Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par aurele » 18 mars 2018, 19:41

J'y serai le 24 mars, même avec ma jambe du genou au bas de celle-ci dans son attelle suite à une luxation de la rotule gauche en début de semaine.

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par fomalhaut » 18 mars 2018, 19:54

J'ai exprimé, ci-dessus, quelques réserves quant à cette production.
Bien sûr, cela ne m'interdit pas de la suivre avec intérêt quand bien même il ne m'est pas possible de me rendre à Lyon.
Sait-on si une radiodiffusion (ou videodiffusion) est prévue ?

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Piem67
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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par Piem67 » 18 mars 2018, 22:16

Bon, revenons au sujet du fil : j'étais à la première hier soir et je me lance.

Sentiment très mitigé pour ma part, sur beaucoup de points : l'œuvre dans cette version tout d'abord, la mise en scène d'Honoré, la distribution et le chef (oui, la totale quoi...).

"Don Carlos" est un de mes Verdi préférés, mais si j'avais découvert cet ouvrage dans la présente version, j'aurais trouvé cela bien long, pas bien toujours palpitant et avec de sacrés creux dans l'inspiration du compositeur alors que, dans la version italienne, je n'ai jamais pensé tout cela... (cela en dit long sur le génie de Verdi qui a su condenser son propos pour arriver aux 5 actes en italien). Le pire a été pour moi le ballet (qui plus est était raccourci pour cette prod) qui est le pire que Verdi ait composé, pas d'inspiration, de la musique au kilomètre sans intérêt. Mais il y a bien d'autres moments où l'inspiration n'est pas là et que c'est bavard...

Distribution dominée, pour moi, par un Stéphane Degout inattendu dans ce répertoire et absolument splendide de bout en bout : noblesse de l'incarnation, ligne de chant à se damner, prononciation impeccable.

Eve-Maud Hubeaux (que j'ai beaucoup entendue à Strasbourg) a été également splendide en Eboli, une voix tranchante (peut-être un poil métallique certes) et une incarnation magistrale.

J'ai bien aimé le Don Carlos de Romanovsky, la voix est belle, le chant très soigné mais les aigus manquent d'impact ce qui est un peu ennuyeux pour ce rôle où les emportements ne manquent pas.

Tous les autres chanteurs ne m'ont personnellement pas emballé.

L'Elisabeth de Sally Matthews commence mal la soirée, avec un vibrato prononcé et une voix très couverte, ça s'améliore par la suite avec un aigu percutant, mais trop, ça "gueule" trop pour moi dans ce répertoire, ça manque de noblesse (pas vraiment le personnage).

Le Philippe de Pertusi m'a laissé complètement froid, voix usée, trémulante, grise du medium au grave... enfin, ce qu'il en reste c'est-à-dire pas grand chose, pas d'émotion.

L'Inquisiteur de Scianduzzi affiche un matériau conséquent et bien plus beau que Pertusi mais il se lâche un peu trop et ça vire au grand guignol (la faute aussi à Rustioni, j'y reviendrai).

J'ai bien aimé le page de Jeanne Mendoche, jolie voix bien projetée et avec de la personnalité.

Chœurs très satisfaisants pour les tutti, mais quand il s'agit de "petits chœurs" (notamment chez les hommes), l'homogénéité n'est pas terrible terrible.


Côté mise en scène, ça m'a là aussi laissé assez froid. Décors très dépouillés mais pas beaux (sauf celui du Monastère, le plus passable), beaucoup de rideaux (parfois mobiles), ambiance très sombre (ça, c'est très bien), direction d'acteurs parfois intéressante, grande importance donnée aux serviteurs et "gardes du corps" des uns et des autres (le face à face Philippe II / Posa est "doublé" par celui des serviteurs et gardes du corps ce qui donne une plus grande intensité encore, pour moi l'un des meilleurs moments de la soirée) mais du coup, il se passe parfois bien trop de choses sur scène, on se demande qui sont ces gens et quelles sont leurs motivations. Bizarrerie que coller Eboli dans un fauteuil roulant toute la soirée (intérêt ?...). Le pire est tout de même la mise en scène et la chorégraphie pour le tableau des jardins, la nuit. Chorégraphie peu compréhensible, beaucoup de bruit, d'agitation (sur une musique pas passionnante en plus...). Tableau de l'autodafé complètement raté : tous les chanteurs sont dans des cases (le décor de "Claude" d'Olivier Py recyclé sans doute - style Académie des 9 pour ceux qui connaissent) et se retrouvent complètement statiques, du coup le face à face Carlos-Philippe manque totalement de surprise et d'intensité et le tableau de grandeur. Gros gros raté. A cela ajoutons des changements de décor très longs...


