Franco Fagioli Serse
Vivica Genaux Arsamene
Inga Kalna Romilda
Francesca Aspromonte Atalanta
Andrea Mastroni Ariodate
Delphine Galou Amastre
Biagio Pizzuti Elviro
Il Pomo d’Oro
Maxim Emelyanychev Direction
Le miracle continue... Fagioli, au-delà de tout ce qu'on peut imaginer, d'un Ombra mai fu intériorisé et étiré au possible à un Crude Furie empreint de folie virtuose. Le souffle, la puissance, le timbre, les défauts mêmes au service de l'intensité dramatique, et cerise sur le gâteau, avec les yeux qui roulent comme Cecilia, un véritable talent comique. C'est d'ailleurs un désastre narcissique pour ses partenaires, et on se demande comment on peut trouver des chanteurs, quels que soient leur talent et leur expérience, qui acceptent encore de partager la scène avec un artiste dont la supériorité est écrasante, assumée et manifestement considérée comme une évidence par tous, de la salle à la scène.
Je suis un Vivica-fan, et force m'est de constater qu'elle a pris un coup de vieux. Le visage a maigri, les traits se sont durcis, mais surtout, si le souffle et la virtuosité sont toujours là, et si la ligne vocale peut toujours s'appuyer sur les graves et les intonations nasales si caractéristiques de l'artiste, le medium est devenu rapé, crayeux... c'était assez inquiétant en première partie (moins pire, comme on dit, que ce qu'on peut entendre sur Voldemort de ses prestations récentes) , mais la voix chauffée, cela allait beaucoup mieux, et les exigences techniques et musicales des deux derniers airs étaient heureusement satisfaites...
C'est difficile de dire du mal d'Inga Kalna sauf qu'elle n'affiche que 45 ans et qu'elle en parait 60. C'est puissant, brillant, épais, avec des aigus filés au petit poil, mais le haut-médium est un peu dur, et surtout, stylistiquement, c'est pas vraiment ça. Même si Vivica n'est plus ce qu'elle était, quand elles chantent ensemble, on voit bien qu'il n'y en a qu'une qui est dans le mood, et qui a encore les articulations baroques, et ce n'est pas Kalna, qui chante Traviata et Ellen Orford...
Aspromonte est une Atalante piquante, et Galou une Amastre efficace et appréciée, même si les résultats ne sont pas optimaux question soufflerie. On entend des reprises de souffle inopportunes, et les phrases se terminent... à bout de souffle... (évidemment, avec Fagioli à côté, c'est dur...).
Les deux basses, bouffe (Pizzuti) et surtout profonde (Mastroni) sont excellentes (on attend le second en Assur, vite...) et on ne va pas mégoter.
Finalement, après réflexion, Fagioli n'est pas un désastre. C'est une chance pour tout le monde, et, même quand on donnerait tout Haendel pour dix minutes de Wagner ou même de Rossini, on va joyeusement au bout de ce Serse (Le pire souvenir de ma vie d'amateur d'opera, à Münich en 2006, avec Ann Murray et Nathalie Stutzmann cuites, et Christopher Robson, habillé en couches-culottes dans une mise en scène laide et vulgaire, éructant des patates brûlantes et farineuses), grâce à lui et à la direction dynamique et contrastée d'Emelyanychev, qui donne une vraie vie à cette histoire idiote dont on suit jusqu'aux récitatifs, comme s'ils annonçaient des rebondissements inattendus...
Standing ovation méritée, surtout qu'à l'Opéra royal, on n'a pas besoin de décor.
Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - Versailles - 19/11/2017
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Re: Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - Versailles/Opéra royal - 19/11/2017
Fagioli au sommet... comme souvent. Legato, trilles, messa di voce, variations, tout y est.
Face à lui on pourrait rêver d'une chanteuse comme Julia Lezhneva dans le rôle de son frère.
Excellente basse bouffe de Biagio Pizzuti. Une voix et une vraie présence. Très envie de l'entendre dans du Rossini.
Etonnante basse d'Andrea Mastroni. Surdimensionné dans ce répertoire mais scotchant dès qu'il ouvre la bouche.
Très beaux pianissimi d'Inga Kalna.
Difficile pour les dames d'être dans l'ombre de Fagioli mais l'ambiance avait l'air plutôt détendu avec une certaine complicité.
Face à lui on pourrait rêver d'une chanteuse comme Julia Lezhneva dans le rôle de son frère.
Excellente basse bouffe de Biagio Pizzuti. Une voix et une vraie présence. Très envie de l'entendre dans du Rossini.
Etonnante basse d'Andrea Mastroni. Surdimensionné dans ce répertoire mais scotchant dès qu'il ouvre la bouche.
Très beaux pianissimi d'Inga Kalna.
Difficile pour les dames d'être dans l'ombre de Fagioli mais l'ambiance avait l'air plutôt détendu avec une certaine complicité.
Re: Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - Versailles/Opéra royal - 19/11/2017
Ma première fois à l'Opéra royal de Versailles.
Un plafond peint superbe.
Quelle acoustique magique, quelle belle sonorité des instruments et quelles magnifiques voix .
Franco Fagioli très mutin dans son jeux d'acteur comme à la fin au bras de sa future épouse qui le dépasse de deux têtes.
Pendant trois heures j'étais subjugué de plaisir .
Un plafond peint superbe.
Quelle acoustique magique, quelle belle sonorité des instruments et quelles magnifiques voix .
Franco Fagioli très mutin dans son jeux d'acteur comme à la fin au bras de sa future épouse qui le dépasse de deux têtes.
Pendant trois heures j'étais subjugué de plaisir .
Re: Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - Versailles/Opéra royal - 19/11/2017
J'ai entendu Fagioli à chaque fois que j'en ai eu l'occasion; Paris, Versailles, Lille, Nancy. Je ne l'ai jamais entendu aussi délirant depuis Artaserse.
Quelle chance de pouvoir l'entendre.
A mon avis, c'est du même niveau que les wagnériens qui ont entendu Varnay, les verdiens qui ont vu Price ou les rossiniens qui ont connus Blake,Merritt, Horne et Ramey.
Quelle chance de pouvoir l'entendre.
A mon avis, c'est du même niveau que les wagnériens qui ont entendu Varnay, les verdiens qui ont vu Price ou les rossiniens qui ont connus Blake,Merritt, Horne et Ramey.
Re: Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - Versailles/Opéra royal - 19/11/2017
En es tu bien sur ?Peleo a écrit : ↑20 nov. 2017, 14:11J'ai entendu Fagioli à chaque fois que j'en ai eu l'occasion; Paris, Versailles, Lille, Nancy. Je ne l'ai jamais entendu aussi délirant depuis Artaserse.
Quelle chance de pouvoir l'entendre.
A mon avis, c'est du même niveau que les wagnériens qui ont entendu Varnay, les verdiens qui ont vu Price ou les rossiniens qui ont connus Blake,Merritt, Horne et Ramey.
Pourquoi ces séquences :
"entendu" Varnay...
"Vu" (?) Price...
"Connu" Blake, Merritt, Horne et Ramey ?
fomalhaut
Re: Haendel - Serse - Emelyanychev - vc - Versailles/Opéra royal - 19/11/2017
je ne suis sûr que d'une chose; le s à connus était en trop.