Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Représentations
Avatar du membre
MariaStuarda
Basse
Basse
Messages : 7263
Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
Localisation : Paris
Contact :

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par MariaStuarda » 15 avr. 2018, 15:15

Ce qui est étonnant, c'est que Pratt a également commencé hier avec un vibrato inquiétant dans son air d'entrée et une fois, la voix chauffée, celui-ci a quasiment disparu. Placido pourra compléter cat c'est lui le spécialiste, elle a, par ailleurs, fait moins de suraigus qu'au TCE (c'était quoi d'ailleurs cette note dans le duo avec le frère ?!!!!) mais pour un résultat dramatique autrement convaincant et finalement extraordinaire hier soir.

paco
Hall of Fame
Hall of Fame
Messages : 12894
Enregistré le : 23 mars 2006, 00:00

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par paco » 15 avr. 2018, 16:51

PlacidoCarrerotti a écrit :
15 avr. 2018, 13:42
J’entends systématiquement parler du vibrato de Grigolo en retransmission, notamment sur les forums US de vieux qui ne se déplacent plus, n'écoutent que Sirius et ne jurent que par Milanov. Rien de choquant à la scène AMHA.
HAHA, bien d'accord avec toi ! :lol:

De même, je lis sans cesse des récriminations sur la prétendue sagesse de Pratt, son soi-disant manque d'engagement dramatique blabla, ... Personnellement, à chaque fois que je l'ai vue en version scénique elle m'a transporté !

Je comprends tout à fait que Bernard soit sorti dingue de cette Lucia Pratt-Grigolo (et je suis jaloux de ne pas y avoir été :wink: )

Avatar du membre
PlacidoCarrerotti
Hall of Fame
Hall of Fame
Messages : 17209
Enregistré le : 04 mars 2003, 00:00
Contact :

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par PlacidoCarrerotti » 15 avr. 2018, 17:27

MariaStuarda a écrit :
15 avr. 2018, 15:15
Ce qui est étonnant, c'est que Pratt a également commencé hier avec un vibrato inquiétant dans son air d'entrée et une fois, la voix chauffée, celui-ci a quasiment disparu. Placido pourra compléter cat c'est lui le spécialiste, elle a, par ailleurs, fait moins de suraigus qu'au TCE (c'était quoi d'ailleurs cette note dans le duo avec le frère ?!!!!) mais pour un résultat dramatique autrement convaincant et finalement extraordinaire hier soir.
Avec le frère mi bémol classique (à vérifier : dans le ton original ce serait un mi mais à part Kolonits toutes chantent un demi ton plus bas).
Avec le prêtre c’était un contre fa (rarissime sur scène).
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

Avatar du membre
Bernard C
Hall of Fame
Hall of Fame
Messages : 12735
Enregistré le : 04 mai 2011, 23:00

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par Bernard C » 15 avr. 2018, 17:42

Oui rarissime, même si je ne suis que moyennement amateur , quel cran ! à la mesure de ce qu'elle a jeté dans cette représentation ! Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v

Avatar du membre
MariaStuarda
Basse
Basse
Messages : 7263
Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
Localisation : Paris
Contact :

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par MariaStuarda » 15 avr. 2018, 17:44

PlacidoCarrerotti a écrit :
15 avr. 2018, 17:27
Avec le prêtre c’était un contre fa (rarissime sur scène).
Surnaturelle !
Formidable qu’elle l’ait tenté en live au MET (et réussi).
paco a écrit :
15 avr. 2018, 16:51

Je comprends tout à fait que Bernard soit sorti dingue de cette Lucia Pratt-Grigolo (et je suis jaloux de ne pas y avoir été :wink: )
Et il n’est pas le seul !

mariuszbartok
Mezzo Soprano
Mezzo Soprano
Messages : 168
Enregistré le : 04 août 2016, 11:04

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par mariuszbartok » 15 avr. 2018, 18:37

