bout, tant vocalement que dramatiquement. La voix est parfois tellement puissante que son corps en tremble. Il y a aussi de grandes nuances, des couleurs, de l'émotion.

Isabelle Druet possède un bel instrument avec un medium solide, de beaux aigus et des graves sonores. Mais elle est moins convaincante dans l'incarnation de Carmen. Il lui manque la sensualité et surtout une direction d'acteurs.

Ludivine Gombert joue parfaitement Micaëla, avec une belle voix homogène et puissante.

La seule déception vient de Jean Kristof Bouton. Son jeu ne peut pallier au manque de puissance de couleur, de graves.

Tous les autres rôles sont parfaitement tenus.
Le choeur de St Etienne ainsi que le choeur d'enfants sont sans reproche.

Programme de salle : http://www.opera.saint-etienne.fr/otse/ ... carmen.pdf

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perrine
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Re: Bizet-Carmen-Guingal/Berloffa-Saint Etienne-06/2019

Message par perrine » 17 juin 2019, 21:28

CARMEN
GEORGES BIZET
OPÉRA-COMIQUE EN 4 ACTES

LIVRET D’HENRI MEILHAC ET DE LUDOVIC HALÉVY
D’APRÈS CARMEN, UNE NOUVELLE DE PROSPER MÉRIMÉE
CRÉATION LE 3 MARS 1875 À PARIS (OPÉRA COMIQUE)

VERSION AVEC RÉCITATIFS DE GUIRAUD

DIRECTION MUSICALE ALAIN GUINGAL
MISE EN SCÈNE NICOLA BERLOFFA
DÉCORS RIFAIL AJDARPASIC
COSTUMES ARIANE ISABELL UNFRIED
LUMIÈRES ANDREAS ENZLER
CHORÉGRAPHIE MARTA NEGRINI

CARMEN ISABELLE DRUET
DON JOSÉ FLORIAN LACONI
MICAËLA LUDIVINE GOMBERT
ESCAMILLO JEAN-KRISTOF BOUTON
FRASQUITA JULIE MOSSAY
MERCÉDÈS ANNA DESTRAËL
LE DANCAÏRE YANN TOUSSAINT
LE REMENDADO MARC LARCHER
ZUNIGA JEAN-VINCENT BLOT
MORALÈS FRÉDÉRIC CORNILLE

ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

CHŒUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE
DIRECTION LAURENT TOUCHE

MAÎTRISE DE LA LOIRE DIRECTION
JEAN-BAPTISTE BERTRAND

COPRODUCTION
THEATER ST. GALLEN,
AUDITORIO DE TENERIFE


Opéra de Saint Etienne, vendredi 14 juin


C’est une Carmen intimiste et sobre qui nous est proposée par Nicola Berloffa à l’Opéra de Saint-Étienne. Pour les spectateurs venus chercher un gout d’Andalousie, des couleurs vives, et de l’exotisme la déception était palpable. Commandée par l’opéra de Saint Gall il y a 2 ans (également donnée à Tenerife), le directeur avait demandé une mise en scène « sans les clichés ». Les costumes sont sombres. Les soldats sont habillés en noir, les cigarières en tabliers couleur argile, le chœur des enfants en bermuda / jupe culotte beige. Seule Micaela fera sa première apparition en rouge (et non en jupe bleue).

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L’effet visuel est agréable, mais il ne laisse pas de place à l’évasion, d’autant plus que le décor de Rifail Ajdarpasic fait que l’on ne sait pas vraiment où situer l’action. Tout est en bois, représentant une grange, un arrière d’arène ou d’usine, une place. Les panneaux modulables ont l’avantage de fluidifier les mouvements et de n’avoir jamais de temps morts entre les scènes ou les actes.
Quelques effets inutiles viennent toutefois plomber un ensemble globalement cohérent comme ces arbres déracinés suspendus lors du 3ème acte.

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Le 4ème acte est particulièrement bien réussi et dégage une formidable énergie qui contraste avec le drame final qui est en train de se jouer. Chœurs d’enfants et d’adultes sont réunis pour la liesse populaire de la quadrille et du jour de course. Tout en regardant la projection d’un film muet, et faisant dos à l’ultime confrontation de Don José et Carmen en avant scène. Le rendu est prenant.

Le plateau essentiellement francophone est très homogène et bien distribué. A commencer par le quatuor Remendado / Dancaïre / Frasquita et Mercédes qui donnent un quintet précis et gai au 2ème acte. Jean-Vincent Blot en Zuniga est autoritaire à la voix parfaitement projetée. Escamillo (Jean-Cristof Bouton) est à la limite de l’audible et à la diction mâchée, mais le timbre est agréable, et sa présence compense le manque de puissance.

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Ludivine Gombert (Micaela) au chant au départ trop droit se libère et laisse la souplesse reprendre sa place. Elle sait s’imposer avec douceur et conviction. Sa ligne de chant est claire est très équilibrée. Coincé entre deux femmes, Florian Laconi (Don José) allie fluidité et puissance, et adapte son chant aux caractères de ses interlocutrices, passant du soldant obéissant et nostalgique, à l’homme passionné puis jaloux. Si son personnage perd pied petit à petit, son interprétation devient de plus en plus solide et il lance des aigus éclatants et glaçants. Face à lui, c’est une très belle découverte qu’Isabelle Druet en Carmen qui lui tient tête avec détermination. Son chant racé et corsé rend une belle couleur hispanisante. Pleine d’énergie, elle campe une Carmen qui a le besoin d’attirer les regards sur elle, mais qui devient fataliste dès lors qu’elle a compris qu’elle ne serait plus maîtresse de son avenir.

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En ce soir de première, le démarrage est un peu poussif tant à l’orchestre qu’aux chœurs, mais Alain Guingal fait sonner de très beaux moments (ouverture du 3ème presque rêveur) et fait monter en puissance tout le monde jusqu’à un final étincelant et poignant.

Applaudissements énergiques et chaleureux, la réussite est bel et bien au rendez-vous pour clôturer la saison lyrique.

Perrine
Le problème quand on trouve une solution, c\'est qu\'on perd une question.

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