Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Il y a aussi cette lettre écrite à Boito en juin 1891 , alors qu'il travaille à Falstaff :
" Le Gros Ventre est sur le chemin de la folie. Certains jours il ne bouge pas, il dort, il est de mauvaise humeur. D'autres ,il crie, court, saute et met tout en pièces. Je le laisse faire pour le moment mais s'il continue, je lui mettrai une muselière et une camisole de force."
trad. ibidem
Bernard
" Le Gros Ventre est sur le chemin de la folie. Certains jours il ne bouge pas, il dort, il est de mauvaise humeur. D'autres ,il crie, court, saute et met tout en pièces. Je le laisse faire pour le moment mais s'il continue, je lui mettrai une muselière et une camisole de force."
trad. ibidem
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Oui.
Je trouve ça très bouleversant car Verdi termine son manuscrit et y joint un :
Tutto è finito !
Alors que le final de la fugue qui conclut l'opéra est
Tutto nel mondo è burla
...........
Tout dans le monde est farce
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Il y a dans ce constat somme toute terrible, au moins désabusé, une infinie tendresse.
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
J'ai lu les derniers mots "camisole de farce".Bernard C a écrit : ↑11 nov. 2017, 12:38Il y a aussi cette lettre écrite à Boito en juin 1891 , alors qu'il travaille à Falstaff :
" Le Gros Ventre est sur le chemin de la folie. Certains jours il ne bouge pas, il dort, il est de mauvaise humeur. D'autres ,il crie, court, saute et met tout en pièces. Je le laisse faire pour le moment mais s'il continue, je lui mettrai une muselière et une camisole de force."
trad. ibidem
Bernard
J'ai toujours considéré Falstaff comme un projet beaucoup plus profond que certains peuvent le croire et qui éveille bien des échos ... Quoi de plus juste que la bouleversante lucidité des derniers mots ? C'est notamment pour cette raison que cet opéra m'est cher et que j'aime particulièrement la manière dont Sir Bryn incarne le personnage.
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Je vais encore faire mon Faustin, mais le décor unique est une erreur au dernier acte. L'absence de la forêt est un contresens : c'est le lieu, du mystère, de la magie. Les citadins ne le comprennent pas mais c'est un lieu inquiétant. Quand j'étais gamin dans le Poitou, je faisais des kilomètres à vélo. Que ce soit seul ou à plusieurs, il y avait toujours une légère angoisse quand il fallait passer dans une forêt profonde (bizarrement, le sentiment est différent à cheval : sans doute parce qu'on ne peut guère se fier à l'instinct d'un vélo).
J'ai globalement trouvé cette dernière scène mal fichue : aucune vivacité dans les tortures que l'on fait subir à Falstaff, tout est lent et mou. C'est pitoisable. Le reste est plutôt bien mené mais ni franchement comique, ni particulièrement mélancolique. On reste dans un certain entre-deux.
J'ai globalement trouvé cette dernière scène mal fichue : aucune vivacité dans les tortures que l'on fait subir à Falstaff, tout est lent et mou. C'est pitoisable. Le reste est plutôt bien mené mais ni franchement comique, ni particulièrement mélancolique. On reste dans un certain entre-deux.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Oooh que c'est beau , Placido !PlacidoCarrerotti a écrit : ↑19 nov. 2017, 20:38Je vais encore faire mon Faustin, mais le décor unique est une erreur au dernier acte. L'absence de la forêt est un contresens : c'est le lieu, du mystère, de la magie. Les citadins ne le comprennent pas mais c'est un lieu inquiétant. Quand j'étais gamin dans le Poitou, je faisais des kilomètres à vélo. Que ce soit seul ou à plusieurs, il y avait toujours une légère angoisse quand il fallait passer dans une forêt profonde (bizarrement, le sentiment est différent à cheval : sans doute parce qu'on ne peut guère se fier à l'instinct d'un vélo).
J'ai globalement trouvé cette dernière scène mal fichue : aucune vivacité dans les tortures que l'on fait subir à Falstaff, tout est lent et mou. C'est pitoisable. Le reste est plutôt bien mené mais ni franchement comique, ni particulièrement mélancolique. On reste dans un certain entre-deux.
Cette façon de " kidnapper" l'attention des lecteurs in extremis en les baladant d'un fil à l'autre !!!
Avec juste la petite touche d'émotion indispensable ...
Du GRAND ART !
Effectivement Faustin n'a qu'à bien se tenir!
