Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
Jacques OFFENBACH – Les Contes d’Hoffmann
Opéra fantastique en cinq actes sur un livret de Jules Barbier d’après sa pièce homonyme
coécrite avec Michel Carré.
Crée à l’Opéra Comique de Paris le 10 février 1881
Grand Théâtre Massenet de Saint-Étienne – novembre 2017.
Direction musicale : David Reiland
Mise en scène : Nicola Berloffa
Décors : Fabio Cherstich
Costumes : Valeria Donata Bettalla
Lumières : Marco Giusti
Chef de chœur : Laurent Touche
Hoffmann : Florian Laconi
Olympia, Antonia, Giulietta, Stella : Fabienne Conrad
Lindorf, Dapertutto, Coppélius, Dr Miracle : Laurent Alvaro
La Muse, Nicklausse : Lucie Roche
Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio : Carl Ghazarossian
La Mère, La Voix de la Tombe : Aline Martin
Crespel, Maître Luther : Luc Bertin-Hugault
Spalanzani, Nathanaël : Raphaël Brémard
Hermann, Peter Shlemil : Guilen Goicoechea
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire
Coproduction : Teatro Municipale di Piacenza, Teatro Comunale Luciano Pavarotti di Modena, Teatro Valli di Reggio Emilia
Représentation du 7 novembre 2017
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Pour ouvrir sa saison l’Opéra de Saint-Étienne reprend une production des Contes d’Hoffmann donnée sur plusieurs scènes italiennes ainsi qu’en mars 2015 à l’Opéra de Toulon ( voir le fil http://odb-opera.com/viewtopic.php?f=6& ... on#p245081 ). Saluons tout d’abord le choix de la version de Michaël Kaye / Jean-Christophe Keck qui tire partie des récentes découvertes musicologiques sur cette partition qui a connu bien déboires et des tripatouillages. Cette version nous donne à entendre les récitatifs de Guiraud et le sextuor avec chœurs apocryphe de l’acte de Venise mais on regrette – concession aux attentes du public ?- que l’air de Dappertutto au quatrième acte soit « Scintille diamant .. » en place de celui écrit par Offenbach « Tourne, tourne miroir où se prend l’alouette… ». Et l’on prend plaisir à entendre Giulietta chanter « L’amour lui dit : la belle… ».
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
La mise en scène de Nicola Berloffa se veut illustrative et au plus près du livret. Elle utilise un dispositif unique dû à Fabio Cherstich représentant un grand salon d’une demeure bourgeoise du milieu du XIXeme siècle. A cour une cheminée monumentale par où arriveront les personnages fantastiques enveloppés d’un nuage de fumée. Le mur du fond est un cadre de scène fermé par son rideau. Quelques accessoires scéniques suffisent à matérialiser une taverne, une demeure bourgeoise ou une maison de plaisir. Rien de profondément novateur, mais une lecture fidèle qui grâce à une direction d’acteurs efficace permet un déroulé de l’action qui se regarde avec un grand plaisir d’autant que les costumes de Valeria Donata Bettalla sont très soignés comme le sont les éclairages de Marco Giusti. Soulignons la très belle idée de faire évoluer Olympia devant un public de choristes transformés en automates qui se déplacent comme elle par des gestes saccadés.
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Comme souvent à Saint-Étienne la distribution est homogène et francophone. Les artistes réunis sont tous à féliciter pour leur articulation du texte qui permet une compréhension aisée du livret.
Florian Laconi est un Hoffmann de belle allure faisant face sans difficulté à un rôle long et exigeant. L’engagement est complet, l’aigu rayonnant, la projection exemplaire comme le montrent les couplets de Kleinzack chantés avec beaucoup d’ardeur. Il est dommage que son chant n’utilise pas une palette de couleurs plus variée qui permettrait de donner à son personnage un côté plus vulnérable et moins monolithique mais la performance globale force le respect.
Fabienne Conrad relève le défi d’interpréter les quatre femmes du héros. Ce qui frappe tout d’abord chez cette jeune artiste c’est une incontestable présence scénique et un talent théâtral certain, que ce soit pour être une Olympia dont chaque geste automatique est travaillé, pour exprimer les fragilités d’Antonia ou être une Giulietta séduisante et séductrice. Malheureusement annoncée souffrante (on l’a effectivement vue toussoter par moments) la prestation vocale en est un peu affectée. Elle assure crânement les pyrotechnies vocales d’Olympia avec le supplément d’un timbre riche et fruité que l’on n’a pas toujours l’occasion d’entendre dans ce rôle. Son Antonia, dont l’écriture correspond peut-être le mieux à son format vocal, est bouleversante d’émotion et de sincérité grâce à une palette de nuances et de dynamiques qu’elle met au service d’une grande intelligence musicale. C’est pour aborder Giulietta que les effets de la laryngite se font sentir. On sent l’artiste sur la réserve craignant sans doute l’accident qui ne viendra pas, mais, la fatigue aidant, la projection se fait moins facile et les quelques suraigus sont donnés avec peine. Sa prestation nous fait souhaiter de l’entendre plus souvent sur les scènes françaises avec la plénitude de ses moyens.
