ah ok lol
Verdi - Otello - Pappano/Warner - Londres - 06-07/2017
Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
Il n'est pas du tout certain qu'Otello soit " faible".
La jalousie morbide (sans objet , induite par un SIGNE) surgit au contraire le plus souvent chez un sujet à la personnalité plutôt affirmée et à l'estime de soi sans faille .
C'est le cas d' Otello.
C'est lorsque dans ce "granit" est introduite une entaille que l'édifice se fêle de façon irréductible.
Tout ça sont des images pour ne pas faire de psychopathologie bien connue , ce qui n'est pas le lieu.
C'est ce processus pourtant qui est fascinant chez Otello et nullement l'hypothèse d'un sujet faible suggestible.
Bernard
Sunt lacrymae rerum et mentem mortalia tangunt Énéide I v
- MariaStuarda
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Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
En direct du ROH : grosse déception ce soir !
Je pense que mes amis odbiens seront plus indulgents que moi
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Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
si tu le dis ...quetzal a écrit : ↑24 juin 2017, 19:32Il n'est pas du tout certain qu'Otello soit " faible".
La jalousie morbide (sans objet , induite par un SIGNE) surgit au contraire le plus souvent chez un sujet à la personnalité plutôt affirmée et à l'estime de soi sans faille .
C'est le cas d' Otello.
C'est lorsque dans ce "granit" est introduite une entaille que l'édifice se fêle de façon irréductible.
Tout ça sont des images pour ne pas faire de psychopathologie bien connue , ce qui n'est pas le lieu.
C'est ce processus pourtant qui est fascinant chez Otello et nullement l'hypothèse d'un sujet faible suggestible.
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Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
Déception partagée...MariaStuarda a écrit : ↑24 juin 2017, 20:40En direct du ROH : grosse déception ce soir !
Je pense que mes amis odbiens seront plus indulgents que moi
Soirée pas indigne mais le problème principal pour moi est que l'interprétation que fait JK ne correspond pas du tout à l'idée que je me fais d'Otello.
Vocalement JK était quand même très bien mais à aucun moment je n'ai cru scéniquement au personnage.
Je n'aurais jamais cru que je dirais ça de lui un jour !
Un Iago caricatural et très applaudi, une Desdemona qui fait le job mais qui ne touche jamais mais très applaudie aussi.
Un super Pappano et une mise en scène ne présentant absolument aucun intérêt.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !
Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
Rien que pour les dernieres minutes de l opera cela valait le deplacement:la mort d otello etait sublime dans l engagement vocal et dramatique du grand art,!!!
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Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
Gaché par les litres de sang qui transforment cette scène en film gore...
"Venez armé, l'endroit est désert" (GB Shaw envoyant une invitation pour l'une de ses pièces).
- MariaStuarda
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Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
Drôle de soirée ce samedi soir. On attendait la naissance d'un nouvel Otello, une production permettant à la star de montrer au monde qu'elle mettait le maure, qui marque une si riche et convoitée étape dans la carrière d'un ténor, à son tableau de chasse.
Malheureusement pour ce faire, il eut fallu un écrin, un chef attentionné, des partenaires à la hauteur.
Badaboum !
La production est un désastre. J'irai plus loin que Hiero car, ne se contentant pas d'être insignifiante, elle est indigeste et la direction d'acteurs d'une médiocrité affligeante. Ça me fait franchement marrer quand on hurle au regietheater et qu'une mise en scène en costumes transforme Iago en petit caïd de banlieue qui torture son pote en lui mettant dans la tête que sa meuf le trompe avec le toquard de la tour H. D'ailleurs Marco Vratogna ne rate pas une occasion de se marrer des bons coups qu'il fait à Otello. Mais ou sont ils allé chercher un Iago pareil ?
Iago et Otello, Otello et Iago sont le vrai couple de ce drame : l'un doit être un soldat tirant sa puissance de ses batailles (et qui va mourir vaincu de la plus rude, celle contre la jalousie), virilement brutal et ultra sensible à la fois ; l'autre doit être un être retors, pervers, roué, "sublime forcement sublime" comme dirait Duras.
