C'est une déception relative Polo à ce que je lis , JK victime ( du chef, du mes, de Desdemona et de je ne sais plus qui d'autre ) tu l'en aimes d'autant plus que tu t'en fais déjà un autre Otello dans une réalité virtuelle à venir .MariaStuarda a écrit : ↑25 juin 2017, 01:02Drôle de soirée ce samedi soir. On attendait la naissance d'un nouvel Otello, une production permettant à la star de montrer au monde qu'elle mettait le maure, qui marque une si riche et convoitée étape dans la carrière d'un ténor, à son tableau de chasse.
Malheureusement pour ce faire, il eut fallu un écrin, un chef attentionné, des partenaires à la hauteur.
Badaboum !
La production est un désastre. J'irai plus loin que Hiero car, ne se contentant pas d'être insignifiante, elle est indigeste et la direction d'acteurs d'une médiocrité affligeante. Ça me fait franchement marrer quand on hurle au regietheater et qu'une mise en scène en costumes transforme Iago en petit caïd de banlieue qui torture son pote en lui mettant dans la tête que sa meuf le trompe avec le toquard de la tour H. D'ailleurs Marco Vratogna ne rate pas une occasion de se marrer des bons coups qu'il fait à Otello. Mais ou sont il aller chercher un Iago pareil ?
Iago et Otello, Otello et Iago sont le vrai couple de ce drame : l'un doit être un soldat tirant sa puissance de ses batailles (et qui va mourir vaincu de la plus rude, celle contre la jalousie), virilement brutal et ultra sensible à la fois ; l'autre doit être un être retors, pervers, roué, "sublime forcement sublime" comme dirait Duras.
Déséquilibré par le petit farceur qu'on lui a collé aux basques, Jonas se retrouve bien démuni et bien empêché de jouer un maure crédible.
Pire, comme déjà dit, il s'avère dans plusieurs scènes bien piètre acteur et ne parvient à donner aucune consistance à ce colosse qui va bientôt s'effondrer.
Et pour le coup, je rejoins l'idée qu'il semble y avoir un problème d'adéquation physique entre Kaufmann et Otello. Non sur le plan de la beauté mais sur l'incarnation crédible d'un soldat sortant de son bateau plein de sueur des batailles passées, d'un chef de guerre qui est loin d'être un abruti mais que la perversité adverse va emmener sur le chemin du doute, de la souffrance, du désarroi et du meurtre comme geste ultime et désespéré pour sortir du piège diabolique dans lequel il est tombé.
Alors bien sûr la voix est belle mais à ce stade, on se prend à penser qu'un enregistrement discographique eut été préférable à cette tentative vaine d'essayer d'incarner cet être très de chair, de sueur et d'hormones dans un chantier d'une telle adversité.
Car, et là je ne rejoins pas les autres odbiens, le deuxième responsable du désastre est bien le maestro Pappano qui a complètement oublié que Otello est une musique subtile qu'il faut savoir respirer. Que ça soit tonitruant au début, c'est normal (quoi que j'ai entendu tempête bien plus belle et inspirée) mais que les tempi soit tout le temps trop rapide et que le son forte serve à impressionner le bon public londonien sur la longueur, ça n'est pas pardonnable. Dans ce tumulte permanent, aucune place n'est laissée à Kaufmann pour déployer les nuances qui sont sa marque. Tout juste se contente t'il d'occuper le terrain le temps de rares accalmies et de balancer des notes idoines (dont le fameux et très réussi contre-ut), le reste du temps.
Bref on en envie de lui dire fuggi ! Fuis cette perfide Albion et suis tes instincts casaniers, supplie Petrenko pour qu'il te cisèle un maure assez subtil qui reste à inventer; rejoins enfin ta Desdemone naturelle et maternelle qui, après les ambigus Carlo / Elisabeth, ne peut que t'entraîner vers des horizons passionnants et brouillant les repères habituels entre ce viril et cette victime féminine. Pour une fois aurais tu peur d'elle, qu'elle t'entraine malgré toi vers une séquence inédite ? Aurais tu peur que pour une fois qu'il te faut incarner un héros un peu brute, la gorgone greco-allemande ne t'empêche de la tuer, intimidé que tu serais par son Ave Maria désespéré et sublime ? Rêvons un peu ...
Tout cela eut, en tous cas, mieux valu que la partenaire transparente que l'on t'a collé et avec qui, même le sublime duo d'amour sentait trop la version concert pour fans enamourés.
Bref, dépité je suis rentré à rêver que la mega star, face au défi qui l'attend et qui et est loin d'être résolu ce soir, puisse se hisser au niveau des grands Otello en en inventant un nouveau tres différent. Pas gagné en effet !
C'est presque de la Réalité augmentée cette affaire
Bernard