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Laurent Alvaro a déjà beaucoup fréquenté les quatre personnages diaboliques. Il en donne à nouveau une composition accomplie : beauté du timbre, qualité de diction, noblesse du phrasé. Seul l’aigu est un peu à la peine. Ses talents théâtraux lui permettent de bien caractériser chaque diable et en particulier le Dr Miracle dont il fait une interprétation saisissante.
Lucie Roche est une touchante Muse / Nicklausse. Malgré quelques soucis d’intonation dans « Une poupée aux yeux d’émail… » elle nous gratifie d’un « Vois sous l’archet frémissant… » délicat et émouvant.
Les seconds rôles sont tous très bien tenus. Carl Ghazarossian donne un savoureux « Jour et nuit je me mets en quatre… », Luc Bertin-Hugault prête sa voix de basse bien timbrée aux tourments de Crespel. Aline Martin à qui l’on fait porter une robe bien peu seyante prête son beau mezzo à la Mère. Raphaël Brémard est un Spalanzani truculent et Guilen Goicoechea est un Hermann/Schlemil très bien chantant.
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire très bien préparé par Laurent Touche est à féliciter à la fois pour sa prestation vocale et son investissement scénique. L’ Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire est d’une parfaite homogénéité et les différents pupitres se montrent à la hauteur des soli que demande la partition.
David Reiland dirige l’ensemble avec efficacité et justesse. Sa direction fluide respire avec les chanteurs et confère à l’ensemble une belle efficacité dramatique.
Gérard Ferrand
Opéra fantastique en cinq actes sur un livret de Jules Barbier d’après sa pièce homonyme
coécrite avec Michel Carré.
Crée à l’Opéra Comique de Paris le 10 février 1881
Grand Théâtre Massenet de Saint-Étienne – novembre 2017.
Direction musicale : David Reiland
Mise en scène : Nicola Berloffa
Décors : Fabio Cherstich
Costumes : Valeria Donata Bettalla
Lumières : Marco Giusti
Chef de chœur : Laurent Touche
Hoffmann : Florian Laconi
Olympia, Antonia, Giulietta, Stella : Fabienne Conrad
Lindorf, Dapertutto, Coppélius, Dr Miracle : Laurent Alvaro
La Muse, Nicklausse : Lucie Roche
Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio : Carl Ghazarossian
La Mère, La Voix de la Tombe : Aline Martin
Crespel, Maître Luther : Luc Bertin-Hugault
Spalanzani, Nathanaël : Raphaël Brémard
Hermann, Peter Shlemil : Guilen Goicoechea
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire
Coproduction : Teatro Municipale di Piacenza, Teatro Comunale Luciano Pavarotti di Modena, Teatro Valli di Reggio Emilia
Représentation du 7 novembre 2017
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Pour ouvrir sa saison l’Opéra de Saint-Étienne reprend une production des Contes d’Hoffmann donnée sur plusieurs scènes italiennes ainsi qu’en mars 2015 à l’Opéra de Toulon ( voir le fil http://odb-opera.com/viewtopic.php?f=6& ... on#p245081 ). Saluons tout d’abord le choix de la version de Michaël Kaye / Jean-Christophe Keck qui tire partie des récentes découvertes musicologiques sur cette partition qui a connu bien déboires et des tripatouillages. Cette version nous donne à entendre les récitatifs de Guiraud et le sextuor avec chœurs apocryphe de l’acte de Venise mais on regrette – concession aux attentes du public ?- que l’air de Dappertutto au quatrième acte soit « Scintille diamant .. » en place de celui écrit par Offenbach « Tourne, tourne miroir où se prend l’alouette… ». Et l’on prend plaisir à entendre Giulietta chanter « L’amour lui dit : la belle… ».
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
La mise en scène de Nicola Berloffa se veut illustrative et au plus près du livret. Elle utilise un dispositif unique dû à Fabio Cherstich représentant un grand salon d’une demeure bourgeoise du milieu du XIXeme siècle. A cour une cheminée monumentale par où arriveront les personnages fantastiques enveloppés d’un nuage de fumée. Le mur du fond est un cadre de scène fermé par son rideau. Quelques accessoires scéniques suffisent à matérialiser une taverne, une demeure bourgeoise ou une maison de plaisir. Rien de profondément novateur, mais une lecture fidèle qui grâce à une direction d’acteurs efficace permet un déroulé de l’action qui se regarde avec un grand plaisir d’autant que les costumes de Valeria Donata Bettalla sont très soignés comme le sont les éclairages de Marco Giusti. Soulignons la très belle idée de faire évoluer Olympia devant un public de choristes transformés en automates qui se déplacent comme elle par des gestes saccadés.
