A.Draghi- Il Terremoto- Le Poème Harmonique/Dumestre-Ambronay 7/10/2017

Représentations
Répondre
petitchoeur
Alto
Alto
Messages : 421
Enregistré le : 19 sept. 2009, 23:00

A.Draghi- Il Terremoto- Le Poème Harmonique/Dumestre-Ambronay 7/10/2017

Message par petitchoeur » 11 oct. 2017, 17:31

IL TERREMOTO (1682),

opéra sacré d’Antonio Draghi (1634/35-1700).

Creation francaise.

CHOEUR & ORCHESTRE DU POEME HARMONIQUE :

Vincent Dumestre direction

La Vierge Marie : Lea Trommenschlager soprano
Marie–Madeleine : Eva Zaicik mezzo-soprano
Saint Jean : Jeffrey Thompson ténor
Scribe : Pascal Bertin contre-ténor
Pharisée : Geoffroy Buffiere basse
Centurion : Victor Sicard baryton
Lumière de la foi : Anna Zawisza soprano
Lumière de la science : Helena Poczykowska alto
Alexandra Rubner récitante

Anna Zawizsa, Marta Wroblewska sopranos
Helena Poczykowska, Marcin Liweń altos
Andrzej Zawisza ténor
Andrzej Marusiak basse

Fiona-Emilie Poupard, Yuki Koike violons
Sylvia Abramowicz ténor de viole
Cyril Poulet basse de violon*
Myriam Rignol viole de gambe*
Adrien Mabire cornet
Sara Agueda harpe*
Philippe Grisvard orgue*
* Basse continue

Abbatiale d’Ambronay le 7 octobre 2017
Lorsque le Christ mourut sur la croix à trois heures de l’après-midi le Vendredi Saint, « l’obscurité se fit sur tout le pays… le voile du Temple se déchira en deux, du haut en bas ; la terre trembla, les rochers se fendirent, les tombeaux s’ouvrirent… quant au centurion et aux hommes qui avec lui gardaient Jésus, à la vue du séisme et de ce qui se passait, ils furent saisis d’une grande frayeur… ». (Evangile selon Saint Matthieu, traduction de la Bible de Jérusalem, édition DDB). Quel effroi, quelle horreur ! le monde tremble et nous menace ! chante le Centurion à la scène IV du Tremblement de Terre, Il Terremoto, d’Antonio Draghi.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles à Vienne, où Antonio Draghi est maître de la chapelle impériale de 1659 à sa mort, est donné chaque année le Jeudi Saint ou le Vendredi Saint un sepolcro, un opéra sacré, relatant la Passion du Christ, interprété par des chanteurs costumés dans un décor évoquant le Saint Sépulcre. Tradition née à Venise et respectée pendant des dizaines d’années. Malheureusement la totalité des partitions vénitiennes a disparu et seules quelques unes données à Vienne ont été entièrement conservées. Entre autre celle de Il Terremoto d’Antonio Draghi joué pour le Jeudi Saint 1682. Grand découvreur d’œuvres baroques oubliées, Vincent Dumestre et son ensemble, chœur et orchestre, Le Poème Harmonique, ont dévoilé ce sepolcro au festival Misteria Paschalia de Cracovie en avril dernier, et nous en donne la création française ce soir à Ambronay. Draghi (1634/35-1700) a composé 67 opéras, 37 oratorios ou opéras sacrés, 116 fêtes et sérénades, des hymnes, des messes, des cantates… Originaire de Rimini, il exerça une influence italienne considérable sur la musique de l’Empire au XVIIème siècle.
Sa musique traduit la violence exercée sur Jésus lors de son procès, la douleur de la Vierge, de Jean et de Marie-Madeleine, la haine du Scribe, du Centurion et du Pharisien (Roi mendiant des Juifs, tu es mort, tu as bien mérité ton agonie ! chante le Pharisien à la scène IV, l’horreur du chaos au moment où Jésus rend l’âme et la peur panique de tous effrayés par le tremblement de terre, vengeance de Dieu le Père. Et enfin, l’espoir d’être racheté de ses péchés Tremble et crains tant que tu vis, ô pécheur, malheur à toi si tu ne changes pas ton cœur tant qu’il est encore temps leur adjurent les Lumières de la Science et de la Foi dans la scène VIII.
Vincent Dumestre sait mettre en valeur toutes les qualités de ses chanteurs et de ses instrumentistes pour traduire les sentiments du livret : douceur et tristesse de La Vierge de Léa Trommenschlager, Moi mortelle, lui Dieu, c’est moi qui vis et lui qui meurt ! Elle est particulièrement émouvante dans ses airs de la scène II : Sé d’un Dio… et de la scène VII : Lassa ? fino gl’Elementi… Grande noblesse, timbre somptueux, projection impressionnante d’Eva Zaïcik en Marie-Madeleine et pleine d’inquiétude dans son duo avec la Vierge à la scène VII : che farà ? Que fera l’homme ? Violence, émotion débordante de Jeffrey Thompson en Saint Jean. Récitatifs et airs convaincants des deux Lumières de la Foi (Anna Zawisza) et de la Science (Helena Poczykowska à la chaude voix d’alto). Remarquable aussi le Centurion de Victor Sicard dans son effroi à la scène IV : Chè spavento ? Quel effroi ? et dans son air accompagné de violes à la scène V : comme son cœur, sa voix est illuminée par la grâce : je crois en toi et t’adore comme mon Rédempteur ! Du grand art. Excellent contre-ténor de Pascal Bertin en Scribe à la voix puissante et bien timbrée seul ou en duo avec le Pharisien de Geoffroy Buffière, voix splendidement profonde dans son air de la scène VI : Spalancatevi si o caverne, Ouvrez-vous, ô cavernes. Nombreuses interventions du chœur reprenant les paroles des solistes. Alexandra Rübner, en prélude à la musique, déclame en français du XVIIème siècle, avec une expressivité toute baroque, une paraphrase des textes évangéliques décrivant l’arrestation de Jésus et introduit le public dans la théâtralité exacerbée de ce drame sacré. Excellents musiciens de l’orchestre : tous sont à citer mais spécialement le cornet d’Adrien Mabire et tous les violistes.
Immense succès et reprise en bis du madrigal final par tous les chanteurs et musiciens : Homme, tremble encore, toi qui de terre est fais… . Le 28 mars 2018 Il Terremoto sera donné par Vincent Dumestre et Le Poème Harmonique dans la Chapelle royale de Versailles. Précipitez-vous : réservez dès aujourd’hui votre place.

Pierre Tricou

Répondre