Gay & Pepusch - The Beggar's Opera - Christie / Carsen - Genève - 10/2018

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Gay & Pepusch - The Beggar's Opera - Christie / Carsen - Genève - 10/2018

Message par dge » 02 oct. 2018, 18:20

John Gay et Johann Christoph Pepusch – The Beggar’s Opera

Ballad Opera en 3 actes sur un livret de John Gay, crée à Londres le 29 janvier 1728 au Lincoln’s Inn Field
Nouvelle version de Ian Burton et Robert Carsen crée à Paris au Théâtre des Bouffes du Nord le 20 avril 2018
Conception musicale de William Christie

Genève – Opéra des Nations – octobre 2018


Conception, direction musicale et clavecin : William Christie
Mise en scène : Robert Carsen
Scénographie : James Brandily
Costumes : Petra Reinhardt
Chorégraphie : Rebecca Howell
Lumières : Robert Carsen et Peter Van Praet
Dramaturgie : Ian Burton

Mr Peachum : Robert Burt
Mrs Peachum / Diana Trapes : Beverley Klein
Polly Peachum : Kate Batter
Macheath : Benjamin Purkiss
Lockit : Kraig Thornber
Lucy Lockit : Olivia Brereton
Jenny Diver : Lyndsey Gardiner
Filch / Manuel : Sean Lopeman
Matt : Gavin Wilkinson
Jack / Gardien de prison : Taite-Elliot Drew
Robin : Wayne Fitzsimmons
Harry : Dominic Owen
Molly : Natasha Leaver
Betty : Emily Dunn
Suky : Louise Dalton
Dolly : Jocelyn Prah


Les musiciens de l’ensemble : Les Arts Florissants




Représentation du 4 octobre


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Cette production du Beggar’s Opera, crée en avril 2018 au Théâtre des Bouffes du Nord ( voir le compte rendu qu'en avait fait JdeBviewtopic.php?f=6&t=20261&p=345321&hilit=beggar#p345321) , a rencontré un succès immédiat et entame une tournée qui la conduira dans une bonne vingtaine de villes européennes. Elle fait étape à Genève pour une série de cinq représentations.

En réaction à l’opéra italien jugé trop élitiste et utilisant une langue que le peuple ne comprenait pas, The Beggar’s Opera est le premier représentant d’un genre consistant à inclure dans une pièce de théâtre de nombreux airs populaires, des folk songs, et des airs de compositeurs comme Purcell et Haendel devenus tellement célèbres que tout le monde pouvait les chantonner. Le sujet de la pièce était le plus souvent une satire politique et sociale dans laquelle les rois et les dieux de l’opéra baroque étaient remplacés par des voleurs, des proxénètes, des prostituées ou des hommes politiques.
Le librettiste John Gay reprend donc des chants populaires et y ajoute des paroles pour construire une histoire. Initialement les chants devaient être interprétés a capella mais rapidement il demande à Johann Christoph Pepusch d’intervenir sur la musique et d’ajouter des instrumentistes. Il reste peu de traces du format original de l’œuvre. On sait seulement avec certitude que Pepusch a composé l’ouverture et les basses de certains airs.

Il ne nous est parvenu qu’une ligne pour la voix et une autre pour la basse. Cette absence de matériel musical a entrainé de nombreuses adaptations dont la plus jouée est sans doute celle de Britten. Soucieux d’une contextualisation historique, William Christie nous propose une version avec un orchestre de neuf musiciens et un clavecin et laisse une part d’improvisation à chacun d’eux.

L’objectif de cette ballad opera est de faire rire mais certaines situations du livret risquent de ne pas être comprises du spectateur contemporain. Le texte a été réécrit, parfois dans un langage un peu cru, par Robert Carsen et Ian Burton pour lui garder tout son sens originel. On est toujours à Londres, mais en 2018 et il y est question de Brexit, de Theresa May, d’évasion fiscale, de scandales pédophiles ou de produits dérivés du mariage du prince Harry. Les personnages jouent en permanence sur leur dernier smartphone, sniffent des rails de coke et se glissent dans la peau des délinquants d’aujourd’hui. La satire brocarde beaucoup de valeurs sociales mais le ton est juste, l’humour corrosif sans être trop lourd.

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La scénographie de James Brandily consiste en un amoncellement de cartons comme autant de biens venant d’être dérobés et qui manipulés avec rapidité par les protagonistes deviennent des accessoires scéniques- un comptoir de bar, une prison, un gibet. La direction d’acteurs inventive et réglée dans les moindres détails caractérise parfaitement chaque personnage et confère un rythme endiablé à ce spectacle que renforce encore la chorégraphie parfois acrobatique de Rebecca Howell à laquelle se prêtent tous les personnages. Il n’y a aucun temps mort dans cette plongée sans entracte de 1h45 dans un monde qui ne connaît qu’argent, alcool, sexe et corruption.

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Le choix a été fait de prendre des comédiens qui savent chanter plutôt que des chanteurs lyriques. La façon dont ils se sont approprié leurs personnages et leur engagement sont la clé de la réussite de ce spectacle. On est donc plus dans un musical qu’à l’Opéra. Aucun ne rencontre de problème de projection dans cette salle à l’acoustique flatteuse pour les voix.
Robert Burt est un remarquable Mr Peachum donnant beaucoup de relief à son rôle de parrain de la pègre qui est prêt à tout pour supprimer l’homme, tout autant maffieux que lui, que sa fille a épousé contre sa volonté. Beverly Klein est une Mrs Peachum alcoolique et vénale dont les approximations d’intonation sont mises à profit pour mieux caractériser un personnage haut en couleurs. Benjamin Purkiss possède la plus belle voix du plateau et campe un Macheath séducteur au look mi-Roch Voisine mi-James Dean, généreux dans son business de truand et de souteneur et manipulant les deux filles qui l’aiment, Polly, la fille de Peachum interprétée par Kate Blatter et Lucy la fille de Lockit directeur de la prison jouée par Olivia Brereton. Toutes deux avec des voix fraiches apportent un peu d’humanité dans ce monde glauque. Kraig Thornber campe un directeur de prison dont la corruption n’a pas de limites. Tous les autres rôles sont aussi parfaitement tenus.

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A jardin William Christie, en sweat à capuche, lunettes noires, grosses bagues au doigt, tonsure blanche prolongée par une queue de cheval dirige depuis son clavecin neuf musiciens des Arts Florissants eux aussi déguisés et qui font preuve d’une grande maîtrise musicale. Pris par la scène on a tendance à moins faire attention à leur sonorité et à leur talent. C’est bien le seul bémol de ce spectacle revigorant.


Gérard Ferrand

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Re: Gay & Pepusch - The Beggar's Opera - Christie / Carsen - Genève - 10/2018

Message par dge » 07 oct. 2018, 10:04

Je viens de publier mon CR

philipppe
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Re: Gay & Pepusch - The Beggar's Opera - Christie / Carsen - Genève - 10/2018

Message par philipppe » 07 oct. 2018, 10:07

C est la dernière à Genève aujourd’hui, j hésite encore à y aller par mollesse dominicale...

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