Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/2017
Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/2017
Mozart - La Flûte enchantée
Christophe Rousset, direction
Debora Waldman, assistante à la direction musicale
Brigitte Clair, chef de chant
David Lescot, mise en scène
Linda Blanchet, assistante à la mise en scène
Alwyne de Dardel, scénographie
Mariane Delayre, costumes
Paul Beaureilles, lumières
Serge Meyer, vidéo
Siobhán Stagg, Pamina
Tuomas Katajala, Tamino
Jodie Devos, La Reine de la Nuit
Dashon Burton, Sarastro
Klemens Sander, Papageno
Camille Poul, Papagena
Sophie Junker, Première Dame
Emilie Renard, Deuxième Dame
Eva Zaïcik, Troisième Dame
Mark Omvlee, Monostatos
Christian Immler, Narrateur
Orchestre de l’Opéra de Limoges
Chœur de l’Opéra de Limoges | Direction Jacques Maresch
Jeunes chanteurs de la Maîtrise de Caen | Direction musicale Olivier Opdebeeck
Christophe Rousset, direction
Debora Waldman, assistante à la direction musicale
Brigitte Clair, chef de chant
David Lescot, mise en scène
Linda Blanchet, assistante à la mise en scène
Alwyne de Dardel, scénographie
Mariane Delayre, costumes
Paul Beaureilles, lumières
Serge Meyer, vidéo
Siobhán Stagg, Pamina
Tuomas Katajala, Tamino
Jodie Devos, La Reine de la Nuit
Dashon Burton, Sarastro
Klemens Sander, Papageno
Camille Poul, Papagena
Sophie Junker, Première Dame
Emilie Renard, Deuxième Dame
Eva Zaïcik, Troisième Dame
Mark Omvlee, Monostatos
Christian Immler, Narrateur
Orchestre de l’Opéra de Limoges
Chœur de l’Opéra de Limoges | Direction Jacques Maresch
Jeunes chanteurs de la Maîtrise de Caen | Direction musicale Olivier Opdebeeck
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth
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Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
C’est à une merveilleuse représentation de La Flûte enchantée que nous avons assisté à l’Opéra de Limoges en ce dimanche après-midi de novembre gris et pluvieux. Déjà présentée à Dijon en mars dernier, la mise en scène de David Lescot ne manque pas de poésie. On reste certes par moment un peu sur sa faim (il y a quelques scènes moins imaginatives et enchantantes que d’autres), mais tout est globalement très efficace et la direction d’acteur est très soignée. La représentation débute sur une pantomime jouée en avant-scène rideau fermé, doublée d’une projection vidéo, tandis que l’orchestre joue l’ouverture : on nous apprend que la Reine de la Nuit et Sarastro furent autrefois mariés et qu’ils eurent deux enfants : Pamina et Papageno, le dernier ayant été abandonné quand le couple s’est délité. L’action de l’opéra prend alors place dans un monde dévasté, duquel la vie et l’amour se seraient absentées, un monde post-apocalyptique. Le premier acte se déroule ainsi sur des vallons de terre craquelée (qui rappellent les écailles du serpent qui poursuit Tamino au début de l’œuvre), et le second acte dans un sous-sol de centre commercial abandonné. Les animaux séduits par Tamino se révèlent être des créatures faites de divers déchets récupérés (« renouvelés »), tout comme Papagena, que Papageno effeuillera finalement en enlevant chacun des sacs plastiques qui couvraient son corps. Le travail de Lescot ne manque pas d’interroger sur la guerre des sexes, les conflits entre l’amour et la haine, l’ancien et le nouveau monde, et ce sont finalement l'amour et le renouveau qui triomphent.
La distribution vocale est dominée par le Tamino excellent de Tuomas Katajala, qui a chanté récemment le rôle à Covent Garden : son timbre superbe, son style impeccable, la délicatesse de son phrasé, tout fait de lui un Tamino digne des plus grands. Une révélation pour nous et un artiste à suivre de très près. Bluffant.
La soprano Siobhàn Stagg a elle aussi interprété le rôle de Pamina récemment à Covent Garden (aux côtés de Tuomas Katajala donc) : elle offre un portrait dense de la jeune fille, par un chant très maîtrisé et une voix au timbre alliant richesse et juvénilité.
La Reine de la Nuit de Jodie Devos est exceptionnelle, et on ne trouve rien à redire face à la perfection d’une telle incarnation. Là encore, une artiste très prometteuse mais qu’on commence à bien connaître déjà (elle était déjà un Yniold formidable à l’Opéra de Paris le mois dernier).
