Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - TCE/Toulouse - 10-11/2018

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Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - TCE/Toulouse - 10-11/2018

Message par HELENE ADAM » 22 oct. 2018, 22:13

Serse

Georg Friedrich Haendel
Créé à Londres le 15 avril 1738

Livret d'un auteur non identifié, à partir de celui écrit par Silvio Stampiglia pour l'opéra éponyme de Giovanni Bononcini, lui-même tiré d'un livret de Nicolò Minato pour un opéra de Francesco Cavalli (1654)


Mercredi 24 octobre au Théâtre des Champs Elysées.

Version concert

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Avec
Franco Fagioli Serse
Inga Kalna Romilda
Vivica Genaux Arsamene
Francesca Aspromonte Atalanta
Delphine Galou Amastre
Andreas Wolf Ariodate
Biagio Pizzuti Elviro

Maxim Emelyanychev direction et clavecin
Il Pomo d’Oro

Déjà en CD ( :wink: )

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CR après la séance.

Rappel (voir fil Fagioli), il s'agit d'une tournée "Serse".

SERSE Tour avec Il Pomo d’oro du 17 octobre au 9 novembre.

Oct. 20 Llubljana – Oct. 22 Vienna – Oct. 24 Paris – Oct. 26 London – Oct. 28 Lisbon – Oct. 30 La Coruña – Nov. 7 Toulouse – Nov. 9 Essen

Serse est l’un des derniers opéras de Georg Friedrich Haendel, alors en pleine période anglaise. Il écrira encore trois opéras : Giove in Argo en 1739), Imeneo en 1740 et Deidamia en 1741, avant d’abandonner la composition lyrique scénique.

Serse, écrit en deux mois par Haendel, connut l’échec dès les premières représentations à Londres en 1738. Relativement atypique, il met en scène la passion humaine entre tragédie et comédie dans un étourdissant maelstrom d’airs et de situations dont la variation semble infinie.

Haendel a situé l’action dans l’empire perse de Xerxès en 480 avant JC mais le contexte historique n’est qu’un prétexte.
Le rôle principal de Serse a été écrit pour un castrat à l’origine et créé par le plus célèbre d’entre eux, Caffarelli lui-même. Elle est distribuée de nos jours soit à une mezzo-soprano, soit à un contre-ténor tout comme d’ailleurs le rôle du frère Arsamène (créé lui par une soprano).
L’air le plus célèbre est la fameuse ode à un arbre, au répertoire de nombreux récitals baroques : « Ombra mai fu / di vegetabile / cara ed amabile, / soave più ! ». Cet hymne amoureux renvoie à l’un des récits d’Hérodote où l’empereur Xerxès s’éprit d’un platane rencontré sur sa route et le couvrit de décorations et de bijoux…Introduisant l'opéra il donne le ton immédiatement : l'air est grave et lyrique mais ce qu'il exprime est emphatique et ridicule...
Le genre qui mélange comique et tragique renvoie plutôt à la période du baroque vénitien (Cavalli en particulier) près d’un siècle plus tôt s’allie à une complexité de l’intrigue dans laquelle il n’est pas facile de se retrouver. Aux récitatifs très courts succèdent les airs de bravoure à une cadence infernale, dans des styles très opposés tant au niveau des voix que des rythmes (près d’une cinquantaine) et Serse relève souvent de l’exercice vocal brillant reposant sur la qualité technique de ses interprètes.

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Une histoire abracadabrantesque dont nos artistes ce soir, se sont très brillamment sortis, avec beaucoup d’aisance et d’intelligence vocale et une interprétation qui débordait largement la version concert.
Il est évident que nous avons à présent une troupe rodée qui donne ce Serse en équipe soudée qui transmet sa bonne entente idyllique au public.
Et ça marche malgré la longueur de l’opéra, on ne s’ennuie pas une seconde et on suit cette histoire vaudevillesque, portés par la musique époustouflante de richesse d’un Haendel qui signait une œuvre atypique par ses fantaisies et l'incroyable variété de ses thèmes.

Bien sûr on vient d’abord pour le phénomène Fagioli. Le contre-ténor argentin est unique et son Serse n’imite personne (sauf peut-être Caffarelli jusque dans ses fantaisies cabotines). Les puristes lui reprocheront sans doute un timbre parfois rauque, une émission très directe et d’emblée très intense, qui ne permet pas l’allègement des vocalises que pratiquent les mezzo sopranos dans le même rôle. Mais son époustouflante technique vocale qui lui permet de vocaliser du haut en bas de la tessiture, et de planter des graves superbes deux octaves en dessous sa trille excitante laisse pantois. Et comme il allie à cette voix qu’il est le seul à posséder parmi ses confrères contre ténors et dont il fait ce qu’il veut, un sens inoui de l’incarnation d’un personnage, en l’occurrence l’hystérique Serse, il ferait à lui seul une de ces soirées inoubliables. De « ombra mai fu « à « crude furie degli orridi abissi » en passant par « Se bramate d’amar », Fagioli va crescendo dans la maitrise de ses grands airs galvanisant le public à chaque fois un peu davantage, ne restant pas en place, s'exprimant autant par les mimiques de son visages que par ses gestes et les inflexions de sa voix.
On ne le dira jamais assez : il faut avoir vu et entendu Fagioli dans un de ces rôles qu’il habite littéralement. C’est une expérience unique.

