Relis la pièce :
Acte IV: Dom Louis reproche etc... à quoi DJ répond " : Vous seriez bien mieux si vous étiez assis".
Acte V: DJ fait croire à son père qu'il s'est repenti. Après le départ de DL et devant Sganarelle tout attendri, DJ fait l'éloge de l'hypocrisie: "L'hypocrisie est un vice à la mode..." (de mémoire bien sûr et je n'ai pas encore Alzheimer ).
Thomas - Hamlet- Langrée/Teste- OC- 12/2018
Re: Thomas - Hamlet- Langrée/Teste- OC- 12/2018
je m'incline devant tant de mémoire (moins faillible que la mienne). En effet après le face à face entre DJ & DL (acte V, scène 1 ), DL sort et DJ, sitôt le dos tourné, déballe sa tirade devant Sganarelle (acte V , scène 2). Mais ce qui reste vif en mémoire fut la réaction du jeune public!
DOM JUAN.- Il n’y a plus de honte maintenant à cela, l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée, et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement, mais l’hypocrisie est un vice privilégié, qui de sa main ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. On lie à force de grimaces une société étroite avec tous les gens du parti ; qui en choque un, se les jette tous sur les bras, et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés : ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres, ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. Combien crois-tu que j’en connaisse, qui par ce stratagème ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d’être les plus méchants hommes du monde ? On a beau savoir leurs intrigues, et les connaître pour ce qu’ils sont, ils ne laissent pas pour cela d’être en crédit parmi les gens, et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux rajustent dans le monde tout ce qu’ils peuvent faire. C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes, mais j’aurai soin de me cacher, et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai sans me remuer prendre mes intérêts à toute la cabale , et je serai défendu par elle envers, et contre tous. Enfin, c’est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. Je m’érigerai en censeur des actions d’autrui, jugerai mal de tout le monde, et n’aurai bonne opinion que de moi. Dès qu’une fois on m’aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais, et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel , et sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui sans connaissance de cause crieront en public contre eux , qui les accableront d’injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode aux vices de son siècle.
DOM JUAN.- Il n’y a plus de honte maintenant à cela, l’hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le personnage d’homme de bien est le meilleur de tous les personnages qu’on puisse jouer aujourd’hui, et la profession d’hypocrite a de merveilleux avantages. C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée, et quoiqu’on la découvre, on n’ose rien dire contre elle. Tous les autres vices des hommes sont exposés à la censure, et chacun a la liberté de les attaquer hautement, mais l’hypocrisie est un vice privilégié, qui de sa main ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos d’une impunité souveraine. On lie à force de grimaces une société étroite avec tous les gens du parti ; qui en choque un, se les jette tous sur les bras, et ceux que l’on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés : ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres, ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. Combien crois-tu que j’en connaisse, qui par ce stratagème ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la religion, et, sous cet habit respecté, ont la permission d’être les plus méchants hommes du monde ? On a beau savoir leurs intrigues, et les connaître pour ce qu’ils sont, ils ne laissent pas pour cela d’être en crédit parmi les gens, et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux rajustent dans le monde tout ce qu’ils peuvent faire. C’est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes, mais j’aurai soin de me cacher, et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai sans me remuer prendre mes intérêts à toute la cabale , et je serai défendu par elle envers, et contre tous. Enfin, c’est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. Je m’érigerai en censeur des actions d’autrui, jugerai mal de tout le monde, et n’aurai bonne opinion que de moi. Dès qu’une fois on m’aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais, et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du Ciel , et sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui sans connaissance de cause crieront en public contre eux , qui les accableront d’injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode aux vices de son siècle.
Re: Thomas - Hamlet- Langrée/Teste- OC- 12/2018
Si on bifurque sur Dom Juan on n'en finira plus !
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
Odb-opéra
Re: Thomas - Hamlet- Langrée/Teste- OC- 12/2018
Avec tous ces philipp(p)e(s) c'est compliqué (et il est vrai que je n'ai pas mis les pieds au théâtre de Chartres depuis une éternité, à cause des collégiens et lycéens précisément)Loïs a écrit : ↑09 janv. 2019, 09:03Oups je me suis trompé de Philippe, je croyais parler à Philippe avec un s (qui habite à qqs metres de ce théatre). Désolé pour la méprise
Re: Thomas - Hamlet- Langrée/Teste- OC- 12/2018
J'ai adoré cet Hamlet entendu seulement à la radio, à tous les niveaux : orchestre, choeurs et chant.
Stéphane Degout, je suis vraiment admiratif. Portrait fabuleux, diction superlative, chanteur bouleversant comme dans son Posa entendu en salle. Punaise, il mérite trop une victoire de la musique classique cette année, même s'il avait eu la même en 2012. C'est un artiste d'une grande humilité par rapport à son chant et son public. Je l'aime beaucoup, encore plus depuis que je l'ai entendu en salle.
Sabine Devieilhe est une chanteuse qui m'indiffère de plus en plus, notamment depuis sa Zerbinette de l'été dernier. Joli instrument mais chanteuse que je trouve trop fade au final, à côté de l'extraordinaire Ophélie d'une Natalie Dessay. La scène de folie est bien gentillette, tombe à plat.
Laurent Alvaro, je l'ai trouvé remarquable en Roi Claudius.
Sylvie Brunet-Grupposo avec cette voix unique et singulière est une Gertrude investie dramatiquement et fabuleuse.
Jérôme Varnier est parfait en Spectre.
Julien Behr est un Laërte de grand style.
Direction pleine d'atmosphères et magistrale de Louis Langrée.
Dommage que c'était peu avant noël car je regrette de ne pas avoir pu voir cette production en salle. Ravi qu'il y ait diffusion par France Musique et c'est toujours disponible à la réécoute.
Stéphane Degout, je suis vraiment admiratif. Portrait fabuleux, diction superlative, chanteur bouleversant comme dans son Posa entendu en salle. Punaise, il mérite trop une victoire de la musique classique cette année, même s'il avait eu la même en 2012. C'est un artiste d'une grande humilité par rapport à son chant et son public. Je l'aime beaucoup, encore plus depuis que je l'ai entendu en salle.
Sabine Devieilhe est une chanteuse qui m'indiffère de plus en plus, notamment depuis sa Zerbinette de l'été dernier. Joli instrument mais chanteuse que je trouve trop fade au final, à côté de l'extraordinaire Ophélie d'une Natalie Dessay. La scène de folie est bien gentillette, tombe à plat.
Laurent Alvaro, je l'ai trouvé remarquable en Roi Claudius.
Sylvie Brunet-Grupposo avec cette voix unique et singulière est une Gertrude investie dramatiquement et fabuleuse.
Jérôme Varnier est parfait en Spectre.
Julien Behr est un Laërte de grand style.
Direction pleine d'atmosphères et magistrale de Louis Langrée.
Dommage que c'était peu avant noël car je regrette de ne pas avoir pu voir cette production en salle. Ravi qu'il y ait diffusion par France Musique et c'est toujours disponible à la réécoute.