Bellini - I Puritani - Bignamini - vc - Montpellier - 15/07/2017
Bellini - I Puritani - Bignamini - vc - Montpellier - 15/07/2017
Chef d'orchestre Jader Bignamini
Elvira Karine Deshayes
Arturo Celso Albelo
Riccardo René Barbera
Enrichetta di Francia Chiara Amarù
Bruno Dmitry Ivanchey
Giorgio Nicola Ulivieri
Gualtiero Valton Kihwan Sim
Montpellier, Festival de Radio-France, Le Corum, 15 juillet 2017
En France, les Puritains ont connu quelques représentations notables depuis quatre décennies. Citons celles de Marseille en 1974 avec le trio de rêve Christiane Eda-Pierre, Afredo Kraus, Robert Massard, celles de Nice, d’abord en 1978 avec Deutekom et Zancanaro puis en 1985 avec June Anderson qui a retrouvé le rôle d’Elvira deux ans plus tard salle Favart aux côtés de Rockwell Blake sans oublier celles de 1981, à Avignon et à Bordeaux, avec François Garner dans ces deux villes, aux côtés de Salvatore Fisichella dans la Cité des Papes et de Giorgio Zancanaro dans la capitale d’Aquitaine et la production de Laurent Pelly pour Bastille, loin de ces sommets.
Il existe une version alternative à la version de Paris de 1835 composée fin 1834 pour Maria Malibran et destinée au Teatro San Carlo de Naples, version qui, outre l'absence du duo entre Giorgio et Riccardo, présente plusieurs différences mineures de tonalité, quelques ré-emplois de détails initialement abandonnés et surtout une différence majeure de la distribution des rôles avec une Elvira mezzo-soprano et un Riccardo promu ténor. Cette version ne vit jamais le jour en son siécle mais a été exhumée le 2 avril 1986, au Teatro Petruzzelli de Bari avec Katia Ricciarelli et Chris Merritt. Il ne semble pas qu'elle ait été redonnée jusqu'à hier soir.
Quinze ans après ses débuts au Festival de Radio-France, pour le rôle secondaire d’Albina dans une Donna del Lago de luxe avec JD Florez et G. Kunde, le 23 juillet 2002 dans cette même salle du Corum, Karine Deshayes effectue une prise de rôle réussie dans cet univers bellinien qu’elle connaît bien pour chanter Adalgise depuis 2008 et Romeo depuis 2009. Ses nombreux problèmes techniques (registre grave toujours magnifiquement coloré mais désormais amenuisé, zones opaques dans le medium, trilles peu orthodoxes, quelques sons indurés, vibratello .. ) sont péchés véniels et largement compensés par des qualités éclatantes (contré-ré superbe couronnant sa Polonaise, gammes chromatiques nettes, piani aigus et sons filés de la plus belle eau). Sa voix tend à perdre en rondeur et en densité de couleur, en morbidezza aussi mais gagne en hauteur, sensiblement, et un coté aérien et virtuose réjouissant dans le cadre d'une évolution pas encore totalement aboutie et qui peut nous réserver des surprises.
Il lui reste à murir un personange encore sommairement caractérisé avec une scène de la folie peu émouvante et de faible impact.
Celso Albelo est un habitué du rôle d’Arturo qu’il a déjà chanté à Salerne, Madrid, Modène et Bilbao et qu’il projette de reprendre à Liège. Il s’y montre comme toujours très musical et d’une belle projection, avec d’efficaces variations de dynamiques, un souffle long, des aigus puissants mais sans véritablement raffinement ni panache avec une tendance à chanter un peu trop en force, surtout en première partie, avant de nous offrir un chant plus nuancé.
René Barbera, l’autre ténor de la soirée, au timbre plus corsé et plus viril, à la technique plus impressionnante se montre quant à lui excellent en Riccardo.
Ni l'un ni l'autre, hélas, ne sont des coloristes, trempant leur héros dans une lumière assez monocolore.
Nicola Ulivieri, présent lui aussi il y a quinze ans dans la fameuse Donna del Lago déjà citée, est le plus probe stylistiquement du plateau et déploie une vraie noblesse en Giorgio, malgré un volume peu impressionnant et une palette de couleurs peu variée.