PlacidoCarrerotti a écrit :
15 avr. 2018, 17:27
MariaStuarda a écrit :
15 avr. 2018, 15:15
Ce qui est étonnant, c'est que Pratt a également commencé hier avec un vibrato inquiétant dans son air d'entrée et une fois, la voix chauffée, celui-ci a quasiment disparu. Placido pourra compléter cat c'est lui le spécialiste, elle a, par ailleurs, fait moins de suraigus qu'au TCE (c'était quoi d'ailleurs cette note dans le duo avec le frère ?!!!!) mais pour un résultat dramatique autrement convaincant et finalement extraordinaire hier soir.
Avec le frère mi bémol classique (à vérifier : dans le ton original ce serait un mi mais à part Kolonits toutes chantent un demi ton plus bas).
Avec le prêtre c’était un contre fa (rarissime sur scène).
Génial qu'elle ait tenté ce fa! Elle est dingue! :Jumpy:

En fait, dans le duo avec Enrico ce n'est qu'un contre- (comme à la fin de "Quando rapito in estasi", dans la tonalité courante), et non un mi bémol. Enrico conclue par un sol.
Habituellement ce duo est donné un ton plus bas (en sol majeur) que la version originale (en la majeur; celle que Sutherland et Milnes concluent respectivement d'un mi puis d'un la).

Avatar du membre
MariaStuarda
Basse
Basse
Messages : 7263
Enregistré le : 13 févr. 2013, 14:33
Localisation : Paris
Contact :

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par MariaStuarda » 16 avr. 2018, 08:32

Représentation du samedi 14 avril

Point final d’un séjour lyrique où la barre était mise très haute, ce Lucia avait été le fruit d’un choix à faire entre deux week-ends consécutifs, celui-ci, et le suivant qui aurait permis de voir la prise de rôle de Netrebko dans Tosca. Bref Jessica Pratt et Vittorio Grigolo avaient emporté le morceau ce qui me permit de voir (cerise sur le gâteau) le Tristan (acte II) de Kaufmann, non initialement prévu au programme.

Le challenge pour Jessica Pratt était de taille notamment parce qu’elle suivait dans cette production, une Natalie Dessay qui marqua nettement le rôle - on se souvient des affiches qui parsemaient les rues de NY - puis une certaine Anna Netrebko, deux véritables bêtes de scène à leur manière, sans compter quelques autres poids lourds.
Lorsqu’elle arrive en scène, on ne manque pas d’avoir un peu peur, la projection semble un peu limitée pour le grand vaisseau du MET et la voix est affectée d’un vibrato assez inhabituel. On pense que le trac (tellement normal dans une situation aussi extraordinaire) n’y est pas pour rien. L’air d’entrée est de toute beauté mais semble un peu empesé pour une artiste qui marque actuellement le bel canto de son empreinte. Tout de suite après, surgit une tornade nommée Vittorio Grigolo, une masse de testostérone vibrionnante et presque caricaturale (une caricature d’italien me dit une amie originaire du pays de Donizetti) qui sautille sur le plateau, happe et entraîne sa partenaire dans un duo endiablé. Il faut reconnaître que tel n’est pas la moindre des qualités de Grigolo que d’insuffler, pour le coup avec la complicité merveilleuse de Roberto Abbado, une énergie presque surnaturelle qui vous place de fait dans l’œil d’un cyclone stupéfiant. Jouant de sa voix désormais dotée d’un volume impressionnant, il pousse ses partenaires à le suivre dans une cavalcade non dénuée de risques mais qui va s’avérer libératrice et, dans une alchimie surprenante, faire de cette représentation une des soirées les plus excitantes que l’on puisse connaître.
Jessica Pratt, affranchie, pousse parfois sa voix de manière dangereuse et donne une performance hors du commun qui culmine dans une scène de la folie d’une rare beauté, celle d’une femme à la fois démente, volontaire, révoltée, qui jette ses dernières forces dans la bataille de sa vie tragique. Elle me laissera sous le choc, les yeux embrumés.
On regrette dans ce qui suit que Grigolo ne soit pas capable d’abandonner sa gestuelle sautillante dans la scène du cimetière car la messe est dite. Jessica - Lucia a vaincu, tout en finesse, son partenaire hystérique en donnant un tour d’une subtilité inouïe à un combat inégalement démarré sous les auspices de la rudesse masculine face à laquelle la pauvre femme n’avait qu’à suivre ... ou mourir.
Ainsi on se serait bien passé, même si le chant est superbe, même si Vittorio meurt comme un chanteur d’opéra idéal, des spasmes d’un Edgardo à qui on aurait aimé dire de la mettre en sourdine. Bref, malgré ce défaut inhérent à l’individu qui ne sait saluer une salle après avoir fait son show, que le genou à terre et les bras au ciel, on lui sied grès d’avoir mené tout le monde sur des cimes atteintes grâce à ses outrances.
Il faut dire que, côté testostérone, Massimo Cavalletti n’a rien à envier à Vittorio Grigolo. Encore plus débraillé que son partenaire dans sa scène d’entrée, il incarne parfaitement une brute épaisse bien loin d’un Marius Kwiecien qui marqua le rôle par son ambiguïté. Pour autant, on ne peut lui tenir rigueur de cet étalage d’effets tant il est en phase et en miroir avec son partenaire masculin.
Vitalij Kowaljow est un Raimondo de toute beauté qui a la voix et l’autorité nécessaires pour tenir tête et au frère et à l’amant.

