Purcell - Miranda - Pichon/Mitchell - OC - 09-10/2017

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JdeB
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Purcell - Miranda - Pichon/Mitchell - OC - 09-10/2017

Message par JdeB » 23 sept. 2017, 12:15

D’après Purcell – Miranda

Miranda — Kate Lindsey
Prospero — Henry Waddington / Alain Buet (le 25 sept)
Anna — Katherine Watson
Ferdinand — Allan Clayton
Le Pasteur — Marc Mauillon
Anthony — Aksel Rykkvin
Prospero Jeune — Jean-Christophe Lanièce**
Miranda Jeune — Margot Deshayes
La voix de Miranda Jeune — Marie Planinsek**
Bénévole 1 — Marie-Frédérique Girod (soprano)**
Bénévole 2 — Perrine Devillers (soprano)**
Bénévole 3 — Coline Dutilleul (alto)**
Caliban — Yann Roland**
Ferdinand Jeune — Constantin Goubet**

* Membres de la Maîtrise populaire de l’Opéra Comique
** Membres du Chœur Pygmalion

Katie Mitchell – mise en scène
Max Pappenheim – conception sonore
Raphaël Pichon et Miguel Henry – arrangements musicaux

Ensemble Pygmalion
Chœur Pygmalion
Raphaël Pichon – direction musicale

Théâtre national de l’Opéra Comique, 25 septembre 2017


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La complainte de la maumariée

Maumariée, oh maumariée
Quand ils t'ont trouvée
Si blanche et dorée
Blonde blonde blonde
Maumariée, oh maumariée
Quand ils t'ont trouvée noyée

Dans le courant
Entre tes draps de mousse
Dans le courant
Les yeux fermés si douce
Comme un jardin de fleurs
Comme un jardin
Saccagé par l'orage
Comme un jardin
Comme une fleur sauvage
Tu fuyais ton malheur
Entre deux eaux
Entre deux eaux […]

La Maumariée (1968) Paroles et musique, Anne Sylvestre pour Serge Reggiani.

Admis et, pire encore, dans la norme durant de longs siècles de l’histoire européenne. Hélas encore la norme dans de nombreux pays, le mariage forcé où le viol conjugal a cours sans qu’aucune protestation ne s’élève, est une pratique abominable qui doit être fustigée.

C’est probablement avec cette louable intention que Cordelia Lynn, Raphaël Pichon et Kathie Mitchell ont imaginé une suite à The Tempest de Shakespeare (1610-11), en s’appuyant sur un des rares personnages féminins du Barde resté à l’état d’esquisse.
Pour tisser cette suite, ils ont imaginé que Miranda l’Admirable (car telle est la signification de son prénom latin) a été mariée de force – « a child bride » comme elle le ressasse – à Ferdinand, fils du roi Alonso de Naples qui avait conspiré autrefois avec le frère de Prospero pour exiler ce dernier et le condamner à une mort certaine, abandonné dans un esquif avec sa fille Miranda, alors âgée de trois ans… Ils ont néanmoins accosté dans une île où les pouvoirs magiques de Prospero leur ont permis de survivre. La tempête qu’il déclenche amène dans cette même île ceux qui leur ont autrefois fait du tort…
Entrecroisant ses thèmes, et faisant appel autant à un vieux fond païen qu’à des réminiscences littéraires très variées, la pièce de Shakespeare insiste sur l’innocence (un peu générique) de Miranda, laquelle s’éprend de Ferdinand qui l’aime en retour : les épreuves que traversera celui-ci pour mériter la main de sa bien-aimée forment une part importante de la pièce originelle. Mais cette histoire d’amour ne saurait celer l’étrange fascination d’un texte bigarré et parfois étouffant où les sentiments étreignent par leur éclat ambigu. C’est sans doute ce mélange, où féérie et grotesque s’entrelacent, qui a passionné les musiciens : on dénombrerait au moins quarante-quatre mises à l’opéra de la pièce, sans compter le pasticcio The Enchanted Island créé récemment au Metropolitan Opera, et intégrant des partitions de l’époque baroque.

