Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09/2017

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Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09/2017

Message par Asvo » 10 sept. 2017, 21:31


MISE EN SCÈNE : Julie GAYET
CO-MISE EN SCÈNE : Kên HIGELIN
DIRECTION MUSICALE : Yannis POUSPOURIKAS
ORCHESTRE : Anne GRAVOIN / Music Booking Orchestra
SCENOGRAPHIE : Ghislaine HERBERA
COSTUMES : Sara ROCES BUELGA
LUMIÈRES : Romain RATSIMBA

FIGARO : Norman PATZKE (Baryton-basse)
SUZANNE : Norma NAHOUN (Soprano)
COMTE ALMAVIVA : Laurent KUBLA (Baryton-basse)
COMTESSE ALMAVIVA : Lies VANDEWEGE (Soprano)
CHERUBIN : Cécile MADELIN (Soprano)
MARCELINE : Christine TOCCI (Mezzo-soprano)
BARTHOLO/ANTONIO : Matthieu LECROART (Baryton-basse)
DON BASILE/ DON CURZIO : Florian CAFIERO (Ténor)
BARBERINE : Maya VILLANUEVA (Soprano)
PAYSANS & PAYSANNES : Chœur Opéra en Plein Air et comédiens


Cour d'honneur des Invalides, le 9 septembre 2017

Suite à un gentil cadeau de mes élèves en fin d'année dernière, j'ai assisté hier soir pour la première fois à une représentation d'Opéra en Plein Air, dont le concept, censément rodé depuis 16 ans, est de proposer de l'opéra en plein air dans des lieux prestigieux (Domaine de Sceaux, Cité de Carcassonne, etc.). À Paris, on a pu voir des représentations au jardin du Luxembourg ou, comme ce soir, dans la cour d'honneur des Invalides.

Points positifs : le cadre est beau.

Sinon, je trouve tout le reste assez, voire complètement scandaleux.

La sonorisation, en premier lieu, est absolument lamentable. Aucun travail de spatialisation du son, simplement deux gros hauts parleurs, à droite et à gauche de la scène, situés de telle sorte qu'il résonnent régulièrement entre eux. Sans spatialisation, pourquoi avoir mis deux hauts parleurs et pas un seul en plein milieu de la scène ? On aurait évité tous ces bruits dérangeants.

Une "mise en scène" de Julie Gayet (c'est le principe d'Opéra en plein air, on choisir toujours une grande personnalité du monde du théâtre : PPDA, Arielle Dombasle, etc.) qu'on aurait pu monter dans l'école municipale de mon enfance à Nogent-le-Rotrou : on mets des robes un peu jolies, des masques de carnaval vénitien parce que ça fait tellement opéra et puis on dit aux chanteurs "amusez-vous, faites un peu les clowns". Ça casse pas deux pattes à un canard unijambiste mais ça ne dérange pas la musique.

La musique, justement, parlons-en. Je conçois que, pour les chanteurs, il faille mieux entendre la battue d'orchestre, mais tout de même, avec la direction de Yannis POUSPOURIKAS, je n'ai jamais trouvé ces Noces aussi longues ! Surtout le second Acte, qui d'habitude me transporte, avec des ensembles parmi les plus beaux qui soient : j'ai eu l'impression qu'il ne finirait jamais. Donc aucun relief rythmique, aucun relief sonore vu que tout était aplati par la sonorisation, et aucun relief dramatique. Tout était réuni pour rendre l'oeuvre ennuyeuse.

Les chanteurs tentent de sauver un peu la soirée.

Pas forcément le Figaro de Norman PATZKE qui a peut-être une belle voix, mais que le vent d'hier et le micro a poussé à chanter à mi-voix toute la représentation. Il avait beau se démener comme un diable sur scène (belle énergie d'ailleurs), quand en termes de chant on a l'impression que "Se vuol ballare" est un air du voyage d'hiver, ça ne le fait pas.

Le rôle vocalement flatteur de Suzanne sied très bien à Norma NAHOUN, ce qu'il faut de piquant, d'amusant, dynamisant un peu l'apathie générale.

