Vivaldi - L.Desandre / T. Dunford - Rouen- 28/09/2018

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Vivaldi - L.Desandre / T. Dunford - Rouen- 28/09/2018

Message par pingpangpong » 30 sept. 2018, 11:13

Antonio Vivaldi
Extraits de Il Giustino, Juditha triumphans, Il Farnace,
Ottone in Villa, L'Olimpiade, La Griselda, Nisi Dominus
Concerto pour violoncelle en sol mineur,
Concerto pour luth en ré majeur

Ensemble Jupiter
Luth et direction Thomas Dunford
Mezzo-soprano Lea Desandre
Violons Théotime Langlois De Swarte, Louis Créach’
Alto Jérôme Van Waerbeke
Violoncelle Bruno Philippe
Contrebasse Hugo Abraham
Clavecin Pierre Gallon


Le récital Vivaldi donné dans l'édition du Festival de Saint Denis 2018, était proposé lors de cette soirée dans le cadre idéal de l'auditorium de la Chapelle Corneille par le tout nouvel Ensemble Jupiter, fondé par Thomas Dunford en juin dernier, la volonté du désormais incontournable luthiste étant de représenter la nouvelle génération d'interprètes des musiques ancienne et baroque.
Ouvrant le concert, l'air “Vedro con mio diletto“ tiré d'Il Giustino ne saurait mieux mettre en valeur les qualités de Lea Desandre. D'une grande douceur, comme en accord parfait avec sa robe en voile iridescent constellé de paillettes dorées sur jupon et bustier noirs, il laisse la voix s'épanouir avec une grâce et une lumière fascinantes.

L'air de fureur qui suit est celui que Vagaus, l'écuyer d'Holopherne, chante en découvrant le corps de ce dernier auquel Judith vient de trancher la tête. Sans démériter pour ce qui est des vocalises, où l'on admire le parfait legato, il faut reconnaître que le bas medium et le grave sont les points faibles de la mezzo-soprano. La projection quant à elle, favorisée certes par une acoustique réverbérée, n'est pas en cause comme on a pu le lui reprocher ici ou là.
Après le concerto pour violoncelle RV 416 interprété avec beaucoup de profondeur par Bruno Philippe, « Révélation soliste instrumental de l’année » lors des Victoires de la Musique 2018, le “Cum dederit“ du Nisi Dominus permet de savourer le timbre ambré de Lea Desandre, porté par un souffle et une justesse qui caractérisent ce cantique des degrés.

Un retour en arrière dans la chronologie du Juditha Triumphans nous donne à entendre l'air de Judith implorant l'aide de son esclave Abra après qu' Holopherne, assiégeant la ville de Béthulie, l'eût invitée à souper. Magnifiquement introduit par les deux violons et l'alto en lieu et place de la clarinette prévue par la partition, Lea Desandre donne de cet air gracieux une interprétation d'une grande sérénité.
La seconde partie du programme débutait par l'air de Farnace sur la mort de son fils par lui ordonnée. L'accompagnement de l'Ensemble Jupiter crée un écrin d'une justesse de ton remarquable, sans soubresauts ni coups d'archets intempestifs, donnant à la mezzo-soprano l'occasion d'intérioriser des sentiments douloureux.

Une retenue, tant vocale que physique, dont elle aura bien du mal à se défaire pour donner de l'air de Caio dans Ottone in Villa “Gelosia, tu già rendi l'alma mia“, et aux vocalises que Vivaldi y a incluses, tout l'éclat requis.
Le célèbre concerto pour luth RV 93 permettait ensuite d'apprécier le jeu ductile et virtuose de Thomas Dunford.
Tiré de L'Olimpiade, le berceur “Mentre dormi“ de Licida souhaitant des rêves de bonheur à son ami Megacle, allie tendresse et simplicité, alors que pour clôre le récital, L.Desandre et l'Ensemble Jupiter se lancent dans l'impétueux “Agitata da due venti“ qui n'a certes pas l'éclat qu'ont pu en donner les plus grandes, mais dont il faut saluer, si ce n'est des graves moindres et un refus de pyrotechnie, la qualité d'un aigu agile autant que brillant, une apparente absence d'efforts.

Les deux bis, la reprise de l'air de Caio, ainsi qu'un duo, composition de T.Dunford lui-même, celui-ci offrant aux instruments anciens des teintes pop inhabituelles, achèvent de ravir le public venu nombreux.
E.Gibert
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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