Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

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faustin
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par faustin » 07 nov. 2017, 20:45

Franz Muzzano a écrit :
11 oct. 2017, 00:34

Pour moi, cette mise en scène est ratée...jusqu'au cabinet de Philippe. Oui, les personnages sont bien définis, très travaillés, mais avant le second entracte ils semblent évoluer seuls. Et toute la scène de l'autodafé est tout simplement calamiteuse, sans mouvement, sans émotion (les députés flamands, l'intervention de Carlos, la réaction salvatrice de Rodrigue, l'appel final à la fête, tout est glacial). Mais quelque chose change du tout au tout dans ce qui est ici la "troisième partie". Toute la scène dans le cabinet de Philippe est magistrale, la prison voit (enfin !) s'installer un vrai rapport entre Carlos et Rodrigue sans qu'ils puissent se toucher, par les regards, les postures...et l'émotion ne faiblit pas jusqu'à la fin. Pourquoi ce "décalage" ? et suis-je le seul à l'avoir ressenti ?
Oui, cette scène est calamiteuse car elle est largement hors époque. Avec sa traine, Philippe II fait roi d'opérette. Il ne fait pas sérieux et cela rend incohérente cette séquence où l'opposition avec Carlos atteint son plus haut niveau. La scène avec le grand inquisiteur procure un malaise. D'abord quel est ce lieu, cette salle d'attente? On ne comprend vraiment pas qui est ce type qui n'est pas très vieux, qui a l'air en forme, qui ne ressemble guère à un ecclésiastique et dont tous les propos sont ceux d'un religieux fanatique, et on ne comprend pas d'où vient son immense pouvoir. Je crois avoir lu quelque part que c'était un chef mafieux. Absurde! Jamais un chef mafieux ne tiendrait les propos de théologie dévoyée qui sont prononcés.

C'est vrai que l'émotion ne faiblit pas, mais sans doute du fait de la force du texte et de la musique et en dépit d'une mise en scène qui reste déroutante.

Faustin

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cosimus
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par cosimus » 07 nov. 2017, 20:50

Je suis plutôt d'accord avec ce que disait Faustin dans sa première intervention à propos de la mise en scène, et assez amusé de voir les multiples décryptages qui se sont succédé au fil des messages! Pourtant il me semble que Bernard avait écrit ce qui aurait dû faire une conclusion raisonnable mais apparemment le débat est loin d'être clos...
Bernard C a écrit :
04 nov. 2017, 10:16
Moi je ne me pose pas le problème de cette façon .

C'est pour cela que cette discussion peut tourner en rond encore mille pages .

Warli dit-il quelque chose sur Don Carlos de Verdi ?
Pas grand chose , il dit autre chose . Ce qu'il a envie de raconter . On peut apprécier ça ( ce qui ne me déplait cette fois ci pas tellement , sans en être fana et sans y porter une attention très prononcée pour ne pas me laisser divertir tout de même de l'interprétation musicale ) .
Quant à le prendre pour un "démiurge" qu'il faut déchiffrer ...sur moi ça ne fonctionne pas vraiment :lol:

Bernard
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par micaela » 07 nov. 2017, 20:59

faustin a écrit :
07 nov. 2017, 20:45
Franz Muzzano a écrit :
11 oct. 2017, 00:34

Pour moi, cette mise en scène est ratée...jusqu'au cabinet de Philippe. Oui, les personnages sont bien définis, très travaillés, mais avant le second entracte ils semblent évoluer seuls. Et toute la scène de l'autodafé est tout simplement calamiteuse, sans mouvement, sans émotion (les députés flamands, l'intervention de Carlos, la réaction salvatrice de Rodrigue, l'appel final à la fête, tout est glacial). Mais quelque chose change du tout au tout dans ce qui est ici la "troisième partie". Toute la scène dans le cabinet de Philippe est magistrale, la prison voit (enfin !) s'installer un vrai rapport entre Carlos et Rodrigue sans qu'ils puissent se toucher, par les regards, les postures...et l'émotion ne faiblit pas jusqu'à la fin. Pourquoi ce "décalage" ? et suis-je le seul à l'avoir ressenti ?
Oui, cette scène est calamiteuse car elle est largement hors époque. Avec sa traine, Philippe II fait roi d'opérette. Il ne fait pas sérieux et cela rend incohérente cette séquence où l'opposition avec Carlos atteint son plus haut niveau. La scène avec le grand inquisiteur procure un malaise. D'abord quel est ce lieu, cette salle d'attente? On ne comprend vraiment pas qui est ce type qui n'est pas très vieux, qui a l'air en forme, qui ne ressemble guère à un ecclésiastique et dont tous les propos sont ceux d'un religieux fanatique, et on ne comprend pas d'où vient son immense pouvoir. Je crois avoir lu quelque part que c'était un chef mafieux. Absurde! Jamais un chef mafieux ne tiendrait les propos de théologie dévoyée qui sont prononcés.