Déséquilibré par le petit farceur qu'on lui a collé aux basques, Jonas se retrouve bien démuni et bien empêché de jouer un maure crédible.
Pire, comme déjà dit, il s'avère dans plusieurs scènes bien piètre acteur et ne parvient à donner aucune consistance à ce colosse qui va bientôt s'effondrer.
Et pour le coup, je rejoins l'idée qu'il semble y avoir un problème d'adéquation physique entre Kaufmann et Otello. Non sur le plan de la beauté mais sur l'incarnation crédible d'un soldat sortant de son bateau plein de sueur des batailles passées, d'un chef de guerre qui est loin d'être un abruti mais que la perversité adverse va emmener sur le chemin du doute, de la souffrance, du désarroi et du meurtre comme geste ultime et désespéré pour sortir du piège diabolique dans lequel il est tombé.
Alors bien sûr la voix est belle mais à ce stade, on se prend à penser qu'un enregistrement discographique eut été préférable à cette tentative vaine d'essayer d'incarner cet être très de chair, de sueur et d'hormones dans un chantier d'une telle adversité.
Car, et là je ne rejoins pas les autres odbiens, le deuxième responsable du désastre est bien le maestro Pappano qui a complètement oublié que Otello est une musique subtile qu'il faut savoir faire respirer. Que ça soit tonitruant au début, c'est normal (quoi que j'ai entendu tempête bien plus belle et inspirée) mais que les tempi soit tout le temps trop rapide et que le son forte serve à impressionner le bon public londonien sur la longueur, ça n'est pas pardonnable. Dans ce tumulte permanent, aucune place n'est laissée à Kaufmann pour déployer les nuances qui sont sa marque. Tout juste se contente t'il d'occuper le terrain le temps de rares accalmies et de balancer des notes idoines (dont le fameux et très réussi contre-ut), le reste du temps.
Bref on en envie de lui dire fuggi ! Fuis cette perfide Albion et suis tes instincts casaniers, supplie Petrenko pour qu'il te cisèle un maure assez subtil qui reste à inventer; rejoins enfin ta Desdemone naturelle et maternelle qui, après les ambigus Carlo / Elisabeth, ne peut que t'entraîner vers des horizons passionnants et brouillant les repères habituels entre ce viril et cette victime féminine. Pour une fois aurais tu peur d'elle, qu'elle t'entraine malgré toi vers une séquence inédite ? Aurais tu peur que pour une fois qu'il te faut incarner un héros un peu brute, la gorgone greco-allemande ne t'empêche de la tuer, intimidé que tu serais par son Ave Maria désespéré et sublime ? Rêvons un peu ...
Tout cela eut, en tous cas, mieux valu que la partenaire transparente que l'on t'a collé et avec qui, même le sublime duo d'amour sentait trop la version concert pour fans enamourés.
Bref, dépité je suis rentré à rêver que la mega star, face au défi qui l'attend et qui et est loin d'être résolu ce soir, puisse se hisser au niveau des grands Otello en en inventant un nouveau tres différent. Pas gagné en effet !
Malheureusement pour ce faire, il eut fallu un écrin, un chef attentionné, des partenaires à la hauteur.
Badaboum !
La production est un désastre. J'irai plus loin que Hiero car, ne se contentant pas d'être insignifiante, elle est indigeste et la direction d'acteurs d'une médiocrité affligeante. Ça me fait franchement marrer quand on hurle au regietheater et qu'une mise en scène en costumes transforme Iago en petit caïd de banlieue qui torture son pote en lui mettant dans la tête que sa meuf le trompe avec le toquard de la tour H. D'ailleurs Marco Vratogna ne rate pas une occasion de se marrer des bons coups qu'il fait à Otello. Mais ou sont ils allé chercher un Iago pareil ?
