Poulenc - Dialogues des Carmélites - Rohrer/Py - TCE - 02/2018

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Loïs
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Re: Poulenc - Dialogues des Carmélites - Rohrer/Py - TCE - 02/2018

Message par Loïs » 15 févr. 2018, 14:56

thierry a écrit :
15 févr. 2018, 14:25
Loïs a écrit :
15 févr. 2018, 14:09
thierry a écrit :
15 févr. 2018, 11:27
j'ai hate d'entendre V Gens dans la Voix Humaine
Quand et où?
http://www.atelierlyriquedetourcoing.fr ... maine.html
merci

srourours
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Re: Poulenc - Dialogues des Carmélites - Rohrer/Py - TCE - 02/2018

Message par srourours » 25 févr. 2018, 14:07

Je ne sais si je poste ces quelques impressions à la bonne place, les représentations caennaises s'inscrivant dans la foulée de celles données au TCE. Merci de m'avertir s'il faut ouvrir un fil spécifique.

Samedi 24/02, Théâtre de Caen, Représentation dédiée à Didier Lockwood

Il est toujours enthousiasmant de découvrir une production dont on a beaucoup parlé, d'aborder un inconnu connu en quelque sorte. Je ne reviendrais pas en détail sur la production de Py. Quelques impressions néanmoins. Indéniablement le spectacle est splendide visuellement, certains tableaux à l'architecture lumineuse complexe sont même franchement sublimes (et les références picturales nombreuses). Superbe travail donc de Pierre-André Weitz et Bertrand Killy. J'entends tout à fait que pour certains cette extrême stylisation puisse aller contre l'oeuvre. Je ne comprends le choix de Py de signifier le non de Blanche, cette ambiguïté détermine la force dramaturgique de l'oeuvre. Un mot sur la mort de la première prieure qui je trouve, est restituée d'une manière paradoxale: la stylisation extrême, la symbolique renvoie au Christ, et donc à une forme de contresens au regard des mots de la Prieure. Néanmoins, j'y vois un autre élément déterminant: Py nous donne à voir la mort en face, les yeux dans les yeux, et l'intimité fait jour dans la grandiloquence. Je suis ressorti chamboulé et ému, beaucoup du fait du plateau et de l'oeuvre, mais reconnaissant aussi d'un travail scénique relevant de l'artisanat porté à un haut degré.

Le premier acte voit le National laborieux et parfois franchement à la peine. Faux départs, justesse aléatoire, prestation catastrophique du pupitre de cors. La direction de Rhorer sonne plate et sans véritable sens dramatique, on ne sent ni continuité ni cohérence. Heureusement, au retour de l'entracte tout s'améliore tandis que le drame se noue.

Le plateau fut d'une densité et d'un niveau extraordinaire jusque dans les petits rôles. Remarquables commissaires (Enguerrand de Hys et Arnaud Richard), air du Geôlier superbement restitué, Piolino parfait comme à son habitude (il est vraiment un des grands ténors de caractère de notre époque). Les ensembles assurés par les carmélites accusent parfois quelques menus problèmes de justesse.
Le chevalier de Stanislas de Barbeyrac fut pour moi une révélation absolue:beauté et noblesse du timbre, musicalité, et surtout un soin de la ligne et du legato fabuleux.
Anne-Sophie Von Otter restitue le texte avec une grande intelligence, sans tomber dans l'emphase. La voix sonne toujours très bien, et il y a quelque chose dans l'attitude et la maintien qui colle parfaitement au personnage.
Remarquable Mère Marie de Sophie Koch même si le aigus sont parfois un peu durs, et hachent la ligne. C'est vraiment un rôle difficile et ingrat vocalement, tirant vraiment vers le soprano 2.Broutilles au regard d'une incarnation dramatiquement aboutie, d'un personnage complexe et difficile à appréhender.
Sabine Devieilhe aborde le rôle comme s'il avait été écrit spécifiquement pour sa voix, juvénile, fraîche et si sincère. C'est miraculeux et bouleversant. Je ne sais pas si je pourrais imaginer le rôle autrement que par cette voix, et cette silhouette, ce visage.
Véronique Gens que j'entendais pour la première fois à la scène m'a ému aux larmes. Cette grande voix à la simplicité désarmante, la construction physique, l'attitude du personnage sont si naturels. La voix est dense,rassurante et contraste à merveille avec le minéralité de celle de Koch.
Enfin Elodie Hache remplaçait Patricia Petibon, et sans doute propose autre chose tant les voix sont différentes. Les débuts sont hésitant, la voix sonne instable, avec quelques faussetés dès que la nuance n'est pas forte. Mais celle-ci chauffée peu à peu, elle déploie une voix de soprano lyrique, dotée d'une ample projection. Sans doute vocalement, la progression psychologique est moins perceptible. Mais cela reste tout à fait convaincant. Le duo avec le chevalier est à ce titre bouleversant.

Un grand moment de chant, et de musique.

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