Concert Bryn Terfel/Lahav Shani- Lyon, Auditorium - 5/10/ 2017

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srourours
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Concert Bryn Terfel/Lahav Shani- Lyon, Auditorium - 5/10/ 2017

Message par srourours » 05 oct. 2017, 22:21

Programme:

Wolfgang Amadeus Mozart
Symphonie n°40, en sol mineur, KV 550

Giuseppe Verdi
Otello: Credo de Iago "Credo in un Dio crudel", extrait de l'acte 2

Falstaff: Monologue de l'honneur "L'onore! Ladri !", extrait de l'acte 1

Entracte

Richard Wagner

Siegfried-Idyll

Die Walküre
Adieux de Wotan (Wotans Abschied) "Leb'wohl, du kühnes, herrliches Kind" et enchantement du feu (Feuerzauber), extraits de l'acte 3

Orchestre national de Lyon
Lahav Shani, direction
Bryn Terfel, baryton


On dit souvent que programmer une symphonie de Mozart pour un orchestre symphonique est un juge de paix, une manière d'appréhender la santé de l'orchestre, en particulier les pupitres de cordes. A en juger par la belle pâte orchestrale déroulée dans la fameuse 40 ème, la santé va. Les traits sont assurés avec vigueur, les basses vrombissent, et l'ensemble fait montre d'une belle souplesse, répondant ainsi à la direction dépourvue d'esbroufe du jeune chef (27 ans) israélien Lahav Shani, à suivre de près...Tout juste regrettera t-on un second mouvement dont l'architecture et la tension ne sont pas suffisamment entretenues pour qu'une (légère) torpeur ne s'installe. Tout cela fut balayé par un belle énergie déployée dans les deux mouvements suivants.
Mais évidemment, la pièce maîtresse du concert, c'est Bryn. Et c'est non sans appréhension que je l'attendais. Parce que je l'adore, et qu'on craint toujours que son idole ne soit pas au niveau superlatif auquel on l'attend. Parce que les grands eux-aussi subissent les heureux outrages du temps et que commencer par le Credo de Iago, à froid si j'ose dire, n'est pas chose aisée. Que nenni, Bryn balaie d'emblée toute inquiétude. Dès son entrée en scène, et malgré des applaudissements prolongés, le personnage est là, inquiétant, insidieux. Et la voix sonne glorieuse, parfaitement "focussée" (sans ces légers graillonnements qui parfois affectent sa ligne de chant) , passant sans effort l'orchestre. Et Bryn ne dit pas le texte non, il le donne, à entendre bien sûr tant il le sculpte, le distille, et à voir tant chaque mot est coloré, vécu, restitué avec une évidence théâtrale confondante.
A peine le temps de respirer que déjà Bryn empoigne le monologue de Falstaff, personnage qui semble être pour lui une seconde peau tant il le possède à force de le côtoyer, ce vieux compagnon. Là encore le texte est distillé avec un plaisir manifeste, une théâtralité évidente et même le jeu avec le chef ou le violon solo ne paraît pas surfait, ou artificiel. La marque des très grands. Triomphe.

J'avais le souvenir pour Siegfried-Idyll d'une oeuvre lénifiante lors d'une précédente audition. Je devais être de mauvaise composition alors tant cette pièce m'a plu ce soir, dont un ONL décidément en grande forme et son chef d'un soir ont su en rendre la variété des atmosphères, des coloris, avec des solos de la petite harmonie et de cor très beaux, une fluidité en particulier dans les enchaînements fort appréciable. Une très heureuse surprise et une superbe introduction à la Walkyrie qui concluait le concert. Disons-le tout net, Bryn semble davantage en difficulté, luttant contre la puissance d'un orchestre en (très) grande formation, en particulier dans des aigus plus poussés qu'à l'habitude, et moins marquant qu'au récital donné il y a quelques années à Pleyel. Cependant, Bryn fait montre encore une fois d'une très grande attention au texte (une constante chez lui), et d'une intensité théâtrale, d'une présence magnétique tout en adoptant une retenue et une sobriété des moyens scéniques déployés, à l'exception de coups de pieds au moment de l'appel de Loge. S'il ne se hisse pas sur les mêmes cimes que Georges London dans mon panthéon personnel, il s'en approche suffisamment pour partager une bonne pinte de guiness en sa compagnie. Remarquable accompagnement de l'ONL qui fait bien mieux que jouer les utilités, sous le regard attentif du maestro Rustioni présent dans la salle entre deux répétitions du War Requiem à l'opéra (générale samedi soir).
Un beau concert qui me fait regretter de l'être trop souvent, en concert, pour ne pas avoir suffisamment le temps de m'y rendre.

