Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
Siberia de Giordano (1903)
Chef d'orchestre Domingo Hindoyan
Stephana Sonya Yoncheva
Vassili Murat Karahan
Gleby Gabriele Viviani
Nikona Catherine Carby
Ivan/ il Cosacco Marin Yonchev
Il Capitano / Walinoff / Il Governatore Riccardo Fassi
La Fanciulla Anaïs Constant
Alexis/ Il Sergente Alvaro Zambrano
Il banchiere Miskisky / L'invalido Jean-Gabriel Saint-Martin
l'Ispettore : Laurent Sérou
Montpellier, Le Corum, 22 juillet 2017
En mai et juin 1905 s’est tenu au Théâtre Sarah Bernhardt un festival d’opéra italien qui a permis au public parisien de découvrir la fine fleur de la « Jeune Ecole italienne » : Adriana Lecouvreur de Cilea, l'Amico Fritz de Mascagni, Zaza de Leoncavallo, Chopin d’Orefice et trois ouvrages d’Umberto Giordano : Fedora, Andrea Chenier et Siberia. Au jeu des mérités comparés, c’est ce dernier opéra, créé deux ans plus tôt à la Scala, qui remporta la palme si on en croit Arthur Pougin dans un article du Ménestrel de juin 1911 relatant l’entrée au répertoire de cette œuvre à l’Opéra de Paris : « De ces sept opéras, tous écoutés avec attention et accueillis avec courtoisie, on peut dire que celui qui excita une véritable et très vive sympathie, qui recueillit surtout les éloges de la critique, fut Siberia. Nous fûmes tous heureusement surpris du sentiment dramatique déployé par l'auteur, de la mélancolie et de la poésie qu'il avait su répandre sur un sujet traité un peu à la diable par le librettiste, mais qui, en somme, était douloureux et poignant. Le second acte, œuvre d'un musicien qui avait vraiment le sens du théâtre, réunit tous les suffrages et obtint un incontestable succès ».
Oui, ce second acte enthousiasma. Relisons la critique de Gabriel Fauré pour le Figaro : « Le second acte, d’une vérité très frappante, s’impose dès les premières mesures du prélude, s’empare de l’auditeur et ne cesse plus de l’intéresser, de l’émouvoir, de l’étreindre…Je ne crois pas trop dire en affirmant que ce second acte de Siberia prendra certainement place parmi les pages les plus singulières et les plus captivantes que puisse offrir la musique dramatique moderne ».
Hélas la carrière de Siberia en France comme ailleurs a été courte, l’ouvrage n’a plus été donné dans l’hexagone depuis 1912. Il faut dire que les représentations en français au Palais Garnier n’ont pas tenues leurs promesses. Arthur Pougin a expliqué cet échec pour deux raisons : "La première, c'est que le cadre immense de l'Opéra est beaucoup trop vaste pour une œuvre ainsi conçue, dont la sobriété devient facilement de la pauvreté. La seconde tient à une exécution déplorable de la part des chœurs, dont l'action est si importante, souvent prépondérante, au second et au troisième acte. Or, ces chœurs, surtout du côté des femmes, ont été désolants. Manque de justesse, manque de rythme, manque de mesure, c'a été complet; et alors tout l'effet a été perdu. Non seulement plus d'ensemble, mais plus de couleur, plus d'accent, partant, plus d'émotion. Une telle insuffisance et une telle froideur dans l'exécution des masses vocales devaient nécessairement porter leurs fruits, et tout le talent déployé par les interprètes principaux restait impuissant à rendre à l'œuvre, avec son équilibre, sa chaleur et son caractère ».
Résumons l’intrigue de ce drame dense et resserré, sans une minute d’ennui. Stephana est une pauvre fille séduite à quinze ans par Gléby, joueur et tricheur impénitent. Après en avoir profité pour lui-même, le misérable l'a vendue au prince Alexis qui a installé la belle dans un superbe palais. Mais la jeune femme s'est éprise d'un jeune officier, Vassili, qui brule pour elle de la même passion, et auquel elle a dû cacher sa fâcheuse condition. Elle préfère se faire passer à ses yeux pour une modeste ouvrière et ne le voir qu'en secret. Par malheur, la servante de Stephana, Nikoula, est la marraine de Vassili. Ce dernier, au moment de partir en campagne, vient dire adieu à Nikoula et se trouve tout à coup en présence de Stephana au milieu du luxe dont elle jouit. Après un moment de stupéfaction, la vérité n'altère en rien sa passion. Les deux amants soulagés s’enlacent lorsqu’arrive le prince. Après le temps des insultes, les fers se croisent et, bientôt Vassili tue son princier rival. Les amis et les affidés d’Alexis s’emparent du meurtrier qui est déporté en Sibérie.
