Haydn - Orlando paladino - Bolton / Ranisch - Munich - 07/2018

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Re: Haydn - Orlando paladino - Bolton / Ranisch - Munich - 07-2018

Message par Piero1809 » 25 juil. 2018, 06:40

Merci Luc Roger pour cette passionnante chronique.
Je visionne l'enregistrement (j'espère qu'il reste encore en ligne aujourd'hui) et livrerai mon sentiment.

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Re: Haydn - Orlando paladino - Bolton / Ranisch - Munich - 07-2018

Message par Luc ROGER » 25 juil. 2018, 06:52

Merci Piero, l'enregistrement audio devrait au moins être disponible une semaine. J'attends vos commentaires éclairés de spécialiste avec une joyeuse impatience 😍

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Re: Haydn - Orlando paladino - Bolton / Ranisch - Munich - 07-2018

Message par HELENE ADAM » 25 juil. 2018, 23:18

Exceptionnel.... :D
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
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Re: Haydn - Orlando paladino - Bolton / Ranisch - Munich - 07-2018

Message par HELENE ADAM » 26 juil. 2018, 10:17

Représentation du 25 juillet
Je reviendrai plus tard sur l'ensemble de cette très amusante (et passionnante) représentation d'Orlando Paladino par une équipe de chanteurs exceptionnels qui se sont pris au jeu (et au drame) des quadruples mises en abymes de la mise en scène ingénieuse et jubilatoire (voir l'article de Luc Roger ci-dessus).

Mais je voudrais souligner la qualité de l'opéra d'abord, que je n'avais pas eu le temps d'entendre autrement qu'en enregistrement. Il est lui-même un joyeux mélange de styles et de morceaux, de comique avec fantastiques exercices de vocalises ou syllabiques (une scène digne du catalogue de Leporello dans DG par exemple), de tragique, des arias époustouflantes pour toutes les voix, des duos, des ensembles, des rebondissements incessants, bref une fête pour les oreilles qui me semble annoncer Rossini...

L'orchestre de chambre de Munich et son chef Ivor Bolton font des merveilles dans le strict respect de la musique baroque (petite formation idéale qui accompagne sobrement les récitatifs, assure merveilleusement les interludes et soutiens les arias et autres ensembles avec brio.

La distribution n'appelle elle aussi que des éloges avec des chanteurs comme Mathias Vidal ou David Portillo que nous avons entendus quelques fois au Théâtre des Champs Elysées ces dernières années, et qui confirment dans cette acoustique exceptionnelle et dans ce cadre idéal d'accompagnement orchestral de bonne taille, leur immense talent : belles voix, belles vocalises, engagement et plaisir à jouer et à chanter. Mention spéciale à l'éblouissant David Portillo, qu'on aurait plaisir à revoir rapidement, ce ténor belcantiste américain est surdoué (pour mémoire il avait été un formidable Pedrillo dans l'enlèvement au TCE en 2015). Mais le jeune ténor Dovlet Nurgeldiyev, manifestement de la troupe de Hambourg et que je ne connaissais pas, est également très prometteur : timbre magnifique, aucune difficulté dans le moindre aigu, belle régularité dans le chant, il campe un Medoro, romantique et émouvant.
On ne présente plus Edwin Crossler-Mercer, souvent torse nu dans la représentation, pectoraux impeccables, chant un peu sombre mais qui sied parfaitement au personnage, avec Matthias VIdal, leur complicité évidente fait merveille.
Mais j'ai gardé le meilleur pour la fin.
Car la voix la plus impressionnante, la plus étonnante, la plus scotchante, à tel point qu'on se dit que c'est presque trop opulent, trop beau, trop merveilleux pour être vrai, c'est celle de la belle Adela Zaharia, mon coup de coeur depuis sa Lucia en décembre dernier à Munich en remplacement de Damrau, et qui confirme (et plus encore) qu'elle a un talent fou, fou, fou...Elle est tellement étonnante qu'elle fait inévitablement de l'ombre aux deux autres rôles féminins pourtant brillamment tenus par l'énergique Tara Erraught (Alcina) et la délicieuse Elena Sancho Pereg (Eurilla).
Bref beaucoup de talents réunis, une mise en scène géniale, le beau cadre du jardin du Prinzregententheater pour l'entracte, un bel orage en prime, que du bonheur quand même....

