Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme/ Dell'Erba-Rouen- 12/2018

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Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme/ Dell'Erba-Rouen- 12/2018

Message par pingpangpong » 19 déc. 2018, 19:20

Les parapluies de Cherbourg
Comédie musicale
Michel Legrand Les Parapluies de Cherbourg
Paroles de Jacques Demy

Direction musicale Patrick Leterme
Direction artistique et conception du décor Mohamed Yamani, Patrick Leterme
Mise en espace Emmanuel Dell’Erba, Patrick Leterme
Chorégraphie Johan Nus
Costumes et graphisme Gaël Bros
Lumières Laurent Kaye
Avec Camille Nicolas, Geneviève
Gaétan Borg, Guy Fouchet
Jasmine Roy, Madame Emery
Marie-Catherine Baclin, Tante Elise
Grégory Benchenafi, Roland Cassard
Julie Wingens, Madeleine
Franck Vincent, Monsieur Dubourg/ Aubin, le garagiste
Romina Palmeri, Jenny
Candide Orchestra
Coproduction Palais des Beaux-Arts de Charleroi, Ars Lyrica


Palme d'or à Cannes en 1964, le film de Jacques Demy a tout de suite fait figure de référence dans le paysage cinématographique et musical français de l'époque. De par son sujet tout d'abord, les amours de Guy et Geneviève contrariées par les contraintes économiques, les conventions sociales et la guerre d'Algérie; de par son traitement ensuite, le film, intégralement chanté, présentant un monde saturé de couleurs en contradiction avec les drames personnels vécus par les principaux personnages.
C'est la troisième collaboration de Michel Legrand avec Jacques Demy ; cinq autres suivront jusqu'au décès prématuré de ce dernier en 1990, à l'âge de cinquante-neuf ans.

Avant l'adaptation du Châtelet en septembre 2014, il y en eut d'autres dans le monde : New York et Londres, où la comédie musicale est reine, mais aussi Paris, en 1979, au théâtre Montparnasse.

Frileux ou simplement peu séduits à l'idée d'un spectacle doux-amer alors que les spectacles légers et autres opérettes fleurissent en cette période de fêtes, les rouennais ne se sont pas précipités en cette soirée de première. Espérons que les quatre autres représentations prévues ont été mieux remplies car ce spectacle vaut très franchement le déplacement.
Donnée à Charleroi puis à Liège il y a tout juste un an, cette production bénéficie d'arrangements musicaux dus à Patrick Leterme, qui dirige également l'orchestre d'une vingtaine de musiciens.
crédit Gaël Bros.jpeg
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Alors que le spectacle du Châtelet ne proposait qu'une mise en espace de Vincent Vittoz, fort réussie au demeurant, l'orchestre étant placé sur la scène, cette production qui nous vient de Belgique, même si elle mentionne une mise en espace également, propose en fait une véritable mise en scène, virtuose de surcroît.
En effet, par un système de rideaux noirs coulissants, l'attention du spectateur se porte sur les fenêtres ouvertes ainsi au besoin dans le cadre de scène y compris dans les hauteurs.
Varié et inventif, extrêmement fluide et rapide, cela permet, outre de fréquents changements de lieux, de réaliser un montage quasi cinématographique de l'action. Un caméraman circulant au milieu des acteurs vient compléter le dispositif qui comprend un écran descendant des cintres lors des changements de décors mais aussi lorsque des moments d'intimité le nécessitent : Geneviève dialoguant avec sa mère, Guy couchant avec une prostituée, les transactions entre le bijoutier Dubourg et Roland Cassard, etc.
L'utilisation d'un miroir sans tain rend la présence de Guy possible à travers la lecture de sa lettre à Geneviève.
Petit bémol, les gros plans sur l'écran ne sont pas toujours très heureux, les éclairages, par ailleurs bien réglés, ne rendant pas alors justice aux acteurs. De même un meilleur réglage de la sonorisation, équilibre voix/orchestre et volume, permettrait un plus grand confort auditif.

crédit photos Gaël Bros.jpg
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Le choix des couleurs des tenues vestimentaires et accessoires, dont les fameux parapluies, compense la présence du noir omniprésent du fond de scène et des rideaux.
Chacune des trois sections de l'histoire est associée à une teinte : le rouge et ses dérivés pour illustrer la relation, située en 1957, de Geneviève, jeune fille de dix-sept ans, avec Guy le mécanicien, jusqu'au départ de ce dernier pour l'Algérie, en guerre depuis trois ans, relation compliquée par l'opposition de Mme Emery, mère de Geneviève, qui tient un commerce de parapluies à Cherbourg.
Dans la deuxième partie, marquée par les vert, orange et jaune, Geneviève désespérée d'attendre un hypothétique retour de Guy dont elle va avoir un enfant, finit, de dépit, et sur l'insistance de sa mère, qui voit là un moyen de sortir de ses problèmes pécuniaires, par épouser un négociant en pierres précieuses, Roland Cassard.
La dernière section, est connotée de bleu. Le magasin n'existe plus. Après que Guy, sans travail, ait sombré dans le désœuvrement, il décide de se marier avec Madeleine qui veillait sur la tante Elise, morte en laissant à son neveu un pécule suffisant pour permettre l'achat d'un garage. C'est la période de Noël, il neige. Une voiture s'arrête, dont Geneviève descend. Sa mère est morte récemment. Guy refuse de voir sa fille Françoise qui attend dans l'auto. La voiture repart, laissant Guy jouer dans la neige avec sa femme et leur fils François.