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Re: Bryn Terfel/Lahav Shani-Verdi et Wagner-5/10/2017-Auditorium Orchestre National de Lyon

Message par muriel » 06 oct. 2017, 12:37

srourours a écrit :
05 oct. 2017, 22:21
Un beau concert qui me fait regretter de l'être trop souvent, en concert, pour ne pas avoir suffisamment le temps de m'y rendre.
:bounce:

CE SOIR A AIX :Jumpy:

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Re: Bryn Terfel/Lahav Shani-Verdi et Wagner-5/10/2017-Auditorium Orchestre National de Lyon

Message par dge » 06 oct. 2017, 14:51

Assistance modérée (deuxième balcon fermé) pour ce premier des deux concerts au programme hétéroclite et auquel participe Bryn Terfel. Comme si un tel concert ne pouvait rassembler totalement le public « lyrique » et le public « symphonique »! On ne peut que le déplorer.

Le baryton gallois commence avec le Credo de Iago. Il reste droit devant l’orchestre, non sans une belle incarnation musicale se terminant par un éclat de rire démoniaque.
Le monologue de l’honneur de Falstaff « L’onore ! Ladri ! » montre toute l’affinité que l’artiste a avec ce rôle. Non seulement il le chante avec toutes les inflexions et couleurs que réclame ce passage mais il le joue sur la scène. Il EST Falstaff, n’hésitant pas pour illustrer le texte à pincer le tibia du premier violon, tirer quelques cheveux au chef d’orchestre ou se caresser amoureusement la panse. Ovation triomphale du public.
Il conclut ce mini-récital avec les adieux de Wotan. Si la voix n’est peut-être plus tout à fait idiomatique avec par moments une difficulté à dominer l’orchestre, la noblesse de la ligne, la tendresse qu’il met dans son chant pour dire adieu à sa fille culminant sur un « so küsst er die Gottheit von dir » murmuré pianissimo particulièrement émouvant sont de celles que nous n’oublierons pas.
Malgré plusieurs rappels, nous n’aurons droit à aucun bis.

Le très jeune chef israélien Lahav Shani lui fournit un très bel accompagnement orchestral. On regrette seulement une tendance à trop faire sonner un Orchestre National de Lyon superbe de cohésion et de couleurs. Dans cette salle peu favorable aux voix, c’est un travers dans lequel tombent presque tous les chefs.

La symphonie 40 de Mozart donnée en ouverture séduit par sa mise en place. Il y a un réel travail orchestral, les tempis sont vifs même s’il n’y a pas de recherche d’un mimétisme avec les orchestres baroques. Mais cette perfection ne laisse pas passer suffisamment d’émotion, particulièrement dans le second mouvement. Siegfried Idyll est plus abouti et le chef tire de l’orchestre de superbes pianissimi. Au-delà de ces quelques réserves, Lahav Shani a montré suffisamment de qualités pour que l’on suive son parcours avec intérêt.

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Re: Concert Bryn Terfel/Lahav Shani- Lyon, Auditorium - 5/10/ 2017

Message par muriel » 07 oct. 2017, 12:34

Formidable concert à Aix dans une salle bien remplie.
Beau Iago, magnifique Falstaff et formidable Wotan, moins lent mais aussi moins émouvant que dans le théâtre antique d'Orange cet été ( la magie du lieu )
Concert trop court, on est un peu frustré mais la séance de dédicace et la gentillesse du Monsieur compensent .
Dernier concert ce soir à Lyon.

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