Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par Adalbéron » 13 sept. 2017, 17:05

JdeB a écrit :
13 sept. 2017, 16:17
Oui, techniquement c'est étourdissant sauf la rondeur et le fini de l'aigu (très facile et puissant)
Je dois dire que j'ai trouvé ses (sur)aigus plutôt laids, très tendus, sonnant fragiles. De plus, je l'ai déjà dit, mais j'ai été gêné par la manière dont elle ne les achevait pas, comme tu l'évoques (pas de fini) : ça ne s'arrêtait pas net, ça dégoulinait au bout tout mollement. Je crois que je préfère encore quand on hurle un aigu et que c'est incisif, comme une lame qu'on passe, nette.
Mais sinon, les vocalises et tout le tintouin, oui, c'était très bien.
Sur le timbre, je me répète, mais je le trouve très beau et maîtrisé dans le registre aigu, mais très quelconque et « éparpillé » dans le médium (ne connaissant pas par coeur Lucia, je me suis demandé si ce n'était pas la comprimaria qui commençait à chanter lors de la première apparition de Lucia et de sa suivante...).
Je l'ai trouvé par moment touchante, mais si j'en viens à disséquer si froidement ce qu'elle a fait, c'est que je n'ai pas été globalement convaincu par son interprétation du rôle...

Ça n'intéresse sans doute que très peu de personne, mais je rêve pour approcher l'oeuvre d'une version Scotto/Vickers/Muti ou bien Zampieri/Fisichella/Sinopoli, ou bien encore Gruberova(2005)/Osborn/Currentzis, quelque chose comme ça. Mais si Rustioni donne ça un jour, il faudra s'y précipiter :wink:.
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par Bernard C » 13 sept. 2017, 17:31

Pour approcher l'œuvre, personne n'a mieux dit qui était Lucia que Callas et notamment n'a interprété la complexité de l'aria della pazzia.
La nature du dédoublement n'est pas que l'extraordinaire écho entre la flûte et le soprano que Pratt réalise avec une façon extrêmement soignée et impressionnante.
C'est une dépersonnalisation, ce que Pratt ne réalise pas, qu'Anderson réalisait de façon hallucinante car elle est celle qui a le mieux compris le virage callassien, la nature romantique du personnage.
Ce que le talent de Dame Joan ne restituait pas malgré sa supériorité vocale.

Si tu ne va pas vers ça tu peux tourner en rond avec le belcantisme de Lucia sauf à être fasciné par les contre fa et les acrobaties.
Lucia est une œuvre fascinante quand on approche ça.
Hier ce n'était pas le cas du tout.
D'ailleurs placé où j'étais j'ai surtout, dans la première partie encaissé une migraine barotraumatique plus que je n'aie été emporté dans un trip stratosphérique.

Mais je dirai peut être quelques mots supplémentaires dès que j'ai le temps.

B.
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par PlacidoCarrerotti » 13 sept. 2017, 17:35

Adalbéron a écrit :
13 sept. 2017, 17:05
Ça n'intéresse sans doute que très peu de personne, mais je rêve pour approcher l'oeuvre d'une version Scotto/Vickers/Muti ou bien Zampieri/Fisichella/Sinopoli, ou bien encore Gruberova(2005)/Osborn/Currentzis, quelque chose comme ça. Mais si Rustioni donne ça un jour, il faudra s'y précipiter :wink:.
Pas sûr que le public les laisse chanter au delà du premier acte.
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).

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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par Adalbéron » 13 sept. 2017, 17:36

PlacidoCarrerotti a écrit :
13 sept. 2017, 17:35
Adalbéron a écrit :
13 sept. 2017, 17:05
Ça n'intéresse sans doute que très peu de personne, mais je rêve pour approcher l'oeuvre d'une version Scotto/Vickers/Muti ou bien Zampieri/Fisichella/Sinopoli, ou bien encore Gruberova(2005)/Osborn/Currentzis, quelque chose comme ça. Mais si Rustioni donne ça un jour, il faudra s'y précipiter :wink:.
Pas sûr que le public les laisse chanter au delà du premier acte.
:lol: :lol: :lol:
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par JdeB » 13 sept. 2017, 17:37

Adalbéron a écrit :
13 sept. 2017, 17:05
JdeB a écrit :
13 sept. 2017, 16:17
Oui, techniquement c'est étourdissant sauf la rondeur et le fini de l'aigu (très facile et puissant)
Je dois dire que j'ai trouvé ses (sur)aigus plutôt laids, très tendus, sonnant fragiles. De plus, je l'ai déjà dit, mais j'ai été gêné par la manière dont elle ne les achevait pas, comme tu l'évoques (pas de fini) : ça ne s'arrêtait pas net, ça dégoulinait au bout tout mollement. Je crois que je préfère encore quand on hurle un aigu et que c'est incisif, comme une lame qu'on passe, nette.
Mais sinon, les vocalises et tout le tintouin, oui, c'était très bien.
Sur le timbre, je me répète, mais je le trouve très beau et maîtrisé dans le registre aigu, mais très quelconque et « éparpillé » dans le médium (ne connaissant pas par coeur Lucia, je me suis demandé si ce n'était pas la comprimaria qui commençait à chanter lors de la première apparition de Lucia et de sa suivante...).
Je l'ai trouvé par moment touchante, mais si j'en viens à disséquer si froidement ce qu'elle a fait, c'est que je n'ai pas été globalement convaincu par son interprétation du rôle...

Ça n'intéresse sans doute que très peu de personne, mais je rêve pour approcher l'oeuvre d'une version Scotto/Vickers/Muti ou bien Zampieri/Fisichella/Sinopoli, ou bien encore Gruberova(2005)/Osborn/Currentzis, quelque chose comme ça. Mais si Rustioni donne ça un jour, il faudra s'y précipiter :wink:.
D'accord sur les beautés et les limites du timbre.

