Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

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Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par HELENE ADAM » 29 sept. 2018, 21:58

Bérénice

Création mondiale

D’après Jean Racine

Musique : Michael Jarrell
Livret : Michael Jarrell


Direction musicale : Philippe Jordan
Mise en scène : Claus Guth

Chef des Choeurs : Alessandro Di Stefano
Décors : Christian Schmidt
Costumes : Christian Schmidt et Linda Redlin

Avec
Titus : Bo Skovhus
Bérénice : Barbara Hannigan
Antiochus : Ivan Ludlow
Paulin : Alastair Miles
Arsace : Julien Behr
Phénice : Rina Schenfeld

Opéra de Paris Garnier du 26 septembre au 17 octobre.

J'y serai le 2 octobre.
Aucun écho pour le moment concernant la "création mondiale" de l'année commandée par la direction de l'ONP au compositeur Michael Jarrel dont voici le site pour les curieux
http://www.michaeljarrell.com
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09/10 - 2018

Message par muriel » 30 sept. 2018, 19:30

Excellente soirée
Spectacle fascinant, public très concentré qui en oublie de tousser
La musique est prenante, contre basson, tuba, percussions.... ça envoie.
Côté chant c'est un peu plus monotone mais les deux principaux protagonistes sont exceptionnels
Très bon accueil qui a ravi le compositeur et le chef, trés complices.

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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par HELENE ADAM » 02 oct. 2018, 22:09

Perplexe... CR demain.
Jamais vu autant de spectateurs quitter la salle avant la fin en dérangeant tout le monde au passage...
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par HELENE ADAM » 03 oct. 2018, 09:48

"Rome, par une loi qui ne se peut changer,
N'admet avec son sang aucun sang étranger"


C'est sans doute la phrase qui m'avait le plus marquée dans mes années collèges quand je fréquentais la Comédie Française en "matinée" pour aller voir tous les classiques qui y étaient régulièrement donnés pour un prix dérisoire à condition de faire la queue une heure avant et de se contenter du vertigineux poulailler.
J'avais, sinon, gardé de Bérénice une splendeur des alexandrins dans un drame digne et glacé des amours impossibles pour raison d'Etat entre Titus roi de Rome et Bérénice reine de Palestine. En général de Racine j'admirais la beauté de la langue et la concentration de l'action, l'intrigue étant souvent simplifiée pour en faire ressortir les principaux traits et ne pas disperser l'attention (même si je préférais Corneille... :wink: ).
Bérénice et Titus s'aiment et Antochius, roi de Commagènes et ami de l'empereur de Rome, apprenant leur mariage prochain, décide de fuir Rome pour résister à l'amour secret qu'il porte à Bérénice. Il avoue à la reine ses tourments, alors même que Titus comprend qu'il doit renoncer aussi à elle, Rome s'opposant résolument à cette union "interdite".
La tragédie de Racine ne se réfugie dans aucune facilité, il n'y a aucune autre raison à la fatale séparation que ce drame, Titus et Bérénice s'aiment d'une passion qui ne sera pas remise en cause, ils accepteront leur destin sans chercher ni chantage ni mort.

Autant dire que ce que Jarrel et Guth font de cette tragédie épurée, ne m'a pas convaincue au regard de cette écriture magnifique.
C'est un choix talentueux, il faut le reconnaitre, magnifiquement servi par l'orchestre dirigé par Jordan de main de maitre (ce répertoire contemporain, heurté et musicalement très contrasté, lui convient magnifiquement) et par ses interprètes.
Comme il s'agit d'une création commandée par l'ONP à Michael Jarrel, Claude Guth a forcément travaillé en étroite collaboration avec le compositeur et leur osmose est parfaite.
On peut d'ailleurs saluer ce travail sans hésiter en ce qui me concerne : la scène est divisée en trois parties, trois salles, figurant l'impossibilité pour Titus (salle cour) et Bérénice (salle jardin) de vivre ensemble malgré leur passion. La salle du milieu, sol noir couvert de cendres, sera le lieu des "rencontres", des "affrontements" devrais-je dire.
Car la musique et le livret de Jarrel, comme la formidable direction d'acteurs de Guth, fait un choix "expressionniste" total. Les chants sont distordus à tel point qu'on ne comprend pas toujours les paroles, d'énormes écarts de notes caractérisent la partition lyrique avec de longs passages en sprechgesang sur des notes pas forcément faciles pour les timbres (et tessitures) des chanteurs.
D'autant que la partition orchestrale (très riche) fait également appel à nombre de percussions, cuivres et autres instruments au timbre sonore.
Les gestes et attitudes sont elles aussi outrées : grands mouvements, heurts des personnages entre eux, désespoir exprimé à grands gestes ou en se roulant au sol etc.
C'est un parti pris avec tous ses symboles : la beauté et la grâce de la reine, le parlé hébreu de sa servante, les valises d'Antochius, les vidéos montrant la foule de Rome, Titus se prenant la tête sur scène tandis qu'on le voit statufié en vidéo dans la même posture etc.
Et c'est esthétiquement réussi. Et magnifiquement servi par Bo Skovhus (Titus), Barbara Hannigan (Bérénice) au premier chef, tous deux offrant une prestation éblouissante et très "prenante" mais aussi par le touchant Ivan Ludlow en Antiochus sans oublier Alastair Miles (Paulin) et Julien Behr (Arsace) tous très brillants malgré la réelle difficulté de l'exercice. Ils épousent parfaitement l'oeuvre et la mise en scène et se fondent littéralement dans le récit et son dénouement tragique.