Autre pasticcio, bien éloigné de ce substrat où conte initiatique, merveilleux et amoureux archétypaux se mêlent, Miranda s’ancre dans un réalisme sordide, bien terre à terre et profondément religieux, fortement réminiscent de l’admirable adaptation du Messiah de Haendel par Klaus Guth. On a donc bien du mal à réconcilier les personnages que l’on connaît avec ces présentes incarnations désenchantées, transposées dans notre monde, accablement et poids des remords en sus. Car cette moderne Miranda a mis en place son faux suicide afin de revenir durant son enterrement (procédé fort prisé des polars télévisés, témoin dernièrement Les Petits meurtres d’Agatha Christie !), afin de se confronter à sa famille et faire valoir sa douleur et ses droits, sinon à la vengeance, du moins à son droit à l’oubli et son effacement… En effet, Prospero l’a mariée à dix-sept ans (âge encore bien tardif pour un mariage à l’époque de Shakespeare…), pour légitimer après coup le viol qu’elle a subi. C’est donc une femme vindicative qui revient troubler l’ordonnancement de funérailles organisées dans une chapelle très années 70, lisse et austère, dans un décor très évocateur de Chloe Lamford.

La structure de l’œuvre se ressent donc de ce parti pris : si la mise en place des funérailles et le début de la cérémonie – qui voit les élégies des membres de la famille – se déroulent comme une sorte de concert sacré, souple et fluide, bien qu’un peu uniforme, l’irruption de Miranda (mariée « en noir » destructrice) fait basculer ce « semi opera » recomposé dans un presque Grand Guignol. Certes, cette violence claque et produit son effet disruptif (prise d’otage des pleureurs et personnes présentes, puis « masque » représentant ce qu’a subi Miranda) mais ne trouve pas réellement sa juste expression musicale : déplorons que ces variations sur une douleur dédoublée – car Anna, la jeune femme enceinte de Prospero est le miroir de Miranda… – n’a pas autant d’impact dans la véhémence que dans l’affliction.

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Bien que Purcell ait mis en musique The Tempest, les maître et maîtresses d’œuvre ont abondamment pioché dans son œuvre pour assembler ce composite. Toutefois, les bigarrures qui font le prix de l’œuvre du Britannique, ces savoureuses rugosités et ces éclats de jais, ces difformités calibanesques transparaissent ici au travers d’un voile. Ce que nous délivre l’Ensemble Pygmalion est effectivement très beau, mais c’est bien froid, malgré des miroitements qui évoquent de façon éloquente ces ondes où le désespoir de Miranda s’est mirée… Ce « semi opera » résonne parfois comme au travers de la porte vitrée à double battants, enfermant les sentiments tout en les laissant deviner. On aurait aimé un peu plus de bouillonnements, pour coller au sujet grave et crucial ici déployé. Ou un cri qui s’élance au travers de la sélection musicale.

Image

Saluons la grande implication de tous les interprètes, acteurs engagés qui parviennent à imposer des personnalités bien distinctes au travers d’airs d’origines si diverses. La Miranda vengeresse de Kate Lindsey ne trouve que vers le dénouement une humanité qui semble paradoxalement la fuir ; c’est cette fêlure enfin dévoilée dans l’octroi de son pardon, qui lui donne son rayonnement. Katherine Watson, Anna-Miranda en devenir, s’enveloppe d’émotion et d’empathie dans un « Oh let me forever weep » poignant. Allan Clayton transcende un personnage qu’on lui a taillé trop falot, mais rayonne par un timbre enchanteur et une grande douceur. Henry Waddington, aphone, ne fait qu’esquisser le principal protagoniste, mais lui confère toutefois une autorité butée, qu’Alain Buet (dans la fosse d’orchestre) transforme par sa séduisante noblesse. Marc Mauillon, dans un rôle assez anecdotique, rassemble ses ouailles avec une chaleur rassurante et empathique. Le fils « muet » de douleur de Miranda, Anthony, trouve en Aksel Rykkvin un interprète dont on regrette qu’il ne s’exprime pas bien avant.

Semi-échec pour un « semi opera » qui promettait trop.