C'est vrai que l'émotion ne faiblit pas, mais sans doute du fait de la force du texte et de la musique et en dépit d'une mise en scène qui reste déroutante.

Faustin
C'est une interprétation possible : il ne s'agit pas vraiment d'une famille régnante, mais de l'entourage d'un dictateur , lequel (le dictateur, pas l'entourage) se prend pour un souverain et agit en tant que tel. D'où le côté "roi d'opérette", son couronnement étant juste une imitation du decorum royal. L'Inquisiteur a bien un costume de prêtre, mais contemporain, ne correspondant pas vraiment à la période évoquée par ailleurs. Et le franquisme s'appuyait beaucoup sur le pouvoir de l'Eglise . Je suis d'accord avec toi sur ce point : même en te'nant compte de la modernisation des costumes et décors, l'idée du chef mafieux ne colle pas vraiment (ou alors c'est du genre "Philippe a eu le pouvoir grâce à son aide, donc il a une forte emprise sur lui", mais je n'y crois que très peu).
Et hop, encore une interprétation de plus (pour certaines, c'était du second degré...)
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Bernard C » 07 nov. 2017, 21:14

micaela a écrit :
07 nov. 2017, 20:20
Par ailleurs, si cette mise en scène n'évoquait pas le XVIème siècle, elle évoquait bien l'essentiel : un drame familial (c'est surtout ça qu'a retenu Warlikowski) dans une famille régnante.
Je ne veux pas revenir sur la mise en scène, mais je réagis à ta remarque Micaela.

Si Don Carlos de Verdi est essentiellement " un drame familial" alors moi je suis totalement à côté de la plaque.

Pour moi Don Carlos n'est pas réductible à une histoire familiale serait elle " d'une famille régnante".

Le Chef d'oeuvre de Verdi est inscrit dans un drame qui nous parle de pouvoir , de puissance liberatrice de l'amitié, d'énergie ambivalente et destructrice des passions amoureuses, de force aliénante de la religion ... .
De drame familial ? Non , bien moins que d'affaire politique si on va par là.


Si Warli a vraiment ramené ça à une histoire domestique ne pas s'étonner que ça grince chez certains.
Moi je n'en sais rien je n'ai pas voulu assez voir pour ça.

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par David-Opera » 07 nov. 2017, 23:04

micaela a écrit :
07 nov. 2017, 20:20
Les réservations ont été faites , y compris pour cette deuxième distribution (dans laquelle il restait deux stars du cast A, le reste de la distribution restant identique) bien avant la première. Donc je ne pense pas que ce soit la mise en scène qui ait dissuadé le public de venir...
Dimanche 05 c'était plein avec quelques places vides de ci de là, donc rien de notable en tout cas. Maintenant, on peut comprendre que certaines personnes ayant assisté à plusieurs reprises à une première distribution exceptionnelle n'aient pas voulu assister aux représentations avec la seconde distribution, afin de rester sur ce dernier souvenir.

Pour ma part, l'énergie de ce spectacle continue à faire de l'effet avec la seconde distribution mais avec une tonalité plus sombre, un jeu plus poussé, évidemment sans la puissance phénoménale de Garanca ou la fluidité irréprochable de Kaufmann, une Elisabeth somptueuse en la personne de Hebla Gerzmava, et la direction de Philippe Jordan que j'adore.
Ce dernier fait d'ailleurs beaucoup plus attention aux chanteurs car il sait que son soutien leur est encore plus précieux.
http://fomalhaut.over-blog.org/
"Le problème à l'opéra, c'est son public." Patrice Chéreau.

