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par Lucas » 10 nov. 2018, 14:16
Très belle soirée, hier, avec quelques bémols ici ou là.
Le roi de la fête fut le Nabucco anthologique d'Amartuvshin Enkhbat : timbre et noblesse de la ligne évoquant Bruson. A genoux!
Quant au Zaccharia de Riccardo Zanellato, il fut quand même remarquable, démontrant qu'on peut avoir des problèmes de santé et contourner l'obstacle grâce à une technique aguerrie notamment dans une prière chantée mezza voce en voix mixte.
En revanche l'Abigaille d'Anna Pirozzi m'a laissé sceptique dès son entrée : Est-il bien raisonnable de décrocher une paire de rideaux pour se confectionner une robe de scène à la va-vite? Pas sûr même si on l’ornemente d'un décolleté généreux. Quant au chant, on dira charitablement que "son ramage se rapporte à son plumage". Cela décoiffe certes mais la chanteuse italienne oublie souvent qu'Abigaille, en dépit de son statut de bâtarde, reste la fille d'un roi, avec la noblesse des phrasés qui va avec. C'est ce que Julia Varady avait parfaitement compris hier quand Pirozzi en fait une simple virago, au timbre assez ingrat de surcroît. Néanmoins, force est de reconnaitre que le rôle est inchantable avec ses grands écarts meurtriers et que la chanteuse italienne relève ce défi vocal avec un certain panache même si elle a contraint Bernard, malencontreusement placé au premier rang d'orchestre, à faire des bonds de trois mètres au moindre triple forte. C'est simple, à la fin du spectacle, il ressemblait à Desireless (lol)
Battue toscaninienne, cursive et d'un rebond rythmique implacable de Daniele Rustioni même si manquant, ici ou là, d'un soupçon d'abandon.
En résumé, la révélation d'un immense baryton qui joue d'ores et déjà dans la cour des grands. Si seulement on pouvait penser plus souvent à lui au lieu de nous distribuer des Leo Nucci ou Placido Domingo à la retraite ...
Enfin, grand plaisir de papoter avec certains ODBiens à l'occasion de ce beau concert.