Concert P. Yende / Q. Hindley- TCE- 28/06/2017

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JdeB
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Concert P. Yende / Q. Hindley- TCE- 28/06/2017

Message par JdeB » 26 juin 2017, 10:34

Rossini
« En proie à la détresse » air extrait du Comte Ory
Ouverture (version A. Zedda) et air « Una voce poco fa » extraits du Barbier de Séville

Bellini
Beatrice di Tenda, prélude et air « Respiro io qui... »

Donizetti
« O luce di quest’anima » air extrait de Linda di Chamounix

Massenet
«Le dernier sommeil de la Vierge» extrait de La Vierge,
« Je marche sur tous les chemins... Obéissons quand leur voix appelle » air extrait de Manon

Verdi
Nabucco, ouverture

Donizetti « Il dolce suono... Spargi d’amaro pianto » air extrait de Lucia di Lammermoor

Bis
Meyerbeer : Dinorah "Ombre légère"
Donizetti : Lucia di Lammermoor "Spargi d'amaro pianto"

Pretty Yende, soprano
Orchestre national de Picardie
Quentin Hindley, direction

Paris, Théâtre des Champs-Élysées '"Les Grandes Voix", le 28 juin 2017

La Diva « feel good »

Moins de 8 ans après sa victoire au concours Belvedere de Vienne, la soprano sud-africaine Pretty Yende remporte des triomphes sur les plus grandes scènes (Berlin, Barcelone, Munich, Paris, New York, Zurich) et a enregistré son premier récital discographique chez Sony qui cumule les récompenses de la presse spécialisée. En France, après avoir gagné le concours Bellini, elle a donné un premier récital avec piano à l’Espace Cardin le 28 octobre 2011, déjà dévolu au Bel Canto, et soulevé des acclamations à Bastille en Rosina (février 2016) puis dans Lucia l'automne dernier. Elle y reviendra au printemps prochain pour y chanter Teresa dans Benvenuto Cellini.

Ce soir pour son premier concert avec orchestre dans notre capitale, devant une salle dense et enthousiaste, elle a su, une nouvelle fois, faire fondre son public. Il faut dire que la nouvelle coqueluche possède une série d’atouts rares : un parcours sensationnel vanté par sa maison de disque comme un « conte de fée moderne » avec des marraines-fées qui ont pour nom Mirella Freni et Mariella Devia, un physique très agréable à la Michelle Obama couronné par un sourire enjôleur, une fraîcheur irradiante, une voix homogène, riche et ductile, veloutée et moelleuse, et une technique virtuose. De plus l’essor fulgurant de sa carrière correspond à un moment historique très favorable puisque June Anderson a pris sa retraite, que Natalie Dessay a quitté les rives du grand répertoire classique, que l’étoile des Ciofi et des Damrau pâlit et que Jessica Pratt n’est connue que des seuls aficionados.

Reste à juger des qualités d’interprète de la nouvelle black Diva in vivo dans le cadre très exigeant du concert en solo avec orchestre.
Force est de constater que l’artiste promise au plus bel avenir doit encore murir pour porter ses plus beaux fruits. La première partie manque d’incarnation, de probité stylistique et sa diction française dans le Comte Ory pèche par une diction trop floue. La soprano a tendance à vocaliser de la même manière chez Rosini, Bellini et Donizetti ou chez Meyerbeer selon les principes d’une école de chant plutôt française et fin XIX ième comme si le choc initial procuré par l’audition du duo de Lakmé, découvert à l'adolescence dans un passage publicitaire à la télévision, avait polarisé et fixé sa technique sur ce style spécifique malgré des collaborations avec les meilleurs spécialistes. N’a-t-elle pas travaillé Lucia avec M. Devia avant de l’aborder en version de concert sous la direction de R. Bonynge ?

La seconde partie voit notre artiste plus libérée et son portrait de Béatrice de Tende et de Manon est vivant, discursif, personnel et d’un relief certain. Sa Manon, douce et juvénile, est toute à l’ivresse de ses triomphes mais sans morgue ni goût revanchard, coquette et primesautière à souhait. De même la folie de Lucia n’est pas rongée de névroses, même si on en perçoit allusivement les failles et les disjonctions, mais le refuge d’une âme éprise et désespérée dans la lumière d’un outre-monde. Le bis rendant au contre-mi ( ?) conclusif toute sa substance trop amenuisée lors de sa première interprétation tandis que son « Ombre légère » est irrésistible tant elle s’y montre enjouée, vive, éclatante et ludique.

L’orchestre, tonitruant et imprécis, ne fait pas dans la dentelle mais nous offre une belle exécution du Sommeil de la Vierge, probe et sensible.

Public particulièrement mal luné lors de la séance de dédicace en total contraste avec l’artiste qui s’y fit exquise et pleine d’attention bienveillante à nos banalités.

