Concert Vivaldi-La Voce Strumentale/D.Sinkovsky-Ambronay 8/10/2017

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petitchoeur
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Concert Vivaldi-La Voce Strumentale/D.Sinkovsky-Ambronay 8/10/2017

Message par petitchoeur » 11 oct. 2017, 20:22

Antonio Vivaldi (1678-1741)

Le Quattro stagioni (Les Quatre Saisons) :
Concerto n° 1 en mi majeur, op. 8, RV 269, « La primavera » (Le Printemps)
Allegro - Largo - Allegro
Concerto n° 2 en sol mineur, op. 8, RV 315, « L'estate » (L'Été)
Allegro non molto/Allegro - Adagio/ Presto/Adagio - Presto
Concerto n° 3 en fa majeur, op. 8, RV 293, « L'autunno » (L'Automne)
Allegro - Adagio molto - Allegro
Concerto n° 4 en fa mineur, op. 8, RV 297, « L'inverno » (L'Hiver)
Allegro non molto - Largo - Allegro
Cantate « Cessate, omai cessate »
Concerto pour luth en ré majeur, RV 93
Allegro giusto - Largo – Allegro
Concerto pour violon en ré mineur RV 242, « Per Pisendel »
Allegro - Largo - Allegro

La Voce Strumentale :

Luca Pianca luth
Maria Krestinskaia, Elena Davydova,
Svetlana Ramazanova, Christina Traulko
violons
Polina Babinkova, Tatiana Fediakova altos
Igor Bobowich violoncelle
Leonid Bakulin contrebasse
Alexandra Koreneva clavecin

Dmitry Sinkovsky contre-ténor & violon (violon Francesco Ruggeri, 1675)


Abbatiale d’Ambronay le 8 octobre2017.

lI faut un certain « culot » pour oser offrir au public d’Ambronay habitué aux découvertes d’œuvres oubliées ou rares les Quatre Saisons de Vivaldi ! Et pourtant ! On sort de ce concert étourdi, éberlué, stupéfait et admiratif… Des tempi infernaux, des clairs-obscurs ténébreux et éblouissants, des accentuations raboteuses et sabotières, des PPP moléculaires, des FFF jupitériens avec manifestations électriques et sonores ! La Voce Strumentale et son chef Dmitry Sinkovsky « décoiffent » Vivaldi ! Et si Dmitry Sinkovsky est un violoniste à la technique qui laisse pantois, il est également un contre-ténor accompli et convaincant dans la cantate, du même Vivaldi, Cessate, omai cessate, rimembranze crudeli d’un affetto tiranno… Cessez, cessez donc, cruels souvenirs d’une passion tyrannique…
Cette interprétation des Quatre Saisons et des autres œuvres instrumentales et vocales de Vivaldi données ce soir peut déplaire fortement à beaucoup d’amateurs trouvant que la maîtrise technique impressionnante (de véritables « acrobates » de l’archet, des doigts et de la voix) de tous ces musiciens, Sinkovsky le premier, ne peut être considérée comme de l’interprétation et de la sensibilité musicale à l’image de ces artistes « maniéristes » qui, un siècle plus tôt, peignaient à la manière de Raphaël , par exemple. Ils faisaient passer au second rang l’émotion, la sensibilité ou un message à transmettre au spectateur et à l’auditeur quand ils ne les occultaient pas totalement derrière un savoir-faire parfait.
Il faut reconnaître que l’on ne s’ennuie pas une seconde, que l’on attend bouche bée les da capo pour en goûter les improvisations de trilles et de coups d’archet improbables. Le plus extraordinaire est le début de l’Hiver : plusieurs minutes d’une atmosphère de glaçures, de gelure et d’immobilité jamais entendue, véritablement inouïe. Et dans la cantate Cessate… les très longues notes tenues PPP du contre-ténor et toujours timbrées !
Tout l’orchestre est à l’image de son chef violoniste et chanteur (existe-t-il d’autres artistes qui maîtrisent ces deux disciplines à ce niveau d’excellence ?) C’est un ensemble de virtuoses. Maria Krestinskaïa, premier violon de l’orchestre, possède une sonorité séduisante. Le violoncelliste Igor Bobowich et le contrebassiste, Leonid Bakulin, assurent la basse continue avec une grande autorité et une belle musicalité tout en « tricotant » des accompagnements à une allure vertigineuse. Luca Pianca, joue avec beaucoup de finesse le concerto pour luth en ré majeur RV 93. Sinkovsky met en avant les altistes Polina Babinkova et Tatiana Fediakova en leur confiant tous les accents à marquer avec vigueur.
On est peut-être très loin des interprétations des orphelines de l’Ospedale della Pietà à Venise, dont Vivaldi avait la charge musicale ! Mais le succès est là : une ovation, un public debout, hurlant et quarante minutes de rappels : du jamais vu à Ambronay habitué aux auditeurs plus « policés » ! Et quatre bis dont des reprises des Quatre Saisons mais aussi le concerto grosso La Follia de Geminiani en entier et un air de Vivaldi chanté par Dmitry Sinkovsky : Vieni, vieni, o mio diletto… , Viens, viens ô mon plaisir…

Pierre Tricou
PS : concert diffusé en streaming HD par Culturebox de France-Télévisions

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Adalbéron
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Re: Concert Vivaldi-La Voce Strumentale/D.Sinkovsky-Ambronay 8/10/2017

Message par Adalbéron » 11 oct. 2017, 23:13

Eh bah dis donc !
Je vais regarder ça.
Il arrive que Barbara Hannigan chante et dirige en même temps, c'est le seul exemple d'"artiste double" qui me vient à l'esprit. Paul Agnew aussi peut-être ?

Amandine Beyer et son ensemble Gli Incogniti ont aussi donné ce cycle de concertos à l'auditorium du Louvre (c'est-à-dire tout près de là où ils ont pour la première fois été donnés en France) vendredi et samedi dernier. C'était franchement superbe. Il y avait quelques petites imperfections techniques, des "désaccords" aussi, mais c'est le prix à payer souvent pour jouir des couleurs si riches et denses que donnent à entendre les instruments anciens. Et puis ces artistes sont tellement attachants, car ils vivent avec une intensité remarquable la musique qu'ils jouent. Des mouvements sonnaient vraiment inédits tant ils étaient travaillés en profondeur et avec subtilité. Mais peut-on de toute manière se lasser de cette musique ? J'ai beau l'avoir entendu des dizaines de fois, c'est toujours la même jubilation et le même émerveillement.
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth

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