Offenbach - Ba-ta-clan - Les Tromano/Lévy-Berthier - Reims - 11/2017

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JdeB
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Offenbach - Ba-ta-clan - Les Tromano/Lévy-Berthier - Reims - 11/2017

Message par JdeB » 26 nov. 2017, 11:14

Metteur en scène Laurent Lévy, Rémy Berthier
Décors Lucie Joliot
Costumes Elisabeth de Sauverzac
Lumières Lucie Joliot
~
Fé-Ni-Han Artavazd Sargsyan
Ké-Ki-Ka-Ko Enguerrand de Hys
Fé-An-Nich-Ton Jenny Daviet / Judith Fa (partie chantée)
Ko-Ko-Ri-Ko Olivier Naveau

Reims, le 29 novembre 2017


Ba-ta-clan a été créé pour l’inauguration de la nouvelle salle des Bouffes parisiens dite salle Choiseul le 29 décembre 1855. Cette « chinoiserie musicale », deuxième opus de la collaboration entre Halévy et Offenbach, après Madame Papillon 3 mois plus tôt, remporte un énorme succès critique et enregistre plus d’une centaine de représentations au cours de l’année 1856, dans ce nouveau théâtre ainsi que, pendant la période estivale, sur les Champs-Elysées pour une série d’une cinquantaine de levers de rideau à partir du 10 juin avec un nouveau Ké-Ki-Ka-Ko, avant de conquérir toute l’Europe. C’est à ce succès colossal que la fameuse salle du Bataclan actuel doit son nom.

La France musicale
du 6 janvier 1856 se fait l’écho d’une légende : un vieux mandarin chinois en visite à Paris pour l’Exposition universelle, « fanatique de la musique des Deux Aveugles », aurait dicté à Offenbach les thèmes chinois de sa nouvelle partition. L’auteur de la critique, Giacommeli, s’enthousiasme pour cette « étourdissante chinoiserie » et goûte fort cette pièce « si spirituelle et amusante » et son « feu roulant de saillies », l’ « orchestration parfaite » d’Offenbach et les interprètes en particulier Pradeau, le créateur de Fe-Ni-Han, qui, selon lui, s’y montre « sublime » avec des « extases de bonze en prière, des étonnements, des naïvetés, des gestes et des attitudes qui atteignent l’idéal du burlesque ». Son confrère de La Revue et gazette musicale de Paris, le même jour, porte lui aussi aux nues cette nouveauté : « Ba-ta-clan est et sera longtemps la plus éblouissante des bouffonneries musicales » et trouve cet éloge rare : « Jamais on aurait cru la musique capable de batifoler ainsi ».

Après une exhumation en version de concert au Festival de Montpellier le 12 juillet 2016, La Compagnie les Brigands en propose une version scénique pauvre de moyens et un peu moins d’idées, très cabaret, amalgamant une fausse conférence sur la culture chinoise et des tours de magie un peu banals. Il aurait fallu le génie d’un Pierre Desproges pour conférer quelque chose d’étrange et d’inquiétant au texte du conférencier mais n’est pas Monsieur Cyclopède qui veut…

Le décor est minimaliste mais intéressant avec son paravent chinois, son bocal à poissons rouges et ses amas de chaises, les costumes éclatants. Les numéros de Fregoli très enlevés et la vitalité des solistes nous emportent cependant.

Le texte du livret a subi des coupes claires et a été saupoudré de quelques anachronismes (Boeing-Boeing, Ma femme s’appelle Maurice, etc) et les mouvements de scène très alertes avec une influence du rap et du disco séduisent beaucoup.

Judith Fa est venue d’un saut de TGV à la rescousse de Jenny Daviet qui joue son rôle et en assure la partie parlée avec verve et gouaille. La nouvelle soprano fait montre d’une voix agréable et pure, agile dans l’aigu et sainement conduite. les clés de Fa sont efficaces et bien en voix mais la distribution est dominée par Enguerrand de Hys à la fine musicalité et à l'aisance scénique formidable qui nous épate en clone de Travolta.

Un quatuor un peu jazzy joue la partition orchestrale à sa manière et peine à convaincre pleinement mais, in fine, on passe une bonne soirée en découvrant un petit bijou de jeunesse d'Offenbach.

Jérôme Pesqué.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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