Quelques mois se sont écoulés. Paysage de neige, immensités silencieuses et glacées. Un poste de soldats est là pour recevoir et surveiller les convois de prisonniers destinés aux travaux forcés dans les mines de Sibérie, ... Voici qu'arrive une longue file de ces malheureux. Parmi eux se trouve l'infortuné Vassili, officier déchu, épuisé et déguenillé, proche du désespoir. Contre toute attente Stephana est là, devant lui, qui vole à son secours après avoir tout quitté par amour pour lui !
Le troisième acte se déroule aux mines du Transbatkal. Tandis que les forçats préparent un semblant de fête pour la Pâque russe, Stephana nourrit un projet d'évasion. Mais voici qu'arrive l'infâme Gléby, que ses rapines ont fait déporter à son tour. A la vue de Stephana, il l’agonit d’insultes mais Vassili lui saute à la gorge, prêt à l’étrangler. Les deux hommes sont séparés.
A ce moment la nuit tombe, les cloches du soir, annonçant la résurrection du Sauveur, et tandis que tous s'agenouillent, Vassili et Stephana prennent la fuite. Hélas Gleby a surpris leur secret et donne l'alarme. Des soldats courent à la poursuite des fugitifs e ramènent rudement Vassili, pendant que d'autres rapportent sur un brancard le corps de Stephana agonisante.
Parmi les sommets de l’ouvrage, on peut citer, au second acte, l’introduction symphonique très émouvante, la scène pittoresque et haute en couleurs des marchands, le chœur si pathétique de l'arrivée des prisonniers, qu'on entend au lointain, sans accompagnement, qui se rapproche tandis que la sonorité va crescendo, les instruments faisant leurs entrées successives à l'orchestre, la rencontre de Vassili et de Stephana et le long récit, si fort et expressif, de ses souffrances, le second chœur des prisonniers s'éloignant après une courte étape et ce passage plein des réminiscences des « murmures de la foret » de Siegfried rehaussé du sons des cloches de Pâques.
Si l’orchestration jaillissante, vigoureuse et raffinée, nimbée de mélancolie, frappe, l’écriture vocale reste plus conventionnelle mais non dénuée de charme et d’efficacité.
La distribution réunit ce soir nous permet de retrouver les trois triomphateurs de la formidable Iris de l’an dernier. Sonya Yoncheva défend ici un rôle moins fort sur le plan dramatique et vocal mais éblouit par la souveraine projection d’une voix gorgée de sève, de couleurs, de frémissements, ductile et galbée à ravir. Elle change de robe à l’entracte, passant du rouge du triomphe au noir de la fatalité. Gabriele Viviani déploie lui aussi un timbre magnifique et une voix parfaitement maitrisée au service d’une composition des plus convaincantes de l’ignoble Gleby. Mais le ténor Murat Karahan en Vassili, à la palette de couleurs bien limitées, a trop tendance à tout chanter en force d’une voix de stentor aux aigus percutants dardés au-dessus de l’orchestre largement étoffé et des masses orchestrales. Remarquons la Fanciulla d'Anais Constant, assez irrésistible de voix, de fine musicalité et de présence.
Comme l’an dernier, Domingo Hindoyan sait faire progresser le drame avec brio tout en éclairant les splendeurs profuses de l’orchestration de Giordano ici au sommet de son inspiration.
Après avoir exhumé deux ouvrages rares de Puccini au début des années 1990, Edgard et I Villi, le festival s’est intéressé régulièrement aux ouvrages de la Jeune Ecole italienne depuis L’amore di tre re de Montenezzi en 1994 et l’Arlesiana de Cilea deux ans plus tard. Nous avons aussi pu y découvrir la Parisina de Mascagni en 1999 et, il y a trois ans, I Zingari de Leoncavallo. Aucun n’ont eu cependant l’impact d'Iris et de Siberia, véritables pépites injustement oubliées mais qui vont sans doute sortir de leur purgatoire prochainement. Espérons !