Emmanuelle Pesqué

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Re: Purcell – Miranda – Pichon / Mitchell – OC – 09-10/2017

Message par Efemere » 25 sept. 2017, 16:49

Diffusion :
• en direct le vendredi 29 septembre à 20 h sur Arte Concert,
• en différé le dimanche 15 octobre à 20 h sur France Musique.
______________________________________
Chef d'orchestre Raphaël Pichon
Metteur en scène Katie Mitchell
Décors Chloe Lamford
Costumes Sussie Juhlin-Wallen
Lumières James Farncombe
Dramaturge Sam Pritchard
~
Soprano Katherine Watson
Mezzo Kate Lindsey
Ténor Allan Clayton
Baryton Marc Mauillon
Basse Henry Waddington
NB – Distribution plus détaillée :

• Direction musicale — Raphaël Pichon
• Mise en scène — Katie Mitchell
• Librettiste — Cordelia Lynn
• Collaborateur artistique — Dan Ayling
• Collaboration aux mouvements — Joseph Alford
• Dramaturgie — Sam Pritchard
• Décors — Chloé Lamford
• Costumes — Sussie Juhlin-Wallen
• Lumières — James Farncombe
• Conception sonore — Max Pappenheim
• Arrangements musicaux — Raphaël Pichon et Miguel Henry

▪ Miranda — Kate Lindsey
▪ Prospero — Henry Waddington / Alain Buet (le 25 sept., chantant dans la fosse d'orchestre)
▪ Anna — Katherine Watson
▪ Ferdinand — Allan Clayton
▪ Le Pasteur — Marc Mauillon
▪ Anthony — Aksel Rykkvin / Marius Valero Molinard
▪ Prospero Jeune — Jean-Christophe Lanièce**
▪ Miranda Jeune — Margot Deshayes* / Rosalie Duroux
▪ La voix de Miranda Jeune — Marie Planinsek**
▪ Bénévole 1 — Marie-Frédérique Girod (soprano)**
▪ Bénévole 2 — Perrine Devillers (soprano)**
▪ Bénévole 3 — Coline Dutilleul (alto)**
▪ Caliban — Yann Roland**
▪ Ferdinand Jeune — Constantin Goubet**
▪ Chœur et orchestre — Pygmalion

* Membres de la Maîtrise populaire de l’Opéra Comique
** Membres du Chœur Pygmalion
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Piero1809
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Re: Purcell- Miranda- Pichon / Mitchell- OC-09-10/2017

Message par Piero1809 » 25 sept. 2017, 18:31

Il me semble que l'opéra ne sera transmis par Arte concert qi'à partir du 29 septembre 2017 à 20h.

J'attends avec impatience de voir ce spectacle tant l'affiche est alléchante.

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Re: Purcell- Miranda- Pichon / Mitchell- OC-09-10/2017

Message par Efemere » 25 sept. 2017, 19:03

Piero1809 a écrit :
25 sept. 2017, 18:31
Il me semble que l'opéra ne sera transmis par Arte concert qi'à partir du 29 septembre 2017 à 20h.

J'attends avec impatience de voir ce spectacle tant l'affiche est alléchante.
J'ai corrigé, merci.

Asvo
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Re: Purcell- Miranda- Pichon / Mitchell- OC-09-10/2017

Message par Asvo » 25 sept. 2017, 22:08

Grâce à la magie de son père Prospero, exilé sur une île déserte, Miranda a été mariée à Ferdinand à la fin de l'intrigue de The Tempest de Shakespeare. 13 ans après, Miranda a un enfant, Anthony, et Prospero a une nouvelle femme, Anna. C'est dans ce cadre que débute l'intrigue de Miranda, drame crée par Katie Mitchell et . Voulant enfin dire à ses proches tout ce qu'elle n'a pas pu leur dire, Miranda se fait passer pour suicidée : son enterrement est organisé ; durant l'enterrement intervient une inconnue en robe de mariée qui explique la « vraie » histoire de Miranda, exilée, violée et mariée enfant. Miranda se révèle ensuite, provoquant la stupeur générale. À la fin de l'oeuvre, tout le monde s'en va et Prospero songe à se suicider.

C'est ce vide branchouille, roman-photo sur papier glacé, compilation de poncifs sur les non-dits, qui était censé donner une cohérence au patchwork d'airs et pièces de Purcell sélectionnés par Raphël Pichon. Autant dire que, de mon point de vue, c'est, damatiquement, un ratage des plus complets. Les fausses images de violence sont savamment distillées, mais rien n'émerge, rien ne vient frapper le spectateur. Bien sûr, tout est transposé à notre époque (c'est génial je trouve, Mitchell écrit un livret qu'elle décide de transposer ensuite...) Les dialogues sont sonorisés, inutilité absolue, et quelques bruitages viennent ajouter au tout.
J'aurais tellement préféré un gala Purcell avec les airs enchaînés sans volonté de cohérence particulière...

