Telemann
Cantates et Concerti
Damien Guillon, contre-ténor
Julien Martin, flûte à bec
Ensemble Masques
Olivier Fortin
I - Concerto polonois, TMW 43:G7
II - Aria : Entzückende Lust pour alto, basse de viole et basse continue, TWV 1:422
III - Suite en la mineur pour flûte à bec, TWV 55:a2
ENTRACTE
IV - Divertimento en la, TWV 50:22
V - Cantate : Die stille Nacht umschloss den Kreis der Erden, TWV 1:364
Église Saint-Thomas d'Aquin
Concert enregistré par France Musique
Telemann - Cantates et Concerti - Guillon ; Martin/Ensemble Masques - Église St Thomas d'Aquin - 12/10/2017
Telemann - Cantates et Concerti - Guillon ; Martin/Ensemble Masques - Église St Thomas d'Aquin - 12/10/2017
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth
— Shakespeare, Macbeth
Re: Telemann - Cantates et Concerti - Guillon ; Martin/Ensemble Masques - Église St Thomas d'Aquin - 12/10/2017
Le festival Terpsichore a cette année choisi de rendre hommage à Telemann et l’on ne peut que s’en féliciter, tant le nombre de concerts célébrant les 250 ans de sa naissance fut mince. Le concert donné en l’église Saint-Thomas d’Aquin proposait un florilège de numéros instrumentaux et vocaux du corpus immense du compositeur allemand. Devant la grande arche ourlée de drapées tenues par des putti dorés qui sépare les deux chœurs de l’église, l’ensemble Masques a débuté le concert en interprétant le Concerto polonois. D’emblée, il faut dire que si cette église est superbe, son acoustique n’est vraiment pas propice à un ensemble instrumental de ce type : les graves sont étouffés, les notes du clavecin sont ouatées, seules les élans du violon de Cecilia Bernardini semblent ne pas pâtir de la réverbération du lieu. On aimerait pouvoir mieux décomposer la masse sonore qui nous est donnée à entendre et on sent un écart entre l’attention visible des instrumentistes à nuancer leur partie et le résultat audible final. Toujours est-il que les instrumentistes sont portés par un enthousiasme communicatif et qu’on finit par adopter les respirations de la violoniste, volontairement outrée pour marquer les articulations mais conférant aux œuvres jouées une énergie organique.
Accompagné par l’ardente Mélisande Corriveau à la basse de viole et l’attentionné Olivier Fortin au claviorganum, le contre-ténor Damien Guillon a ensuite entonné la cantate Entzückende Lust. On remarque immédiatement la beauté du timbre du chanteur et sa diction extraordinaire de l’allemand. Chaque phrase est ciselée, le chanteur s’appuyant sur le texte pour phraser les lignes des récitatifs et des arias de la cantate. La louange à Dieu se mue en béatitude des sens.
Suivent une Suite pour flûte à bec, menée par Julien Martin, remarquable de précision et colorant avec émotion les différents segments de la suite, et un Divertimento agréable où l’on retrouve les qualités des instrumentistes : musicalité, enthousiasme et articulation, et ce malgré l'acoustique défavorable du lieu.
L’acmé de la soirée est pour nous atteinte lors du récitatif accompagné de la cantate Die stille Nacht umschloss den Kreis der Erden chantée par Damien Guillon. On se retrouve absolument charmé par le ton incantatoire, d’une délicatesse et d’une rigueur mêlées (comme Guillon prononce l’allemand, en faisant s’épanouir les voyelles et en faisant claquer les consonnes), qui anime ce récitatif superbement écrit. Tout le reste de la cantate n’est pas moins fascinant : une mélancolie diffuse habite cet appel à Dieu, se manifestant dans le chant par une sorte de « relâchement tenu », de sensualité cependant rigoureuse.
Applaudissements enthousiastes qui encouragent les musiciens à reprendre un air de la cantate finale.
Une soirée délicieuse.
Clément Mariage
Accompagné par l’ardente Mélisande Corriveau à la basse de viole et l’attentionné Olivier Fortin au claviorganum, le contre-ténor Damien Guillon a ensuite entonné la cantate Entzückende Lust. On remarque immédiatement la beauté du timbre du chanteur et sa diction extraordinaire de l’allemand. Chaque phrase est ciselée, le chanteur s’appuyant sur le texte pour phraser les lignes des récitatifs et des arias de la cantate. La louange à Dieu se mue en béatitude des sens.
Suivent une Suite pour flûte à bec, menée par Julien Martin, remarquable de précision et colorant avec émotion les différents segments de la suite, et un Divertimento agréable où l’on retrouve les qualités des instrumentistes : musicalité, enthousiasme et articulation, et ce malgré l'acoustique défavorable du lieu.
L’acmé de la soirée est pour nous atteinte lors du récitatif accompagné de la cantate Die stille Nacht umschloss den Kreis der Erden chantée par Damien Guillon. On se retrouve absolument charmé par le ton incantatoire, d’une délicatesse et d’une rigueur mêlées (comme Guillon prononce l’allemand, en faisant s’épanouir les voyelles et en faisant claquer les consonnes), qui anime ce récitatif superbement écrit. Tout le reste de la cantate n’est pas moins fascinant : une mélancolie diffuse habite cet appel à Dieu, se manifestant dans le chant par une sorte de « relâchement tenu », de sensualité cependant rigoureuse.
Applaudissements enthousiastes qui encouragent les musiciens à reprendre un air de la cantate finale.
Une soirée délicieuse.
Clément Mariage
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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Re: Telemann - Cantates et Concerti - Guillon ; Martin/Ensemble Masques - Église St Thomas d'Aquin - 12/10/2017
Photos : Régis d'Audeville
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Re: Telemann - Cantates et Concerti - Guillon ; Martin/Ensemble Masques - Église St Thomas d'Aquin - 12/10/2017
Merci pour ce beau compte rendu d'un concert que j'aurais aimé entendre.
Incidemment je suis frappé par la ressemblance entre la suite n° 2 en si mineur pour traverso BWV 1067 de Bach et la suite en la mineur pour flûte à bec TWV 55a2 de Telemann.
L'esprit qui les anime est tellement voisin!
Incidemment je suis frappé par la ressemblance entre la suite n° 2 en si mineur pour traverso BWV 1067 de Bach et la suite en la mineur pour flûte à bec TWV 55a2 de Telemann.
L'esprit qui les anime est tellement voisin!
Rundinella http://piero1809.blogspot.fr
Re: Telemann - Cantates et Concerti - Guillon ; Martin/Ensemble Masques - Église St Thomas d'Aquin - 12/10/2017
Merci !
C'est très difficile en fait, comme on le connaît en général moins, de percevoir ce qui fait la spécificité de l'écriture de Telemann : on entend effectivement du Bach, ou du Haendel aussi parfois.
C'est très difficile en fait, comme on le connaît en général moins, de percevoir ce qui fait la spécificité de l'écriture de Telemann : on entend effectivement du Bach, ou du Haendel aussi parfois.
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
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