Verdi - Attila - Rustioni - vc - Lyon/TCE - 11/2017

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Verdi - Attila - Rustioni - vc - Lyon/TCE - 11/2017

Message par Loïs » 16 nov. 2017, 00:05

Erwin Schrott Attila
Alexey Markov Ezio
Tatiana Serjan Odabella
Massimo Giordano Foresto
Grégoire Mour Uldiro
Paolo Stupenengo Leone
Daniele Rustioni direction
Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Lyon

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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par Il prezzo » 16 nov. 2017, 00:14

Mauvaise conjonction que cet Attila.
Verdienne d’abord : passer de deux Don Carlos, à Falstaff puis Attila, c’est comme faire une dégustation de vin à l’envers, en commençant par le grand cru. Même si ce Verdi de jeunesse vaut plus qu’une piquette, le brio de ses airs et ensembles ne compense pas la faiblesse du formalisme sans surprise de l’écriture opératique de l’époque : exposition, air, cabalette et fin en tsin boum boum avec applaudissements obligés.
De plus, dans cette série musicale d’automne, les intermèdes enthousiasmants que furent le Butterfly de la semaine dernière, et surtout, le récital d’anthologie de J D Florez dimanche soir, avaient de fait achevé d’épuiser ma capacité d’émotion musicale pour quelque temps.
Sur un plan purement matériel ensuite, conjonction néfaste pour moi ce soir au TCE, où, replacé théoriquement idéalement au 1er balcon, je me retrouvai entre un 4e âge somnolant et olfactivement très dérangeant à ma gauche, et un couple de marseillais à ma droite, applaudisseurs excités se tapant en rythme les genoux à chaque cabalette ! Je me réfugiai « à l’air pur » au 2e balcon après l’entracte, à une distance des chanteurs tout à fait suffisante, vu le niveau de décibels émis par l’Attila et l’Odabella de ce soir (j’aurais pu aussi bien retraverser l’avenue Montaigne, je les aurais encore parfaitement entendus :D ). Mais là encore, mauvais concours de circonstance, car la 2e partie de cet opéra étant objectivement plus faible musicalement que le prologue et l’acte 1, elle ne pouvait rattraper mon début de soirée raté.
Question chanteurs : grosse déception que Tatiana Serjan, qui me rappelait les grandes heures hurlantes de Dimitrova. Avec comme excuse que la partie d’Odabella est écrite de façon parfaitement inchantable. A l’exception de son très bel air du début de l’acte 1.
J’ai entendu d’autrement meilleurs barytons verdiens qu’Alexey Markov, voix sans chaleur aucune.
Je ne m’appesantis pas sur le bêlant ténor Massimo Giordano, dont les aigus parfaitement blancs m’ont été insupportables. Les applaudissements mécaniques ne récompensaient, je veux croire, que le souffle qu’il mettait abusivement dans la tenue de la dernière note de chacune de ses interventions.
Reste le « roi » de la soirée, Erwin Schrott, à la puissance et musicalité impressionnantes. Parfait physiquement pour une version de concert d'Attila, avec son col ouvert sur un tatouage barbare…
J’ai hâte de l’entendre dans d’autres œuvres. Le programme nous indique un prochain Mephistofele à Orange, mais on espère plutôt des incursions wagnériennes.
Orchestre (de l’Opéra de Lyon) trop sonore, dirigé par un Daniele Rustioni gesticulant, qui en rajoutait dans le tsin boum boum évoqué plus haut.
En fait, je me rends compte que cette séquence italienne fut trop longue pour le strausso-wagnérien que je suis, qui attend maintenant impatiemment les prochains concerts « allemands » de la Philharmonie (une soirée « Venusberg », suivie d’Elektra, puis les deux premières journées du Ring du Mariinsky).
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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par Loïs » 16 nov. 2017, 00:21

Même si bien sur verdi composait avec un casque sur la tête selon Rossini, j’ai toujours eu une faiblesse pour Attila . Ce soir Attila fut Cesar : il est venu, on l’a vu, il a vaincu. . Certes on peut émettre de petites réserves sur l’homogénéité du registre inférieur mais il emporte tout sur son passage en bon Hun à cheval qu’il est par une fougue, un médium superbement timbré, une domination dans les ensembles, une assurance dans l’attaque et des aigus cranes dont un ébouriffant en récitatif .
Règne à ses côtés (et peut être un cran au dessus) Surjan : une assise remarquable dans le grave n’empêche pas des vocalises d’une grande agilité et des aigus dardés (sans suraigus toutefois). Le tranchant de la voix n’occultera pas des beaux pianissimi lors de la prière même si la voix n’est pas extrêmement onctueuse.
Baryton plutôt intéressant au style impeccable mais la voix serait plus imposante si mieux libérée (elle le sera en seconde partie). Pour autant face à Schrott, on avait besoin d’un Tézier ou d’un Petean pour offrir un face à face équilibré.
D’entrée Giordano illustre parfaitement l’infaillible loi du chant : quand on joue au con avec son instrument , on le paie très chers. Les coups de glotte, les passages en force dans l’aigu qui m’irritaient au plus haut point et qui notamment l’avaient conduit au bord du fiasco à Vienne semblent avoir suffisamment altéré l’instrument pour le dépouiller des couleurs, fragiliser à l’extrême l’aigu et le contraindre à un chant précautionneux voire chichiteux On se dit que sous peu il figurera dans le fil des étoiles filantes. Puis surprise en seconde partie : on retrouve une voix bourrée de charme et très très bien menée. Cela fait longtemps que je ne l’ai plus entendu mener une représentation à bien dans son intégralité. J’ose espérer qu’il est remonte maintenant la pente car ce qu’il nous a offert en seconde partie le mérite et il a oublié ses coups de glotte et autres secousses.
Très énergique et théatrale direction de Rustioni mais pourrait on lui indiquer qu’il devrait se discipliner et viriliser son poignet gauche, faire rire ou sourire le public n’est pas un objéctif premier d’Attila.
Intervention de Mour au poil, chœurs à la hauteur

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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par PlacidoCarrerotti » 16 nov. 2017, 00:24

Que dit Mme Markov quand son mari part pour le concert ?
"N'oublie pas de passer chez le teinturier".