Car la musique pâtit aussi de cet univers si bien léché. Le Purcell de Pichon et de son ensemble Pygmalion est magnifique, mais d'un propre... Ça ne râpe jamais, les dissonnances propres au baroque anglais ne semblent même pas accrocher, les rythmes dansants sont lissés. Ma voisine, enchantée pour les mêmes raisons que j'étais déçu, vantait justement ce Purcell non haché, d'un seul tenant. C'est dommage, et ce problème, combiné à une sélection particulièrement riche en morceaux lents parvient à créer une sorte de torpeur apathique...

En termes de chant, c'est aussi une sorte de patchwork. Kate Lindsey déploie son mezzo onctueux et très musical, avec un grand sens du legato et une belle ligne de chant. Katherine Watson délivre aussi de beaux moments en Anna, voix plutôt adaptée au Purcell immaculé de ce soir. Marc Mauillon, dont le timbre peut déplaire, ose contrarier un peu le bel emballage de la soirée et ce qu'il délivre nous fait souvent sortir de notre torpeur. Joli Anthony, Ferdinand d'Allan Clayton assez transparent. Henry Waddington, malade, s'est fait remplacer par une basse dont j'ai oublié le nom, mais qui a délivré une très belle performance, en ayant découvert la partition dans l'après-midi !

Une soirée franchement décevante ; on espèrera que le pastiche de la prochaine saison, sur des airs de Rameau, sera plus inspiré.

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Re: Purcell – Miranda – Pichon / Mitchell – OC – 09-10/2017

Message par Efemere » 26 sept. 2017, 02:31

« Pot-pourri » qui m'a fait ch... la majeure partie de cette soirée de première – ouf pour moi, ça n'a duré qu'environ une heure et demie.

Ni la mise en scène, ni l'orchestre, ni les chanteurs ne m'ont convaincue.
Selon moi, jolies voix de Watson, Clayton et Rykkvin, mais un peu trop de vibrato chez Lindsey et timbre désagréable de Mauillon, toutefois compensé par une belle présence.

J'ai par ailleurs peu apprécié le mélange des accents dans les dialogues, en particulier celui de la Miranda de Lindsey sonnant trop américain à mon goût (heureusement que ce n'était pas du Shakespeare) et celui que j'ai trouvé horrible du Pasteur de Mauillon (OK, on peut imaginer un ministre français, mais quand même...)

Asvo a écrit :
25 sept. 2017, 22:08
(...) Henry Waddington, malade, s'est fait remplacer par une basse dont j'ai oublié le nom, mais qui a délivré une très belle performance, en ayant découvert la partition dans l'après-midi ! (...)
Pendant que Waddington jouait et disait les parties parlées sur la scène, Alain Buet chantait dans la fosse d'orchestre.


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Re: Purcell- Miranda- Pichon / Mitchell- OC-09-10/2017

Message par JdeB » 26 sept. 2017, 10:01

Liste des morceaux joués lors de ce spectacle

ANTI-OUVERTURE

Fantazia a 4 n° 7 - Z.738

Not all my torments can your pity
move - Z.400

Draw near, you lovers (Elegy upon the
death of Mr. Thomas Farmer
) - Z.462
(extrait)

SCÈNE 1 - PRÉPARATIFS

Ouverture - The Virtuous Wife - Z.611
& Dioclesian - Z.627

Olinda in the shades unseen - Z.404

Song of the River God - Psyche -
matthew locke
A Prince of glorious race descended
- Occasional Ode Who can from joy
refrain? - Z.342/3

Miserere Mei - Z.109
Why should men quarrel her? -The Indian Queen - Z.630

SCÈNE 2 - LES FUNÉRAILLES

Catch - Under this stone lies Gabriel
John - Z.286

Anthem - Let Mine Eyes Run Down
with Tears (extrait) - Z.24

Song - Seek not to know - The Indian
Queen
- Z.630
An evening song - Now That the Sun
Hath Veiled His Light - Z.193

Anthem - Jehova Quam Multi Sunt
Hostes Mei (extrait) - Z.135

Anthem - Blow up the Trumpet in Sion
(extrait) - Z.10

Sacred song - Hosanna to the Highest -
Z.187

Devotional song - Saul and the witch of
Endor (extrait) - Z.134

Symphony song - If Ever I More Riches
Did Desire (extrait) - Z.544

Curtain tune - The Tempest - matthew
locke
Mr Purcell’s Farewell -
Ode on the Death of Henry Purcell - jeremiah
Clarke