Rustioni dégage une très belle énergie, les tempi sont souvent rapides (trop pour moi parfois), peu d'alanguissements (sauf un curieux ritenuto à la fin du thème de l'amitié Carlos/Posa, limite mauvais goût). On sent qu'il veut que ça avance (on le comprend, 5 h. de spectacle !) mais du coup, il n'y a pas d'émotion et parfois il ne maîtrise pas ses chanteurs qui se laissent aller j'ai trouvé. L'énergie c'est bien, mais pas quand ça anesthésie le discours...

Très bel orchestre mais je voudrais mettre l'accent sur un aspect qui m'a beaucoup dérangé en cette soirée de première :
j'étais côté jardin, et avais donc trompettes et trombones en face de moi. Pendant la deuxième partie de la soirée, il y a eu visiblement du "rififi" chez les trompettes, notamment entre la première et la troisième, puis ça s'est étendu aux trombones. La première trompette m'a paru très agacé, énervé et n'a cessé de s'agiter, discuter (et parfois tourner les pages bruyamment pendant toute une bonne partie du spectacle). C'était vraiment dérangeant (avec en +, les allers et retours de ces messieurs qui, dès qu'ils ne jouent pas un certain temps, sortent de la fosse pour aller griller une clope et reviennent en masse (une dizaine de musiciens) dans la fosse parfois à un moment où on aurait aimé ne pas avoir de "pollution visuelle" dans son champ de vision - car ces messieurs ne doivent pas savoir que dans un opéra, il y a des balcons...). Je sais que c'est la même chose dans tous les opéras de France mais je trouve assez lamentable que, parce qu'on a rien à jouer pendant X mesures, on sorte et on revienne ensuite jouer ses notes. Ca fait "fonctionnaire" de la pire espèce.

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par muriel » 18 mars 2018, 23:01

Soirée un peu longue avec des changements de décor interminables.

La mise en scène fonctionne bien, c'est émouvant, plus cohérent qu'à Paris, l'amour entre Carlos et Elisabeth est évident, sensuel, beau.
Le tableau d'Eboli est très réussi , elle est particulièrement sexy, très belle , beaucoup plus ensorcelante et fascinante que Garanca, surtout moins froide. La voix et l'incarnation de Hubeaux sont époustouflantes.
Normalement elle est borgne, ici elle est en fauteuil, c'est un choix. Quand on est en fauteuil, on se relève difficilement , ou jamais, ce qui explique que ça dure tout le spectacle...

La scène de l'autodafé est aussi très impressionnante.

Vocalement, après Hubeaux, c'est le triomphe de Degout, la beauté, l'intelligence du chant. Le jeu impeccable.
J'ai adoré Pertussi, sa classe, sa prestance et l'immense émotion à la fin du rôle.
Scianduzzi très impressionnant mais moins que dans Macbeth la veille.

Côtés ratages, c'est l'acte de Fontainebleau , mise en scène sans intérêt, un Carlos qui chante faux et mal du début à la fin, pas aidé par les cors lamentables.
Carlos s'améliore tout au long de la représentation, avec de très beaux moments, la voix est effectivement très belle, la diction pas mauvaise des aigus souvent difficiles, c'est curieux pour un rossinien.
Physique très avantageux, comme Elisabeth , très belle femme, la voix est là mais elle hurle parfois et le vibrato est trop prononcé. Assez incompréhensible (je n'ai pas cessé une minute de penser à Yoncheva, la comparaison est terrible).

Ensuite le ballet, qui commence par un Madison dansé par le chœur, ça c'est marrant , mais se poursuit par des gesticulations saccadées et des combats entre 4 esclaves... très pénible.

Et honte à la trompette solo qui a gâché la mort de Posa. Peut-être la mésentente dont parle Piem.

Sinon l'orchestre était magnifique, les chœurs aussi mais en dessous de la prestation beaucoup plus accomplie de Macbeth (et aussi de Attila).

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par TheJayBee » 18 mars 2018, 23:05

https://www.youtube.com/watch?v=z0WvtyW ... e=youtu.be

Faites-vous votre propre opinion (sur un enregistrement de qualité moyenne)...

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par paco » 18 mars 2018, 23:49

Piem67 a écrit :
18 mars 2018, 22:16
trompettes et trombones (...) avec en +, les allers et retours de ces messieurs qui, dès qu'ils ne jouent pas un certain temps, sortent de la fosse pour aller griller une clope et reviennent en masse (une dizaine de musiciens) dans la fosse parfois à un moment où on aurait aimé ne pas avoir de "pollution visuelle" dans son champ de vision -
Dans la plupart des cas, ils sortent pour maintenir la technique, ne pas laisser s'endormir lèvres, souffle etc., bref continuer à jouer quelques notes pour maintenir instrument et corps humain en état de jouer dès que ce sera de nouveau leur tour (ces instruments ont besoin d'un certain temps d'échauffement, les laisser longtemps sans jouer peut causer des couacs le moment venu). Dans tous les opéras de la planète entière tu observeras ce "ballet" dans la fosse.
=> S'ils avaient leur instrument avec eux en sortant de la fosse, c'était certainement pour cela, si en revanche ils avaient les mains dans les poches, alors là oui c'était pour causer et ce n'était pas pro. Mais dans la plupart des cas, ils sortent avec leur instrument.

