Haendel - Acis et Galatée-vc-Banquet Céleste/D.Guillon-Ambronay 23/09/2018

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petitchoeur
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Haendel - Acis et Galatée-vc-Banquet Céleste/D.Guillon-Ambronay 23/09/2018

Message par petitchoeur » 29 sept. 2018, 08:28

Georg Friedrich Haendel (1685-1759) :
Acis & Galatea, semi-opéra en 2 actes (1718)



Cyril Auvity ténor (Acis)
Katherine Crompton soprano (Galatea)
Nicholas Scott ténor (Damon)
Edward Grint basse (Polifemo)
Mélodie Ruvio contralto

Le Banquet Céleste :
Damien Guillon direction

Louis Creac’h, Simon Pierre, David Wish, Fiona-Emilie Poupard, Marion Korkmaz, Myriam Mahnane violons
Julien Martin flûte à bec
Christopher Palameta, Nathalie Petibon hautbois
Evolène Kiener basson & flûte à bec
Claire Gratton violoncelle*
Thomas de Pierrefeu contrebasse
Diego Salamanca luth*
Kevin Manent clavecin*
*basse continue


Abbatiale d'Ambronay le23 septembre 2018

Acis et Galatée est le premier essai lyrique de Haendel sur un livret anglais. C'est pourquoi l'ouvrage a connu immédiatement une grande popularité. C'est un semi-opéra entre le mask purcellien et l'opéra à l'italienne. Le mask est « une sorte de divertissement comprenant des scènes allégoriques, mythologiques ou satiriques ; le chant et la danse y interviennent, soutenus par les instruments. Au XVIIème siècle, cette forme est à l'origine de création d'un opéra anglais, chez Purcell en particulier, mais ni le masque mais ni l'opéra anglais ne survivront au XVIIIème siècle : c'est l'opéra italien qui, en Angleterre même, triomphera définitivement » ( in François-René Tranchefort : l'opéra (tome 1) : d'Orfeo à Tristan, page 26/27- Le Seuil, Paris, 1978). En effet Haendel a déjà produit à Londres des opéras italiens (Almira en 1704, Agrippina en 1709, Rinaldo en 1711). Avec Acis et Galatée, il se coule dans le modèle anglais (des petits airs à la simplicité pastorale sur des rythmes de danse) tout en composant de véritables arie à l'italienne et des choeurs participant à l'action dramatique comme dans les futurs oratorios.
L'écriture de Haendel dépasse les conventions de caractérisation des personnages du genre pastoral : ainsi le monstrueux Polyphème est tour à tour grotesque, menaçant ou maladroitement poétique. Galatée se plaint des chants des oiseaux qui ajoutent à sa souffrance de ne pas retrouver son beau berger : Hush, ye pretty warbling quire !...cease your song, and take your flight, bring back my Acis to my sight !(Silence ,ô joli choeur gazouillant ... cessez vos chants, envolez-vous, ramenez mon Acis à mes yeux !) Le choeur se lamente de la mort tragique d'Acis : Mourn, all ye muses !(pleurez, muses) Et, très persuasif, suggère à Galatée la solution : call forth thy pow'r, employ thy art (suscite ta puissance, use de ton pouvoir).
Cinq chanteurs : quatre, dans les rôles de Galatée, d'Acis, de Polyphème et de Damon plus une contralto, Mélodie Ruvio,forment le choeur. Katherine Crompton est Galatée : voix puissante, de belle rondeur, bien projetée, tient ce rôle avec beaucoup de finesse et d'intelligence passant de la tristesse au bonheur audible et visible dans son duo avec Acis, de l'épouvante provoquée par le désir de Polyphème, et de l'horreur face à la mort d'Acis à la joie sereine lorsqu'Acis, transformé en source, murmure sans arrêt son amour délicat. Acis, Cyril Auvity, est tour à tour tendre et vaillant affrontant Polyphème dans un combat désespéré, avec courage et détermination. Il chante avec autorité et une belle projection son premier air, sait être doux et tendre, d'un timbre séduisant, dans sa déclaration d'amour à Galatée qui s'achève avec un da capo fourmillant de fioritures parfaitement maîtrisées. Damon est tenu par Nicholas Scott, voix pleine d'humour, d'ironie et de malice. Il sait être héroïque dans son air Consider, fond sheperd (Cher berger, remarque) dans lequel ses vocalises sont adroitement réalisées. Edward Grint est Polyphème. De sa voix profonde et caverneuse, de son timbre aux harmoniques généreuses, il aborde son rôle avec une puissance impressionnante et sait chanter, bien que corps de brute et esprit violent, les paroles délicates qu'il adresse à Galatée O plus vermeille que la cerise... Une basse faite pour chanter Osmin ! Les choeurs participent de l'action . Dans le premier on danse et on saute avec allégresse pour célébrer les nymphes et les pastoureaux . Dans le second est annoncée l'arrivée du monstre Polyphème à pas immenses et martelés, faisant trembler les montagnes et briser les vagues dans une musique descriptive étonnante. Il chante la douleur des muses et des pâtres à la mort d'Acis : Ah, the gentle Acis is no more ! Répété trois fois avec une très grande délicatesse . Et le choeur termine l'ouvrage dans une joie débordante.
Damien Guillon mène son Banquet Céleste avec une énergie communicative et une dynamique qui rend l'écoute passionnante. Il utilise souvent des tempi ultra-rapides, comme dans la sinfonia d'ouverture menée tambour-battant, mettant en valeur la technique parfaite de ses instrumentistes.  Le duo de flûtes gazouillantes du premier air de Galatée est d'une grande beauté comme dans l'accompagnement du dernier air de la nymphe. Le hautbois en écho des vocalises de Damon dans son air Consider... est impeccable. Les cordes seules savent se lamenter avec le choeur de la mort d'Acis.
Enorme succès et reprise du premier choeur en bis. Remarquable production. A quand une version avec décor et mise en scène ?
Pierre Tricou

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