Signalons l’Enrichetta au timbre sombre et charnu et d’un beau relief de Chiara Amaru
Mais le grand triomphateur de la soirée est sans conteste le chef Jader Bignamini qui dirige cette version rare de main de maître avec un sens du discours dramatique toujours amplement tenu et équilibré, une énergie et une précision qui mettent en valeur les voix et galvanisent ses troupes notamment le superbe chœur de la Radio Lettone.
Bref, une soirée tout à fait agréable sans être transcendante.
Jérôme Pesqué
Elvira Karine Deshayes
Arturo Celso Albelo
Riccardo René Barbera
Enrichetta di Francia Chiara Amarù
Bruno Dmitry Ivanchey
Giorgio Nicola Ulivieri
Gualtiero Valton Kihwan Sim
Montpellier, Festival de Radio-France, Le Corum, 15 juillet 2017
En France, les Puritains ont connu quelques représentations notables depuis quatre décennies. Citons celles de Marseille en 1974 avec le trio de rêve Christiane Eda-Pierre, Afredo Kraus, Robert Massard, celles de Nice, d’abord en 1978 avec Deutekom et Zancanaro puis en 1985 avec June Anderson qui a retrouvé le rôle d’Elvira deux ans plus tard salle Favart aux côtés de Rockwell Blake sans oublier celles de 1981, à Avignon et à Bordeaux, avec François Garner dans ces deux villes, aux côtés de Salvatore Fisichella dans la Cité des Papes et de Giorgio Zancanaro dans la capitale d’Aquitaine et la production de Laurent Pelly pour Bastille, loin de ces sommets.
Il existe une version alternative à la version de Paris de 1835 composée fin 1834 pour Maria Malibran et destinée au Teatro San Carlo de Naples, version qui, outre l'absence du duo entre Giorgio et Riccardo, présente plusieurs différences mineures de tonalité, quelques ré-emplois de détails initialement abandonnés et surtout une différence majeure de la distribution des rôles avec une Elvira mezzo-soprano et un Riccardo promu ténor. Cette version ne vit jamais le jour en son siécle mais a été exhumée le 2 avril 1986, au Teatro Petruzzelli de Bari avec Katia Ricciarelli et Chris Merritt. Il ne semble pas qu'elle ait été redonnée jusqu'à hier soir.
Quinze ans après ses débuts au Festival de Radio-France, pour le rôle secondaire d’Albina dans une Donna del Lago de luxe avec JD Florez et G. Kunde, le 23 juillet 2002 dans cette même salle du Corum, Karine Deshayes effectue une prise de rôle réussie dans cet univers bellinien qu’elle connaît bien pour chanter Adalgise depuis 2008 et Romeo depuis 2009. Ses nombreux problèmes techniques (registre grave toujours magnifiquement coloré mais désormais amenuisé, zones opaques dans le medium, trilles peu orthodoxes, quelques sons indurés, vibratello .. ) sont péchés véniels et largement compensés par des qualités éclatantes (contré-ré superbe couronnant sa Polonaise, gammes chromatiques nettes, piani aigus et sons filés de la plus belle eau). Sa voix tend à perdre en rondeur et en densité de couleur, en morbidezza aussi mais gagne en hauteur, sensiblement, et un coté aérien et virtuose réjouissant dans le cadre d'une évolution pas encore totalement aboutie et qui peut nous réserver des surprises.
Il lui reste à murir un personange encore sommairement caractérisé avec une scène de la folie peu émouvante et de faible impact.
Celso Albelo est un habitué du rôle d’Arturo qu’il a déjà chanté à Salerne, Madrid, Modène et Bilbao et qu’il projette de reprendre à Liège. Il s’y montre comme toujours très musical et d’une belle projection, avec d’efficaces variations de dynamiques, un souffle long, des aigus puissants mais sans véritablement raffinement ni panache avec une tendance à chanter un peu trop en force, surtout en première partie, avant de nous offrir un chant plus nuancé.
René Barbera, l’autre ténor de la soirée, au timbre plus corsé et plus viril, à la technique plus impressionnante se montre quant à lui excellent en Riccardo.
Ni l'un ni l'autre, hélas, ne sont des coloristes, trempant leur héros dans une lumière assez monocolore.
Nicola Ulivieri, présent lui aussi il y a quinze ans dans la fameuse Donna del Lago déjà citée, est le plus probe stylistiquement du plateau et déploie une vraie noblesse en Giorgio, malgré un volume peu impressionnant et une palette de couleurs peu variée.