Jérôme Pesqué
Parution de ma biographie "Régine Crespin, La vie et le chant d'une femme" ! Extraits sur https://reginecrespinbiographie.blogspot.com/
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Re: Concert P. Yende / Q. Hindley- TCE- 28/06/2017

Message par JdeB » 29 juin 2017, 12:27

jean-didier nous a livré ses impressions de ce concert dans un fil doublon que j'ai donc supprimé :
Une soirée revigorante passée en compagnie d'une artiste très sympathique au sourire communicatif et visiblement émue par l'accueil extrêmement enthousiaste et chaleureux du TCE, qui n'a pas hésité à se lever unanimement à chacune de ses dernières apparitions de la soirée.

Dans les qualités de cette soirée, je soulignerai d'abord la générosité du programme qui nous permet entre autres d'entendre la grande scène d'entrée de Beatrice di Tenda, opéra aux multiples qualités injustement oublié (petite digression : hier avait lieu la vente d'une partie de la collection de Pierre Bergé, avec notamment l'exemplaire de la partition de cet opéra appartenant à Frédéric Chopin qui portait la musique de Bellini dans son coeur).
Générosité également de l'artiste qui montre son bonheur d'être avec nous et qui vocalement n'est pas avare de fioritures et d'extrapolations dans le suraigu.

Ce dernier point fait cependant la transition avec les points moins positifs de la soirée. En effet, tous ces embellissements sont souvent raides et dans Rossini surtout hors style. J'imagine Segalini et Jérôme de Nancy nous parler de colorature d'école française confondant Rossini et Olympia. En concert le côté cirque peut faire illusion et réjouir mais il y a aussi un problème de musicalité à mon sens dans la façon de phraser ces cadences et extrapolations qui sont brutales et souvent mal intégrées dans la ligne, comme si l'énergie déployée pour les exécuter était trop importante et bousculait la phrase.

L'émotion ne point jamais vraiment malgré un engagement certain dans Beatrice et Lucia et pourtant cela ne va pas droit au coeur. Peut-être est-ce aussi du fait de la jeunesse de l'artiste qui a encore besoin de prendre ses marques et faire siennes les émotions de ces héroïnes romantiques. Dans Opera international, elle dit avoir été repérée par Mariella Devia qui la fait travailler, espérons que la star du bel canto l'aide à trouver sa voie (bien e).

A entendre la beauté du timbre, riche, personnel aux couleurs vives, on se demande si le bel canto est le répertoire qui lui va le mieux. Dans la cavatine de Beatrice, où enfin elle se pose, on entend des possibilités importantes pour le chant spianato (c'est comme ça qu'on dit ? chant aplani, enfin calme sur le souffle et le legato et pas l'excitato colorature).

Sa Manon manque de fini notamment dans la précision des sauts d'intervalles et encore une fois les coloratures. Celles-ci sont trop souvent bousculées pour arriver parfois jusqu'au savonnage. Ce côté raide impacte forcément le suraigu qui ne peut être tenu très longtemps.

Le chef n'a pas fait dans le finesse, il a même failli la planter à cause d'un départ non donné dans Spargi d'amaro pianto. Le manque de synchronisation entre la voix et les instruments qui doublent (dans Lucia, dans Dinorah) montrent sans doute un manque de temps dans la préparation et la mise en place. Par ailleurs, l'abus des forte et des tambours et timbales aboutissent parfois à des lourdeurs aux limites du supportable (l'ouverture de Nabucco !).

Au total une soirée agréable avec moult contre-mi, contre-mi bémol, contre-fa mais le constat d'une artiste encore en promesse.
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Re: Concert P. Yende / Q. Hindley- TCE- 28/06/2017

Message par jean-didier » 29 juin 2017, 13:13

Désolé pour le doublon, je n'avais pas vu le fil existant ... apparemment il y avait plus d'enthousiasme dans la salle que sur le forum !

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Re: Concert P. Yende / Q. Hindley- TCE- 28/06/2017

Message par JdeB » 29 juin 2017, 13:24

ce n'est pas grave pour le doublon. Je partage ton avis à 100 %

Je viens de poster ma critique

oui en effet...
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Re: Concert P. Yende / Q. Hindley- TCE- 28/06/2017

Message par fred78 » 30 juin 2017, 20:09

Pour ma part j'ai été assez déçu par cette soirée.
On m'a dit beaucoup de cette artiste qui a l'air, au demeurant, fort agréable à côtoyer selon ce qu'en disent ses collègues... mais...
Je l'ai trouvé assez uniforme pendant la première partie. Le timbre est joli, certes, même si banal, la technique est virtuose, les aigus sont lumineux et précis. C'est, je pense, une future grande artiste mais à qui on demande un peu trop pour le moment...
Sa fatigue de fin de concert étant là pour nous le rappeler !

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