Mozart- Die Zauberflöte- Pichon / Mc Burney - Aix- 07/2018

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Mozart- Die Zauberflöte- Pichon / Mc Burney - Aix- 07/2018

Message par dongio » 20 juil. 2018, 10:43

Tout (ou beaucoup) aura sans doute été dit lors de la création in loco de la Flûte Enchantée dans la production de Simon Mc Burney en 2014, ce qui explique le silence d'OdBiens sur cette reprise. Elle mérite néanmoins que l'on lui tresse des louanges, et suis sorti ébloui, heureux, souriant et les yeux humides de la représentation de hier au Grand Théâtre de Provence. Je n'avais pas assisté à la série de l'époque, et ce que j'ai vu hier soir place d'emblée cette Flûte dans mon Top 5 des grandes productions de l'opéra de Mozart.
Loin d' austères mises en scène basant tout sur la signification maçonnique qui font chauffer les neurones d'intellectuels blasés , ou de celles ne montrant que le côté "conte de fées" propre à émerveiller l'enfance, Mc Burney allie dans son travail ces deux pôles de façon parfaite, lisible, et qui plus est on ne peut plus poétique (les feuilles de papier-oiseaux sur scène et dans la fosse sont une trouvaille géniale et qui fait écarquiller les yeux et sourire de bonheur). Le plateau nu, les vidéos, le bruitage, la plateforme mobile qui se transforme en élément de décor au fur et à mesure des scènes, tout concourt à ce que le spectateur projette sur le plateau ses propres émotions et envies, et fait le côté inoubliable de ce spectacle. Il se hisse dans mon panthéon personnel à côté de la splendeur de Ponnelle au Manège des Rochers en 83 et 84, sans doute dans mon souvenir la plus parfaite, la plus spectaculaire et la plus belle esthétiquement jamais vue (mais peut être la mémoire enjolive-t-elle?) mais il faut dire que les distributions où alternaient Tappy et Schreier, Cotrubas et Donath, Gruberova et Donat, Boesch, Talvela et Moll...hissaient d'emblée la représentation au firmament de ce que l'on pouvait entendre à l'époque. Il y a eu ensuite les illustrations "livre d'images"' d'Otto Schenk si charmantes et faisant frissonner les souvenirs d'enfants au ROH et à Munich dans lesquelles on retrouvait Brendel, Moser, Burrows, Moll, et surtout surtout la formidable et sans doute insurpassée Lucia Popp. Je n'oublierai pas non plus l'intelligence provocatrice de Carsen dans sa première Flûte à Aix dans les années 90 si je me rappelle bien qui m'avait tellement décillé. Tout cela pour dire que le travail vu hier soir fait de rien et de tout (le vide du plateau cache un travail technique stupéfiant, et un travail d'acteur remarquable) m'a bouleversé, charmé, bref rendu heureux.
A cela s'ajoute l'excellente direction orchestrale de Raphael Pichon à la tête de son ensemble Pygmalion qui le suit dans chacune de ses intentions narratives et qui fait resurgir des détails de la partition que je n'avais pas en tête jusque hier soir. Quelles belles couleurs orchestrales! Quelle vie dans la fosse et sur scène! On aurait peut être aimé un peu plus de puissance dans les chœurs dans les grandes scènes de masse mais le côté "humain, forcément humain" s'accomode parfaitement de cela.
On aura parlé de technique, et la vidéo, le bruitage, la sonorisation font partie intégrante du spectacle. Bizarre toutefois que le chant soit sonorisé aussi...Effet voulu peut être pour que la voix se projette bien dans la salle puisque le plateau est nu et ne peut réfléchir correctement le son? Toujours est il qu'il permet d'entendre parfaitement le magnifique Tamino de Stanislas de Barbeyrac dont le style, le timbre, l'art du chant consommé dans ce rôle (aigus splendides, diminuendos, messa di voce, ligne de chant) sont époustouflants et font s'incliner bien bas. Le rejoint la lumineuse Pamina de Mari Eriksmoen qui réussit ensembles et un "Ach ich fühl's" où l'âme palpite et dont le saut d'octave sol-sol périlleux chanté piano fait fondre. Excellentissime Reine de la Nuit de Kathryn Lewis , plus sorcière ici que marâtre, dont le contre fa frappé et tenu, les vocalises et les triolets sont parfaitements mis en place avec ce qu'il faut de colère noire (un cran toutefois en dessous de ce que faisait Edda Moser au disque), et qui s'attire de grandes ovations justement méritées. Le Papageno de Thomas Oliemans, bonhomme, les pieds sur terre et la tête au milieu des oiseaux ne mérite que des compliments, la Papagena de Lilian Farahani est charmante, le Sprecher de Christian Immler parfait comme tout ce que fait ce chanteur. Si le Sarastro de Dimitry Ivashchenko manque de la profondeur de graves que lui donnaient généreusement les sus nommés Moll ou Talvela (ouf! ça c'était quelque chose!), il infuse à son personnage la noblesse (de ligne, d'attitude) et la grandeur qui lui sont propres. Ajoutez à cela d'excellentes Dames piquantes de Mmes Van Wanroij, Van Sandwijk, et Rasker, et les trois enfants membres du Knabenchor der Choralakademie de Dortmund, et vous aurez tous les ingrédients qui ont fait hier soir une grande, très grande, majeure Flûte Enchantée. De tout cœur merci à Bernard Foccroule d'avoir reproposé cette splendeur pour les 70 ans du festival d'Aix en Provence. Et merci du travail accompli à la tête de cette institution.

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Re: Mozart- Die Zauberflöte- Pichon / Mc Burney - Aix- 07/2018

Message par muriel » 21 juil. 2018, 10:59

J'avais adoré la direction de Pablo Heras Casado
Je verrai ce soir celle de Raphaël Pichon

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jeanch
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Re: Mozart- Die Zauberflöte- Pichon / Mc Burney - Aix- 07/2018

Message par jeanch » 29 juil. 2018, 14:49

dongio a écrit :
20 juil. 2018, 10:43
Tout (ou beaucoup) aura sans doute été dit lors de la création in loco de la Flûte Enchantée dans la production de Simon Mc Burney en 2014, ce qui explique le silence d'OdBiens sur cette reprise. Elle mérite néanmoins que l'on lui tresse des louanges, et suis sorti ébloui, heureux, souriant et les yeux humides de la représentation de hier au Grand Théâtre de Provence. Je n'avais pas assisté à la série de l'époque, et ce que j'ai vu hier soir place d'emblée cette Flûte dans mon Top 5 des grandes productions de l'opéra de Mozart.
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dongio a écrit :
20 juil. 2018, 10:43
A cela s'ajoute l'excellente direction orchestrale de Raphael Pichon à la tête de son ensemble Pygmalion qui le suit dans chacune de ses intentions narratives et qui fait resurgir des détails de la partition que je n'avais pas en tête jusque hier soir. Quelles belles couleurs orchestrales! Quelle vie dans la fosse et sur scène!
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