Il est à noter que visuellement, seul ce dernier tableau, avec le logo de la station essence Esso, porte la marque de son époque, l'intention ayant été de rendre intemporel ce mélodrame, auquel les dialogues de Jacques Demy ont donné une neutralité effectivement hors du temps, n'étaient les évènements tragiques en Algérie.


La qualité du spectacle est également à mettre au crédit des chanteurs, excellents dans l'ensemble. Tout juste a-t-on trouvé les aigus de Camille Nicolas trop tendus pour rester agréable de bout en bout. Sa Geneviève malmenée par la vie, si elle ne peut nous faire oublier Catherine Deneuve - mais qui le pourra jamais ? - nous touche par sa fraîcheur tout comme nous touche par sa sincérité, pourtant en un rôle très court, la discrète Madeleine de Julie Wingens.

La voix au timbre rond de Gaétan Borg offre de magnifiques couleurs chargées de mélancolie, l'acteur, sensible, se révèlant particulièrement attachant.

Son rival en amour est très crédiblement incarné par un Grégory Benchenafi au timbre enjoleur, au chant posé et lyrique.
Le lyrisme, bien inscrit dans sa ligne de chant, est aussi l'affaire de Jasmine Roy, une Madame Emery qui pourrait vite paraître antipathique mais que la chanteuse et actrice tire plus du côté du pathétique.

Marie-Catherine Baclin est une tante Elise pleine de compassion, et de forte présence malgré sa paralysie. Son chant rejoint celui de Guy dans l'excellence.
crédit Gaël Bros..jpg
crédit Gaël Bros..jpg (21.04 Kio) Vu 2103 fois
Franck Vincent endosse son double rôle de garagiste bourru et de bijoutier dur en affaires, avec beaucoup d'efficacité.

Sept danseurs, tour à tour marins, mécanos ou invités au mariage, imposent sans esbrouffe une chorégraphie bienvenue.

En fosse, le chef et arrangeur de la géniale partition de Michel Legrand, Patrick Leterme, ne se ménage pas. La sonorisation des instruments ne pardonnant aucun écart, mis à part une certaine verdeur des cordes, on aura pu apprécier pleinement, grâce aux membres du Candide Orchestra, la qualité et l'inventivité du compositeur multi-célébré.

Et aux saluts, c'est l'œil humide, la gorge serrée et le cœur léger tout à la fois, que nous avons pu fredonner avec la troupe fortement ovationnée, l'immortelle “Mon amour je t'attendrai toute ma vie“.

Si vous habitez les régions de Metz ou Brest, ne laissez pas ces Parapluies au placard.

Eric Gibert
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme-Dell'Erba-Rouen 12/2018

Message par Bernard C » 19 déc. 2018, 19:47

Merci Éric,
J'ai toujours eu envie de voir les Parapluies sur scène sans jamais en avoir eu l'occasion.

Ton CR est remarquable de détails vivants.

Quand tu dis que l'interprète ne fera jamais oublier Deneuve, tu penses à l'actrice ou à la chanteuse qui double Deneuve dans le film ? (Danielle Licari)... c'est aussi elle qu'on a en tête... même si on associe le visage de Catherine Deneuve.

Bernard
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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme-Dell'Erba-Rouen 12/2018

Message par pingpangpong » 19 déc. 2018, 21:39

En 1964, Deneuve avait 21 ans. Physiquement, elle donne à son personnage beaucoup de crédibilité, entre pureté et fragilité. On ressent cela notamment dans la scène du dîner où Cassard la compare à la Vierge à l'enfant que l'on peut voir à Anvers.
Son sourire aussi participe de ce naturel, qui n'est jamais forcé.
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme-Dell'Erba-Rouen 12/2018

Message par sopranolove » 20 déc. 2018, 09:17

J'ai lu que d'abord Jacques Demy et Michel Legrand avaient une autre idée pour le rôle de Geneviève que de le partager en deux personnes, Catherine Deneuve et Danielle Licari. Ils avaient pensé à cette merveilleuse chanteuse qu'était Isabelle Aubret. Pour eux elle était la seule à pouvoir allier le jeu et chanter cette musique encore peu pratiquée en France. C'était presque sûr, mais hélas pour Aubret, elle eut ce grave accident. Et alors seulement ils eurent recours à la solution actrice et chanteuse différente.
Isabelle Aubret a dit que cet accident fut vraiment un désastre dans sa vie...