Klemens Sander est un très beau Papageno, virevoltant et à la belle voix, qui charme assurément.
Dashon Burston en Sarastro est moins convainquant vocalement que ses partenaires. S’il a toutes les notes que requiert sa partie, l’autorité vocale n'est pas vraiment présente. Le manque de grandeur de la voix est cependant contrebalancé par une présence scénique forte.
Tous les autres rôles sont tenus avec beaucoup de maîtrise et d'entrain : belle Papagena de Camille Poul, très joli trio des Trois Dames (Sophie Junker, Emilie Renard et Eva Zaïcik) et trio des Garçons (Arsène Augustin, Benoît-Joseph Nivault, Matéo Kasrashvili), délicieux Monostatos de Mark Omvlee, grand Orateur de Christian Immler et Martial Andrieux et Edouard Portal composent de très dignes hommes d'arme et prêtres.
On félicitera également le Choeur de l'Opéra de Limoges, très bon, vocalement et scéniquement.
Vraiment, une très belle distribution.
Mais la représentation n'aurait pas été si merveilleuse si Christophe Rousset n'avait pas insufflé avec la complicité de l'Orchestre de l'Opéra de Limoges tant de vie dans cette partition. Avec un sens du drame et du contraste aiguisé, le chef parvient à nous faire redécouvrir l'oeuvre dans toute sa beauté. Du grand art.
Clément Mariage
La distribution vocale est dominée par le Tamino excellent de Tuomas Katajala, qui a chanté récemment le rôle à Covent Garden : son timbre superbe, son style impeccable, la délicatesse de son phrasé, tout fait de lui un Tamino digne des plus grands. Une révélation pour nous et un artiste à suivre de très près. Bluffant.
La soprano Siobhàn Stagg a elle aussi interprété le rôle de Pamina récemment à Covent Garden (aux côtés de Tuomas Katajala donc) : elle offre un portrait dense de la jeune fille, par un chant très maîtrisé et une voix au timbre alliant richesse et juvénilité.
La Reine de la Nuit de Jodie Devos est exceptionnelle, et on ne trouve rien à redire face à la perfection d’une telle incarnation. Là encore, une artiste très prometteuse mais qu’on commence à bien connaître déjà (elle était déjà un Yniold formidable à l’Opéra de Paris le mois dernier).
Klemens Sander est un très beau Papageno, virevoltant et à la belle voix, qui charme assurément.
Dashon Burston en Sarastro est moins convainquant vocalement que ses partenaires. S’il a toutes les notes que requiert sa partie, l’autorité vocale n'est pas vraiment présente. Le manque de grandeur de la voix est cependant contrebalancé par une présence scénique forte.
Tous les autres rôles sont tenus avec beaucoup de maîtrise et d'entrain : belle Papagena de Camille Poul, très joli trio des Trois Dames (Sophie Junker, Emilie Renard et Eva Zaïcik) et trio des Garçons (Arsène Augustin, Benoît-Joseph Nivault, Matéo Kasrashvili), délicieux Monostatos de Mark Omvlee, grand Orateur de Christian Immler et Martial Andrieux et Edouard Portal composent de très dignes hommes d'arme et prêtres.
On félicitera également le Choeur de l'Opéra de Limoges, très bon, vocalement et scéniquement.
Vraiment, une très belle distribution.
Mais la représentation n'aurait pas été si merveilleuse si Christophe Rousset n'avait pas insufflé avec la complicité de l'Orchestre de l'Opéra de Limoges tant de vie dans cette partition. Avec un sens du drame et du contraste aiguisé, le chef parvient à nous faire redécouvrir l'oeuvre dans toute sa beauté. Du grand art.
Clément Mariage
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- Mezzo Soprano
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Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
Entièrement d'accord avec ce compte-rendu qui cadre presque complètement avec mes impressions. La direction de Christophe Rousset étonne cependant par le choix des tempi qui font alterner des emballements brusques et des moments d'une lenteur inexplicable.
Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
Pour une analyse de la direction de C. Rousset dans cet ouvrage qui se soit pas expédiée en une phrase passe-partout
http://odb-opera.com/viewtopic.php?f=6& ... te#p311483
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Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
Merci pour la réponse condescendante et légèrement méprisante ... Je n'ai pas votre science musicologique mais un simple ressenti largement partagé par nombre de personnes (et pour certaines aussi éclairées que vous ) qui ont assisté à la représentation.
Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
Mais mon post ne s'adressait pas à toi (ici on se tutoie) mais à l'envoyé d'ODB qui, me semble-t-il, a un peu bâclé sa critique sur ce point là, pourtant capital, je veux parler bien sûr de la direction orchestrale.
