JOURNAL D’UN DISPARU
Opéra de Lyon / TNP Villeurbanne
Ivo Van Hove mise en scène
Jan Versweyveld conception décor et lumières
An D’Huys costumes
Krystian Lada dramaturgie
Peter Gijsbertsen ténor
Marie Hamard mezzo-soprano
Gijs Scholten van Aschat acteur
Lada Valešová, piano
Trees Beckwé* Isabelle Jacques* Lisa Willems* soprano
*membres de l’Académie de choeur de la Monnaie
Assistant metteur en scène : Romain Gilbert
Production: Muziektheater Transparant
Coproduction: Toneelgroep Amsterdam, De Munt/La Monnaie, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg Klarafestival, Kaaitheater, De Munt/La Monnaie, Operadagen Rotterdam, Beijing Music Festival
Coréalisation : Opéra de Lyon et Théâtre National Populaire
Programme:
LEOŠ JANÁČEK 1854–1928
› Zápisník zmizelého (Journal d’un disparu), JW 5/12 (1917–1920)
ANNELIES VAN PARYS °1975
› Tagebuch (2017, Première en France)
TNP de Villeurbanne, le vendredi 8 Février 2018
Une correspondance de plus de 700 lettres pendant 11 ans, et une influence déterminante dans la carrière de Janacek : c’est le fruit d’une rencontre aussi inattendue que singulière entre le compositeur et une jeune femme modeste, Kamila Stösslová, de presque 40 ans sa cadette en juillet 1917. Un mois après sa première lettre à Kamila, il lui fit part de son projet de composer « le journal d’un disparu ». Il mettra ainsi en musique 23 poèmes courts publiés anonymement en mai 1916 dans le quotidien Brno Lidove noviny (Journal du peuple). Il acheva ce cycle de chant pour ténor, mezzo, trois voix de femmes et piano en 1919. La première aura lieu à Brno en 1921, et la première représentation scénique aura lieu 5 ans plus tard.
C’est une histoire d’un amour Tzigane. Une histoire d’amour qui sera son propre fantasme. L’histoire d’amour d’un jeune paysan (Yanik) qui quittera sa famille pour aller vivre avec une femme tzigane (Zefka) qui porte son enfant.
Dans la pièce de Janacek, Zefka n’a qu’un rôle discret. Elle ne doit apparaître sur scène qu’au chant VII, et doit quitter la scène discrètement au cours du chant XI pour ne pas rompre avec l’intimité du récital de chant.
Dans la version mise en scène par Ivo Van Hove, la compositrice Annelies Van Parys a été invitée à écrire 5 pièces pour mezzo inspirées de la pièce de Janacek. En plus de rallonger l’œuvre, cela a pour effet de rééquilibrer la partition ténor / mezzo et d’inclure la rôle de Zefka comme un personnage actif. Si Yanik voit en Zefka une femme sauvage et mystérieuse avant de céder à son désir, Zefka s’interroge quant à elle sur les conséquences de son départ du clan tzigane.
L’inclusion de ces pièces dans l’œuvre de Janacek est somme toute assez logique tant la compositrice a travaillé sur la ligne mélodique et sur les sonorités de la langue. L’auditeur non averti ne fera d’ailleurs pas forcément la différence avec l’œuvre de Janacek, ne serait-ce la lumière dont les pièces de Annelies Van Parys regorgent.
Le dramaturge Krystian Lada a également inclus dans l’œuvre quelques dialogues ainsi que la lecture de lettres de Janacek a Kamila, après que le dernier poème où Yanik choisit de rejoindre sa belle ait été chanté.
Ivo Van Hove transpose l’œuvre dans un bureau de photographe. Beaucoup d’éléments de décors de Jan Versweyveld accrochent l’œil. Une partie cuisine / labo photo, le bureau où sont entreposées toutes les épreuves en vrac, une partie salon qui cache le piano, et une partie chambre où Yanik (Janacek) attendra sa bien-aimée. Il rajoute également un acteur qui sera le double du rôle masculin : un homme à la fin de sa vie (Janacek) se rappelle de sa jeunesse (Yanik). Beaucoup d’éléments qui font que le spectateur se perd parfois, puis se raccroche à tout ce qui lui est proposé. Au milieu de cette profusion d’informations, la direction d’acteur est sobre et reste très efficace.
La mezzo Marie Hamard au timbre est chaud et rond délivre une belle performance pleine de caractère et de sensibilité. Le ténor Peter Gijsbertsen en proie à tous ses tourments donne une interprétation pleine de sens, passant de l’attirance, à la retenue par obligations sociales avant de céder. Les aigus finaux sont parfaitement maîtrisés et restent gravés comme un cri de libération et d’appel à la liberté.
Il ne faut pas oublier les 3 sopranos dont le chant est un peu étouffé du fait d’être positionnées derrière la paroi, et la formidable pianiste Lada Valešova au jeu délié et très présente.
Perrine
Janacek - Journal d'un disparu - Van Hove - Lyon- 02/2018
Janacek - Journal d'un disparu - Van Hove - Lyon- 02/2018
Le problème quand on trouve une solution, c\'est qu\'on perd une question.
Re: Janacek - Journal d'un disparu - Van Hove - 02/18 Lyon
Les photos donnent un curieux sentiment de "déjà vu" :
- décor esthétiquement très proche de celui d'Obsession du même Van Hove
- principe du tournage dans la pièce, qui rappelle les vidéos projetées dans les Damnés du même Van Hove.
Eh oh, Ivo van Hove, faudrait peut-être se renouveler de temps en temps hein ! ...
- décor esthétiquement très proche de celui d'Obsession du même Van Hove
- principe du tournage dans la pièce, qui rappelle les vidéos projetées dans les Damnés du même Van Hove.
Eh oh, Ivo van Hove, faudrait peut-être se renouveler de temps en temps hein ! ...
Re: Janacek - Journal d'un disparu - Van Hove - Lyon- 02/2018
Cette production sera reprise à Rouen la saison prochaine
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Janacek - Journal d'un disparu - Van Hove - Lyon- 02/2018
C'est assez amusant d'entendre " Ohé! Mes bœufs gris, labourez attentivement, ne vous tournez point du côté de la charmille ! " chanté par le ténor en sémillante chemise bleue sur pantalon strict occupé à manipuler des épreuves argentiques dans un labo photo... tout est pourtant très juste dans cette mise en scène qui nous expose ses sentiments, pulsions ou débats intérieurs ; on pourrait se passer des surtitrages ! La musique, le chant et l'ambiance crée par Ivo Van Hove suffisent à traduire l'intensité de la situation.
L'opéra est une gourmandise ...