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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme-Dell'Erba-Rouen 12/2018

Message par micaela » 20 déc. 2018, 09:49

Je n'arrive pas à imaginer Aubret dans le rôle (pour le chant) , tellement c'est différent de Licari. Mais ça aurait sans doute donné un résultat intéressant.
De toute façon (du moins dans les rôles principaux), tous les interprètes sont doublés pour le chant. Et le film est entièrement chanté, donc c'est carrément une double distribution. Aubret aurait été l'exception, comme Darrieux dans Les demoiselles de Rochefort
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme/ Dell'Erba-Rouen- 12/2018

Message par JdeB » 20 déc. 2018, 11:34

Eric, pour la dernière fois, merci de rédiger le titre des fils correctement. Je t'ai signalé le problème plusieurs fois maintenant cela suffit !
on ne va pas passer notre vie à rectifier tes titres de fil; déjà que tu nous donnes une travail considérable avec tes demandes de places ODB....
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme/ Dell'Erba-Rouen- 12/2018

Message par Bernard C » 20 déc. 2018, 21:41

JdeB a écrit :
20 déc. 2018, 11:34
Eric, pour la dernière fois, merci de rédiger le titre des fils correctement. Je t'ai signalé le problème plusieurs fois maintenant cela suffit !
on ne va pas passer notre vie à rectifier tes titres de fil; déjà que tu nous donnes une travail considérable avec tes demandes de places ODB....
S'il y a bien quelqu'un pour qui une "place ODB" n'est pas gâchée c'est pourtant bien pour lui , vu la qualité constante de ses critiques et le boulot qu'il doit y avoir derrière.*
:wink:

Bernard

*J'en parle d'autant plus que je suis très jaloux de ces beaux compte-rendus dont je suis incapable ( et pour lesquels je n'aurais en plus pas le temps )

Merci encore à l'équipe des critiques ( et bien sûr à l'administrateur qui administre avec patience tout ça... hein Jérôme....il faut que tu trouves à te faire aider)
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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme/ Dell'Erba-Rouen- 12/2018

Message par sikar » 21 déc. 2018, 05:59

pingpangpong a écrit :
19 déc. 2018, 19:20
Si vous habitez les régions de Metz ou Brest, ne laissez pas ces Parapluies au placard.
Malgré cette superbe annonce promotionnelle, je regrette que les représentations ne soit que dans 2 villes ; pourtant dans la région Nantaise et un peu partout en France, à cette saison les parapluies sont quasiment tous de sortie. :2guns:
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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme/ Dell'Erba-Rouen- 12/2018

Message par JdeB » 21 déc. 2018, 12:56

Bernard C a écrit :
20 déc. 2018, 21:41
JdeB a écrit :
20 déc. 2018, 11:34
Eric, pour la dernière fois, merci de rédiger le titre des fils correctement. Je t'ai signalé le problème plusieurs fois maintenant cela suffit !
on ne va pas passer notre vie à rectifier tes titres de fil; déjà que tu nous donnes une travail considérable avec tes demandes de places ODB....
S'il y a bien quelqu'un pour qui une "place ODB" n'est pas gâchée c'est pourtant bien pour lui , vu la qualité constante de ses critiques et le boulot qu'il doit y avoir derrière.*
:wink:

Bernard

*J'en parle d'autant plus que je suis très jaloux de ces beaux compte-rendus dont je suis incapable ( et pour lesquels je n'aurais en plus pas le temps )

Merci encore à l'équipe des critiques ( et bien sûr à l'administrateur qui administre avec patience tout ça... hein Jérôme....il faut que tu trouves à te faire aider)
Cher Bernard,
la qualité du travail de critique d'Eric n'est évidemment pas en cause voyons ! Si je n'appréciais pas ce qu'il écrit pour ODB, il ne serait plus dans l'équipe, qui peut en douter ?
Sais-tu que sa prochaine venue à Avignon m'a coûté 9 mails et mp entre lui/moi et moi/Opéra d'Avignon !?


Bien sûr que je vais me faire aider. Jean-Yves (Oylandoy) vient d'être promu, à ma demande, Administrateur lui aussi (à la place de Tuano) et je ne vais plus m'occuper que des invitations à Paris. En plus de mes autres fonctions ici que chacun connaît. Personne ne prend la mesure du travail de coulisses que l'équipe ODB fournit, et c'est normal puisqu'il vous reste invisible, mais il est fort prenant, soyez-en sûrs.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Legrand-Les Parapluies de Cherbourg-Leterme/ Dell'Erba-Rouen- 12/2018

Message par Bernard C » 21 déc. 2018, 13:12

Très bonne nouvelle pour Jean Yves et pour toi.

Merci à vous +++++

Bernard
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