Mais je n'ai pas été vraiment convaincue par ce parti pris qui m'a paru en violente contradiction avec l'esprit et la lettre (et quelle lettre) de Racine.
Du coup, il s'est paradoxalement installé un certain ennui bien que l'oeuvre ne dure qu'une heure trente. Ne parvenant pas à "entrer" dans cette nouvelle Bérénice quelque peu hystérique, je suis restée à la surface des choses. L'inconfort légendaire de l'amphithéâtre et les spectateurs partant en cours de route ont achevé de m'agacer. :mrgreen:
Mais une grande partie du public, à l'inverse, a beaucoup apprécié l'oeuvre et son exécution. La salle de Garnier était remplie... :wink:
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par HELENE ADAM » 03 oct. 2018, 10:42

France Musique diffusera ce "Bérénice" le 5 décembre à 20H.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par Oylandoy » 03 oct. 2018, 11:44

Tout à fait d'accord avec toi. Et je n'ai pas été gêné par les voisins dans ma loge...
Le soir de la première, je n'ai pas remarqué de spectateurs partant avant la fin.
Le défaut principal est la musique : trop bruyante, et surtout pas assez variée (je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit mélodieuse...), loin, trop loin d'une Saariaho, par exemple.

Les touristes qui sont venus visiter Garnier, qui vont pour la première fois à l'opéra, et qui tombent là dessus ne retourneront jamais à l'opéra, je crains...
la mélodie est immorale
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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par David-Opera » 03 oct. 2018, 11:50

Oylandoy a écrit :
03 oct. 2018, 11:44
Les touristes qui sont venus visiter Garnier, qui vont pour la première fois à l'opéra, et qui tombent là dessus ne retourneront jamais à l'opéra, je crains...
Pas sûr, on sous-estime souvent les disparités de goûts et de profils. Je me souviens d'un jeune américain venu à Paris et qui avait entendu Les Contes d'Hoffmann puis Salammbô (Fenelon) en début d'année 2000 à Bastille, et avait largement préféré Salammbô.

Personnellement j'avais souffert, ce qui n'est pas le cas avec cette version de Bérénice.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.

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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par Oylandoy » 03 oct. 2018, 11:57

Je n'ai pas souffert non plus, grâce surtout à la tension dramatique qui se dégageait de cette représentation.
la mélodie est immorale
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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par PlacidoCarrerotti » 03 oct. 2018, 12:14

Oylandoy a écrit :
03 oct. 2018, 11:44

Le soir de la première, je n'ai pas remarqué de spectateurs partant avant la fin.
Peut-être qu'ils n'étaient pas venus avant le début ?
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Jarrel - Bérénice - Jordan/Guth - ONP - 09-10/2018

Message par Medeamaterial » 04 oct. 2018, 13:10

J'étais à la représentation du 2 octobre, et à l'amphitéatre. Effectivement il y a 2 ou 3 personnes qui sont parties en plein milieu en faisant pas mal de bruit, mais je crois que ces départs intempestifs à l'amphithéatre furent les seuls de la soirée (de ce que j'ai vu, l'orchestre avait l'air plein, même à la fin).

Je n'ai pas été emballée par la musique: si l'orchestration est intéressante, avec beaucoup d'effets qui donnent une couleur angoissante à la musique, je suis d'accord avec Oylandoy sur le manque de variété des "mélodies" (tout autant qu'on puisse utiliser ce mot) qui rend cela monotone.
Je n'arrive toujours pas à me faire à ce style vocal typique de la musique contemporaine: monocorde et souvent mono-ton, mélange de chant, de cris et de parlé, avec des sauts d'intervalles sans arrêt.

Heureusement le drame sur scène capte l'attention et cela m'a permis de ne pas m'ennuyer trop: tout à fait d'accord avec Helène sur le coté expressionniste de l'intérprétation et de la mise en scène, à milles lieux de la retenue de la Bérénice de Racine, mais cela va s'accorde bien avec le style vocal.
La mise en scène de Guth est très bien faite, très claire (vue presque de face en tout cas), et accentue bien le propos de la séparation du couple (et le fait que Titus refuse pendant longtemps de parler directement à Bérénice) en les situant souvent à l'opposé l'un de l'autre sur la scène. Les décors sont classiques et très esthétiques, les vidéos bien choisies.
Les interprètes dégagent beaucoup de charisme et sont très engagés, et je me suis laisser portée par leurs personnages.

Bien que j'essaie de m'éduquer sur les opéras contemporains en allant en voir régulièrement, je reste dubitative sur ce qui en restera dans queques dizaines d'années. Quelqu'un a-t-il des statistiques sur les opéras contemporains (on va dire depuis les années 60 en gros) qui ont été repris en dehors de leurs créations nationales (peut-être qu'il y a déjà un sujet sur le forum)?
Car je vois des créations mais je crois que je n'ai jamais vu aucune reprise.
Bernstein est rentré dans le répertoire, Messaien aussi (et Boulez pour l'orchestral), mais tout cela c'est 60's-70's. Après 1970?
Je sais que l'Amour de loin de Saariaho a été repris à New York il n'y a pas longtemps.

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