Par contre, ses suraigus étant pleins, timbrés et puissants, ils ne donnent pas selon moi l'impression de fragilité que tu as ressentie; je ne les ai pas trouvés laids non plus.

Mon premier Edgardo a été Fisichella ! Il était fabuleux dans le suraigu.

Je vois mal Vickers dans ce répertoire. Sinopoli c'est une idée par contre. Il en aurait peut-être fait quelque chose de Shakespearien, un opéra de la nuit
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Message par JdeB » 13 sept. 2017, 17:39

Bernard C a écrit :
13 sept. 2017, 17:31
Pour approcher l'œuvre, personne n'a mieux dit qui était Lucia que Callas et notamment n'a interprété la complexité de l'aria della pazzia.
La nature du dédoublement n'est pas que l'extraordinaire écho entre la flûte et le soprano que Pratt réalise avec une façon extrêmement soignée et impressionnante.
C'est une dépersonnalisation, ce que Pratt ne réalise pas, qu'Anderson réalisait de façon hallucinante car elle est celle qui a le mieux compris le virage callassien, la nature romantique du personnage.
Ce que le talent de Dame Joan ne restituait pas malgré sa supériorité vocale.
oui !
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par PlacidoCarrerotti » 13 sept. 2017, 17:48

JdeB a écrit :
13 sept. 2017, 17:39
Bernard C a écrit :
13 sept. 2017, 17:31
Pour approcher l'œuvre, personne n'a mieux dit qui était Lucia que Callas et notamment n'a interprété la complexité de l'aria della pazzia.
La nature du dédoublement n'est pas que l'extraordinaire écho entre la flûte et le soprano que Pratt réalise avec une façon extrêmement soignée et impressionnante.
C'est une dépersonnalisation, ce que Pratt ne réalise pas, qu'Anderson réalisait de façon hallucinante car elle est celle qui a le mieux compris le virage callassien, la nature romantique du personnage.
Ce que le talent de Dame Joan ne restituait pas malgré sa supériorité vocale.
oui !
C'est également mon sentiment. Anderson était complètement habitée par son personnage, comme personne depuis Callas, mais avec des moyens belcantistes encore supérieurs

Bizarrement, une des plus émouvantes folies de Sutherland, c'est sa toute dernière à Barcelone, transposée : elle faisait passer dans la voix des couleurs nostalgiques proprement bouleversantes, comme si sa mort théâtrale était l'écho de sa mort scénique à quelques mois de la fin de sa carrière.
Pour des représentations plus récentes, ce qui primait, c'était l'excitation de cette voix immense capable d'une telle virtuosité, cette aisance scénique (quoiqu'en dise Lois ;-) ) avec une folie où elle courrait d'un bout à l'autre du plateau quand tant d'autres restent statiques.
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par MariaStuarda » 13 sept. 2017, 18:03

Bernard C a écrit :
13 sept. 2017, 17:31
Pour approcher l'œuvre, personne n'a mieux dit qui était Lucia que Callas et notamment n'a interprété la complexité de l'aria della pazzia.
La nature du dédoublement n'est pas que l'extraordinaire écho entre la flûte et le soprano que Pratt réalise avec une façon extrêmement soignée et impressionnante.
C'est une dépersonnalisation, ce que Pratt ne réalise pas, qu'Anderson réalisait de façon hallucinante car elle est celle qui a le mieux compris le virage callassien, la nature romantique du personnage.
Ce que le talent de Dame Joan ne restituait pas malgré sa supériorité vocale.

Si tu ne va pas vers ça tu peux tourner en rond avec le belcantisme de Lucia sauf à être fasciné par les contre fa et les acrobaties.
Lucia est une œuvre fascinante quand on approche ça.
Hier ce n'était pas le cas du tout.
D'ailleurs placé où j'étais j'ai surtout, dans la première partie encaissé une migraine barotraumatique plus que je n'aie été emporté dans un trip stratosphérique.

Mais je dirai peut être quelques mots supplémentaires dès que j'ai le temps.

B.
Je suis encore en phase avec Bernard !
C'est grave docteur ?
JdeB a écrit :
13 sept. 2017, 17:37
Adalbéron a écrit :
13 sept. 2017, 17:05
Ça n'intéresse sans doute que très peu de personne, mais je rêve pour approcher l'oeuvre d'une version Scotto/Vickers/Muti (...)
Je vois mal Vickers dans ce répertoire.
Quelle drôle d'idée !

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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par Adalbéron » 13 sept. 2017, 18:12

MariaStuarda a écrit :
13 sept. 2017, 18:03
JdeB a écrit :
13 sept. 2017, 17:37
Adalbéron a écrit :
13 sept. 2017, 17:05
Ça n'intéresse sans doute que très peu de personne, mais je rêve pour approcher l'oeuvre d'une version Scotto/Vickers/Muti (...)
Je vois mal Vickers dans ce répertoire.
Quelle drôle d'idée !
Faut bien s'amuser ! :wink:
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Re: Donizetti - Lucia di Lammermoor - R.Abbado - vc - TCE - 12/09/2017

Message par philopera » 13 sept. 2017, 18:16

PlacidoCarrerotti a écrit :
13 sept. 2017, 17:48
JdeB a écrit :
13 sept. 2017, 17:39
Bernard C a écrit :
13 sept. 2017, 17:31
, qu'Anderson réalisait de façon hallucinante car elle est celle qui a le mieux compris le virage callassien, la nature romantique du personnage.
C'est également mon sentiment. Anderson était complètement habitée par son personnage, comme personne depuis Callas, mais avec des moyens belcantistes encore supérieurs

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( Eric Dahan Libération 25/06/2005)

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