Breve è la vita nostra. Poème Harmonique. V.Dumestre. Rouen, Chapelle Corneille.14.12.17

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pingpangpong
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Breve è la vita nostra. Poème Harmonique. V.Dumestre. Rouen, Chapelle Corneille.14.12.17

Message par pingpangpong » 16 déc. 2017, 14:56

Breve è la vita nostra, création

Programme :
Monteverdi/Coppini : Maria quid ploras
Mazzocchi : Breve è la vita nostra
Monteverdi/Profe : Pascha Concelebranda
Rossi : Sinfonia 
Un allata messagier
Monteverdi/Laricotta : Si dolce è'l martire
Anonyme : Domine ne in furore tuo
Marazzoli : Passacaglia - Chi Fà ?
Un sonno ohimè
Monteverdi/Coppini : O gloriose martyre
Il Fasolo : Acceso moi core

Distribution :
Deborah Cachet, soprano
Eva Zaïcik, mezzo-soprano
Jeffrey Thompson, ténor
Sébastien Obrecht, ténor
Geoffroy Buffière, basse
Le Poème Harmonique
direction : Vincent Dumestre


Réforme catholique oblige, la musique profane, au XVIème siècle, doit faire profil bas face au religieux. Donnant lieu à de nombreuses créations, ce mouvement voit aussi le recyclage pratiqué sans scrupule, sous forme de pastiches. Les textes sacrés s'adaptent alors à des compositions profanes existantes, notamment de type madrigalesque.

Pour cette nouvelle création, aux éclairages tamisés par les bougies encerclant le groupe de musiciens, Vincent Dumestre est donc allé puiser dans le répertoire italien des œuvres édifiantes, où les souffrances du Christ n'ont d'égal que sa gloire éternelle, mais dont la musique rivalise de beauté autant que d'expressivité, voire de suavité, tel cet “Allato messagier“ de Luigi Rossi. Le compositeur italien, auquel l'opéra français doit tant depuis que Mazarin commanda et fit jouer l'Orfeo en 1647, déploie toute sa science dans cette longue page digne d'un opéra où Marie-Madeleine chante son désarroi après la mort du Christ. La voix s'épanouit dans de longues phrases entre douleur, colère et imprécations, soli de luth, harpe et violon ajoutant à l'émotion qu' Eva Zaïcik dose avec art, longueur de souffle, timbre chaleureux riche en couleurs et tenue de ligne assurée.
Couronnée par l'ADAMI en 2016 et par la dernière édition du Jardin des voix de William Christie, cette poignante Didon, déjà à Rouen, a tout d'une grande.
Autre artiste adoubé par W.Christie, l'énergique américian Jeffrey Thompson plie sa voix claire et sonore à toutes les exigences demandées notamment par Marazzoli à l'allégorie du Plaisir dans le duo “Chi fà“.
Le second ténor, l'éclectique Sébastien Obrecht au répertoire allant de Britten à Mozart en passant par Berg ou Bizet, arbore une voix moins ample et moins corsée qui tranche surtout dans les ensembles, tandis que rien ne résiste à l'imposant Geoffroy Buffière, ni Wagner, ni Rameau, ni Debussy, ce qui dénote un répertoire étoffé, ou ici Monteverdi. Il ne fait qu'une bouchée de la partie de basse dans “Pascha concelebranda“ dont les silences n'ont que plus de poids, comme c'est le cas dans la pièce initiant ce concert “Maria Quid Ploras“ extraite du 6ème livre de madrigaux.
Quant à la soprano belge Déborah Cachet, elle complète avec bonheur ce quintette vocal de son timbre brillant, aux aigus purs et agiles, notamment pour le “Si dolce èl martire“, d'un dénommé Virgilio Laricotta d'après Monteverdi, dont la mélodie simple s'enroule sur elle-même sans sembler vouloir finir, reprise par le cornet d'Adrien Mabire, gagnant peu à peu en force expressive .
Mais l'intensité croissante de ce concert, qui annonce un enregistrement à venir chez Alpha, est surtout le résultat d'un travail d'ensemble, dont le maître de cérémonie est Vincent Dumestre qui sait s'entourer d'artistes sensibles et perfectionnistes comme lui.
Déjà connue par le disque consacré à ce compositeur mystérieux surnommé Il Fasolo, la chaconne “Acceso mio core“, où il est question des affres d'un cœur dolent, conclut magnifiquement ce programme avant deux bis : “O infelix recessus“ tiré du 4ème livre de Madrigaux de Monteverdi ainsi qu'un court extrait du Terremoto de Draghi qui sera donné dans cette Chapelle Corneille le 7 avril prochain.

E.Gibert
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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