Bellini- Norma- Roels/Carminati - 10/2017

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pingpangpong
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Bellini- Norma- Roels/Carminati - 10/2017

Message par pingpangpong » 07 oct. 2017, 15:54


Norma
Livret de Felice Romani
Musique de Vincenzo Bellini
Création au Teatro alla Scala de Milan le 26 décembre 1831

Direction musicale Fabrizio Maria Carminati
assisté de Frédéric Rouillon
Mise en scène Frédéric Roels
assisté de Nathalie Gendrot
Chorégraphie Dominique Boivin
assisté de Christine Erbé
Scénographie Bruno de Lavenère
Costumes Lionel Lesire
Lumières Laurent Castaingt
Vidéo Étienne Guiol

Norma Ruxandra Donose / Diana Axentii *
Adalgisa Anna Kasyan / Ludivine Gombert *
Pollione Marc Laho / Lorenzo Decaro *
Oroveso Wojtek Smilek
Clotilda Albane Carrère
Flavius Kevin Amiel
Danseurs
Rémi Boissy, Namkyung Kim,
Noémie Ettlin

*Représentations des 1er et 5 octobre

Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie
Chœur accentus / Opéra de Rouen Normandie
Production

Coproduction Opéra de Rouen Normandie, Royal Opera House Mascate


F.Roels passant la main, il s'agit là de sa dernière mise en scène annuelle en tant que directeur de l'institution rouennaise, emplie jusqu'au second balcon lors des deux représentations auxquelles il m'a été donné d'assister.
Visuellement, tout ceci se laisse voir sans enthousiasme particulier, faute d'espace dans un décor imposant consistant en un enchevêtrement d'étais soutenant un immense panneau de bois incliné, percé d'un oculus qui laisse voir l'extérieur, ciel serein étoilé ou menaçant de nuages, astre lunaire grossissant à vue d' oeil lorsque la prêtresse l'invoque, feuillage d'une forêt omniprésente.
Lors de la dernière scène, le panneau de bois s'élève dans les cintres en un lent et impressionnant mouvement ascendant libérateur.
Mais finalement, ce sont les deux enfants du couple gallo-romain et les doubles chorégraphiques de Norma, Adalgisa, Pollione, dansant sur le bord de l'oculus, qui palient au statisme d'une direction d'acteur indigente où les chanteurs font ce qu'ils peuvent pour exister. Il faut dire que l'assemblage de poutres de part et d'autres du plateau, confine les personnages au centre de celui-ci, contraignant les choeurs à se planter face à nous ou à nous tourner le dos.

Sur le plan vestimentaire c'est un bon compromis entre deux époques, avec un complet lie de vin agrémenté d'une étole pour Pollione, des défroques semi-contemporaines avec motifs à carreaux et fourrures pour caractériser des gaulois à bérets, casquettes ou feutres défraîchis, tandis que Norma et Adalgisa portent tuniques et capes noires ou blanches, lesquelles capes seront échangées entre Norma et son amant retrouvé au moment de monter au bûcher.

Prise à bras-le-corps dès l'ouverture, la partie orchestrale souffre quelque peu d'une lecture où les sentiments sont plus belliqueux que tendres, la cantilène bellinienne en faisant les frais malgré de bons solistes à la flûte ou à la harpe.

Alors que la mezzo roumaine Ruxandra Donose a déjà, ailleurs, fait parler d'elle en bien dans le rôle d'Adalgisa, il n'est pas sûr que celui de Norma lui convienne.
Des deux mezzos distribuées dans ce rôle redoutable pour les cinq représentations données à Rouen, c'est la moldave Diana Axentii qui se rapproche le plus du soprano drammatico di agilita voulu par le compositeur. De par son aptitude à relever les exigences de registre de Bellini, de par son timbre aussi, limpide, nuancé, aigus lumineux et medium solide.Ça et là, les graves font certes défaut, l'obligeant à recourir au parlando à plusieurs reprises. Mais la ligne est musicale au possible, rayonnante, l'engagement celui d'une mère autant que d'une amante blessée.
Pris trop bas, un laborieux Casta Diva met R.Donose en défaut de projection, le reste de la soirée la voyant plus à son aise, notamment dans de beaux ensembles avec Adalgisa et Pollione.
Il faut dire que nous avons été gâtés avec Adalgisa, qu'elle soit portée par la voix d'airain d'une Anna Kasyan de forte présence, ou par une Ludivine Gombert plus humble, dont la musicalité enchante, au diapason avec sa Norma.
Marc Laho, en Proconsul romain, tente plus de jouer sur le registre solaire, ce que sa voix lui permet, donnant un Pollione à l'autorité maîtrisée, trop hiératique cependant, à l'opposé de celui de Lorenzo Decaro, viril et impulsif.
La voix de ce dernier, plus sombre, possède un timbre légèrement voilé, comme usé, qui ne flatte pas l'oreille dans le bas du registre, alors que les aigus sont bien soutenus, ce qui n'est pas le cas chez son alter ego qui montre là ses limites.
Wojtek Smilek apporte au père de la prêtresse gauloise, imposante stature et voix idoine.
Kevin Amiel, Albane Carrère et le choeur Accentus complètent efficacement ce plateau de belle tenue.

E.Gibert
Enfin elle avait fini ; nous poussâmes un gros soupir d'applaudissements !
Jules Renard

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