Idem pour le Comte de Laurent KUBLA, plutôt sympathique dans ce rôle, assumant la partition et le personnage qu'il doit incarner.

En revanche, les micros furent beaucoup plus ingrats pour Lies VANDEWEGE, Comtesse aux phrases commençant systématiquement par des sons blancs et pas hyper-justes, et aux aigus que le vent n'a pas aidé à assumer ; de son côté, la pauvre Cécile MADELIN n'y pouvait rien, mais sa voix était celle qui faisait le plus résonner les hauts parleurs, rendant assez désagréables ses interventions qui, j'en suis sûr, auraient été beaucoup plus sympathiques en salle.

Assez drôles et idoines Marcelline et Bartolo de Christine TOCCI et Matthieu LECROART ; jolis Baile et Barberine de Florian CAFIERO et Maya VILLANUEVA.

Applaudissements quasi-inexistants, aucun enthousiasme du public pour une soirée molle dont on est content qu'elle eut eu lieu en extérieur, dans la tiédeur d'une salle de spectacle nous aurait fait dormir quelques heures.

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Re: Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09-17

Message par Adalbéron » 10 sept. 2017, 22:42

Asvo a écrit :
10 sept. 2017, 21:31
Suite à un gentil cadeau de mes élèves en fin d'année dernière, j'ai assisté hier soir pour la première fois à une représentation d'Opéra en Plein Air, dont le concept, censément rodé depuis 16 ans, est de proposer de l'opéra en plein air dans des lieux prestigieux (Domaine de Sceaux, Cité de Carcassonne, etc.). À Paris, on a pu voir des représentations au jardin du Luxembourg ou, comme ce soir, dans la cour d'honneur des Invalides.

Points positifs : le cadre est beau.

Sinon, je trouve tout le reste assez, voire complètement scandaleux.
Ça partait d'une bonne intention... Il voulait que leur prof prenne l'air ! ;)
Asvo a écrit :
10 sept. 2017, 21:31
Une "mise en scène" de Julie Gayet (c'est le principe d'Opéra en plein air, on choisir toujours une grande personnalité du monde du théâtre : PPDA, Arielle Dombasle, etc.) qu'on aurait pu monter dans l'école municipale de mon enfance à Nogent-le-Rotrou : on mets des robes un peu jolies, des masques de carnaval vénitien parce que ça fait tellement opéra et puis on dit aux chanteurs "amusez-vous, faites un peu les clowns". Ça casse pas deux pattes à un canard unijambiste mais ça ne dérange pas la musique.
D'autant plus que je ne crois pas que ces « personnalités » soient vraiment plus qu'un nom sur une affiche. En tout cas, quand j'ai chanté dans Carmen dans « une mise en scène de PPDA » pour l'Opéra en plein air, on n'a vu le fameux PPDA que lors du buffet de la première répétition sur le plateau... :lol: Ensuite, on n'a jamais plus vu que son assistante (la « co-metteuse en scène ») aux autres répétitions. Mais peut-être suivait-elle ses ordres à distance.
[En tout cas, je dois dire que, même si globalement ça ne devait pas non plus casser deux pattes à un canard unijambiste, c'était une chouette expérience.]
« Life’s but a walking shadow, a poor player / That struts and frets his hour upon the stage / And then is heard no more. It is a tale / Told by an idiot, full of sound and fury, / Signifying nothing. »
— Shakespeare, Macbeth

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Re: Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09-17

Message par Asvo » 10 sept. 2017, 23:10

Adalbéron a écrit :
10 sept. 2017, 22:42
Asvo a écrit :
10 sept. 2017, 21:31
Suite à un gentil cadeau de mes élèves en fin d'année dernière, j'ai assisté hier soir pour la première fois à une représentation d'Opéra en Plein Air, dont le concept, censément rodé depuis 16 ans, est de proposer de l'opéra en plein air dans des lieux prestigieux (Domaine de Sceaux, Cité de Carcassonne, etc.). À Paris, on a pu voir des représentations au jardin du Luxembourg ou, comme ce soir, dans la cour d'honneur des Invalides.