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par Piem67 » 18 mars 2018, 23:52

paco a écrit :
18 mars 2018, 23:49
Piem67 a écrit :
18 mars 2018, 22:16
trompettes et trombones (...) avec en +, les allers et retours de ces messieurs qui, dès qu'ils ne jouent pas un certain temps, sortent de la fosse pour aller griller une clope et reviennent en masse (une dizaine de musiciens) dans la fosse parfois à un moment où on aurait aimé ne pas avoir de "pollution visuelle" dans son champ de vision -
Dans la plupart des cas, ils sortent pour maintenir la technique, ne pas laisser s'endormir lèvres, souffle etc., bref continuer à jouer quelques notes pour maintenir instrument et corps humain en état de jouer dès que ce sera de nouveau leur tour (ces instruments ont besoin d'un certain temps d'échauffement, les laisser longtemps sans jouer peut causer des couacs le moment venu). Dans tous les opéras de la planète entière tu observeras ce "ballet" dans la fosse.
=> S'ils avaient leur instrument avec eux en sortant de la fosse, c'était certainement pour cela, si en revanche ils avaient les mains dans les poches, alors là oui c'était pour causer et ce n'était pas pro. Mais dans la plupart des cas, ils sortent avec leur instrument.
Merci Paco, mais je les ai toujours vus (quelle que soit la maison d'opéra) sortir SANS leur instruments, et même SANS leur embouchure. Donc, à mon avis, c'est pour la clope ou le café.
(s'ils sortent avec leur instrument, c'est uniquement pour jouer en coulisses si la partition le réclame, je n'ai JAMAIS vu une autre situation)

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par micaela » 19 mars 2018, 00:03

Ou téléphoner...A moins que l'usage des portables soit interdit dans les coulisses .
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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par Adalbéron » 19 mars 2018, 00:20

Piem67 a écrit :
18 mars 2018, 22:16
"Don Carlos" est un de mes Verdi préférés, mais si j'avais découvert cet ouvrage dans la présente version, j'aurais trouvé cela bien long, pas bien toujours palpitant et avec de sacrés creux dans l'inspiration du compositeur alors que, dans la version italienne, je n'ai jamais pensé tout cela... (cela en dit long sur le génie de Verdi qui a su condenser son propos pour arriver aux 5 actes en italien). Le pire a été pour moi le ballet (qui plus est était raccourci pour cette prod) qui est le pire que Verdi ait composé, pas d'inspiration, de la musique au kilomètre sans intérêt. Mais il y a bien d'autres moments où l'inspiration n'est pas là et que c'est bavard...
Mieux vaut lire ça que d'être aveugle !!!
J'aime les deux œuvres (pour moi, ce sont vraiment deux œuvres différentes), mais je préfère largement la version française, que je trouve même trop courte ;). Il s'en dégage une mélancolie intense... les personnages sont beaucoup mieux caractérisés que dans les versions italiennes (5 ou 4 actes), j'ose à peine dire ici que leur psychologie est plus luxuriante et vraisemblable, je me contenterai donc de dire que l'expression de leurs affects, s'exprimant plus sourdement, gagne en épaisseur. Musicalement, je ne vois pas plus de ventres mous que dans quantité d'autres œuvres... il y a des choses bien plus ch****** à mon goût dans La Traviata ou Aïda par exemple (beaucoup de choses dans Aïda en fait, si on pouvait tout couper et jouer en boucle pendant 3 heures le dernier acte je serais comblé :mrgreen:).
Par contre oui, le ballet est inintéressant au possible. Je soupçonne Verdi d'avoir fait exprès de composer ça a l'arrache sur cet argument farfelu rien que pour montrer à quel point c'était une exigence absurde que cette nécessité d'intégrer absolument un ballet alors que ça n'est le plus souvent absolument pas motivé dramatiquement.

Tu comprends fomalhaut pourquoi on coupe toujours dans Don Carlos et d'autres grands opéras français, on râle toujours :(. Chez Wagner, chaque note est sacrée, même si on s'emmerde, on les garde ;)
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth

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Re: Verdi- Don Carlos - Rustioni / Honoré- Lyon- 03 & 04/2018

Message par micaela » 19 mars 2018, 00:24

Elle est très bien, cette version française, que je ne trouve pas non plus trop longue. Et je ne trouve pas que la musique soit ennuyeuse, à aucun moment (à Paris, on n'a pas eu le ballet). Et je dis ça alors que je garde une préférence pour la version italienne...
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