J'ai renvoyé à un texte de mon épouse qui dit exactement la même chose mais avec une analyse détaillée et tu réagis comme si nous étions en désaccord !
Quant aux personnes aussi éclairées qu'elles, ça n'existe pas (d'ailleurs comment le savoir ?! )
Ce que ressent le public n'a souvent aucun rapport avec la vérité d'une œuvre. C'est souvent le cas aussi pour les interprètes, même très prestigieux.
Moi aussi j'ai adoré ce que fait CR dans la Flûte mais moins son plateau vocal. Et puisque les gens se passionnent pour le ressenti d'autrui, j'ai même pleuré pendant l'ouverture ce qui ne m'est arrivé que 2 autres fois en 34 ans : pour les ouvertures de Roland et de l'Enlèvement au sérail, à Nîmes, toujours par CR
Bientôt on n'aura plus le droit que de dire Amen et Bravo...Triste époque...
J'ai renvoyé à un texte de mon épouse qui dit exactement la même chose mais avec une analyse détaillée et tu réagis comme si nous étions en désaccord !
Quant aux personnes aussi éclairées qu'elles, ça n'existe pas (d'ailleurs comment le savoir ?! )
Ce que ressent le public n'a souvent aucun rapport avec la vérité d'une œuvre. C'est souvent le cas aussi pour les interprètes, même très prestigieux.
Moi aussi j'ai adoré ce que fait CR dans la Flûte mais moins son plateau vocal. Et puisque les gens se passionnent pour le ressenti d'autrui, j'ai même pleuré pendant l'ouverture ce qui ne m'est arrivé que 2 autres fois en 34 ans : pour les ouvertures de Roland et de l'Enlèvement au sérail, à Nîmes, toujours par CR
Bientôt on n'aura plus le droit que de dire Amen et Bravo...Triste époque...
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
Merci pour ces comptes rendus et le lien vers le concert à la Philharmonie de Paris. Je n'ai vu aucun des deux spectacles.
Il y a cependant une différence a priori de taille entre les deux versions, c'est l'orchestre, d'un côté l'orchestre de l'Opéra de Limoges qui joue sans doute sur instruments modernes, si je ne me trompe pas, et les Talens Lyriques qui jouent sur instruments d'époque. Bien que Chritophe Rousset soit aux commandes dans les deux cas, il y a un monde entre des cors naturels et des cors à pistons, des cordes en boyau nu ou en acier etc...et donc l'orchestre devrait sonner très différemment dans les deux cas.
Il y a cependant une différence a priori de taille entre les deux versions, c'est l'orchestre, d'un côté l'orchestre de l'Opéra de Limoges qui joue sans doute sur instruments modernes, si je ne me trompe pas, et les Talens Lyriques qui jouent sur instruments d'époque. Bien que Chritophe Rousset soit aux commandes dans les deux cas, il y a un monde entre des cors naturels et des cors à pistons, des cordes en boyau nu ou en acier etc...et donc l'orchestre devrait sonner très différemment dans les deux cas.
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Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
Oui merci pour ce CR d'une production originale elle aussi.Piero1809 a écrit : ↑10 nov. 2017, 12:38Merci pour ces comptes rendus et le lien vers le concert à la Philharmonie de Paris. Je n'ai vu aucun des deux spectacles.
Il y a cependant une différence a priori de taille entre les deux versions, c'est l'orchestre, d'un côté l'orchestre de l'Opéra de Limoges qui joue sans doute sur instruments modernes, si je ne me trompe pas, et les Talens Lyriques qui jouent sur instruments d'époque. Bien que Chritophe Rousset soit aux commandes dans les deux cas, il y a un monde entre des cors naturels et des cors à pistons, des cordes en boyau nu ou en acier etc...et donc l'orchestre devrait sonner très différemment dans les deux cas.
Même remarque-interrogation (?) sur la nature des instruments, cela change beaucoup la perception...j'ai surtout entendu Rousset avec sa formation d'instruments d'époque.
Une photo de l'opéra de Limoge
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
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Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
CR a dirigé de nombreux orchestres "modernes" au Liceu de Barcelone, au San Carlo de Naples, à la Scala de Milan, Liège, Madrid, aux Emirats, à Lausanne, Bruxelles, Hong Kong, etc.
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Re: Mozart - La Flûte enchantée - Rousset/Lescot - Limoges - 11/17
Il a même réussi à faire jouer l'Orchestre du ROH (Mitridate) sans que les cuivres couac, et ça c'est un exploit !
(private joke pour Placido)