PS : Avec Rachel Willis-Sorensen dont nous avons parlé récemment à propos de sa Donna Anna à Londres et que je vais voir demain à Munich en Hélène et la jeune Adela Zaharia, nous avons, AMHA, deux très brillantes interprètes qui sont en train de s'affirmer comme des futures sopranos de premier plan. (et je précise que ni l'une ni l'autre ne me font penser à la Callas.... :wink:
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Message par Luc ROGER » 26 juil. 2018, 10:20

Cent pour cent d accord avec Hélène, un grand régal musical💖

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Re: Haydn - Orlando paladino - Bolton / Ranisch - Munich - 07-2018

Message par HELENE ADAM » 28 juil. 2018, 14:48

Quelques photos du site du BSO

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Message par Piero1809 » 31 juil. 2018, 20:54

J'ai écouté la retransmission radiophonique et ne peux que parler de l'aspect musical.
Un Orlando paladino de haut vol aux plans orchestral et vocal.

J'avais dans l'oreille deux points de comparaison, la version d'Antal Dorati avec une pléiade d'artistes mais sur instruments modernes et celle de René Jacobs sur instruments anciens.

Pour moi la référence était la merveilleuse Arleen Auger dans le rôle d'Angelica et je la croyais irremplaçable. Ce rôle avec cinq grands airs et une participation à tous les ensembles est le plus important de l'opéra. Ces airs comportent presque toujours une partie lente et une partie rapide avec plein de vocalises acrobatiques et de suraigus spectaculaires. J'ai été conquis par la musicalité de Adela Zaharia dans les premières parties et sa virtuosité dans les parties rapides. Une intonation impeccable, un timbre d'une pureté admirable, des vocalises d'une précision impressionnante sont ses plus grandes qualités avec en plus le rendu parfait des tourments d'une femme, amoureuse d'un homme (Medoro) qui ne la mérite pas et harcelée par un autre (Orlando) qui sombre dans la folie.
Le rôle de Medoro est conforme à celui généralement donné dans le théâtre baroque à l'amoureux de l'héroïne, personnage souvent falot et même parfois ridicule. Toutefois il chante certains parmi les plus beaux airs de la partition et le ténor Dovlet Nurgeldiyev en a donné une excellente interprétation avec une voix bien projetée au timbre superbe et à la technique vocale accomplie.
Le rôle de Rodomonte a été voulu plutôt comique par Haydn, il me semble. Au début le personnage se manifeste par ses...rodomontades et sa volonté d'en découdre avec tout le monde. Edwin Cross-Mercer m'a paru trop sérieux et sa sombre voix de baryton basse m'a semblé peu adaptée au rôle. Cela dit, la voix est magnifique et les deux airs principaux furent chantés remarquablement.
Pasquale est une des plus belles créations de Haydn qui lui fait chanter deux airs mémorables, le premier est un air de catalogue tout à fait irrésistible. Quant au second, c'est le récit des exploits d'un musicien, type d'air très fréquent dans l'opéra buffa du 18ème siècle. et pratiqué par Cimarosa à plusieurs reprises, Fioravanti, Gnecco, etc...De plus Pasquale chante avec Eurilla (excellente Elena Sancho Pereg) un célèbre duetto qui devint un tube dix ans plus tard en Angleterre. David Portillo en donne une version impeccable au plan technique avec des envolées magnifiques mais n'égale pas en tempérament comique l'inimitable Domenico Trimarchi.
Le rôle titre est très difficile car peu spectaculaire, il demande un chanteur comédien capable d'exprimer une évolution crédible vers la folie. Le chanteur idéal pour moi aurait pu être Jeremy Ovenden. Mathias Vidal en donne une interprétation relativement simple mais souvent émouvante et convaincante.
Caronte ne chante qu'un seul air (excellent François Lis) mais quel air! Je ne peux m'empêcher de penser à Berlioz!

Quelques coupures m'ont semblé malvenues. Pourquoi raccourcir le finale de l'acte II au moment le plus palpitant. L'ensemble entonne A poco a poco...pianissimo et aboutit à un fortissimo. au terme d'un impressionnant crescendo. Ce passage fabuleux doit être répété. Le chef ne rend pas justice à un des moments les plus excitants de l'oeuvre.

Pour expliquer pourquoi cet opéra regorgeant de richesses qui anticipe les meilleurs de Mozart, n'est pas devenu un grand classique, je me risque à suggérer que c'est la faute de la découpe en trois actes. Avec deux grandioses finales d'actes au terme des actes I et II, Haydn a quasiment épuisé tout le ressort dramatique et l'acte III ne sera plus qu'un appendice d'une vingtaine de minutes. Malgré la vivacité du vaudeville final, on reste un peu sur sa faim. Deux ans après Paisielle inaugurera son Re Teodoro in Venezia, un autre Dramma eroicomico en deux actes, découpe qui sera adoptée par Mozart et Da Ponte à partir de 1786.

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Re: Haydn - Orlando paladino - Bolton / Ranisch - Munich - 07/2018

Message par Luc ROGER » 03 août 2018, 13:28

Merci Piero pour cette magnifique analyse si bien informée, un régal!

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