Jérôme Pesqué
Chef d'orchestre Domingo Hindoyan
Stephana Sonya Yoncheva
Vassili Murat Karahan
Gleby Gabriele Viviani
Nikona Catherine Carby
Ivan/ il Cosacco Marin Yonchev
Il Capitano / Walinoff / Il Governatore Riccardo Fassi
La Fanciulla Anaïs Constant
Alexis/ Il Sergente Alvaro Zambrano
Il banchiere Miskisky / L'invalido Jean-Gabriel Saint-Martin
l'Ispettore : Laurent Sérou
Montpellier, Le Corum, 22 juillet 2017
En mai et juin 1905 s’est tenu au Théâtre Sarah Bernhardt un festival d’opéra italien qui a permis au public parisien de découvrir la fine fleur de la « Jeune Ecole italienne » : Adriana Lecouvreur de Cilea, l'Amico Fritz de Mascagni, Zaza de Leoncavallo, Chopin d’Orefice et trois ouvrages d’Umberto Giordano : Fedora, Andrea Chenier et Siberia. Au jeu des mérités comparés, c’est ce dernier opéra, créé deux ans plus tôt à la Scala, qui remporta la palme si on en croit Arthur Pougin dans un article du Ménestrel de juin 1911 relatant l’entrée au répertoire de cette œuvre à l’Opéra de Paris : « De ces sept opéras, tous écoutés avec attention et accueillis avec courtoisie, on peut dire que celui qui excita une véritable et très vive sympathie, qui recueillit surtout les éloges de la critique, fut Siberia. Nous fûmes tous heureusement surpris du sentiment dramatique déployé par l'auteur, de la mélancolie et de la poésie qu'il avait su répandre sur un sujet traité un peu à la diable par le librettiste, mais qui, en somme, était douloureux et poignant. Le second acte, œuvre d'un musicien qui avait vraiment le sens du théâtre, réunit tous les suffrages et obtint un incontestable succès ».
Oui, ce second acte enthousiasma. Relisons la critique de Gabriel Fauré pour le Figaro : « Le second acte, d’une vérité très frappante, s’impose dès les premières mesures du prélude, s’empare de l’auditeur et ne cesse plus de l’intéresser, de l’émouvoir, de l’étreindre…Je ne crois pas trop dire en affirmant que ce second acte de Siberia prendra certainement place parmi les pages les plus singulières et les plus captivantes que puisse offrir la musique dramatique moderne ».
Hélas la carrière de Siberia en France comme ailleurs a été courte, l’ouvrage n’a plus été donné dans l’hexagone depuis 1912. Il faut dire que les représentations en français au Palais Garnier n’ont pas tenues leurs promesses. Arthur Pougin a expliqué cet échec pour deux raisons : "La première, c'est que le cadre immense de l'Opéra est beaucoup trop vaste pour une œuvre ainsi conçue, dont la sobriété devient facilement de la pauvreté. La seconde tient à une exécution déplorable de la part des chœurs, dont l'action est si importante, souvent prépondérante, au second et au troisième acte. Or, ces chœurs, surtout du côté des femmes, ont été désolants. Manque de justesse, manque de rythme, manque de mesure, c'a été complet; et alors tout l'effet a été perdu. Non seulement plus d'ensemble, mais plus de couleur, plus d'accent, partant, plus d'émotion. Une telle insuffisance et une telle froideur dans l'exécution des masses vocales devaient nécessairement porter leurs fruits, et tout le talent déployé par les interprètes principaux restait impuissant à rendre à l'œuvre, avec son équilibre, sa chaleur et son caractère ».
Résumons l’intrigue de ce drame dense et resserré, sans une minute d’ennui. Stephana est une pauvre fille séduite à quinze ans par Gléby, joueur et tricheur impénitent. Après en avoir profité pour lui-même, le misérable l'a vendue au prince Alexis qui a installé la belle dans un superbe palais. Mais la jeune femme s'est éprise d'un jeune officier, Vassili, qui brule pour elle de la même passion, et auquel elle a dû cacher sa fâcheuse condition. Elle préfère se faire passer à ses yeux pour une modeste ouvrière et ne le voir qu'en secret. Par malheur, la servante de Stephana, Nikoula, est la marraine de Vassili. Ce dernier, au moment de partir en campagne, vient dire adieu à Nikoula et se trouve tout à coup en présence de Stephana au milieu du luxe dont elle jouit. Après un moment de stupéfaction, la vérité n'altère en rien sa passion. Les deux amants soulagés s’enlacent lorsqu’arrive le prince. Après le temps des insultes, les fers se croisent et, bientôt Vassili tue son princier rival. Les amis et les affidés d’Alexis s’emparent du meurtrier qui est déporté en Sibérie.