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par opera-tic » 07 nov. 2017, 23:31

David-Opera a écrit :
07 nov. 2017, 23:04
micaela a écrit :
07 nov. 2017, 20:20
Les réservations ont été faites , y compris pour cette deuxième distribution (dans laquelle il restait deux stars du cast A, le reste de la distribution restant identique) bien avant la première. Donc je ne pense pas que ce soit la mise en scène qui ait dissuadé le public de venir...
Dimanche 05 c'était plein avec quelques places vides de ci de là, donc rien de notable en tout cas. Maintenant, on peut comprendre que certaines personnes ayant assisté à plusieurs reprises à une première distribution exceptionnelle n'aient pas voulu assister aux représentations avec la seconde distribution, afin de rester sur ce dernier souvenir.
Pour ma part, je pense au contraire que c'est la mise en scène qui a dissuadé le public (dont moi...). Il fallait voir le nombre de places mises en vente sur la bourse aux échanges dès le lendemain de la retransmission télé, alors qu'il n'y en avait pas auparavant...

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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Franz Muzzano » 08 nov. 2017, 01:19

faustin a écrit :
07 nov. 2017, 20:45
Franz Muzzano a écrit :
11 oct. 2017, 00:34

Pour moi, cette mise en scène est ratée...jusqu'au cabinet de Philippe. Oui, les personnages sont bien définis, très travaillés, mais avant le second entracte ils semblent évoluer seuls. Et toute la scène de l'autodafé est tout simplement calamiteuse, sans mouvement, sans émotion (les députés flamands, l'intervention de Carlos, la réaction salvatrice de Rodrigue, l'appel final à la fête, tout est glacial). Mais quelque chose change du tout au tout dans ce qui est ici la "troisième partie". Toute la scène dans le cabinet de Philippe est magistrale, la prison voit (enfin !) s'installer un vrai rapport entre Carlos et Rodrigue sans qu'ils puissent se toucher, par les regards, les postures...et l'émotion ne faiblit pas jusqu'à la fin. Pourquoi ce "décalage" ? et suis-je le seul à l'avoir ressenti ?
Oui, cette scène est calamiteuse car elle est largement hors époque. Avec sa traine, Philippe II fait roi d'opérette. Il ne fait pas sérieux et cela rend incohérente cette séquence où l'opposition avec Carlos atteint son plus haut niveau. La scène avec le grand inquisiteur procure un malaise. D'abord quel est ce lieu, cette salle d'attente? On ne comprend vraiment pas qui est ce type qui n'est pas très vieux, qui a l'air en forme, qui ne ressemble guère à un ecclésiastique et dont tous les propos sont ceux d'un religieux fanatique, et on ne comprend pas d'où vient son immense pouvoir. Je crois avoir lu quelque part que c'était un chef mafieux. Absurde! Jamais un chef mafieux ne tiendrait les propos de théologie dévoyée qui sont prononcés.

C'est vrai que l'émotion ne faiblit pas, mais sans doute du fait de la force du texte et de la musique et en dépit d'une mise en scène qui reste déroutante.

Faustin
C'est très bien que tu commentes ça, parce que ça prouve que cette mise en scène devait (si on le pouvait...) être vue plusieurs fois. Là, j'écrivais après ma première "séance", et je ne renie pas ces propos "de ce jour-là". Mais après plusieurs soirées, ma perception a été tout autre, jusqu'à écrire pratiquement l'inverse :)
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par Franz Muzzano » 08 nov. 2017, 01:21

David-Opera a écrit :
07 nov. 2017, 23:04

Ce dernier fait d'ailleurs beaucoup plus attention aux chanteurs car il sait que son soutien leur est encore plus précieux.
Je ne vois pas comment il pourrait faire MOINS attention aux chanteurs :2guns:
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par David-Opera » 08 nov. 2017, 08:18

Franz Muzzano a écrit :
08 nov. 2017, 01:21
Je ne vois pas comment il pourrait faire MOINS attention aux chanteurs :2guns:
Je pense qu'au contraire il a parfaitement conscience des capacités de chaque chanteur et s'adapte en conséquence. C'était frappant dimanche.
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Re: Verdi - Don Carlos - Jordan/Warlikowski - ONP - 10-11/2017

Message par David-Opera » 08 nov. 2017, 08:21

opera-tic a écrit :
07 nov. 2017, 23:31
Pour ma part, je pense au contraire que c'est la mise en scène qui a dissuadé le public (dont moi...). Il fallait voir le nombre de places mises en vente sur la bourse aux échanges dès le lendemain de la retransmission télé, alors qu'il n'y en avait pas auparavant...
Et pour ma part je peux y retourner ce soir car le revendeur de la place a vu trois fois la première distribution et souhaite en rester là.
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