Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

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JdeB
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Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

Message par JdeB » 20 déc. 2017, 13:11

Bach :
Cantate « Jesus schläft, was soll ich hoffen? » (BWV 81) : air « Jesus schläft, was soll ich hoffen? »
Concerto brandebourgeois n° 4 en sol majeur, BWV 1049
Cantate « Vergnügte Ruh » (BWV 170) pour alto, hautbois d’amour, orgue, cordes et basse continue
Concerto pour clavecin n° 5 en fa mineur (BWV 1056), version pour flûte de quatre, cordes et basse continue
Concerto brandebourgeois n° 2 en fa majeur, BWV 1047
Cantate « Himmelskönig sei willkommen » (BWV 182 ca) : Sinfonia, récitatif et air « Leget Euch dem Heiland unter »
Sonate en trio en sol majeur (BWV 1038) pour violon, flûte et basse continue
Cantate « Preise Jerusalem, den Herrn » (BWV 119) : Air « Die Obrigkeit ist Gottes Gabe »
Cantate « Meine Seufzer meine Tränen » (BWV 13) : Choral « Der Gott, der mir hat versprochen » avec orgue et clavecin

Andreas Scholl – contre-ténor

Ensemble 1700
Dorothee Oberlinger – flûte à bec et direction
Emiliano Rodolfi – hautbois
Lorenzo Cavasanti – flûte à bec
Dmitri Sinkovski – violon solo
Théâtre des Champs-Elysées, 22 décembre 2017

Concert pour Flûte et voix de contre-ténors

En période de Noël, qu’écouter de plus idoine que des cantates de Bach ? Andreas Scholl, est un habitué du Théâtre des Champs-Elysées où il débuta le 24 mars 1991 dans une Passion selon Saint Jean dirigée par René Jacobs et où il a déjà chanté un programme de cantates de Bach il y a deux ans, presque jour pour jour. Il revenait Avenue Montaigne une seconde fois cette année avec un programme inspiré de son tout récent disque, Small Gifts, pour le traditionnel concert Bach que nous propose habituellement cette salle à la mi-décembre.

Tout au long de sa féconde carrière, Andreas Scholl s’est toujours illustré par la beauté de son timbre, la maîtrise du souffle et une musicalité intériorisée portant vers la transcendance, notamment dans ce répertoire sacré qu’il affectionne particulièrement. Ces éminentes qualités étaient bien là, bien que le timbre se montre moins moelleux et ductile sous les atteintes du temps. La musicalité et l’intime pratique de ce répertoire amoindrissent pourtant cette dernière réserve portant sur des harmoniques qui ne sont plus aussi riches qu’il y a quelques années.

L’art de l’interprète lui faisait épouser au plus près les affects des cantates qui formaient le programme de la soirée : ainsi, Jesus schläft, was soll ich hoffen ? fait glisser dans un sommeil apeuré, tandis que Vergnüte Ruth berce avec suavité, dans son aspiration au repos ; Leget euch dem Heiland unter dialogue expressivement avec une flûte non moins somptueuse ; Die Obrigkeit ist Gottes Gabe se déroule avec une autorité gracieuse ; et le choral Der Gott, der mir hat versprochen scintille dans l’écrin que lui forment les flûtes et le hautbois.

Alternant concertos et sonates avec des cantates d’église, le programme donnait la part (presque trop) belle à l’instrumental. On ne s’en plaint pourtant pas, au vu de l’excellence de l’ensemble fondé par la flûtiste Dorothee Oberlinger. Celle-ci avait d’ailleurs choisi des pièces propres à mettre en valeur sa délectable virtuosité et son dynamisme glamour, tout comme celles de son premier violon, Dmitry Sinkovsky : la netteté des attaques, le fruité des harmoniques et l’enthousiasme ludique font merveilles dans un répertoire très connu que l’Ensemble 1700 sert avec panache et une large palette de couleurs. Les concertos Brandebourgeois se parent ainsi de chatoiements bienvenus grâce à savoureuse trompette de Wolfgang Gaisböck ou au hautbois bien-chantant de Emiliano Rodolfi, tandis que le concerto n°5 pour clavecin, dans une version pour flûte, se pare d’une tendresse qui en fait tout le charme. La sonate en trio BWV 1038 bénéficiait tout autant de leur souplesse nerveuse.

Sous la demande insistante du public, Andreas Scholl le gratifiaen bis d’un « Jesus bleibet meine Freude » rayonnant d’une joie tranquille, ainsi que d’un surprenant «Sound the trumpet» de Purcell, où se joignit à lui Dmitry Sinkovsky, à la grande joie des auditeurs frappés de surprise. Si le contreténor n’est pas prêt d’abandonner son trône, la relève est sans doute assurée par ce jeune Protée de la musique !