Iago et Otello, Otello et Iago sont le vrai couple de ce drame : l'un doit être un soldat tirant sa puissance de ses batailles (et qui va mourir vaincu de la plus rude, celle contre la jalousie), virilement brutal et ultra sensible à la fois ; l'autre doit être un être retors, pervers, roué, "sublime forcement sublime" comme dirait Duras.
Déséquilibré par le petit farceur qu'on lui a collé aux basques, Jonas se retrouve bien démuni et bien empêché de jouer un maure crédible.
Pire, comme déjà dit, il s'avère dans plusieurs scènes bien piètre acteur et ne parvient à donner aucune consistance à ce colosse qui va bientôt s'effondrer.
Et pour le coup, je rejoins l'idée qu'il semble y avoir un problème d'adéquation physique entre Kaufmann et Otello. Non sur le plan de la beauté mais sur l'incarnation crédible d'un soldat sortant de son bateau plein de sueur des batailles passées, d'un chef de guerre qui est loin d'être un abruti mais que la perversité adverse va emmener sur le chemin du doute, de la souffrance, du désarroi et du meurtre comme geste ultime et désespéré pour sortir du piège diabolique dans lequel il est tombé.
Alors bien sûr la voix est belle mais à ce stade, on se prend à penser qu'un enregistrement discographique eut été préférable à cette tentative vaine d'essayer d'incarner cet être très de chair, de sueur et d'hormones dans un chantier d'une telle adversité.
Car, et là je ne rejoins pas les autres odbiens, le deuxième responsable du désastre est bien le maestro Pappano qui a complètement oublié que Otello est une musique subtile qu'il faut savoir faire respirer. Que ça soit tonitruant au début, c'est normal (quoi que j'ai entendu tempête bien plus belle et inspirée) mais que les tempi soit tout le temps trop rapide et que le son forte serve à impressionner le bon public londonien sur la longueur, ça n'est pas pardonnable. Dans ce tumulte permanent, aucune place n'est laissée à Kaufmann pour déployer les nuances qui sont sa marque. Tout juste se contente t'il d'occuper le terrain le temps de rares accalmies et de balancer des notes idoines (dont le fameux et très réussi contre-ut), le reste du temps.
Bref on en envie de lui dire fuggi ! Fuis cette perfide Albion et suis tes instincts casaniers, supplie Petrenko pour qu'il te cisèle un maure assez subtil qui reste à inventer; rejoins enfin ta Desdemone naturelle et maternelle qui, après les ambigus Carlo / Elisabeth, ne peut que t'entraîner vers des horizons passionnants et brouillant les repères habituels entre ce viril et cette victime féminine. Pour une fois aurais tu peur d'elle, qu'elle t'entraine malgré toi vers une séquence inédite ? Aurais tu peur que pour une fois qu'il te faut incarner un héros un peu brute, la gorgone greco-allemande ne t'empêche de la tuer, intimidé que tu serais par son Ave Maria désespéré et sublime ? Rêvons un peu ...
Tout cela eut, en tous cas, mieux valu que la partenaire transparente que l'on t'a collé et avec qui, même le sublime duo d'amour sentait trop la version concert pour fans enamourés.
Bref, dépité je suis rentré à rêver que la mega star, face au défi qui l'attend et qui et est loin d'être résolu ce soir, puisse se hisser au niveau des grands Otello en en inventant un nouveau tres différent. Pas gagné en effet !
- Hiero von Stierkopf
- Baryton
- Messages : 1786
- Enregistré le : 10 avr. 2016, 16:47
- Localisation : Gross-Paris
Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
Exact, et comme tout film gore ça produit un effet comique.PlacidoCarrerotti a écrit : ↑25 juin 2017, 00:17Gaché par les litres de sang qui transforment cette scène en film gore...
En tout cas ça n'a pas aidé à crédibiliser une interprétation scénique déjà très discutable.
Comment ça, merde alors ?! But alors you are French !
Re: Verdi - Otello - Pappano/Warner - ROH - 06/07 2017
Texte absolument magnifique. Merci.
Je verrai au cinéma mercredi . Et comme toi, lisant ces commentaires dépités précédents, je rêvais à Munich Petrenko et Harteros...