Points positifs : le cadre est beau.

Sinon, je trouve tout le reste assez, voire complètement scandaleux.
Ça partait d'une bonne intention... Il voulait que leur prof prenne l'air ! ;)
Ah mais oui, ils sont trop choupis ces petits, je crois que c'est pour ça que j'étais aussi frustré, j'aurais adoré adorer cette soirée :)

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Re: Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09-17

Message par EdeB » 22 sept. 2017, 12:36

Asvo a écrit :
10 sept. 2017, 23:10
Adalbéron a écrit :
10 sept. 2017, 22:42
Asvo a écrit :
10 sept. 2017, 21:31
Suite à un gentil cadeau de mes élèves en fin d'année dernière, j'ai assisté hier soir pour la première fois à une représentation d'Opéra en Plein Air, dont le concept, censément rodé depuis 16 ans, est de proposer de l'opéra en plein air dans des lieux prestigieux (Domaine de Sceaux, Cité de Carcassonne, etc.). À Paris, on a pu voir des représentations au jardin du Luxembourg ou, comme ce soir, dans la cour d'honneur des Invalides.

Points positifs : le cadre est beau.

Sinon, je trouve tout le reste assez, voire complètement scandaleux.
Ça partait d'une bonne intention... Il voulait que leur prof prenne l'air ! ;)
Ah mais oui, ils sont trop choupis ces petits, je crois que c'est pour ça que j'étais aussi frustré, j'aurais adoré adorer cette soirée :)
Asvo, je ne suis pas charitable, mais j'ai beaucoup ri à ton compte rendu apocalyptique...
Ceci dit, je suis partagée : ce type de soirée est souhaitable dans l'absolu, car cela permet de démocratiser l'opéra auprès d'un public qui a souvent "peur" d'aller en salle... Ceci dit, à la lecture de ton CR, si c'était si "emm**difiant" que ça, c'est plus que contre productif, car cela entérine l'idée "opéra = truc chiant pour les snobs" qui a encore trop cours...
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
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Re: Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09-17

Message par PlacidoCarrerotti » 22 sept. 2017, 13:09

EdeB a écrit :
22 sept. 2017, 12:36
Asvo a écrit :
10 sept. 2017, 23:10
Adalbéron a écrit :
10 sept. 2017, 22:42
Asvo a écrit :
10 sept. 2017, 21:31
Suite à un gentil cadeau de mes élèves en fin d'année dernière, j'ai assisté hier soir pour la première fois à une représentation d'Opéra en Plein Air, dont le concept, censément rodé depuis 16 ans, est de proposer de l'opéra en plein air dans des lieux prestigieux (Domaine de Sceaux, Cité de Carcassonne, etc.). À Paris, on a pu voir des représentations au jardin du Luxembourg ou, comme ce soir, dans la cour d'honneur des Invalides.

Points positifs : le cadre est beau.

Sinon, je trouve tout le reste assez, voire complètement scandaleux.
Ça partait d'une bonne intention... Il voulait que leur prof prenne l'air ! ;)
Ah mais oui, ils sont trop choupis ces petits, je crois que c'est pour ça que j'étais aussi frustré, j'aurais adoré adorer cette soirée :)
Asvo, je ne suis pas charitable, mais j'ai beaucoup ri à ton compte rendu apocalyptique...
Ceci dit, je suis partagée : ce type de soirée est souhaitable dans l'absolu, car cela permet de démocratiser l'opéra auprès d'un public qui a souvent "peur" d'aller en salle... Ceci dit, à la lecture de ton CR, si c'était si "emm**difiant" que ça, c'est plus que contre productif, car cela entérine l'idée "opéra = truc chiant pour les snobs" qui a encore trop cours...
J'ai vu la toute première édition de ces séries avec Don Giovanni (coupé) : je t'assure que les spectateurs avaient davantage l'air dégoûté à vie de l'opéra que conquis. Maigres applaudissements, départs pendant le spectacle... C'était horrible.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09/2017

