Charpentier- La descente d'Orphée aux Enfers - Daucé- Rouen- 30/05/2018

Représentations
Répondre
Avatar du membre
pingpangpong
Baryton
Baryton
Messages : 1535
Enregistré le : 09 déc. 2007, 00:00
Contact :

Charpentier- La descente d'Orphée aux Enfers - Daucé- Rouen- 30/05/2018

Message par pingpangpong » 02 juin 2018, 08:15

Marc-Antoine Charpentier
La Descente d’Orphée aux Enfers (opéra de chambre en 2 actes)
Motet pour les Trépassés
Antiphona in honorem Beatae Virginis a redemptione captivorum

Orphée David Tricou
Eurydice Caroline Weynants
Daphné Violaine Le Chenadec
Oenone Rachel Redmond
Aréthuze, Proserpine Caroline Arnaud
Bas-dessus Lucile Richardot
Ixion Stephen Collardellen
Tantale Davy Cornillot
Apollon, Titye Étienne Bazola
Pluton Nicolas Brooymans

Direction musicale et orgue Sébastien Daucé
Ensemble Correspondances


L'opéra de chambre de Marc-Antoine Charpentier, composé en 1686 pour la Duchesse de Guise, au service de laquelle il se trouve depuis seize années, est destiné à un effectif modeste, non par choix mais par soumission au diktat de Jean-Baptiste Lully dont le monopole n'en finit pas de plomber la vie musicale française jusqu'à sa mort en mars de 1687. De cette époque datent également Actéon ou Les Arts Florissants.
Le bref premier acte, cadre bucolique, nymphes, bergers et musique ad-hoc, voit Euridice périr, mordue par un serpent. Orphée, plutôt qu'à recourir au suicide, est incité par Apollon à descendre “implorer la puissance du Prince ténèbreux qui règne chez les morts“.
Au second acte, après avoir suspendu par son chant le martyr de Tantale, Ixion et Titye, trois suppliciés du Tartare, Orphée s'adresse à Pluton, puis narre son malheur pour répondre à la demande de Proserpine, qui l'encourage à faire fléchir, non sans flatteries, le maître des Enfers qui “ne retient qu'à peine ses larmes“.
L'œuvre s'achève sur les longs adieux à Orphée des ombres heureuses, fantômes et furies, qui garderont un souvenir si doux de sa “voix touchante“.
Egalement touchante, la partition de Charpentier suit son cours une petite heure durant, sans alanguissement ni regard en arrière.
S.Daucé s'est fait, ces dernières années, le champion du compositeur, tant au concert qu'au disque, chez Harmonia Mundi et Zig-Zag Territoires. La souplesse de l'Ensemble Correspondance, et de son chef, la ductilité de ses trois violes, ses flûtes à bec expressives, s'adaptent parfaitement à cette œuvre sans effets superflus, dont elle est de toute façon dépourvue, la poésie et les couleurs vocales et instrumentales faisant tout le prix de l'interprétation.

On retrouvait, lors de ce concert donné en la Chapelle Corneille, les mêmes interprètes qu'au disque, paru en août 2017, avec l'Orphée de Robert Getchell remplacé ici par David Tricou.
Ce dernier compose un intense Orphée, audiblement et visuellement fiévreux et lyrique. Son Euridice, déploie un beau timbre chaleureux, soutenue par des compagnes harmonieusement choisies, tout comme l'Apollon d'Etienne Bazola, qui chante également Titye, est majestueux.
Le couple infernal, incarné par N.Brooymans et C.Arnaud, manque certes de flammes, de noirceur, mais l'autorité de Pluton et le jeu de regards entre Orphée et Proserpine sont un plus.
Les deux œuvres à caractère religieux, écrites en latin, jouées respectivement avant et après l'entr'acte et donc, entre les actes I et II de la Descente d'Orphée, si elles sont en cohésion avec le propos, semblent trop en décalage.
En bis, la voix, toujours impressionnante, de Lucile Richardot entonne le “When Orpheus sang“ de Henry Purcell, avant que tous ne reprennent les adieux à Orphée de l'opéra de Charpentier “Hélas, vous êtes disparus comme des songes agréables“.
On ne saurait mieux dire.
E.Gibert
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

Répondre