Jérôme Pesqué
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NiklausVogel
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Re: Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

Message par NiklausVogel » 23 déc. 2017, 10:46

Au retour, je me suis mis la messe en si par Karajan (Harnoncourt n'aurait pas suffi, et je n'ai pas osé Klemperer) pour me nettoyer l'oreille de ces abominables crins-crins. Andreas a de beaux restes, mais le parti pris d'austérité met le public à rude épreuve. Bien sûr, Dorothée Oberlinger est une flûtiste virtuose. Mais l'image sonore globale de son ensemble... Je ne vais pas dire que c'est une horreur, seulement que c'est exactement ce que je déteste. S'il y a des jeun's à qui ce genre de concert apprend à aimer Bach, c'est que tout est possible en ce bas-monde. Quand le violoniste a abandonné à la fin son épouvantable instrument de torture pour entonner Sound the trumpet avec une magnifique voix de contre-ténor (Andreas faisait timidement la deuxième voix), je me suis réveillé. Quand je pense qu'il y a des gens qui s'ennuient en écoutant Elgar...

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Adalbéron
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Re: Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

Message par Adalbéron » 23 déc. 2017, 13:16

Tout est possible !
Je ne vois pas en quoi Bach serait moins aimable joué sur des instruments de son époque que joué sur instruments modernes (avec tous les oripeaux romantiques chargeant l'interprétation de surcroît). On peut aller de l'un à l'autre ; moi j'aime autant Richter que Harnoncourt. Gould ou le clavecin qui grince.

Très joli concert sinon.
Scholl conserve cette douceur si caractéristique, et un souffle souverain.
Mais le "Sound the trumpets" avec son violoniste faisait peine à entendre, puisque celui-ci ne faisait qu'une bouchée de Scholl (assez bluffant d'ailleurs ce contre-ténor-violoniste ou vice-versa : il a plus d'une corde à son arc :wink:).
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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Re: Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

Message par EdeB » 23 déc. 2017, 14:18

NiklausVogel a écrit :
23 déc. 2017, 10:46
Au retour, je me suis mis la messe en si par Karajan (Harnoncourt n'aurait pas suffi, et je n'ai pas osé Klemperer) pour me nettoyer l'oreille de ces abominables crins-crins. Andreas a de beaux restes, mais le parti pris d'austérité met le public à rude épreuve. Bien sûr, Dorothée Oberlinger est une flûtiste virtuose. Mais l'image sonore globale de son ensemble... Je ne vais pas dire que c'est une horreur, seulement que c'est exactement ce que je déteste. S'il y a des jeun's à qui ce genre de concert apprend à aimer Bach, c'est que tout est possible en ce bas-monde. Quand le violoniste a abandonné à la fin son épouvantable instrument de torture pour entonner Sound the trumpet avec une magnifique voix de contre-ténor (Andreas faisait timidement la deuxième voix), je me suis réveillé. Quand je pense qu'il y a des gens qui s'ennuient en écoutant Elgar...
Eh bien, j'en fais partie ! Elgar n'est DEFINITIVEMENT pas ma cup of tea ! Au contraire, j'ai ADORE l'Ensemble 1700, la netteté des attaques, le fruité un peu acide de leur interprétation... Et Scholl, bien que n'étant plus à son zénith, est un musicien admirable. Seul regret, qu'on ne l'ait pas plus entendu...

Quant à Karajan, je l’exècre, je honnis ses interprétations, et surtout dans le répertoire baroque et mozartien... (Et, NON, cela ne vaut pas la peine de faire un HS dans ce fil consacré à ce concert, pour autant.)

N. B. : un clavecin ne "grince" pas ! C'est un des plus beaux instruments qui soit au monde.
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
Mon blog, CMSDT-Spectacles Ch'io mi scordi di te : http://cmsdt-spectacles.blogspot.fr/
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Re: Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

Message par Adalbéron » 23 déc. 2017, 16:17

Je suis bien d'accord avec toi sur l'Ensemble 1700. Et sur le fait qu'on aurait aimé plus entendre Andreas Scholl.

Je me retiens de réagir au paragraphe sur Karajan :wink:.

Oui, c'était une façon de parler, j'aime beaucoup le clavecin. Ça à beaucoup plus de personnalité que le piano à mon sens. Je suis un claveciniste frustré, on m'a fait faire du piano à la place, instrument que je trouve monotone.
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Re: Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

Message par JdeB » 30 déc. 2017, 14:32

J'ai publié ma critique en tête de ce fil.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Concert Bach- A. Scholl / D. Oberlinger- TCE- 22/12/2017

Message par petitchoeur » 30 déc. 2017, 14:54

pour avoir une idée des multiples talents de Dmitri Sinkovski, reportez-vous à mon fil sur le concert qu'il a donné au festival d'Ambronay à la tête de son ensemble en octobre 2017:
viewtopic.php?f=6&t=19397

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