SCÈNE 3 - LE MASQUE
Song - No, To What Purpose Should I
Speak? - The Concealment - Z.468

Slow air - The Virtuous Wife - Z.611

Aria - So when the glitt’ring Queen of
Night - Of old, when heroes thought
it base - Z.333 (The Yorkshire Feast
Song)

Lilk - The Tempest - matthew locke
Aria - Begone, curst fiends of Hell -
The Indian Queen - Z.630

Recitatif - Great Neptune! - The Tempest
- Z.631

Song - Ah, How Pleasant ’tis to Love -
Z.353 (Banquet of Musick, Book II)


ARGUMENT par Cordelia Lynn

Inspiré par La Tempête de Shakespeare, Miranda imagine une conversation moderne avec son
histoire sur des musiques de Purcell issues de ses oeuvres lyriques et sacrées.
L’action se situe dans une église de la côte du Suffolk, en Angleterre.

ANTI-OUVERTURE
Des acteurs répètent un masque dans une église, la nuit, sous la direction d’une femme qui leur raconte sa jeunesse meurtrie.

SCÈNE 1
Le lendemain matin, l’église est apprêtée pour des obsèques. Trois femmes préparant l’office commentent
le récent suicide de Miranda. Elle est partie en mer et n’a jamais reparu. Anna, la jeune épouse enceinte de Prospero,
est angoissée. Elle explique au pasteur que son mari est devenu irritable et brusque depuis la disparition de sa fille.
Ferdinand, le veuf de Miranda, est en dépression. Leur jeune fils, Anthony, ne parle plus qu’à Anna. Le pasteur tente
de l’apaiser.

SCÈNE 2
Les funérailles débutent, bientôt perturbées par plusieurs événements étranges et effrayants. Prospero et le pasteur tentent de préserver son bon déroulement, mais bientôt une mariée voilée fait son entrée et interrompt le service. Aux fidèles elle annonce qu’ils vont assister à la représentation de la véritable histoire de Miranda.

SCÈNE 3
Sous sa direction, les acteurs jouent un spectacle dérangeant en trois actes (L’Exil, Le Viol, L’Enfant mariée), malgré les protestations des fidèles.
Ils s’arrêtent enfin à la demande d’Anthony.

SCÈNE 4
La mariée s’avère être Miranda qui confronte ainsi son père et son mari aux traumatismes de son enfance et de son
mariage. Anna reconnait qu’elle aussi est une épouse malheureuse. Ferdinand admet son rôle dans le malheur de Miranda et la supplie d’envisager autrement la poursuite de leur relation. Prospero refuse d’admettre sa responsabilité et de demander pardon. Miranda emmène sa famille.

SCÈNE 5
Prospero aimerait retourner dans le passé où il a cru être heureux avec sa fille. Anna lui rappelle qu’ils vont avoir un enfant et doivent regarder vers l’avenir. Dévasté par les révélations de Miranda et par sa propre incapacité à se réconcilier avec elle, Prospero songe au suicide.
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Purcell - Miranda - Pichon/Mitchell - OC - 09-10/2017

Message par EdeB » 28 sept. 2017, 22:31

Mon compte rendu a été posté en tête de ce fil...
Emmanuelle Pesqué
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
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Re: Purcell - Miranda - Pichon/Mitchell - OC - 09-10/2017

Message par Piero1809 » 11 oct. 2017, 11:58

EdeB a écrit :
28 sept. 2017, 22:31
Mon compte rendu a été posté en tête de ce fil...
Emmanuelle Pesqué
Merci pour le compte rendu très éclairant.

Le spectacle est actuellement en replay sur Arte.
https://www.arte.tv/fr/videos/078266-00 ... a-comique/

Un choix d'extraits d'oeuvres profanes et religieuses de Purcell a été mis en scène par Katie Mitchell et son équipe pour accompagner l'office funèbre de Miranda, noyée en mer dans des circonstances mystérieuses.