- PlacidoCarrerotti
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Et sinon, sur le fond ?wababelooba a écrit : ↑19 nov. 2017, 21:00Oooh que c'est beau , Placido !PlacidoCarrerotti a écrit : ↑19 nov. 2017, 20:38Je vais encore faire mon Faustin, mais le décor unique est une erreur au dernier acte. L'absence de la forêt est un contresens : c'est le lieu, du mystère, de la magie. Les citadins ne le comprennent pas mais c'est un lieu inquiétant. Quand j'étais gamin dans le Poitou, je faisais des kilomètres à vélo. Que ce soit seul ou à plusieurs, il y avait toujours une légère angoisse quand il fallait passer dans une forêt profonde (bizarrement, le sentiment est différent à cheval : sans doute parce qu'on ne peut guère se fier à l'instinct d'un vélo).
J'ai globalement trouvé cette dernière scène mal fichue : aucune vivacité dans les tortures que l'on fait subir à Falstaff, tout est lent et mou. C'est pitoisable. Le reste est plutôt bien mené mais ni franchement comique, ni particulièrement mélancolique. On reste dans un certain entre-deux.
Cette façon de " kidnapper" l'attention des lecteurs in extremis en les baladant d'un fil à l'autre !!!
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Shakespeare fait mourir Falstaff, mais on ne le voit pas sur scène à ce moment-là : c''est au 1er acte d'Henry V, on annonce que Falstaff est très malade et agonise, puis on nous apprend qu'il est mort, mais à aucun moment il n'apparaît sur scène.
Le Falstaff auquel Verdi pensait était probablement celui des dernières pièces (il y en a 4 au total) où Shakespeare le met en scène : le personnage qui avait subi plein de revers, d'abandons, un Falstaff bouffon mais surtout aigri et tragique. D'ailleurs chez Shakespeare les scènes de Falstaff font rire mais pas tant que ça, le personnage est surtout tragique de par tout ce qui lui arrive.
"Tutto nel mondo è burla" qui conclut l'opéra de Verdi est tout simplement le texte de Shakespeare lui-même, et il est fort à parier que ce soient toutes ces phrases un peu acides (comme le monologue sur l'amour au 1er acte) qui aient le plus inspiré Verdi pour composer son opéra.
Le Falstaff auquel Verdi pensait était probablement celui des dernières pièces (il y en a 4 au total) où Shakespeare le met en scène : le personnage qui avait subi plein de revers, d'abandons, un Falstaff bouffon mais surtout aigri et tragique. D'ailleurs chez Shakespeare les scènes de Falstaff font rire mais pas tant que ça, le personnage est surtout tragique de par tout ce qui lui arrive.
"Tutto nel mondo è burla" qui conclut l'opéra de Verdi est tout simplement le texte de Shakespeare lui-même, et il est fort à parier que ce soient toutes ces phrases un peu acides (comme le monologue sur l'amour au 1er acte) qui aient le plus inspiré Verdi pour composer son opéra.
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
J'ai vu cette mes à la création , il y a 1000 ans , et j'avais trouvé ça faussement créatif , bouffé par un décor ultra présent et sans intérêt, perdu dans l'immense ouverture de scène de la Bastoche... En un mot sans intérêt.PlacidoCarrerotti a écrit : ↑19 nov. 2017, 21:21Et sinon, sur le fond ?wababelooba a écrit : ↑19 nov. 2017, 21:00Oooh que c'est beau , Placido !PlacidoCarrerotti a écrit : ↑19 nov. 2017, 20:38Je vais encore faire mon Faustin, mais le décor unique est une erreur au dernier acte. L'absence de la forêt est un contresens : c'est le lieu, du mystère, de la magie. Les citadins ne le comprennent pas mais c'est un lieu inquiétant. Quand j'étais gamin dans le Poitou, je faisais des kilomètres à vélo. Que ce soit seul ou à plusieurs, il y avait toujours une légère angoisse quand il fallait passer dans une forêt profonde (bizarrement, le sentiment est différent à cheval : sans doute parce qu'on ne peut guère se fier à l'instinct d'un vélo).
J'ai globalement trouvé cette dernière scène mal fichue : aucune vivacité dans les tortures que l'on fait subir à Falstaff, tout est lent et mou. C'est pitoisable. Le reste est plutôt bien mené mais ni franchement comique, ni particulièrement mélancolique. On reste dans un certain entre-deux.
Cette façon de " kidnapper" l'attention des lecteurs in extremis en les baladant d'un fil à l'autre !!!
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Re: Verdi - Falstaff - Luisi/Pitoiset - ONP - 10-11/2017
Il me semble que PlacIso et Wababalooba ont résumé assez exactement la majorité des réactions de ce fil. Rien à rajouter.
Note: et je NE RETOURNE PLUS sur le fil de DC. Juré.
Note: et je NE RETOURNE PLUS sur le fil de DC. Juré.
Quanto?
- Il prezzo !
Gia, mi dicon venal, ma, a donna bella io non mi vendo a prezzo di moneta.
- Il prezzo !
Gia, mi dicon venal, ma, a donna bella io non mi vendo a prezzo di moneta.