Rossini - La Donna del Lago - Pérez-Sierra - vc - Marseille - 11/2018

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valery
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Rossini - La Donna del Lago - Pérez-Sierra - vc - Marseille - 11/2018

Message par valery » 08 nov. 2018, 11:36

Rossini - La Donna del lago
Opéra en 2 actes
Livret d’Andrea Leone Tottola d’après le poème narratif de Sir Walter SCOTT The Lady of the Lake

Chef d’orchestre : José Miguel Pérez-Sierra
Elena : Karine Deshayes
Malcolm : Varduhi Abrahamyan
Albina : Hélène Carpentier
Giacomo V / Uberto : Edgardo Rocha
Roderigo : Enea Scala
Douglas : Nicola Ulivieri
Serano/Beltram : Rémy Mathieu
Chef de chœur : Emmanuel Trenque

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Marseille

Opéra de Marseille, 10 novembre 2018
Version concertante – Première représentation à l’opéra de Marseille


« Le public mourait d’envie de siffler, mais il n’y avait pas moyen. […] Enfin Nozzari parut ; il entrait par le fond de la scène, qui, ce soir-là, se trouvait à une distance vraiment prodigieuse de la rampe. Son rôle commençait par un port de voix […] mais comme lui-même, du fond de la scène, n’entendait pas l’orchestre, ce port de voix se trouva à un quart de ton peut-être au-dessous de ce qu’il devait être. Je me rappelle encore le cri soudain du parterre et sa joie d’avoir un prétexte pour siffler » écrit Stendhal dans sa Vie de Rossini à propos de la première de La Donna del lago.

S’il a rugi de plaisir, le public de Marseille, qui a eu droit à son tour à sa première représentation de La Donna del lago, à la faveur du 150e anniversaire de la mort de Rossini, ne l’a pas fait avec la joie malsaine rapportée par Stendhal.

L’espace d’une soirée, l’opéra de Marseille nous fait quitter la Méditerranée pour l’Écosse du XVIe siècle revisitée par Walter Scott, ses clans, ses rivalités, ses cors de chasseurs qui retentissent dans le lointain, ses interventions de banda en coulisse ou de harpe ossianique.

Une légère coquille sur la première page du programme aurait pu faire craindre que l’œuvre ne fût pas donnée in extenso en annonçant une durée de 2h25, entracte compris. Fort heureusement, il n’en fut rien et le public est sorti plus tard que prévu car José Miguel Pérez-Sierra nous a bien proposé l’intégralité de l’opéra. La direction du chef espagnol adopte des tempi équilibrés avec ce qu’il faut de fougue dans les passages guerriers et de douceur comme le très beau piano subito de la reprise du « Tanti affetti ». La seule réserve vient de la configuration de la version de concert : l’orchestre sur scène se laisse parfois griser par les décibels dans certains tutti. Il n’en demeure pas moins que l’orchestre et les chœurs confirment la très bonne impression laissée par leur interprétation de Candide, à commencer par les traits virevoltants du clarinette solo.

Avant d’en venir au quatuor vocal sans lequel il n’y a pas de Donna del lago qui tienne, notons la bonne tenue des seconds rôles. Même si leurs interventions ne sont pas très longues, Hélène Carpentier et Rémy Mathieu ne déparent pas la distribution, bien au contraire. Comme père d’Elena, Nicola Ulivieri n’a guère l’occasion de briller en dehors de son air. Sans se départir d’une certaine réserve, ses interventions manquent un peu de mordant, peut-être en raison d’un rôle quelque peu sacrifié par le compositeur.
En revanche, les occasions de briller ne manquent pas pour les rôles de Malcom, Giacomo/Uberto, Rodrigo et Elena. Il est à noter que les quatre titulaires de ces rôles varient avec goût les reprises. Dans le rôle travesti de Malcom, Varduhi Abrahamyan fait valoir un beau timbre charnu, une assise solide du médium et des graves, une virtuosité sans faille dans ses deux airs, au service d’une incarnation attachante.
Un des attraits de la partition provient du duel vocal que Rossini a mis en place pour les deux ténors. Pour avoir chanté Giacomo/Uberto sur scène récemment, Edgardo Rocha chante le rôle sans partition et se sort sans difficultés des pièges dont elle est hérissée. Le timbre plus doux de sa voix contraste avec bonheur avec le timbre plus vibrant et la projection percutante d’Enea Scala qui semble ne faire qu’une bouchée des sauts d’octave. La texture de sa voix a le mérite de correspondre au personnage plus agressif qu’il incarne, là où la délicatesse sonore que fait entendre son rival Giacomo/Uberto est plus en phase avec sa clémence. Quoi qu’il en soit, dès son entrée, Enea Scala passe du contre-ut au la bémol grave et semble se jeter dans la mêlée avec délectation, au point que le public applaudit la première partie de son air avant même qu’il n’en attaque la partie lente. La voix de Karine Deshayes se déploie sans peine, les registres sont homogènes et la musicalité jamais prise en défaut. Depuis la douceur de « O mattutini albori » jusqu’au brio du rondeau final (« Tanti affetti »), elle dessine un portrait consommé d'Elena et l'on comprend que nos trois hommes s’arrachent ses faveurs. Le point culminant de la soirée demeurera le trio trépidant de l’acte II entre les deux ténors et Elena dans lequel les trois solistes se lancent à corps perdus et qu’ils finissent par un aigu tenu à l’unisson.