En transposant sa mise en scène dans le monde actuel, Katie Mitchell insiste sur l'universalité du thème et son actualité. Il dépasse le cadre d'une petite église anglicane du nord de l'Angleterre pour se placer dans un lieu de culte en béton bien lisse comme le sont nombre d 'églises modernes de nos banlieues.
La première partie qui décrit l'office funèbre déroule l'habituelle suite de témoignages et de panégyriques en faveur de la défunte. Ces offices funèbres ont été complaisamment exploitées dans le cinéma, les séries télévisées anglo-saxonnes et les soap. Il faut avouer que la merveilleuse musique de Purcell met admirablement en valeur cette partie qui autrement aurait pu être un peu banale, mis à part quelques scènes intenses, comme l'intervention d'Anthony, ou bien l'Allelluia chanté par Anna.
L'arrivée de Miranda met un terme à l'hypocrisie ambiante. Miranda est venue régler ses comptes avec son père, son mari, sa famille et la société toute entière qui cautionne le mariage forcé et le viol congugal. Ces scènes très fortes et musicalement intenses culminent notamment dans le duetto Miranda, Prospero, le lamento d'Anna Oh Let me weep, forever weep...
Qui n'a jamais ressenti à l'occasion de la cérémonie funèbre d'une connaissance, le contraste existant entre les propos lénifiants du célébrant, de la famille, des amis... et les conflits et vicissitudes ayant émaillé la vie du défunt ?
A la fin on note, entonnée par les solistes instrumentaux et vocaux puis par le choeur, un magnifique extrait de Didon et Enée qui apporte un semblant de consolation et d'espérance suggérant que Prospero ne mettra pet-être pas ses menaces de suicide à exécution.

Cette mise en scène très réussie met en valeur la musique de Purcell. Cette dernière est exaltante et présente tous les traits qui rendent cette musique si attachante. Les tournures mélodiques si déroutantes, les dissonances et les chromatismes sont parfaitement rendus par l'instrumentation et l'interprétation.
J'avais manifesté quelques réserves sur l'Ensemble Pygmalion de Raphael Pichon à propos de l'Orfeo de Luigi Rossi. Ici j'ai été absolument conquis. Ne voyant pas les instruments, il m'est difficile de les décrire à l'oreille. Il m'a semblé reconnaître quelquefois un pardessus de viole soliste émergeant des violons, et un consort de violes opérant à de nombreuses reprises. En tout état de cause les cordes m'ont séduit par leur sonorité remarquablement fondue ne sacrifiant pas les accidents harmoniques qui émaillent les partitions de Purcell. Pour le continuo j'ai beaucoup aimé la sonorité de l'orgue qui accompagne les passages religieux et les théorbes. Le solo de théorbe qui intervient lors de l'extrait de Didon et Enée à la fin est particulièrement bienvenu. Belles saqueboutes dans les passages les plus dramatiques.

Pour les solistes, Superbe prestation de Aksel Rikkvin (Anthony), Kate Lindsey (excellente Idamante dans Idomeneo) a mis sa voix de mezzo très véhémente pour exprimer avec beaucoup d'engagement son ressentiment. La prestation de Katherine Watson dans le rôle d'Anna fut très émouvante. Marc Mauillon, confondant de naturel dans le rôle du célébrant, a donné l'impression d'avoir fait ça toute sa vie. Ses interventions vocales (récitatifs et airs) étaient irréprochables. Alan Clayton ténor s'est fait remarquer par sa très belle voix bien projetée. Je ne sais pas si Henry Waddington était doublé par Alain Buet dans le rôle de Prospero le jour de l'enregistrement mais en tous cas le résultat est très convaincant aux plans scénique et vocal. On ne peut qu'admirer les arrangements musicaux de Raphael Pichon et Michel Henry. Les bruitages qui interviennent entre deux scènes semblaient troubler les protagonistes de la pièce, créant un climat d'angoisse. Pour ma part j'ai trouvé qu'ils n'apportaient pas grand chose.

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lionrougeetblanc
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Re: Purcell - Miranda - Pichon/Mitchell - OC - 09-10/2017

Message par lionrougeetblanc » 12 oct. 2017, 09:59

+1
J'étais dans la salle le 5 octobre pour la dernière et je partage ; j'étais dans le doute avant la représentation car j'avais lu des critiques peu engageantes mais j'ai finalement été prise au jeu, d'abord parce que j'aime énormément Purcell, ensuite parce que le propos, comme sa mise en scène, m'ont peu à peu saisie et émue.
Le seul mystère pour moi reste ce curieux bruit, à plusieurs reprises, qui n'était pas d'orage (ou alors très mal fait) et dont je n'ai identifié ni la source ni l'intérêt.

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