C'est capillotracté et il fallait être là.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par Il prezzo » 16 nov. 2017, 00:25

PlacidoCarrerotti a écrit :
16 nov. 2017, 00:24
Que dit Mme Markov quand son mari part pour le concert ?
"N'oublie pas de passer chez le teinturier".

C'est capillotracté et il fallait être là.
:lol: :lol: :lol:
Quanto?
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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par Loïs » 16 nov. 2017, 00:33

PlacidoCarrerotti a écrit :
16 nov. 2017, 00:24
Que dit Mme Markov quand son mari part pour le concert ?
"N'oublie pas de passer chez le teinturier".
C'est capillotracté et il fallait être là.
chouette on repart sur une série de poilades (j'ai pas vu Stuarda dans les parages)?
Faut comprendre aussi , il croyait avoir signé pour une représentation scénique avec casque romain (et de toute façon c'était raccord avec la ceinture).

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Message par philopera » 16 nov. 2017, 07:48

Très bonne soirée pour moi . Je ne m’aventurerai pas à comparer Attila à Don Carlos ; j'aime Verdi de A à Z (ou de 7 à 77 ans ! ) et je vibre autant (mais différemment) pour ses œuvres de jeunesse que pour celles de la maturité. A cet égard j'ai trouvé la direction de Daniele Rustoni formidable: pas le badaboum tsin tsouin qu'on entend hélas trop souvent mais une direction amoureuse,inspirée,accompagnant parfaitement et attentivement les chanteurs,soulignant les richesses de la partition ( et oui il y en a !! ). La distribution est dominée par Erwin Schrott :timbre,puissance,musicalité tout est là au niveau d'un Ramey dans ce rôle. J'ai eu très peur avec l'air d'entrée de Tatiana Serjan ( qui peut chanter ça à part Sutherland ?) et je cherche encore les "aigus dardés" dont parle Lois ...au contraire même ! la voix puissante (mais engorgée) dans le medium s'amenuise brutalement dans l'aigu et surtout le suraigu...effet bizarre. Elle a effectivement beaucoup mieux réussi le "Liberamente piangi" où la voix s'est épanouie et a assuré avec un bel engagement son rôle ensuite. J'ai été un peu deçu par Alexei Markov que j'avais découvert avec enthousiasme dans cette même salle dans Trovatore. Si le style est impeccable, j'ai trouvé le volume de la voix un peu faiblard et les aigus en retrait ( le duo avec Schrott est à ce titre cruel pour lui) ;mais lui aussi s'est bien rattrapé au cours de son air du 2 eme acte. Que dire sur Giordano ? pas grand chose... pourquoi engager un tenorino comme lui pour chanter le jeune Verdi ? je crois que ce répertoire n'est pas pour lui. Beau succès à l’applaudimètre final
"Gérard Mortier a raison d'offrir Elektra sans entracte"
( Eric Dahan Libération 25/06/2005)

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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par MariaStuarda » 16 nov. 2017, 08:08

Je suis très Loïs ce matin hormis pour Giordano qui m'a exaspéré du début à la fin.

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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par Loïs » 16 nov. 2017, 08:25

philopera a écrit :
16 nov. 2017, 07:48
je cherche encore les "aigus dardés" dont parle Lois ...au contraire même ! la voix puissante (mais engorgée) dans le medium s'amenuise brutalement dans l'aigu et surtout le suraigu...effet bizarre.
Oui cet effet fut bizarre sur le premier aigu d'entrée mais la note n'était en aucun cas engorgée ni en arrière, je n'ai pas eu le temps de comprendre mais pour moi ce fut un basculement ultra rapide dans l'émission (techniquement très fort). Comme tu l'as dit ces vocalises d'entrée sont terribles et se jouent sans filet (on ne sait comment fonctionnera la voix qu'une fois sur scène quelque fut l'échauffement en loge). Je ne m'arrêterai pas sur une seule note en live. "Dardés" je le conviens sous entend puissance voire agressivité alors disons surs (techniquement ils l'étaient et ne montraient aucun signe de faiblesse).

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Re: Attila -Daniele Rustioni - 15.11.2017 - TCE

Message par Loïs » 16 nov. 2017, 08:28

MariaStuarda a écrit :
16 nov. 2017, 08:08
Je suis très Loïs ce matin hormis pour Giordano qui m'a exaspéré du début à la fin.
A l'entracte, je je le vouais aux gémonies ainsi que le fan club derrière moi, dont la virilité des bravo auraient fait passer Jimmy Sommervile pour un camionneur, mais il y eut un gros changement en seconde partie et surtout il ne fout plus en l'air sa voix avec ses conneries mais quant à savoir si c'est déjà trop tard ou pas....

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