Valéry Fleurquin
Photos de Christian DRESSE pour l'Opéra de Marseille
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Re: Rossini - La Donna del lago - Pérez-Sierra -vc- Marseille -11/2018

Message par valery » 14 nov. 2018, 08:28

Comme le rappelait fort justement Jérôme, ce qui est le plus apprécié dans les critiques, ce sont les photos. Alors quelques photos ont été ajoutées. Je n'ai pas oublié les nombreux fans d'Enea Scala !

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Re: Rossini - La Donna del lago - Pérez-Sierra -vc- Marseille -11/2018

Message par MariaStuarda » 14 nov. 2018, 09:16

valery a écrit :
14 nov. 2018, 08:28
Comme le rappelait fort justement Jérôme, ce qui est le plus apprécié dans les critiques, ce sont les photos. Alors quelques photos ont été ajoutées. Je n'ai pas oublié les nombreux fans d'Enea Scala !
Merci !!!!

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Re: Rossini - La Donna del lago - Pérez-Sierra -vc- Marseille -11/2018

Message par VivaLaMamma » 14 nov. 2018, 12:42

Très belle première pour La Donna del Lago, devant une salle malheureusement très clairsemée...

J'ai trouvé l'orchestre un peu brouillon, notamment chez les cordes avec des départs bousculés et manquant de rigueur, et une battue manquant parfois d'énergie chez le chef José Miguel Pérez-Sierra. Des excès de puissance viennent également parfois couvrir les chanteurs.
Les chœurs sont en revanche impeccables.

L'Opéra de Marseille est décidément depuis plusieurs saisons devenu maître dans l'art de distribuer ces ouvrages du bel canto, pourtant si difficiles.
Le quatuor réuni ce soir nous a transporté !

Dans le rôle-titre, et malgré une relative faiblesse dans le bas du registre, Karine Deshayes éblouit grâce à sa voix pulpeuse, aux aigus percutants et avec une vocalisation impeccable. Son rondo final est superbement enlevé.

Elle se fait cependant un peu voler la vedette par le Malcolm somptueux de Varduhi Abrahamyan. La mezzo arménienne campe un guerrier fier et bravache, touchant des les passages élégiaques, où son timbre capiteux et moelleux fait merveille. Les passages plus virtuoses ne sont pas en reste, la chanteuse assumant avec brio des variations magnifiques. Après Arsace il y a 3 ans sur cette même scène, une nouvelle réussite saluée par un public conquis.

Edgardo Rocha apporte à Uberto la douceur de son timbre suave, une belle fluidité dans les vocalises et une longueur de souffle impressionnante, lui permettant de triompher de son air ardu au début du 2ème acte (même si les notes les plus extrêmes le poussent dans ses derniers retranchements).

Le timbre plus mâle d'Enea Scala, dont la voix a gagné en puissance, est un pendant idéal à ce chant plus élégiaque.
Même si j'ai parfois du mal avec les sonorités de cette voix parfois engorgée, on ne peut que s'incliner devant la maîtrise d'une partition véritablement inhumaine. Le jeune et fringant ténor déchaîne l'enthousiasme de la salle dans un air d'entrée dont toutes les difficultés sont superbement maîtrisées.

Nicola Ulivieri est plus en retrait dans le rôle sacrifié de Douglas, livrant un "Taci, lo voglio" sans éclat.
Seconds rôles corrects, même si Rémy Mathieu semble très en difficulté dès qu'il doit passer le haut médium.

Vivement les Puritains de l'an prochain avec Jessica Pratt !

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Re: Rossini - La Donna del lago - Pérez-Sierra -vc- Marseille -11/2018

Message par Markossipovitch » 14 nov. 2018, 21:47

Paris, Marseille! Mais il est partout en même temps ce cher VivaLaMamma !!

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Re: Rossini - La Donna del lago - Pérez-Sierra -vc- Marseille -11/2018

Message par Epsilon » 19 nov. 2018, 14:27

Merci pour ce CR que j’approuve de A à Z, y compris dans les remarques sur les aigus d’Enea Scala et les éloges sur le reste de la distribution.
Salle quasi comble dimanche, grand enthousiasme du public, quasiment aucun départ avant la fin des saluts, c’est dire!

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Re: Rossini - La Donna del lago - Pérez-Sierra -vc- Marseille -11/2018

Message par muriel » 19 nov. 2018, 16:11

dernière représentation fabuleuse
4 protagonistes superbes
un peu déçue par la basse
impressionnée par la jeune Hélène Carpentier
j'ai rarement entendu l'orchestre aussi beau et aussi en place
un grand chef, José Miguel Pérez-Sierra, qui fut assistant d'Alberto Zedda
bravo à Valentin Favre, clarinette solo, toujours impressionnant dans le Belcanto


POURQUOI FRANCE MUSIQUE N'ENREGISTRE PAS UNE PRODUCTION DE CE NIVEAU ???

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Re: Rossini - La Donna del lago - Pérez-Sierra -vc- Marseille -11/2018

Message par muriel » 24 nov. 2018, 12:56

extraits audio en MP

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