Message par romance » 22 sept. 2017, 23:18

Même chose, alors que je m'ouvrais à l'opéra, en vrai, en salle, pas de micro, l'émotion, l'échange scène/public, enfin l'opéra. Restée jusqu'à la fin pour faire plaisir parce qu'on avait voulu me faire plaisir... Un objet neuf mais poussiéreux, sans âme, mal fini, un peu comme ces souvenirs, mal fabriqués en Chine, en matériau grossier, vendus à la sortie des églises ou des musées. Toute la distance entre voir un chef-d'oeuvre "en vrai" et acheter sa reproduction mal finie.

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Message par PlacidoCarrerotti » 22 sept. 2017, 23:31

romance a écrit :
22 sept. 2017, 23:18
Même chose, alors que je m'ouvrais à l'opéra, en vrai, en salle, pas de micro, l'émotion, l'échange scène/public, enfin l'opéra. Restée jusqu'à la fin pour faire plaisir parce qu'on avait voulu me faire plaisir... Un objet neuf mais poussiéreux, sans âme, mal fini, un peu comme ces souvenirs, mal fabriqués en Chine, en matériau grossier, vendus à la sortie des églises ou des musées. Toute la distance entre voir un chef-d'oeuvre "en vrai" et acheter sa reproduction mal finie.
Je n'aurais jamais imaginé ce rapprochement mais c'est très justement observé. Du faux à destination des pauvres jobards.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09/2017

Message par micaela » 22 sept. 2017, 23:54

Le pire c'est que ce "faux" (la comparaison de romance est en effet bien trouvée) se veut, encore plus qu'une démocratisation de l'opéra (vraiment ?) une opération de prestige.
Mieux vaut ce type d'expérience pour démocratiser l'opéra
http://www.odb-opera.com/viewtopic.php ... #p258188
Avec des moyens réduits, on a eu une vraie soirée d'opéra...
Le sommeil de la raison engendre des monstres (Goya)

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Message par romance » 23 sept. 2017, 07:11

Oui, certains metteurs en scène savent accéder à la substantifique moelle. On pourrait les rebaptiser "Opéras en Toc" (et si on avait du temps à perdre, essayer de comprendre pourquoi ce ratage avec un tel "matériau").

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Re: Mozart - Les Noces de Figaro - Pouspourikas/Gayet - Invalides - 09/2017

Message par EdeB » 23 sept. 2017, 13:13

PlacidoCarrerotti a écrit :Je n'aurais jamais imaginé ce rapprochement mais c'est très justement observé. Du faux à destination des pauvres jobards.
Tout à fait d'accord.
romance a écrit :
23 sept. 2017, 07:11
Oui, certains metteurs en scène savent accéder à la substantifique moelle. On pourrait les rebaptiser "Opéras en Toc" (et si on avait du temps à perdre, essayer de comprendre pourquoi ce ratage avec un tel "matériau").
Romance, tu poses une vraie question... Si le metteur en scène n'a pas de conception d'ensemble ou de de réelle vision sur l'oeuvre, quel que soit son génie (à l'oeuvre, et même au metteur en scène), on ne peut avoir de résultat probant à la suite...
Sans préjuger de ce spectacle que je n'ai pas vu, et en restant dans les généralités, est-ce que ce n'est pas le principe fondateur d'Opéra en plein air qui pose problème ? Les "stars" invitées ne sont ni forcément des professionnels de la mise en scène (cela ne s'invente pas, c'est un véritable métier !) et avoir "des idées" sur l'oeuvre ne permet pas forcément d'animer des personnages en scène... (Personnellement, j'ai "des idées" sur les Nozze di Figaro, mais JAMAIS il ne me viendrait à l'idée de penser que je pourrais en faire une mise en scène...
Une monstrueuse aberration fait croire aux hommes que le langage est né pour faciliter leurs relations mutuelles. - M. Leiris
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