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Mais il serait injuste de ne pas nommer l’ensemble des artistes tant la soirée a permis à tous les talents de s’exprimer avec justesse, virtuosité et beauté.
A la douce Romilda de Inga Kalna capable de chanter en un filet de voix radieux des trilles sur le fil, s’enflant en un crescendo parfait, s’oppose l’Arsamene émouvant et grave de Vivica Genaux, qui sait allier colère et déclarations d’amour, dépit et passion avec sa belle voix souple et sombre tout à la fois (Meglio in voi col mio partire et surtout Quella che tutta fe).
Francesca Aspromonte en Atalanta et Delphine Galou en Amastre ne sont pas en reste dans leurs exercices qui, pour être plus limités n’en sont pas moins d’intéressants contrepoints des rôles principaux, et il faut saluer la performance tragicomique de Biagio Pizzuti en Elviro qui passe d’une voix efféminée foulard sur la tête et fleurs dans les bras à une saine colère, voix grave de baryton et maitrise parfaite de la métamorphose en trente secondes. Andreas Wolf a une bien belle voix de basse pour le petit rôle d’Ariodate et un sacré sens de la répartie face aux hystériques sautes d’humeur du sautillant et trépignant Serse.

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Si j’ai passé une excellente soirée grâce aux chanteurs en regrettant que Paris ne donne pas plus souvent ces trésors du baroque, j’aurai quand même une légère réserves concernant l’orchestre et son chef. Maxim Emelyanychev, jeune chef russe à la tête d’Il Pomo d’Oro depuis quelques années, ne parvient pas toujours à me convaincre. C’est une belle formation baroque très restreinte dont le chef joue du clavecin tout en dirigeant avec un talent incontestable. Mais parfois ne laisse pas suffisamment respirer la musique. Les airs semblent se succéder à une cadence infernale sans que les récitatifs et les interludes musicaux ne ralentissent vraiment le rythme en donnant du beau son. Les airs « largo » sont trop rapidement expédiés dans créer le ralentissement nécessaire.
Ce sont des détails évidemment pour une formation baroque qui a de réelles qualités mais ces éléments devaient être soulignés.

Hélène Adam
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par Piero1809 » 23 oct. 2018, 12:30

Belle distribution en effet!

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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par aurele » 24 oct. 2018, 13:45

Le CD doit paraître officiellement le vendredi 2 novembre me semble-t-il mais peut-être sera-t-il en vente dès ce soir au TCE pour ceux qui y seront.

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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par Peleo » 24 oct. 2018, 22:50

Il y était en effet.

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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par HELENE ADAM » 25 oct. 2018, 00:03

Ma critique en tête de fil. Photos à venir.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par jeantoulouse » 25 oct. 2018, 09:23

Les airs semblent se succéder à une cadence infernale sans que les récitatifs et les interludes musicaux ne ralentissent vraiment le rythme en donnant du beau son. Les airs « largo » sont trop rapidement expédiés sans créer le ralentissement nécessaire.
Quelle est la longueur de la soirée ? J'ai lu que les chœurs étaient supprimés et que le rythme soutenu que tu soulignes réduisait la durée de cet opéra très long en effet.

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Message par HELENE ADAM » 25 oct. 2018, 09:32

jeantoulouse a écrit :
25 oct. 2018, 09:23
Les airs semblent se succéder à une cadence infernale sans que les récitatifs et les interludes musicaux ne ralentissent vraiment le rythme en donnant du beau son. Les airs « largo » sont trop rapidement expédiés sans créer le ralentissement nécessaire.
Quelle est la longueur de la soirée ? J'ai lu que les chœurs étaient supprimés et que le rythme soutenu que tu soulignes réduisait la durée de cet opéra très long en effet.
Début 19h30 et fin 22h45 avec 25 mn d'entracte...
première partie : 1h45
deuxième partie :1h30
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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par Peleo » 25 oct. 2018, 16:43

Ce fut plus court que les durées annoncées. Il suffit de faire l'addition pour voir que ça ne colle pas.

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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par PlacidoCarrerotti » 25 oct. 2018, 16:48

Peleo a écrit :
25 oct. 2018, 16:43
Ce fut plus court que les durées annoncées. Il suffit de faire l'addition pour voir que ça ne colle pas.
Je me suis demandé s'il y avait des coupures, notamment dans les da capo, car certains airs étaient parfois très courts.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev/VC - TCE - 24/10/2018

Message par HELENE ADAM » 25 oct. 2018, 16:49

PlacidoCarrerotti a écrit :
25 oct. 2018, 16:48
Peleo a écrit :
25 oct. 2018, 16:43
Ce fut plus court que les durées annoncées. Il suffit de faire l'addition pour voir que ça ne colle pas.
Je me suis demandé s'il y avait des coupures, notamment dans les da capo, car certains airs étaient parfois très courts.
Un spécialiste de cet opéra ( :wink: ) m'a assurée que non.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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