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Comme souvent à Saint-Étienne la distribution est homogène et francophone. Les artistes réunis sont tous à féliciter pour leur articulation du texte qui permet une compréhension aisée du livret.
Florian Laconi est un Hoffmann de belle allure faisant face sans difficulté à un rôle long et exigeant. L’engagement est complet, l’aigu rayonnant, la projection exemplaire comme le montrent les couplets de Kleinzack chantés avec beaucoup d’ardeur. Il est dommage que son chant n’utilise pas une palette de couleurs plus variée qui permettrait de donner à son personnage un côté plus vulnérable et moins monolithique mais la performance globale force le respect.
Fabienne Conrad relève le défi d’interpréter les quatre femmes du héros. Ce qui frappe tout d’abord chez cette jeune artiste c’est une incontestable présence scénique et un talent théâtral certain, que ce soit pour être une Olympia dont chaque geste automatique est travaillé, pour exprimer les fragilités d’Antonia ou être une Giulietta séduisante et séductrice. Malheureusement annoncée souffrante (on l’a effectivement vue toussoter par moments) la prestation vocale en est un peu affectée. Elle assure crânement les pyrotechnies vocales d’Olympia avec le supplément d’un timbre riche et fruité que l’on n’a pas toujours l’occasion d’entendre dans ce rôle. Son Antonia, dont l’écriture correspond peut-être le mieux à son format vocal, est bouleversante d’émotion et de sincérité grâce à une palette de nuances et de dynamiques qu’elle met au service d’une grande intelligence musicale. C’est pour aborder Giulietta que les effets de la laryngite se font sentir. On sent l’artiste sur la réserve craignant sans doute l’accident qui ne viendra pas, mais, la fatigue aidant, la projection se fait moins facile et les quelques suraigus sont donnés avec peine. Sa prestation nous fait souhaiter de l’entendre plus souvent sur les scènes françaises avec la plénitude de ses moyens.
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Laurent Alvaro a déjà beaucoup fréquenté les quatre personnages diaboliques. Il en donne à nouveau une composition accomplie : beauté du timbre, qualité de diction, noblesse du phrasé. Seul l’aigu est un peu à la peine. Ses talents théâtraux lui permettent de bien caractériser chaque diable et en particulier le Dr Miracle dont il fait une interprétation saisissante.
Lucie Roche est une touchante Muse / Nicklausse. Malgré quelques soucis d’intonation dans « Une poupée aux yeux d’émail… » elle nous gratifie d’un « Vois sous l’archet frémissant… » délicat et émouvant.
Les seconds rôles sont tous très bien tenus. Carl Ghazarossian donne un savoureux « Jour et nuit je me mets en quatre… », Luc Bertin-Hugault prête sa voix de basse bien timbrée aux tourments de Crespel. Aline Martin à qui l’on fait porter une robe bien peu seyante prête son beau mezzo à la Mère. Raphaël Brémard est un Spalanzani truculent et Guilen Goicoechea est un Hermann/Schlemil très bien chantant.
© Cyrille Cauvet-Opéra St-Etienne
Le Chœur Lyrique Saint-Étienne Loire très bien préparé par Laurent Touche est à féliciter à la fois pour sa prestation vocale et son investissement scénique. L’ Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire est d’une parfaite homogénéité et les différents pupitres se montrent à la hauteur des soli que demande la partition.
David Reiland dirige l’ensemble avec efficacité et justesse. Sa direction fluide respire avec les chanteurs et confère à l’ensemble une belle efficacité dramatique.
Gérard Ferrand
- HELENE ADAM
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Re: Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
Ravie que tu donnes des nouvelles de cette soprano que j'ai découvert par hasard lors d'un requiem de Mozart et que j'ai beaucoup appréciée mais qui se fait très discrète depuis.....
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
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Re: Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
Je viens de publier mon CR
Re: Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
Des CR comme ça, c'est formidable.
Merci
Bernard
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Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
- MariaStuarda
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Re: Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
oui !
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
L'agent de Laurent Alvaro me signale que ce dernier était souffrant lors de cette soirée de première.dge a écrit : ↑05 nov. 2017, 10:52Jacques OFFENBACH – Les Contes d’Hoffmann
Représentation du 7 novembre 2017
Laurent Alvaro a déjà beaucoup fréquenté les quatre personnages diaboliques. Il en donne à nouveau une composition accomplie : beauté du timbre, qualité de diction, noblesse du phrasé. Seul l’aigu est un peu à la peine. Ses talents théâtraux lui permettent de bien caractériser chaque diable et en particulier le Dr Miracle dont il fait une interprétation saisissante.
Gérard Ferrand
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Offenbach - Les Contes d'Hoffmann - Reiland / Berloffa - St-Etienne 11/2017
Lucie Roche a une voix splendide (et le physique qui va avec)
Dommage qu'on la voie assez peu
Dommage qu'on la voie assez peu