Quelques mois se sont écoulés. Paysage de neige, immensités silencieuses et glacées. Un poste de soldats est là pour recevoir et surveiller les convois de prisonniers destinés aux travaux forcés dans les mines de Sibérie, ... Voici qu'arrive une longue file de ces malheureux. Parmi eux se trouve l'infortuné Vassili, officier déchu, épuisé et déguenillé, proche du désespoir. Contre toute attente Stephana est là, devant lui, qui vole à son secours après avoir tout quitté par amour pour lui !
Le troisième acte se déroule aux mines du Transbatkal. Tandis que les forçats préparent un semblant de fête pour la Pâque russe, Stephana nourrit un projet d'évasion. Mais voici qu'arrive l'infâme Gléby, que ses rapines ont fait déporter à son tour. A la vue de Stephana, il l’agonit d’insultes mais Vassili lui saute à la gorge, prêt à l’étrangler. Les deux hommes sont séparés.
A ce moment la nuit tombe, les cloches du soir, annonçant la résurrection du Sauveur, et tandis que tous s'agenouillent, Vassili et Stephana prennent la fuite. Hélas Gleby a surpris leur secret et donne l'alarme. Des soldats courent à la poursuite des fugitifs e ramènent rudement Vassili, pendant que d'autres rapportent sur un brancard le corps de Stephana agonisante.
Parmi les sommets de l’ouvrage, on peut citer, au second acte, l’introduction symphonique très émouvante, la scène pittoresque et haute en couleurs des marchands, le chœur si pathétique de l'arrivée des prisonniers, qu'on entend au lointain, sans accompagnement, qui se rapproche tandis que la sonorité va crescendo, les instruments faisant leurs entrées successives à l'orchestre, la rencontre de Vassili et de Stephana et le long récit, si fort et expressif, de ses souffrances, le second chœur des prisonniers s'éloignant après une courte étape et ce passage plein des réminiscences des « murmures de la foret » de Siegfried rehaussé du sons des cloches de Pâques.
Si l’orchestration jaillissante, vigoureuse et raffinée, nimbée de mélancolie, frappe, l’écriture vocale reste plus conventionnelle mais non dénuée de charme et d’efficacité.
La distribution réunit ce soir nous permet de retrouver les trois triomphateurs de la formidable Iris de l’an dernier. Sonya Yoncheva défend ici un rôle moins fort sur le plan dramatique et vocal mais éblouit par la souveraine projection d’une voix gorgée de sève, de couleurs, de frémissements, ductile et galbée à ravir. Elle change de robe à l’entracte, passant du rouge du triomphe au noir de la fatalité. Gabriele Viviani déploie lui aussi un timbre magnifique et une voix parfaitement maitrisée au service d’une composition des plus convaincantes de l’ignoble Gleby. Mais le ténor Murat Karahan en Vassili, à la palette de couleurs bien limitées, a trop tendance à tout chanter en force d’une voix de stentor aux aigus percutants dardés au-dessus de l’orchestre largement étoffé et des masses orchestrales. Remarquons la Fanciulla d'Anais Constant, assez irrésistible de voix, de fine musicalité et de présence.
Comme l’an dernier, Domingo Hindoyan sait faire progresser le drame avec brio tout en éclairant les splendeurs profuses de l’orchestration de Giordano ici au sommet de son inspiration.
Après avoir exhumé deux ouvrages rares de Puccini au début des années 1990, Edgard et I Villi, le festival s’est intéressé régulièrement aux ouvrages de la Jeune Ecole italienne depuis L’amore di tre re de Montenezzi en 1994 et l’Arlesiana de Cilea deux ans plus tard. Nous avons aussi pu y découvrir la Parisina de Mascagni en 1999 et, il y a trois ans, I Zingari de Leoncavallo. Aucun n’ont eu cependant l’impact d'Iris et de Siberia, véritables pépites injustement oubliées mais qui vont sans doute sortir de leur purgatoire prochainement. Espérons !
Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
Odb-opéra
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Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
Soirée et partition electrisantes.
Au 2e rang, le trio principal m'aurait presque fait éclater les tympans. Mais le lyricomane maso en aurait redemandé.
J'ai lu que Karahan chante Cavaradossi à Vérone. Ça ne doit pas lui poser trop de problème.
Le volume de Viviani est bien connu par ailleurs.
Quant à Sonya Yoncheva, on reste confondu par son parcours depuis ses débuts. Quel souffle (de près, on voit qu'elle reprend sa respiration en une 1/2 seconde!). Quelles nuances aussi. Même s'il y a peu de pianissimi filés dans cette oeuvre...
De l'Adrienne Lecouvreur là dedans, du Tosca...et bien sûr du Giordano (qu'on commence à avoir dans l'oreille depuis les différents Chenier de ces derniers temps).
D'autres détails et impressions demain.
Au 2e rang, le trio principal m'aurait presque fait éclater les tympans. Mais le lyricomane maso en aurait redemandé.
J'ai lu que Karahan chante Cavaradossi à Vérone. Ça ne doit pas lui poser trop de problème.
Le volume de Viviani est bien connu par ailleurs.
Quant à Sonya Yoncheva, on reste confondu par son parcours depuis ses débuts. Quel souffle (de près, on voit qu'elle reprend sa respiration en une 1/2 seconde!). Quelles nuances aussi. Même s'il y a peu de pianissimi filés dans cette oeuvre...
De l'Adrienne Lecouvreur là dedans, du Tosca...et bien sûr du Giordano (qu'on commence à avoir dans l'oreille depuis les différents Chenier de ces derniers temps).
D'autres détails et impressions demain.
Quanto?
- Il prezzo !
Gia, mi dicon venal, ma, a donna bella io non mi vendo a prezzo di moneta.
- Il prezzo !
Gia, mi dicon venal, ma, a donna bella io non mi vendo a prezzo di moneta.
Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
un superbe concert,entendu à la radio; ce ténor a l'air impressionnant, avec une belle voix "à l'italienne"; Yoncheva magnifique, frémissante; la musique contient des passages très tendus dans l'aigu; les difficultés ont été passées avec brio.
Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
Je trouve dommage que cet opéra de Giordano ne soit pas davantage connu car il y a des passages vraiment magnifiques et car c'est plutôt riche orchestralement, plein d'influences. Je l'ai écouté ce soir en replay car je n'étais pas chez moi hier. Il n'en existe à ce jour que deux enregistrements à ma connaissance. Il faudrait absolument faire enregistrer ce rôle à Yoncheva, garder au moins une trace en disque de ce concert. Elle serait également une très bonne interprète du rôle de Fedora, autre opéra de Giordano rarement donné, beaucoup moins qu'à l'époque où Freni ou Scotto le chantaient. Je n'avais pas entendu Iris l'année dernière mais on peut saluer le Festival Radio France de Montpellier de mettre à l'honneur ces opéras véristes rarement joués, qui plus est avec un chef très à l'aise dans ce répertoire en la personne du mari de Sonya Yoncheva, Domingo Hindoyan.
La soprano donne tout en terme d'intensité dramatique dans le rôle de Stephana. Comme le souligne zigfrid, il y a des passages très tendus dans l'aigu et elle les négocie plutôt magnifiquement. En salle, cela devait donner le frisson. Je trouve qu'elle a des accents callassiens dans ce type de rôle notamment. C'est un répertoire fait pour elle et cela augure sans nul doute si elle est en forme à ce moment là d'une très belle prise de rôle en Tosca. Je l'ai trouvée particulièrement émouvante au troisième acte. Certes, le vibrato est parfois un peu trop présent et ce n'est pas la perfection mais le timbre reste somptueux et elle y met ses tripes.
Je n'ai pas été fan du ténor, Murat Karahan même s'il met beaucoup d'intensité dans son chant. Je n'ai pas été plus sensible que cela à son timbre et c'est un ténor qui pour moi cherche surtout à montrer qu'il a de la voix.
Gabriele Viviani a une voix plutôt puissante et est plutôt idéal en Gleby.
Le reste de la distribution est très efficace.