Signalons l’Enrichetta au timbre sombre et charnu et d’un beau relief de Chiara Amaru
Mais le grand triomphateur de la soirée est sans conteste le chef Jader Bignamini qui dirige cette version rare de main de maître avec un sens du discours dramatique toujours amplement tenu et équilibré, une énergie et une précision qui mettent en valeur les voix et galvanisent ses troupes notamment le superbe chœur de la Radio Lettone.
Bref, une soirée tout à fait agréable sans être transcendante.
Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
J'ai entendu Jader BIgnamini diriger la Traviata ("de Coppola") à Rome l'an dernier : j'ai souvenir qu'il s'agit d'un chef à suivre, original, très musical.
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Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
C'est la version dite de "Naples 1835" qui sera donnée en version concert samedi soir à Montpellier.
Particularités : elle a été créée par Bellini pour Maria Malibran, elle ne comporte que deux actes.
Elvira est une mezzo-soprano et Riccardo un ténor.
Particularités : elle a été créée par Bellini pour Maria Malibran, elle ne comporte que deux actes.
Elvira est une mezzo-soprano et Riccardo un ténor.
Lui : Que sous mes pieds se déchire la terre ! que sur mon front éclate le tonnerre, je t'aime, Élisabeth ! Le monde est oublié !
Elle : Eh bien ! donc, frappez votre père ! venez, de son meurtre souillé, traîner à l'autel votre mère
Mon blog :
https://passionoperaheleneadam.blogspot.fr
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Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
Ah oui, c'est précisément l'intérêt de cette version, rarement donnée et qui est un opéra sensiblement différent de l'original, à musique commune.HELENE ADAM a écrit : ↑14 juil. 2017, 13:48C'est la version dite de "Naples 1835" qui sera donnée en version concert samedi soir à Montpellier.
Particularités : elle a été créée par Bellini pour Maria Malibran, elle ne comporte que deux actes.
Elvira est une mezzo-soprano et Riccardo un ténor.
Par exemple le fameux contre-ré du ténor de la fin disparait et pour cause, l'air est chanté par la mezzo.
Malibran n'a, finalement, jamais chanté cette partition.
Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
Tu avais peur que j'oublie d'en parler dans ma critique ?HELENE ADAM a écrit : ↑14 juil. 2017, 13:48C'est la version dite de "Naples 1835" qui sera donnée en version concert samedi soir à Montpellier.
Particularités : elle a été créée par Bellini pour Maria Malibran, elle ne comporte que deux actes.
Elvira est une mezzo-soprano et Riccardo un ténor.
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Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
Non la gentille Helène faisait de la pub au spectacle sur le thème "nouveau, pas encore vu à la TV" pour valoriser ma place à vendreJdeB a écrit : ↑14 juil. 2017, 16:33Tu avais peur que j'oublie d'en parler dans ma critique ?HELENE ADAM a écrit : ↑14 juil. 2017, 13:48C'est la version dite de "Naples 1835" qui sera donnée en version concert samedi soir à Montpellier.
Particularités : elle a été créée par Bellini pour Maria Malibran, elle ne comporte que deux actes.
Elvira est une mezzo-soprano et Riccardo un ténor.
Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
Elle s'est trompée de fil alors...
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Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
Non en effetMariaStuarda a écrit : ↑14 juil. 2017, 15:31
Malibran n'a, finalement, jamais chanté cette partition.
Je me demandais s'il en existait une version enregistrée malgré sa rareté ? Merci d'avance aux experts...
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Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
Oui l'enregistrement de Bari de 1986 avec K. Ricciarelli et C. Merritt.HELENE ADAM a écrit : ↑15 juil. 2017, 08:10Non en effetMariaStuarda a écrit : ↑14 juil. 2017, 15:31
Malibran n'a, finalement, jamais chanté cette partition.
Je me demandais s'il en existait une version enregistrée malgré sa rareté ? Merci d'avance aux experts...
Re: Bellini - I Puritani -vc-Bignamini - Montpellier- 15/07/2017
L'enregistrement avec Ricciarelli et Merritt est annoncé comme étant la version Malibran. Mais je ne sais pas si la partition est respectée. Peut-être ne s'agissait-il que d'éviter à Ricciarelli des aigus qu'elle n'avait plus.