Roberto Abbado ne se laisse pas impressionner par cette équipe de machos et emmène son équipage et son orchestre avec une élégance rare, ne se laissant jamais dépasser par le cheval fou, l’accompagnant plutôt tout en prenant garde à ne laisser personne sur le bord de la route.

La mise en scène de Mary Zimmerman que je découvrais pour la première fois sur scène, après l’avoir vu tant de fois en salles de cinéma et en DVD, est une vraie réussite. Chaque tableau, sobre et fidèle à l’histoire, est pertinent et l’escalier de la scène de la folie un accessoire aussi spectaculaire que la descente aux enfers de l’héroïne.

Finalement, comme souvent à New-York, on se demande quel spectacle du tiercé que vous aviez concocté va sortir du lot voire rester dans votre mémoire pour longtemps. Sans aucun doute, c’est cette Lucia qui s’impose. Jessica a vaincu (certes boostée par Vittorio) Jonas, Sonya et Placido. Belle performance Madame !

Avatar du membre
HELENE ADAM
Hall of Fame
Hall of Fame
Messages : 19899
Enregistré le : 26 sept. 2014, 18:27
Localisation : Paris
Contact :

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par HELENE ADAM » 16 avr. 2018, 11:35

Super CR merci ! Jessica Pratt aux prises avec deux brillants Italiens, italianissimo, et qui ne se laisse pas impressionner, on imagine... :roll: .
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère

Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr

paco
Hall of Fame
Hall of Fame
Messages : 12894
Enregistré le : 23 mars 2006, 00:00

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par paco » 16 avr. 2018, 11:56

MariaStuarda a écrit :
16 avr. 2018, 08:32
Bref, malgré ce défaut inhérent à l’individu qui ne sait saluer une salle après avoir fait son show, que le genou à terre et les bras au ciel,
:lol: Je vois qu'il n'a pas changé :lol: Mais je suis bien d'accord avec toi : dans 95% des cas je me dis "heureusement qu'il est là pour donner de l'énergie aux autres et faire vibrer un peu la représentation !"

Avatar du membre
jerome
Hall of Fame
Hall of Fame
Messages : 11889
Enregistré le : 03 mars 2003, 00:00
Localisation : NANCY

Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - Abbado / Zimmerman - NY Metropolitan Opera - 04/2018

Message par jerome » 26 avr. 2018, 22:17

Moi je bois du petit lait!!!
Des années que je dis que Pratt est LA belcantiste de notre époque et certainement la meilleure relève de Sutherland (même si Joan avait des moyens plus larges)
oui actuellement, il n'est pas de meilleure Lucia que Pratt (qui dépasse de très très très loin celle de Dessay)

Répondre