La direction du chef est très dramatique, remarquable, sans sacrifier le détail et les atmosphères diverses. Il soutient très bien les chanteurs. Les chœurs étaient bons.
La soprano donne tout en terme d'intensité dramatique dans le rôle de Stephana. Comme le souligne zigfrid, il y a des passages très tendus dans l'aigu et elle les négocie plutôt magnifiquement. En salle, cela devait donner le frisson. Je trouve qu'elle a des accents callassiens dans ce type de rôle notamment. C'est un répertoire fait pour elle et cela augure sans nul doute si elle est en forme à ce moment là d'une très belle prise de rôle en Tosca. Je l'ai trouvée particulièrement émouvante au troisième acte. Certes, le vibrato est parfois un peu trop présent et ce n'est pas la perfection mais le timbre reste somptueux et elle y met ses tripes.
Je n'ai pas été fan du ténor, Murat Karahan même s'il met beaucoup d'intensité dans son chant. Je n'ai pas été plus sensible que cela à son timbre et c'est un ténor qui pour moi cherche surtout à montrer qu'il a de la voix.
Gabriele Viviani a une voix plutôt puissante et est plutôt idéal en Gleby.
Le reste de la distribution est très efficace.
La direction du chef est très dramatique, remarquable, sans sacrifier le détail et les atmosphères diverses. Il soutient très bien les chanteurs. Les chœurs étaient bons.
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Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
Cet opéra rarissime de Umberto Giordano, Sibéria, inspiré tout à la voix de "Souvenirs de la maison des Morts" de Dostoevski et de "Résurrection" de Tolstoi, était encore disponible à la réécoute sur France Musique aujourd'hui, ce qui m'a permis de l'écouter dans la journée.
Autant dire que cette "Siberie" c'est celle des bagnes des prisonniers Russes, bagne où la belle Stephana suivra son amant Vassili dans son exil glacé, et en mourra poursuivie par le criminel Gleby.
Bonne idée d'avoir exhumé cette oeuvre que je n'avais jamais ni vue ni entendue et qui est musicalement d'une très grande richesse orchestrale et lyrique.
On pense aux autres oeuvres de Giordano, notamment Andrea Chénier, certains airs du ténor ressemblant étrangement à la partition réservée au poète de la Révolution Française, mais aussi à Puccini. Riches mélanges de thèmes musicaux s'apparentant au folklore Russe (notamment les choeurs), et d'airs véristes typiquement Italien, qui sont extrêmement intéressants.
Je ne sais pas pourquoi l'oeuvre est tombée dans l'oubli car cet exil du compositeur Italien et de son librettiste, le talentueux Luigi Illica, vers la Russie du 19ème siècle, est une grande réussite à découvrir d'urgence.
L'oeuvre en version concert, retransmise uniquement à la radio, ne permet sans doute pas de suivre tous les détails de l'intrigue. Siberia mériterait une mise en scène et une reprise rapide maintenant qu'elle a trouvé ses interprètes et son chef (et son orchestre et ses choeurs de toute beauté). J'ai adoré la direction de Domingo Hindoyan, qui sait faire ressortir les moments de style musical très différents qui alternent et qui sont un peu la marque de fabrique de cet opéra, en tout cas à la première écoute.
Les interprètes sont de haute tenue, à commencer par la reine de la soirée, Sonya Yoncheva dont les origines bulgares et le chant Italien impeccable sont un peu la synthèse des intentions des auteurs. C'était pour elle une des premières incursions dans le vérisme mais ont sait qu'elle prépare Tosca et sans doute d'autres rôles qui exigent une tension dramatique qu'elle a maitrisé de bout en bout. Mais le ténor Murat Karahan en Vassili, ne démérite pas à ses côtés, aigus éclatants et chant parfois un peu en force mais les éléments de comparaison manquent en l'occurrence et il parait très convaincant à l'écoute. Magnifique Gleby de Gabriele Viviani et belle Nikona de Catherine Carby, délicieuse "Fanciulla" (jeune fille) d'Anais Constant. Bref musicalement excitant, on reste sur sa faim et on attends vite, vite, une mise en scène....(et pourquoi pas un nouvel enregistrement en effet...)
Autant dire que cette "Siberie" c'est celle des bagnes des prisonniers Russes, bagne où la belle Stephana suivra son amant Vassili dans son exil glacé, et en mourra poursuivie par le criminel Gleby.
