Scarlatti - Stabat mater à 10 voix - Vox luminis - Lyon 10/10/17

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perrine
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Scarlatti - Stabat mater à 10 voix - Vox luminis - Lyon 10/10/17

Message par perrine » 16 oct. 2017, 19:52

Vox Luminis
Directeur artistique : Lionel Meunier

Anonyme XIIème siècle - lamentation de la vierge au pied de la croix
Lotti – Crucifixus à 8 voix
Monteverdi – Adoramus te christe
Monteverdi – Lamento della ninfa
Della Ciaia – Lamentatio Virginis in dispositione filii de cruce
Scarlatti – Stabat Mater


Chapelle de la Trinité, mardi 10 octobre 2017, Lyon.


Lionel Meunier à la tête de son ensemble Vox Luminis continue sa quête de porter la musique ancienne vocale à un public contemporain. Régulièrement couronné de louanges des critiques pour leurs enregistrements, le public Lyonnais appréciera tout au long de la soirée les qualités intrinsèques de cet ensemble : homogénéité, précision, qualités individuelles et collectives de chaque chanteur et la recherche du bon son et de la caractérisation du texte.

Après un brillant et lumineux concert autour de Haendel et Vivaldi en janvier dernier dans cette même chapelle de la Trinité à Lyon, l’ambiance de ce soir est beaucoup plus sombre. Tout tourne en effet autour du thème des lamentations de la vierge, et de sa dévotion pour son fils.

Le concert débute par une lamentation de la vierge au pied de la croix a capella du XIIème siècle, chantée depuis le fond de la chapelle d’une voix pure et claire par la soprano Sara Jaggi, Après cette introduction inattendue et une transition de la harpe et théorbe, place au Crucifixus à 8 voix de Lotti. Le souvenir du concert du mois de janvier est intact. Les tensions qui résultent des retards et dissonances de l’œuvre ressortent avec délicatesse et la cadence finale se fait douce et apaisante. De cette ambiance calme, s’ensuit le très retenu Adoramus te Christe de Monteverdi à 6 voix d’où ressort une belle cohésion entre les chanteurs et le continuo harpe, théorbe et orgue. Les musiciens sont rejoints par la viole de gambe dans le lamento della ninfa dont la partie solo est à nouveau confiée à Sara Jaggi. Superbement appuyée par le continuo et le chromatisme descendant de la viole de gambe et le trio d’hommes sobre mais présent. Sa caractérisation de la pièce est lyrique, au sens poétique du terme. Sans excès, ni fioritures inutiles, les graves sont beaux et intensifient la langueur de la nymphe abandonnée tandis que les aigus nets et dépourvus de tout vibrato inutile font ressortir la recherche de l’apaisement.
L’autre découverte de la soirée est la lamentation ‘Virginis in depositione filii de cruce’ d’Alessandro Della Ciaia, pièce magnifique, mélange de paroles d’un Stabat Mater interprété par ‘les anges’ qui interrompent les lamentations de Marie. Les chœurs d’anges (d’un duo de hautes contre jusqu’à un chœur à 9 voix) sont superbes, et entourent la vierge avec toujours ce souci d’équilibre naturel et de compassion. Tout juste serait à regretter une trop grande retenue et pas assez poignante Zsuzsi Toth en Marie à la voix pourtant belle mais qui manquera pour cette œuvre de théâtralité.

En deuxième partie, le plaisir est intense de profiter de l’effectif complet du soir pour le Stabat Mater de Scarlatti. Les voix s’entremêlent, se font, se défont, se laissent de la place, du temps, de l’espace pour se retrouver avec une fluidité naturelle. Chaque chanteur fait valoir ses qualités tout en respectant l’équilibre de l’ensemble et de la partition. L’exécution vive de la fugue finale nous emmène droit au paradis et c’est avec impatience que l’on attend leur prochain concert dans ce même lieu pour le Magnificat de Bach.

Perrine
Le problème quand on trouve une solution, c\'est qu\'on perd une question.

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