Bonne idée d'avoir exhumé cette oeuvre que je n'avais jamais ni vue ni entendue et qui est musicalement d'une très grande richesse orchestrale et lyrique.
On pense aux autres oeuvres de Giordano, notamment Andrea Chénier, certains airs du ténor ressemblant étrangement à la partition réservée au poète de la Révolution Française, mais aussi à Puccini. Riches mélanges de thèmes musicaux s'apparentant au folklore Russe (notamment les choeurs), et d'airs véristes typiquement Italien, qui sont extrêmement intéressants.
Je ne sais pas pourquoi l'oeuvre est tombée dans l'oubli car cet exil du compositeur Italien et de son librettiste, le talentueux Luigi Illica, vers la Russie du 19ème siècle, est une grande réussite à découvrir d'urgence.
L'oeuvre en version concert, retransmise uniquement à la radio, ne permet sans doute pas de suivre tous les détails de l'intrigue. Siberia mériterait une mise en scène et une reprise rapide maintenant qu'elle a trouvé ses interprètes et son chef (et son orchestre et ses choeurs de toute beauté). J'ai adoré la direction de Domingo Hindoyan, qui sait faire ressortir les moments de style musical très différents qui alternent et qui sont un peu la marque de fabrique de cet opéra, en tout cas à la première écoute.
Les interprètes sont de haute tenue, à commencer par la reine de la soirée, Sonya Yoncheva dont les origines bulgares et le chant Italien impeccable sont un peu la synthèse des intentions des auteurs. C'était pour elle une des premières incursions dans le vérisme mais ont sait qu'elle prépare Tosca et sans doute d'autres rôles qui exigent une tension dramatique qu'elle a maitrisé de bout en bout. Mais le ténor Murat Karahan en Vassili, ne démérite pas à ses côtés, aigus éclatants et chant parfois un peu en force mais les éléments de comparaison manquent en l'occurrence et il parait très convaincant à l'écoute. Magnifique Gleby de Gabriele Viviani et belle Nikona de Catherine Carby, délicieuse "Fanciulla" (jeune fille) d'Anais Constant. Bref musicalement excitant, on reste sur sa faim et on attends vite, vite, une mise en scène....(et pourquoi pas un nouvel enregistrement en effet...)
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
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Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
comment ca, c'était une premiere incursion pour Yoncheva dans le vérisme? et Mimi? et Iris alors?
Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
Je pense qu'elle a progressivement été cataloguée, à tort ou à raison, en oeuvre inspirée de l'univers des bagnes sibériens, ici toile de fond relativement "anecdotique" par rapport au drame sentimental qui est le coeur de la pièce.
Or, la Révolution de 1917 et toute la suite du XXe siècle apporteront une image des bagnes (qu'ils soient tsaristes ou soviétiques) bien plus terrible, qui ne permet pas de juxtaposition avec une bluette romantique. Ce qui donnera lieu à d'autres toiles de fond autrement plus puissantes : De la maison des morts de Janacek, et Lady Macbeth de Chostakovitch, qui relègueront dans l'oubli tout ce qui a précédé.
Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
@Jérôme : bon courage pour essayer de se procurer les enregistrements que tu cites... !! Notamment celui de Martina Franca, introuvable.
De fait je plussoie avec les autres : vivement un enregistrement car, dans la réalité économique de tous les jours, il n'y en a pas (on peut trouver le Zambon sur Voldemort, mais c'est le moins bon des trois).
De fait je plussoie avec les autres : vivement un enregistrement car, dans la réalité économique de tous les jours, il n'y en a pas (on peut trouver le Zambon sur Voldemort, mais c'est le moins bon des trois).
Re: Giordano - Siberia - Hindoyan - vc - Montpellier - 22/07/2017
L'enregistrement Dynamic est sur Spotify, ainsi que celui avec Zambonpaco a écrit : ↑24 juil. 2017, 10:18@Jérôme : bon courage pour essayer de se procurer les enregistrements que tu cites... !! Notamment celui de Martina Franca, introuvable.
De fait je plussoie avec les autres : vivement un enregistrement car, dans la réalité économique de tous les jours, il n'y en a pas (on peut trouver le Zambon sur Voldemort, mais c'est le moins bon des trois).
« L’opéra est comme l’amour : on s’y ennuie mais on y retourne » (Flaubert)